mercredi 23 janvier 2019

La France veut (elle aussi) son planeur hypersonique


USA, Chine, Russie... il faudra désormais ajouter les ambitions françaises de voir voler à très court terme un planeur hypersonique à vocation stratégique. C'est l'annonce qu'a faite la ministre des Armées Florence Parly lors de ses vœux le 21 janvier. Le contrat revient à Ariane Group, pour un premier vol espéré dès 2021.

Ci-dessus: le planeur HTV-2 développé aux USA par la DARPA. La Chine et la Russie ont elles-aussi récemment effectué des tests de planeurs ou missiles hypersoniques.


Il était prévu ce mercredi de faire écho sur le blog à la nouvelle doctrine cyber des armées françaises,  mais comme l'on y préfère l'aéronautique et le spatial, faisons place à l'annonce de Florence Parly ce 21 janvier sur le développement d'un planeur hypersonique, dénommé "V-MAX".

Doctrine cyber offensive, annonce d'une stratégie spatiale, développement d'un programme de combat aérien futur (SCAF), et donc désormais également d'un planeur hypersonique... 2019 semble marquer pour la France la volonté d'entrer avec ambitions dans la prochaine décennie, que l'on annonce comme celle des "ruptures" et du retour en force des puissances.

Bien aidée par une hausse (durable on l'espère) des investissements dans la défense, mais aussi le spatial militaire comme civil, la France annonce donc par l'intermédiaire de sa ministre des Armées le premier vol de son planeur hypersonique pour 2021. Le contrat pour ce démonstrateur a même déjà été notifié à Ariane Group.


On sait que les Forces aériennes stratégiques ou l'ONERA (Office national d'études et de recherches aérospatiales) planchent depuis au moins 2014 sur des études concernant les armes hypersoniques. Aussi le programme d’ensemble air-sol nucléaire de 4ème génération "ASN4G" (horizon 2040) a souvent été imaginé comme centré autour d'un vecteur hypersonique.
Celui-ci pourrait par exemple être portée par le futur chasseur franco-allemand dont Dassault Aviation est maître d'oeuvre, où même - éventuellement - le Rafale. La Russie expérimente déjà ce procédé.

Le missile hypersonique "Kinjal" russe tel que présenté en 2018 sur un MIG-31

Mais ces armes - les planeurs hypersoniques - sont également imaginées pour être lancées depuis un missile balistique stratégique. C'est ici l'exemple du planeur de la DARPA américaine "Falcon Hypersonic Technology Vehicle 2" ou "HTV-2".

[Problème notable : tirer une arme hyper-véloce depuis un lanceur stratégique - donc plutôt à vocation de dissuasion nucléaire - pose certains risques de... confusions que la communauté internationale préférerait éviter.]

Les armes hypersoniques sont l'un de ses game changers qui pourraient bouleverser l'équilibre stratégique sur la planète.
Si les USA travaillent prudemment sur les sujets, avec un nombre important de démonstrateurs depuis le début des années 2000, la Russie et la Chine mettent actuellement les bouchées doubles sur ces technologies. Ainsi se multiplient les essais de ces missiles sur le continent asiatique, concluants ou non. Moscou annonce même des capacités opérationnelles pour 2019.

Si l'on qualifie l’hyper-vélocité de rupture, c'est bien parce qu'avec des vecteurs atteignant Mach 8, Mach 10 ou plus, tout en étant manœuvrables, les capacités de frappe comme d'interception sont tout bonnement décuplées. Et les défenses d'aujourd'hui en passe d'être déclassées.

Outre USA Chine et Russie, la France se positionne donc logiquement, il en va de sa crédibilité de puissance nucléaire et membre du Conseil de Sécurité. Pour la ministre, « Beaucoup de nations s’en dotent, nous disposons de toutes les compétences pour le réaliser : nous ne pouvons plus attendre ». Il s'agit d' « un saut technologique pour bon nombre de nombre de nos capacités ».

Nous devrions en apprendre plus très vite puisque le démonstrateur volera en 2021 (et que malgré le secret inhérent à ce type de programme, montrer ses "muscles" compte aussi), preuve que les compétences et technologies sont déjà en partie maîtrisées chez Ariane. Outre le V-MAX, il faut s'attendre à ce que le pays se positionne relativement rapidement sur le développement d'un missile ASN4G.


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