vendredi 16 juin 2023

La France va t-elle enfin faire voler ses grands drones ?

L'édition 2023 du salon du Bourget est l'occasion pour les dronistes français de présenter enfin des solutions qui sont attendues pour certaines depuis des années, que l'on parle ici de grands drones comme le Aarok, ou de petites munitions rodeuses. La France se reveillerait-elle enfin ? La condition est encore qu'elle puisse faire voler ces appareils. Une solution se profile en Gironde avec le CESA Drones. 

Ci-dessus: vue d'artiste du drone Aarok de Turgis & Gaillard, en opérations pour l'armée de l'Air - source: constructeur.


Il sera assurément l'une des stars du Bourget 2023. Avec ses mensurations et capacités impressionnantes (5,5 tonnes à vide, 1,5t de charge utile, 24 h d'endurance…), le drone "Aarok" de la PME Turgis & Gaillard est un MALE (moyenne altitude longue endurance) que certains voient déjà venir jouer dans la cour des grands, comme le légendaire MQ-9 Reaper en service dans l'armée de l'Air - et que Generals Atomics rêve de vendre à la Marine Nationale - ou le futur et très onéreux Eurodrone. 

Aarok a été développé en secret depuis trois ans, avec le soutien de la DGA, et sa révélation vient véritablement soulager quelques… inquiétudes. En effet, la France, pays aéronautique s'il en est, accuse toujours 20 à 30 ans de retard dans le domaine des drones militaires. Et alors que le drone tactique Patroller de Safran arrive tout juste dans les forces (armée de Terre), des questions pouvaient très légitimement être posées sur la place accordées aux drones dans nos armées d'une part, et dans notre BITD. 

Des bilans ont été tirés depuis plusieurs années sur l'emploi des drones, renforcés encore récemment par non seulement le conflit en Ukraine, mais avant lui, celui entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan (2020).
Il y a aujourd'hui un drone, voir plusieurs modèles de drones pour chaque mission. C'est pourquoi nous ne nous étendrons pas ce jour sur les différents besoins. Une chose est néanmoins certaine, l'Etat est demandeur d'une solution -relativement- peu chère, efficiente (l'Aarok peut sur le papier réaliser toutes les missions, y compris délivrer de l'armement), tout en étant robuste (Aarok doit pouvoir décoller depuis un terrain sommaire selon ses concepteurs). 

Le fameux modèle turc ?! Nous verrons bien, et aurons l'occasion d'en reparler très vite.


A noter que l'Aarok n'est pas le seul drone de grande envergure en préparation en France (pas le seul grand drone, mais probablement le plus grand des drones !), dans la  catégorie "robuste et low cost", mais ne trahissons pas de secret pour le moment. Nous découvrirons donc si d'autres acteurs sortent du bois à l'occasion du Bourget. 


Extension du CESA Drones 

Il reste un problème fondamental à résoudre. En raison des règles drastiques à respecter et des lourdes certifications imposées par l'Aviation civile, la France ne sait pas aujourd'hui mener d'expérimentations avec ses grands drones.
Il existe bien sûr des zones de test dans différentes régions, comme le CESA Drones à Bordeaux, mais rien de suffisamment étendu (et loin des habitations) pour que les dronistes puissent s'exercer sous l'œil bienveillant des autorités.

La conséquence est directe, et parfois mortelle pour les entreprises: il faut aller à l'étranger. Le problème n'est même pas européen, puisque des frontaliers comme l'Espagne accueillent des entreprises françaises les bras ouverts.

Il y a donc urgence en la matière, et quelques initiatives ont été tentées. Citons le projet "Zeldda" (Zone d’expérimentation longue distance pour drones aériens) qui espère émerger du côté de Cahors, mais aussi l'extension toute récente du CESA Drones en Gironde.

En effet, le CESA Drones, filiale de Bordeaux Technowest, a annoncé cette semaine avoir obtenu l'agrandissement à Hourtin, sur la côte Atlantique (moins d'une heure de Bordeaux) de sa zone à longue élongation*. Une zone qui s'étend désormais sur une envergure de 100 km au dessus de l'océan. Idéal pour limiter les risques.
Il s'agit bien ici d'une extension, car le "corridor" établit dès 2015 ne faisait que 50 km. Suffisant pour des petits modèles, les voilures tournantes en particulier, mais plus limité pour les grands appareils auxquels le marché aspire désormais. En particulier le marché militaire.


Le travail du CESA, de Bordeaux Technowest et des élus locaux a fini par payer, et les premières réactions de la part des dronistes sont particulièrement enthousiastes. De quoi ramener en Aquitaine ces nouveaux fleurons qui attirent déjà tous les regards ?

Sur le même sujet ou presque, la prochaine étape devrait concerner, à Bordeaux même cette fois, une zone d'essais pour les nouvelles mobilités aériennes (dont les fameux "taxis volants").

*on peut retranscrire cette dénomination par zone où sont menées des expérimentations "BLOS": beyond visual line of sight. Ce sera d'ailleurs l'un des thèmes majeurs du salon UAV Show à la rentrée à Bordeaux. 


5 commentaires:

  1. On parle aussi d'un terrain vers Cahors...
    https://www.challenges.fr/entreprise/drones-en-retard-la-filiere-francaise-reclame-une-zone-de-tests-longue-distance_847567

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  2. Le Reaper vient de tirer de la munition inerte sur Captieux:
    https://twitter.com/Armee_de_lair/status/1671482292919754753

    C'est pas assez grand ?

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  3. Niveau petit drone, l'entreprise DELAIR va s'implanter à Toulouse.
    https://www.opex360.com/2024/04/09/le-commando-parachutiste-de-lair-n20-et-le-ceam-ont-teste-le-drone-delair-dt-26-a-djibouti/

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    1. Pour les plus petits drones, cela va peut être bouger en France:
      https://www.forcesoperations.com/de-nouveaux-leviers-pour-accelerer-la-dronisation-des-armees-francaises/

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  4. Bientôt les REAPER block 5 voleront aussi en France !
    https://www.opex360.com/2024/04/20/les-drones-mq-9-reaper-block-5-de-larmee-de-lair-et-de-lespace-sont-enfin-autorises-a-voler-en-france/

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