L'été est chaud en Méditerranée orientale, c'est le moins que l'on puisse dire. Sur fond d'expansionnisme turc ou de réaffirmation des partenariats stratégiques français (Grèce, Chypre, Liban), la région connait un net regain de tensions. Une géopolitique qui pourrait bien faire le jeu des armements français.
Illustration: ci-dessus, la presse grecque annonce avec grand fracas un accord entre Athènes et Paris pour 18 Rafale, dont 8 seraient "cédés" par l'armée de l'Air. Une affirmation dont on peut légitimement douter. Pour l'instant.
Si Athènes, cliente du Mirage 2000, a pu faire l'objet il fut un temps de prospections pour le Rafale, c'est bien le F-35 américain qui semblait promis à l'armée de l'Air grecque.
Mais cela pourrait ne plus être vrai dans les prochaines semaines, tant les cartes semblent avoir été rebattues durant l'été. En effet, principal support européen de la Grèce dans l'affaire des prospections gazières turques en zone économique exclusive grecque, la France a non seulement affiché son soutien diplomatique, mais aussi (et surtout) militaire en déployant navires et chasseurs Rafale pour des exercices communs, d'abord à Chypre, puis en Crète.
Ce positionnement, dont nous n’approfondirons pas l'analyse ici, vaut désormais à Paris une jolie côte de popularité dans la région, et principalement donc, à Athènes. Assez pour relancer de façon quasi-miraculeuse (en la matière on préfère quand même le temps long) des dossiers qui semblaient gelés, comme celui des deux frégates FDI, dont le contrat était en suspens.
Mieux encore vous l'aurez compris, on évoque désormais un contrat Rafale. Entre 12 et 20 appareils selon des sources relativement divergentes, avec toute la suite de missiles MBDA dédiés, du SCALP au METEOR.
En quelques jours, les confessions de différents officiels à Paris comme à Athènes ont fait de cette théorie au départ fantaisiste une information de premier ordre. Des décisions fermes pourraient même être prises durant le sommet EuroMed, qui réunira les sept pays méditerranéen membres de l’Union européenne à Ajaccio ce 10 septembre.
Des marchés qui se dévoilent soudainement durant une crise diplomatique, ce n'est pas nouveau. La France a déjà pu en bénéficier dans le Golfe, ou justement pour le Rafale, en Egypte. L'opportunité grecque, pays allié de l'UE et surtout de l'OTAN, serait une victoire éclatante.
L'hypothèse de la cession de Rafale par l'armée de l'Air, elle, ne tient pas. Nous ne bénéficions tout simplement pas de cette marge de manœuvre, sauf programme de compensation (via le plan de relance ?). Si un plan concernant des Rafale d'occasion existe bel et bien, il concernerait plutôt la Croatie !
Et pour la possibilité d'avancer certaines commandes franco-françaises, il s'agira de voir avec le plan de relance de l'industrie qui doit être déployé. L'éventualité que des Rafale soient commandés en avance sur le plan prévu a été évoquée par la ministre Florence Parly, mais il s'agit aussi de pouvoir jongler avec les standards de livraison, à savoir aujourd'hui F3R... mais demain F4.
En attendant, le prochain lot de Rafale sortis d'usine prendra lui cet automne la direction de l'Inde.
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