mercredi 29 novembre 2023

La Belgique annonce qu'elle rejoindra le programme SCAF en 2025

Après avoir s'être vu promis le statut d'observateur, la Belgique devrait pleinement rejoindre le programme SCAF en juin 2025. Mais dans quel but ?


Malgré les remous, voire petites tempêtes, médiatiques plus que politiques, industrielles plus que militaires, le SCAF (système de combat aérien futur) avance. 

Dernière nouvelle, d'ordre "architecturale": nous devrions connaître le choix définitif du chasseur de nouvelle génération au printemps 2025 (avec design révélé au Bourget ?), quatre concepts d'appareil -ou cinq, selon les sources- étant étudiés au sein du programme.

Mais le printemps 2025 serait aussi la date à laquelle un quatrième partenaire européen, la Belgique, pourrait officiellement rejoindre la France, l'Allemagne, et l'Espagne. C'est en effet ce qu'a annoncé la ministre de la Défense Ludivine Dedonder de façon très informelle -sur le réseau social Linkedin- après un discours devant les industriels belges de l'aéronautique durant un événement consacré au combat aérien futur.  
Rappelons que depuis juin 2023, la Belgique a obtenu le statut d'observateur du SCAF, statut qui n'a pas encore été formalisé d'ailleurs. Il devrait l'être d'ici la fin de l'année.
 

Mais établissons un double constat:

  • Tout d'abord, cela semble très unilatéral, et politique. 
La déclaration, tout à fait prématurée puisque le processus d'évaluation n'est pas achevé, a été faite presque en catimini avant que la presse nationale n'enquête et ne la reprenne, et elle n'est depuis globalement commentée qu'en Belgique, où Flamands et Wallons continuent de disserter sur leur destin stratégique.
Rien, pour le moment, du côté des partenaires européens. On sait que l'arrivée de la Belgique dans le SCAF plaît à l'Elysée, pour des raisons politiques évidentes, mais qu'elle est moins bien accueillie chez les industriels des trois pays, qui négocient déjà assez difficilement calendrier et charge de travail.

Mais soit, la Belgique deviendra a priori membre à part entière du programme SCAF en juin 2025, alors qu'il s'agira de lancer la phase 2 du programme, menant à la conception du démonstrateur dont le design aura été tout juste défini. 

  • Mais la Belgique dans le SCAF, pour y faire quoi ?
Deuxièmement, se pose la question de l'intégration concrète d'un -petit- partenaire à ce stade du programme, que les participants se refusent publiquement d'élargir. D'autant plus que l'on connait déjà l'enveloppe disponible: 360 millions d'euros, ce qui est bien faible quand les autres partenaires parlent en milliards.
Il parait clair que la Belgique tente un coup politique en "candidatant" au SCAF, elle qui a pourtant opté pour le F-35. Les retombées économiques tant promises avec ce marché américain seront à n'en pas douter finalement en deçà des attentes (sans même évoquer les coûts cachés générés par l'emploi du F-35) et Bruxelles se cherche un grand programme européen, un "contrat du siècle" (l'expression a véritablement été employée), pour satisfaire ses entreprises et contribuables. A cette étape du discours politique, c'est surtout le mot "emplois" qui transpire, tandis que les industriels espèrent accéder à des informations critiques sur le programme.
On sait que l'industrie belge a des compétences à offrir, la proposition commerciale française autour du Rafale existait pour le prouver en 2017-18. Elle ne fut pas suivie. Reste à savoir si les places à prendre à l'époque ont été pourvues depuis.    

Enfin, sur un plan purement opérationnel, l'armée de l'Air belge prend possession de ses premiers F-35 (il faudra encore des années avant la mise en service), dont la carrière pourrait s'étendre sur au moins 30 ans. On n'image donc pas, à ce stade, Bruxelles commander l'avion européen de nouvelle génération, ou même intégrer le système de combat futur puisque le F-35 ne collabore qu'avec lui-même.


Pour plus de clarté, attendons donc les discours et sorties médiatiques qui ne sauraient tarder puisque le mois de décembre sera l'occasion de concrétiser ce fameux statut d'observateur. Un statut pas vraiment anticipé avant notre histoire belge, et qui pourrait éventuellement permettre d'accueillir d'autres pays… s'ils ont quelque chose à offrir ?


1 commentaire:

  1. Ce n est pas forcement une bonne nouvelle. dispersion des responsabilités et surtout fuite des technologies. Dassault est contre.MM.

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