mercredi 6 décembre 2023

Sur l'export du Rafale, les nouvelles ambitions de Dassault (et de la France)

Avec des contrats qui permettent à Dassault Aviation de prévoir un plan de charge jusqu'à 2032, au minimum, le Rafale constitue aujourd'hui le fer de lance du groupe. Alors qu'une nouvelle commande, française cette fois, devrait être officialisée avant le 31 décembre, l'avionneur français se tourne vers des marchés… plus exotiques. Au service de la diplomatie française.

Ci-dessus: l'assemblage Rafale à Mérignac (33) - photo Dassault Aviation


Alors même que ce billet était encore au stade d'ébauche, Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, rencontrait hier -et à huis clos- les journalistes de défense de la presse française. Une rencontre d'où sont sorties des déclarations "efficaces" (sur la participation et le statut autoproclamé des belges dans le SCAF par exemple), comme souvent avec le personnage, mais aussi et surtout un air d'optimisme comme rarement il en fut affiché.

Il faut dire que le Rafale, fleuron de l'aéronautique française autrefois décrié, est une affaire qui marche. L'avion de combat, aujourd'hui dans son standard F4, est mature, parfaitement opérationnel ("combat proven"), profite d'une disponibilité tout à fait honorable, et d'un coût d'utilisation défiant -largement- la concurrence. Des performances qui se ressentent directement sur le marché, d'autant plus que la concurrence patine complétement (russe, mais aussi l'Eurofighter et pire encore, le F-18 de Boeing). A ce stade, le Rafale n'a qu'un principal adversaire sur le marché premium: le F-35, un avion dit de "cinquième génération" vendu avec le parapluie américain. Mais le Rafale F5, presque annoncé comme le chef d'œuvre du groupe, se présente pour les années 2030 avec un potentiel de rattrapage technologique qui a de quoi faire frissonner certains compétiteurs, y compris Américains. 

Mais revenons au marché. Eric Trappier lui-même annonce que la barre des 500 appareils -commandés, puis produits- sera franchie sous peu. Les 600 commandes de la famille Mirage 2000 sont en ligne de mire. Cet objectif sera raisonnablement atteint dans les toutes prochaines années, peut-être même suite à ce surprenant intérêt saoudien, les négociations avec Ryad étant confirmées par Dassault. 

Sur le blog: Potentiel marché de 54 Dassault Rafale en Arabie Saoudite


En terme de production, les chaînes d'assemblage de Mérignac, d'où sortiront trois appareils par mois à partir de la fin 2024 (il aura donc fallu trois ans pour préparer cette montée en cadence avec les sous-traitants), sont occupées pour les 10 ans qui viennent. Un segment production tournant à plein pot qui permet de facto à l'avion de continuer à évoluer en bureaux d'études. Un vrai cercle vertueux.

Sur le plan de la géopolitique maintenant, chose qui concerne très largement le marché des avions de combat, nous avons vu la France réaliser de superbes coups stratégiques grâce à la "Team Rafale" (celle-ci réunit autour de Dassault Aviation d'autres industriels du GIFAS comme Thalès, Safran, MBDA... des opérationnels de l'armée de l'Air ou de la Marine, des sociétés de formation et conseil comme DSI), et ce dans des zones géographiques d'importance absolument majeure: en Asie (Inde, Indonésie), au Moyen-Orient (Qatar, EAU, Egypte), et en Europe dans les Balkans (Grèce et Croatie, la Serbie est intéressée).
Pour chacun de ces marchés, la France vent avec le Rafale un partenariat stratégique qui débute dès la formation des pilotes étrangers, avant de se concrétiser par des exercices communs avec nos forces aériennes.  

Cela, nous l'avons répété sur ce blog maintes et maintes fois, et c'est justement pourquoi il faudra regarder avec un œil attentif les nouveaux prospects. En premier lieu ceux qui concernent l'ex-URSS, dans le Caucase* et en Asie centrale, où l'appareil aurait été proposé aux forces du Kazakhstan (qui ont démenti, déclarant le Rafale au dessus de leurs moyens), et surtout de l'Ouzbékistan.  
Pourquoi ? Tout simplement car ces pays, dédormais très soucieux de leur indépendance, sont au centre d'enjeux de puissance qui intéressent ni plus ni moins que la Russie bien entendu, mais aussi la Chine, et la Turquie. Le Rafale est un outil stratégique et diplomatique, et pas seulement quand ce sont nos forces qui le déploient.


*il est peu probable que l'Arménie s'offre un jour le Rafale, mais d'autres armements français lui sont destinés. 


2 commentaires:

  1. Ne ssoyez pas euphorique mais joyeux n´oubliez pas pas le retour du balancier . A quand une fête à Versailles ? Si vous n´êtes pas superstitieux

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