Airbus a dévoilé en Allemagne à l’occasion du « Trade Media Briefing » l'existence d'un démonstrateur de drone de combat furtif allemand, baptisé LOUT, pour « Low Observable UAV Testbed ». Ce faisant, l'avionneur entend probablement s'affirmer sur le programme SCAF.
Images: Airbus
Le drone de combat furtif était une piste privilégiée dans les années 2000, nous en parlions sur ce blog il y a une semaine à peine.
Alors que les Britanniques se lançaient dans le programme de démonstrateur Taranis, l'Allemagne choisissait de ne pas s'engager sur le programme européen NEURON mené par Dassault Aviation.
En 2010, Paris et Londres imaginaient même mettre leurs travaux en commun en vue du développement d'un drone de combat furtif opérationnel. Programme aujourd'hui au point mort.
Lire sur le blog: Penser un avenir au drone nEUROn
Et voilà que ce 5 novembre 2019, Airbus dévoile à la surprise générale avoir développé depuis 2010 un démonstrateur de drone furtif, financé par le ministère allemand de la Défense. Le projet avait même été initié dès 2007. On ne connaît pas le montant du programme.
Airbus se félicite d'ailleurs de cette annonce: « Personne ne sait ce que nous avons fait ici. C’est un projet classifié qui a débuté en 2007. Le contrat de développement a été attribué en 2010 et le LOUT a été développé à Manching et à Brême dans une approche de type ‘Skunk Works' ».
Sur le plan technique, LOUT arbore une silhouette en diamant, fruit d'un long processus de réflexion. Ses dimensions sont de 12x12m, et sa masse de 4 tonnes.
Le démonstrateur n'a semble t-il servi que de banc d'essai dans les différents domaines de la furtivité (signatures radar, infrarouge et acoustiques, contre-mesures électroniques, contrôle des émissions électromagnétiques de ses capteurs embarqués...).
De ce que l'ont sait, il possède une soute interne, mais pas de train atterrissage, ni de motorisation.
Que traduit cette annonce ?
LOUT ne vole pas, n'a jamais volé, et a priori ne volera jamais. S'il est certainement très loin d'être aussi avancé que le nEUROn, ou même le Taranis (qui lui a volé en Australie), ce programme allemand "secret" nous montre cependant que l'Allemagne et Airbus ne sont pas restés si inactifs que ça durant la dernière décennie.
La révélation du LOUT prouve qu'Airbus a avancé sur les technologies de furtivité. Pour quelles applications ? Les travaux sur LOUT doivent officiellement profiter aux futurs standards de l'Eurofighter, tout comme ceux du nEUROn chez Dassault profiteront au Rafale à l'avenir.
Mais nous pouvons, dans le contexte actuel, aussi voir cela comme une manœuvre du camp allemand pour rééquilibrer la balance dans le programme SCAF, où le maître d'oeuvre du futur chasseur (habité) furtif est français, en l’occurrence Dassault Aviation. Airbus affirme même que Dassault a été mis au courant du programme LOUT.
Pour rappel, tel que connu aujourd'hui, le SCAF (système de combat aérien futur) doit à horizon 2040 présenter une architecture associant un chasseur piloté de nouvelle génération (Dassault), des effecteurs déportés (Airbus & MBDA) que sont les "remote carrier", ainsi que l'ensemble des autres moyens complétant le dispositif aérien (ravitailleur, C2, satellites..). L'apport d'un drone de combat furtif est pressenti, mais non confirmé à ce stade.
Pas un hasard non plus si cette annonce tombe quelques jours après que le Chef d'Etat-Major de l'Armée de l'air (en France donc), le général Lavigne, se soit exprimé lors d'une audition parlementaire en faveur d'une réflexion au sujet de l'emploi des drones de combats furtifs.
En conclusion, voici un nouvel élément qui s'ajoute à l'équation déjà pas si simple du SCAF.
En résumé, en 9 ans ils ont sorti une maquette de soufflerie et les liasses de plans qui vont avec! Il serait intéressant de savoir pour quel budget ceci fut fait et comparer au Neuron, pour lequel Dassault avait sorti un vrai prototype volant en 6 ans... et qui vole depuis 7 ans maintenant.
RépondreSupprimerObjectivement, je ne suis pas certain que l'opération com allemande ne risque pas de se retourner contre eux: Une maquette de soufflerie sans moteur ni train, vu d'un Neuron en vol cela doit faire un peu rigoler!
Après un Eurofighter pas fameux, un A400M sur lequel les allemands ont foiré des pans importants de leur part du gâteau (merci au motoriste, anglais, d'avoir sorti les FADEC, allemands, de l'ornière en 6 mois d'expat de quelques ingés), cette présentation parait être une illustration de plus de l'incapacité allemande à sortir quelque chose de concret, après avoir déjà eu des problèmes a sortir quelque chose de convaincant. Symptôme de problèmes croissants de compétence?
En réalité, c'est préoccupant. Et pas qu'au niveau de la simple cachotterie hélas.
LOL ... No, it didnt fly. That's because getting a model to fly was a seperate project.
Supprimer"During the unveil, Airbus refused to be drawn on whether it was planning to fly the demonstrator – but it is notable that in 2017 it flew a small 3m wingspan diamond-shaped UAV prototype, Sagritta, in South Africa. This project, which included participation from DLR and German universities was launched in 2010, coincidentally when the contract award for LOUT was placed with Airbus by Germany’s MoD."
https://www.aerosociety.com/news/lout-of-the-black/
En parfait accord avec le commentaire qui précède !
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