lundi 6 septembre 2021

Avec 8,5 milliards d'euros de financement, le SCAF entre dans le dur


Après un accord avant l'été, la France, l'Allemagne et l'Espagne ont paraphé lundi 30 août le document officialisant le lancement des phases 1B à 2 du système de combat aérien futur (SCAF). Cela ouvre la voie à un financement de 8,5 milliards d'euros et au développement du démonstrateur qui volera au plus tard en 2027.

Ci-dessus: maquettes du NGF et de "remote carriers" au salon du Bourget en 2019.


La rentrée stratégique ne traîne pas, et le premier sujet industriel sur la table concerne le SCAF. Si le programme a fait d'immenses pas en avant au printemps, nous voici dans le temps des officialisations. Cela commence par un accord intergouvernemental, signé le 30 août par les ministres Florence Parly, Annegret Kramp-Karrenbauer et Esperanza Casteleiro LLamazares, représentantes des trois pays membres, qui prévoit les modalités et les financements qui mènent à la phase critique du démonstrateur. Des démonstrateurs en réalité puisque la formule prévoit en l'état un avion de combat de nouvelle génération (le "NGF"), et deux modèles d'effecteurs déportés (des drones).

Les CEMAA des pays partenaires se sont également entendus sur une visée opérationnelle commune.

Le tout s'inscrit dans le cadre très structurant du calendrier politique allemand. En effet, le Bundestag devra valider l'engagement allemand APRES les élections fédérales du 26 septembre. Un engagement qui sera normalement respecté.

L'accord associe en arrière plan la DGA française, le BMVg allemand, et la DiGAM espagnole. Dans le détail, la phase 1B durera entre 32 et 40 mois et bénéficiera de 3,5 milliards d'euros. Suite directe, la phase 2, celle du démonstrateur, obtient environ 5 milliards avec comme deadline 2027. Les pays participent à hauteur égale.

Sur ce point particulier "des milliards", on notera que le SCAF prend là un énorme avantage sur son concurrent britannique (+Italie +Suède) Tempest, dont les financements s'annoncent compliqués à trouver. Dès qu'on rentre dans le concret…


Répartition industrielle

La suite, c'est bien sûr dans les prochaines semaines la signature des contrats entre industriels. C'était le premier "accord" annoncé au printemps après un hiver riche en déclarations, et les négociations se poursuivent encore. 



Ce qu'on sait aujourd'hui, c'est que la répartition industrielle devrait se faire de la façon suivante: Dassaut Aviation (maitre d'œuvre sur le futur avion) hérite naturellement de points tout à fait stratégiques comme les commandes de vol (un gros point d'affrontement en matière de propriété intellectuelle), au total 38% de la charge, quand Airbus DS obtient le reste, mais à partager de façon égale entre Allemagne (les remote carriers ou le cloud de combat) et Espagne (furtivité et capteurs). Thalès ou MBDA sont impliqués, tout comme Satnus, Indra, FCMS...

Safran, MTU et ITP ont la charge de la motorisation, même si le démonstrateur volera a priori avec les M88 du Rafale. 

A noter que la France garde ses particularismes, à savoir un volet nucléaire, ainsi qu'un autre aéronaval, ce qui ne lui interdit donc pas de réfléchir à d'autres vecteurs comme l'US Navy avec son drone de ravitaillement en vol... ;)

Objectif: 2040.


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