L'Allemagne, la France, l'Italie et l'Espagne ont enfin signé le contrat de 7,1 milliards d'euros pour le développement du futur drone MALE européen, avec Airbus pour maître d'œuvre. Mais dans un contexte stratégique totalement bouleversé, la nouvelle n'est franchement pas accueillie dans la liesse.
Cela fait 7 ans que le projet de drone européen a été dévoilé. 7 ans Déjà. Mais trop cher, trop complexe, le programme a dû être revu et corrigé, avant que les Etats participants (France, Allemagne, Italie, Espagne) acceptent enfin, presque à reculons, de s'engager. C'est donc jeudi 24 février 2022 que l'annonce est tombée. Le programme Eurodrone est sur les rails. Oui, 24 février 2022, le premier jour de l 'invasion russe de l'Ukraine. Le premier de la nouvelle Europe.
On le sait, l'Europe est dépendante des drones militaires étrangers. Américains, d'abord, mais encore israéliens, chinois, turcs… Pourtant doté de potentiels industriels qui auraient largement dû combler ce retard, et depuis longtemps, le dossier s'est éternisé, pour accoucher d'un programme qui sur le papier, ne convainc que peu d'observateurs à ce stade.
Le contrat d'un montant de 7,1 milliards d'euros (facture en baisse par rapport au chiffre donné il y a un an) a été notifié via l'organisme européen de coopération en matière d'armement (Occar) à Airbus Defence & Space, qui sera épaulé par Leonardo et Dassault Aviation.
Il prévoit la production de 20 systèmes, soit 60 drones, ainsi que leur entretien durant les 5 premières années. L'Allemagne en recevra 21, l'Italie 15, la France et l'Espagne 12 chacune.
Le drone arrivera en fin de décennie, et générera 7 000 emplois. Il reste encore à déterminer qui le motorisera, Safran ou Avio.
Pour les spécificités techniques:
Cela étant dit, deux questions se posent: l'Eurodrone arrive t-il trop tard ? Est-il technologiquement à même de répondre à nos besoins ?
A la première question, la réponse semble évidente: l'Europe est, littéralement, en retard d'une guerre. Elle a voulu son Reaper alors que le temps des grands déploiements sur théâtre de "basse intensité" semble s'achever, et que s'ouvre une nouvelle ère stratégique.
Attention toutefois, le front est de l'Europe est actuellement le royaume des Global Hawk de l'US Air Force, qui cherchent à glaner un maximum de renseignements sur les activités russes. Dans ce cadre, un grand drone MALE comme l'Eurodrone aurait son rôle à jouer. Egalement pour patrouiller le front sud, la Méditerranée. Mais aujourd'hui le temps presse terriblement. Nous aurons à coup sûr besoin de d'avantage de drones américains.
A la seconde question, il est tentant de répondre que l'Eurodrone, bimoteur de 10 tonnes et 30 mètres d'envergure, a tout du programme-piège, trop lourd et trop complexe pour se dérouler sans accroc, dans les temps, et sans dépassement de budget.
Les industriels engagés, Airbus en tête, promettent le "système de drone le plus avancé de sa catégorie" et surtout pas "le drone d'avant-hier". Dont acte. Il s'agira pour cela de ne pas figer son développement dans le présent, et de véritablement anticiper 2030. Le nouveau contexte qui se présente à nous n'offre désormais aucune marge d'erreur.
Je reste personnellement convaincu que les Européens ont besoin d'une telle plateforme souveraine, un grand drone à même de survoler les frontières du continent, et de frapper. Et en ce qui concerne ce programme comme tous les autres, je suis convaincu également que l'ensemble des acteurs qui font l'Europe de la Défense savent désormais qu'il en va de notre destin commun.
En attendant, l'armée de Terre recevra en fin d'année le Patroller de Safran. Là encore, plus aucun délai n'est désormais permis.
En parallèle, quid de la question des munitions rodeuses ?
Enfin, il n'est pas encore trop tard, loin de là, pour penser à se lancer dans l'aventure du drone de combat furtif, en se reposant sur les acquis du démonstrateur Neuron.
Avec une motorisation américaine aussi...
RépondreSupprimerhttps://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/eurodrone-airbus-penche-pour-une-motorisation-italo-americaine-906934.html
Une pierre dans le jardin d SAFRA>N:
Supprimerhttps://meta-defense.fr/2022/03/28/un-moteur-americano-italien-pour-leurodrone-une-heresie-industrielle-et-technologique/
Cela va plus loin que le seul Eurodrone:
Supprimerhttps://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/eurodrone-cet-echec-torpille-t-il-la-strategie-de-safran-de-se-diversifier-dans-les-turbopropulseurs-912650.html