Voilà près d'un an que le dossier stratégique du SCAF (système de combat aérien futur) n'a pas connu d'avancées significatives. La dernière grande étape en effet, fut l'accord politique validé par l'Allemagne à l'été 2021. Depuis, les discussions entre industriels sont dans l'impasse, tandis que les sorties médiatiques s'enchaînent. L'été sera chaud.
Illustration: l'insoluble équation tourne autour du futur chasseur - montage Pax Aquitania
Cette semaine à Mérignac, Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, a de nouveau mis en garde: si le dossier SCAF n'avance pas, en raison principalement des mésententes franco-allemandes avec Airbus Defence & Space, l'avionneur français saura proposer seul une solution.
Le débat tourne principalement autour du partage technologique concernant les commandes de vol du futur chasseur, véritable joyau de la couronne chez Dassault Aviation. D'autres paquets de l'accord ont bien été validés (voir précédents articles sur ce blog) au début du printemps 2021. La ligne rouge est claire: pas de codéveloppement, et une solution du best athlete qui prime. Cela semble s'opposer frontalement à la stratégie allemande, qui n'est même plus cachée, d'acquisition de compétences.
Et sur la question du "NGF" (next generation fighter), le best athlete, c'est bien évidemment Dassault qui peut légitimement s'appuyer sur l'Histoire et un programme Rafale qui mène de plusieurs longueurs sur son opposant Eurofighter.
Or, on le comprend, la stratégie de Dassault Aviation est de maintenir une pression ferme sur Airbus, et plus généralement, la partie allemande. Cette pression, elle est aujourd'hui incarnée par le fameux "plan B". Avec un argument selon lequel la France (puissance nucléaire, et puissance aéronavale, des données qui comptent) a déjà connu cette situation par le passé, et saura de nouveau s'en sortir, en faisant un avion seul si besoin est. Elle saura également, toujours selon ce discours, le financer.
Mais c'est bien là le problème du plan B. Tous les scénarios le concernant amènent à déduire qu'un tel programme, mené seul donc, conduira fatalement à une réduction drastique des ambitions initiales. Cela, l'opérationnel est-il enclin à l'accepter ? Et le politique ? Que deviendra le système de systèmes si la France fait cavalier seul (il faudra d'ailleurs le standardiser OTAN, a minima) ? Et ses effecteurs déportés (les fameux remote carrier) ?
Deux choses:
Premièrement, il va s'agir de déterminer dans quelle mesure le nouveau contexte stratégique européen influe sur le dossier. L'Allemagne se découvre de nouvelles ambitions après les annonces militaro-financières du mois de mars au Bundestag, ce qui la place -supposément- en position de force. Cela ne durera à mon humble avis qu'un temps, relativement court, tant le pays est culturellement désaxé en matière de questions stratégiques (c'est même générationnel désormais). Alors certes, mais le temps manque désormais, et l'Europe connaît la guerre.
De plus, même dans ce contexte, Airbus DS n'est pour l'instant pas gagnant, et doit se battre à domicile contre ces lignes budgétaires tout entières qui vont droit à l'industrie américaine.
Deuxièmement, quid du politique ? Ces joutes verbales entre industriels ne sont pas éternelles et à la fin, ce sera aux dirigeants d'arbitrer. Le principe du best athlete avait été validé politiquement du temps d'Angela Merkel. Il est pourtant remis en cause chez Airbus DS aujourd'hui (qui a changé de PDG entre temps), et en Allemagne plus globalement. Enfin, on oublie souvent qu'il y a un troisième partenaire, espagnol.
Notre nouveau ministre des Armées, Sébastien Lecornu, ne s'est pas encore exprimé publiquement sur le sujet, concentré sur la tâche "économie de guerre pour la BITD", mais il est plus probable que la clé se situe plutôt du côté de l'Elysée que de Balard.
Quoiqu'il en soit, les prochains mois seront déterminants pour un programme qui selon Eric Trappier a déjà pris 5 à 10 ans de retard. C'est en effet l'horizon 2045-2050 qui est visé mais là encore, il s'agit d'un discours qui ressemble surtout à un gros coup de pression.
Enfin, on se rassurera comme on peut en observant que côté britannique, le programme Tempest n'avance guère plus, avec quelques couacs remarqués. Arrive t-on à la fameuse bascule qui verra ces programmes se rejoindre ? Encore improbable, et de toute manière trop tôt pour le dire… sachant que l'on cherche avant tout aujourd'hui à éviter de complexifier d'avantage l'équation.
bonjour, le savoir faire de dassault appartient a dassault. il n y a rien a donner aux allemands. ils ont deja eu le mgcs, bloque, et l eurodrone, trop cher , trop lourd, trop tard, sans compte du retour du savoir faire du neuron... les allemands veulent construire une europe allemande..... ils sont imbus et arrogants en ayant triche avec l euro a partir de 2001, s etant enrichi sur les dos des pays du sud de l europe... la france doit se re industrialiser,
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