vendredi 15 février 2019

L'Espagne rejoint le système de combat aérien futur franco-allemand


Ce 14 février 2019 aura été marqué par la naissance d'un ménage à trois. En effet, comme pressenti depuis plusieurs mois, l'Espagne intègre le SCAF franco-allemand. Le système de combat aérien futur devient véritablement européen. 

Ci-dessus: de gauche à droite, les ministres de la défense française, espagnole et allemande - AFP


Comme prévu, l'Espagne rejoint donc la France et l'Allemagne dans le programme SCAF: système de combat aérien futur (ou FCAS: future combat air system). La ministre espagnole de la défense Margarita Robles a en effet signé une lettre d'intention en présence de ses homologues françaises et allemandes, Florence PArly et Ursula von der Leyen, en marge d'une réunion à Bruxelles au siège de l'OTAN.

Petit pied de nez par la même occasion puisque l'OTAN peut-être considéré comme le pré-carré du F-35 américain et de son système de systèmes bien à lui. Un F-35 d'ailleurs, à qui l'Allemagne a définitivement (?) claqué la porte la semaine passée, dans le cadre du remplacement de ses Tornado.



Voulu initialement à Paris comme un projet bilatéral, dont la roadmap serait formellement contrôlée par le couple franco-allemand, au moins durant la phase de définition des capacités, le SCAF devient avec l'arrivée de l'Espagne véritablement européen, ce qui ouvre même la voie aux financements du Fonds Européen de Défense, qui nécessite pour fonctionner la présence de 3 pays au sein d'un programme d'armement.

A Madrid en tout cas, on assure avoir bien regardé les divers projets, jugeant finalement que le SCAF était le plus crédible, et surtout le plus à même d'agglomérer les partenaires dans le futur. Pas de temps à perdre donc. 

Selon moi, le dossier n'est pas véritablement compliqué par l'engagement espagnol, pays qui arrive doté d'une forte industrie aéronautique militaire made in... Airbus (en charge du programme avec Dassault Aviation). 
Au contraire, l'ensemble du programme devrait même y gagner puisque l'Espagne, déjà membre du club Eurofighter, semble d'une part accepter de suivre les voies déjà empruntées et le rôle de leader de la France, et offre d'autre part des perspectives non-négligeables (financement et commandes) tout en étant certaine de bénéficier d'un retour géographique grâce à Airbus. 
Comme d'habitude depuis l'annonce du SCAF, les devants ont été pris. Les ministres ont confirmé que les divers rôles seraient attribués au cours de l'avancée du programme.

SCAF, tel qu'initialement présenté par Airbus en 2017

De plus, sur le plan purement opérationnel, pour les forces aériennes françaises (ne pas oublier l'aéronavale, qui sera néanmoins bien seule au sein du programme), c'est également une chance !

Comment sera construit le SCAF ? De ce que l'on en sait à ce jour, il s'agira d'un système de systèmes bâti autour d'un chasseur de nouvelle génération - et donc doté de capacités telles que la fusion de données, un haut niveau de furtivité, de l'IA, des armements de nouvelles générations... - capable d'évoluer avec des drones pour ailiers, tout comme avec l'ensemble des aéronefs constituant son environnement de combat, du cargo au satellite. 
Sur le principe pas de problème, nous sommes ici - plus ou moins - dans l'idée du système de combat aérien futur tel qu'imaginé partout dans le monde à l'horizon 2040/50. Mais qu'en sera t'il du chasseur lui-même, alors que la France était la seule en Europe a avoir opté avec le Rafale pour un chasseur unique, dit "omnirôle" ?

Leader sur ce SCAF qui est désormais amené à prendre de l'ampleur en Europe, prenant clairement l'ascendant sur le concept concurrent britannique "Tempest", la France est peut-être aujourd'hui en position de porter l'uniforme de leader stratégique en Europe sur le combat aérien. Il s'agira de faire les choix les plus judicieux afin d'être cohérent sur l'opérationnel bien sûr, mais aussi et surtout de garantir la cohésion entière des partenaires. La tâche n'est pas mince face au "club F-35".


Une semaine tout juste après le lancement officiel des premières études chez Dassault, Airbus, Safran et MTU, ce début d'année 2019 marque véritablement le top départ du programme. Prochaine étape de cet étonnant alignement des planètes, le salon du Bourget en juin où on espère bien découvrir quelques visuels et maquettes. 


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