mercredi 9 décembre 2020

Le programme de succession du porte-avions Charles de Gaulle officialisé

A l’occasion d’une visite d'Emmanuel Macron au Creusot, consacrée à l'avenir de la filière nucléaire nationale, le lancement du programme du futur porte-avions de la Marine Nationale a été annoncé. Le futur bâtiment sera une fois et demi plus imposant que le Charles de Gaulle.

Illustrations: vues d'artistes Naval Group


De ces annonces, nous savions déjà tout ou presque, mais seule manquait la parole du Président de la République, celui qui doit trancher à tel niveau stratégique. Et la crise sanitaire a sans cesse fait reculer cette décision.. jusqu'à ce 8 décembre 2020.

Cette annonce présidentielle inaugure le lancement des études de ce futur porte-avions à propulsion nucléaire dont les essais en mer débuteront normalement en 2036 pour une admission au service en 2038. Le bâtiment fera 75000 tonnes pour une longueur de 300 mètres. Il mobilisera 2000 emplois durant la durée du projet chez Naval Group et les nombreux autres partenaires du programme.

Sans atteindre la taille faramineuse des nouveaux porte-avions américains (112 000 tonnes), la Marine passe un cap avec une bâtiment largement plus imposant que l'actuel Charles de Gaulle (42 000 tonnes). Comme le dit la ministre, "il ne faudra plus dire 42 000 tonnes de diplomatie, mais 75 000 tonnes !".
Le porte-avions de nouvelle génération (ou PANG) pourra accueillir jusqu'à 30 chasseurs "lourds" du programme SCAF, mais aussi bien sûr le Rafale qui sera encore en service, des drones et hélicoptères.


Pour la partie purement technique, le PANG va accueillir plusieurs technologies de rupture:
  • il sera à propulsion nucléaire (mais qui en doutait ?), et sa chaufferie "K22" sera 50% plus performante que celle à bord du Charles de Gaulle;
  • ses capacités d'autodéfense sont renforcées, et comporteront des armes à énergie dirigée;
  • il possédera deux catapultes électromagnétiques acquises auprès des américains.
Le prix de ces ruptures, et du programme global, devrait avoisiner les 7 milliards d'euros, dont 442 millions dès l'année prochaine. 

Un mot justement pour souligner la part très importante de collaboration avec les Etats-Unis, qui devrait représenter une part significative du programme. 3 milliards dit-on. Cela semble aller à l'encontre de la politique française de souveraineté, mais c'est dans ce domaine le choix le plus logique. Le prix également d'une interopérabilité assurée avec les fleurons de l'US Navy, une interopérabilité unique au monde.


L'Etat Major de la Marine assure que toutes les options ont été analysées, y compris celle d'un renoncement, dans un contexte où la Chine et la Russie misent sur les armes antinavires, ce qui peut poser la question de la pertinence de disposer d'un ou plusieurs PA dans le futur. Vous l'aurez deviné, la France mise sur la projection de puissance.
D'ailleurs sur cette question du nombre, le choix - ou non - d'un second navire pour assurer la permanence opérationnelle du groupe aéronoval sera prise vers 2025.

Les visuels qui accompagnent cet article sont tout à fait officiels (une maquette "en dur" a été présentée au Président Macron) et donnent semble t-il une idée claire du design final du futur porte-avion français. Sur le pont sont alignés Rafale et chasseur de nouvelle génération du programme SCAF (tel que présenté au Bourget par Dassault Aviation en 2019).


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