mercredi 6 décembre 2017

Pour le Rafale, Florence Parly mène l'offensive en Belgique


Notre ministre des Armées Florence Parly a pu bénéficier hier de tribunes dans la presse belge,  francophone ET flamande. En jeu, le contrat de modernisation des forces aériennes de Belgique, et mieux encore, un partenariat stratégique structurant pour l'Europe de la défense.

Bref résumé: la Belgique doit acter dès l'année prochaine le renouvellement de sa flotte de F-16, pour l'horizon 2023. Jugeant que l'appel d'offres lancé par Bruxelles pour un nouveau chasseur favorisait grandement la candidature du F-35 américain, la France a créé la surprise début septembre en jouant la carte de la candidature parallèle hors du cadre de cet appel d'offres (voir lien ci-dessous), proposant à la Belgique un partenariat stratégique incluant la livraison de 34 Rafale.


Ce véritable coup de de génie, ou baroud d'honneur, a eu le mérite de provoquer diverses remous dans la classe politique belge, le ministre belge de la Défense, Steven Vandeput, se montrant plutôt vindicatif envers cette initiative ne respectant pas la procédure juridique traditionnelle... quand le conseil des ministres restreint lui même (ainsi que d'autres mouvements) ne voyait pas de raison de repousser la proposition française, la procédure d'appel d'offres ne liant aucunement, après tout, le Royaume quant à une décision finale.

Et justement, la partie française, ayant désormais un pied dans la porte, continue son forcing, portée par la voix de sa ministre des Armées Florence Parly. En effet, ce mardi 5 décembre, la ministre a pu faire étalage des atouts de l'offre française à travers deux tribunes exceptionnelles dans les les quotidiens Le Soir et De Tijd.
Madame Parly y avance les arguments économiques et stratégiques qui devraient selon elle faire pencher la procédure en faveur de l'avion français: « Depuis plus de 50 ans, les entreprises de l’équipe Rafale sont fortement implantées en Belgique avec des usines, des centres de recherche et un réseau de 800 entreprises partenaires. (...) Le partenariat que propose la France, ce sont aussi plus de 150 sociétés belges qui ont déjà été approchées et une centaine de projets industriels ou technologiques pour un montant de 4 milliards d’euros, ce qui permettra de créer des emplois en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles ».

Outre des avantages économiques (toujours le nerf de la guerre en politique) et un total partage technologique, ce que propose la France, c'est plus largement une coopération opérationnelle entre armées avec notamment une préparation conjointe. En choisissant le Rafale, la Belgique s'engagerait dans une relation privilégiée avec la France, le domaine aérien rejoignant le terrestre, puisque les deux pays sont partenaires sur le programme SCORPION.
Surtout, un tel niveau d'interopérabilité serait un signe formidable pour les européens et leur politique de défense... commune qui reposera inévitablement sur deux piliers structurants, à savoir les programmes d'armement et les opérations.

Aussi il n'y a pour la Belgique « ni obstacle, ni risque juridique pour la Belgique à engager cette discussion pour un partenariat avec la France ».

Nous sommes ici dans un opportun exercice de lobbying, au moment même ou certains acheteurs européens du F-35 commencent à douter de leur choix. Notons également que le fait que la presse belge offre ainsi une telle résonance au discours français pourrait être révélateur de tendances. Chez Le Soir, on précise même que cet article réservé aux abonnés est exceptionnellement en accès libre.

A Bruxelles, 2018 sera déterminante sur ce dossier.


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