lundi 6 janvier 2020

La France réalise la première frappe de drone de son histoire militaire


Le 21 décembre 2019, l'Armée de l'air a effectué la première frappe aérienne par drone armé de son histoire. La contribution de ce drone Reaper a permis de cibler 7 combattants dans le centre du Mali, dans une opération qui a vu  les militaires de Barkhane neutraliser une quarantaine de djihadistes au total.

Ci-dessus: un MQ-9 Reaper de l'Armée de l'air ici au Niger. Armé de bombes GBU pour la première fois - Armée de l'air


Tentons de rattraper la riche actualité des fêtes de fin d'année (j'en profite pour vous souhaiter à toutes et à tous une très belle année 2020 !).

Alors que les yeux du monde sont de nouveau tournés vers le Golfe Persique, il s'agit de ne pas oublier que le Sahel a connu un mois de décembre catastrophique (dans une année 2019 qui ne l'est pas moins), avec une multiplication des attaques djihadistes très violentes au Mali, Niger et surtout Burkina Faso. L'armée française a elle, comme vous le savez, perdu 13 hommes le 25 novembre dans une dramatique collision nocturne d'hélicoptères, alors en opérations.

Alors que le Président de la République Emmanuel Macron était présent à Abidjan le week-end précédant Noël, annonçant même une opération de Barkhane menée avec succès contre 33 terroristes dans la région de Mopti au Mali, l'Etat-Major des Armées publiait le lundi 23 décembre un communiqué dans lequel était précisé que “dans la journée du 21 décembre, poursuivant l’action d’opportunité lancée dans la nuit précédente contre un important regroupement de combattants terroristes, l’opération Barkhane a neutralisé 7 terroristes supplémentaires” dans la forêt de Ouagadou (150 km au nord-ouest de Mopti).
“Alors que les commandos engagés dans cette opération procédaient à la fouille de la zone de combat, ils ont été pris à partie par un groupe de terroristes infiltrés à moto”.
(...)
“Les tirs ont été délivrés par un drone Reaper et une patrouille de Mirage 2000. Cette frappe est la première réalisée en opération par un drone armé”.

Le drone Reaper a vraisemblablement délivré une bombe GBU-12 de 250 kg, puisqu'il ne recevra les missiles Hellfire qu'en 2020.

Le projet d'armement des Reaper avait été annoncé en septembre 2017, trois ans après son arrivée dans les forces aériennes en 2014. A peine deux ans plus tard, la capacité devient réalité. Cette qualification est même fulgurante quand on sait qu'elle a été effectuée en toute fin d'année.
Les essais ont été réalisés en Afrique (il fut un temps question qu'ils aient lieu en France sur un champ de tir aquitain) et aussitôt validés.

Dans les faits, il n'y a en réalité rien d'exceptionnel à cela, car si les drones fascinent dans l'imaginaire collectif, la procédure de tir est exactement la même que pour une frappe aérienne classique. De surcroît, il s'agit de munitions américaines sur aéronef américain (le MQ-9 Reaper de General Atomics), ce qui facilite encore la qualification. 

Il n'aura donc fallu que quelques jours entre l'annonce de la fin de la campagne de test (le 19 décembre) et le premier tir en opération (le 21). La France entre -enfin- dans le rang des puissances équipées de drones armés.

Consciente des enjeux juridiques ou éthiques qui entourent l'emploi des drones, l’institution militaire française avance avec des pincettes certes, mais avance sûrement.

Nous ne l'avons que trop rappelé sur ce blog, sur le terrain, le gain tactique comme moral est indéniable, ces appareils à l'endurance inégalée étant devenus, outre un formidable outil de renseignement, de véritables anges gardiens pour les troupes au sol.

Les drones sont aujourd'hui présents sur chaque opération majeure des forces françaises au Sahel. En ce qui concerne l'Armée de l'air et le Reaper, ces drones sont opérés par l'escadron 1/33 Belfort, basé à Cognac.


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