Ce début de semaine était marqué par un nouveau très attendu sommet du G5 Sahel. Emmanuel Macron y a finalement conforté la posture "renforcée" de Barkhane. Mais 2021 devrait tout de même marquer un tournant qui mènera à, si ce n'est un désengagement, une réorganisation massive.
Illustration: la force Barkhane au Mali, accompagnant les forces locales - EMA
Alors que les résultats et la légitimité de l'opération Barkhane sont grandement discutés en France, après 8 ans d'intervention, ce sommet du G5 Sahel des 15 et 16 février était très attendu.
Paris, sans réelle surprise, y conforte cependant ses objectifs, et maintient la posture de la force Barkhane.
En effet, l'annonce d'un début de désengagement, de plus en plus réclamé en France, aurait été un signal fort mal compris par des alliés sahéliens que l'on accuse désormais de ne pas assumer leur rôle dans la région. Mais non, Emmanuel Macron le confirme, il n'y aura pas « d’ajustement du dispositif dans l’immédiat », tranchant même sur la question du retrait, la qualifiant d'erreur. Il évoque cependant des évolutions significatives à moyen terme.
Barkhane (et son volet FS) présente en 2020 un bilan tactique honorable, bilan qui reste mal compris - à moins qu'il ne soit mal présenté - par l'opinion publique et les médias en France.
Toutefois, 8 ans c'est trop, bientôt la plus longue OPEX depuis soixante ans.
Désormais, la zone des trois frontières (Mali, Burkina Faso et Niger) va faire l'objet de toutes les attentions. Le Tchad va y déployer 1 200 hommes, et les renforts européens de la TF Takuba (Estonie, Rep.Tchèque, Suède...) arrivent progressivement, avec des hélicoptères. Des indiscrétions font état de la participation prochaine des forces spéciales italiennes, ce qui sera pour sûr une annonce très importante.
Les forces françaises, elles, ne le cachent pas, elles visent maintenant la neutralisation des chefs terroristes afin de désorganiser les mouvements.
Le schéma qui se présente est donc, assez clairement, le suivant: Barkhane demeure en l'état, avec ses bataillons, mais va glisser au fur et à mesure de l'internationalisation des opérations ("sahélisation" + européanisation"), d'une OPEX classique vers un format anti-terroriste plus agile.
Mais cela veut dire que les moyens devront suivre afin de permettre cette transformation qui donnera le beau rôle à la mobilité. L'accroissement de la flotte de drones Reaper, qui a pris du retard, sera un pilier (tant pour le renseignement que pour les frappes) de ce modèle "light footprint".
Tout ça bien sûr, concerne le volet sécuritaire. Concernant les volets politiques et économiques en BSS, dont les problématiques sont tout aussi profondes qu'endémiques, tout reste à faire.
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