mercredi 4 juillet 2018

Chez les forces spéciales, il manque toujours un Caracal


Les débats parlementaires sur l’exécution de la Loi de Finances ont laissé transparaître que le remplacement, pourtant initialement prévu, d'un hélicoptère Caracal perdu en opérations n'était pas prêt d'être décidé. Et ce alors que dans le même temps, la disponibilité ne s'améliore pas vraiment.  

Illustration: 2 hélicoptères Caracal de l'Armée de l'air, ici avec leur perche de ravitaillement en vol. Ces appareils opèrent au sein de l'escadron "Pyrénées", basé à Cazaux - Armée de l'air


Fin 2014 au Burkina Faso, un deuxième hélicoptère Caracal (du 4ème Régiment d'Hélicoptères de Combat des Forces Spéciales, basé à Pau) subissait un incident dramatique lors d'un entraïnement de nuit, crash qui coûtait la vie à un sous-officier français. 
L'hélicoptère s'ajoutait lui à la liste des appareils perdus au Sahel, du fait notamment des conditions climatiques très difficiles pour les matériels.

Et justement, la flotte de Caracal, datant du milieu des années 2000, et si importante pour les opérations spéciales, a connu et connait encore des défauts de disponibilité particulièrement handicapants pour les forces. 18 EC-725 "Caracal" sont utilisés par les forces spéciales au sein de deux escadrons, le 1/67 "Pyrénées" à Cazaux  pour l'Armée de l'air, et le 4ème RHFS à Pau pour les forces spéciales Terre. 

A terme, ces appareils au standard tactique très élevé, et parmi les rares qualifiés pour le ravitaillement en vol [on l'évoque très souvent sur ce blog] seront tous regroupés sur la base aérienne 120 de Cazaux, lorsque le 4e RHFS aura perçu des NH90 "Caïman" (6 exemplaires non commandés) dans un standard "forces spéciales" encore mal défini.

Venons-en au débat du jour, dont des comptes rendus sont notamment disponibles ICI (Zone Militaire) ou ICI (Le Mamouth), c'est à dire le non-remplacement d'un Caracal.
Il y a tout juste un an, le CEMA Pierre de Villiers démissionnait avec fracas en raison de l’annulation annoncée de 850 millions euros de crédits dans le budget des armées. Une annulation qui allait donné lieu les mois suivants à diverses opérations visant à sauver tel ou tel programmes, versement...

Il y avait cependant des exceptions, des opérations "sanctuarisées", comme la livraison d’un nouveau Caracal, marché estimé à 40 millions d'euros. C'était la volonté de la ministre, ou encore du CEMAA le général Lanata: « Je considère que l’impact des annulations de crédits est limité pour l’armée de l’Air, à condition de commander le Caracal au premier semestre 2018 » (...) «  le décalage de cette commande ne peut excéder quelques mois. »

Or, dans la loi de finances 2018, pas de Caracal (!). Pire, le remplacement de cette machine n'est tout simplement pas prévu, ni cette année, ni la prochaine. 
Répondant au député Jean-Charles Larsonneur, la ministre Florence Parly n'a pas vraiment été rassurante: « S’agissant enfin de l’hélicoptère détruit en opération, à ce stade, le projet de LPM ne prévoit pas strictement de le remplacer. Par conséquent, en fonction des marges que nous pourrons éventuellement dégager en gestion en 2018, voire en 2019, nous allons voir s’il est possible de procéder au remplacement nombre pour nombre de ces hélicoptères ».

L'hypothétique solution serait pour les forces spéciales d'attendre d'ici 2025 la livraison des 6 fameux NH90 au standard FS cités plus haut. Mais ces appareils viendront remplacer des Caracal en partance pour Cazaux. Notre Caracal manquant n'est donc toujours pas remplacé. 

Pendant ce temps, et en attendant les premiers résultats de la réforme du MCO, le taux de disponibilité technique des hélicoptères dans les armées ne s'améliore pas, découvre t-on avec les chiffres pour 2017 délivrés au député François Cornut-Gentille. Certes la réforme n'était pas encore lancée, et certains progrès sur Caracal et Cougar n'avaient pas encore produit leurs effets. Cependant, les chiffres continuent d'émouvoir... 26,5 % de disponibilité pour le Caracal, 23% pour les Tigre HAP et 34% pour les Tigre HAD, 23,60% pour les Cougar, ou encore 36% pour les NH90 de l'Armée de terre quand la Marine s'en tire sur ces appareils à 34,2%. Ce sont les vieilles machines, au dessus de 30 ans d'âge (Gazelle, Puma, Dauphin...) qui s'en tirent le mieux finalement.

Les disponibilités et coûts d'entretien sont disponibles ICI.


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