Alors que rien n'est encore signé, l’Eurodrone, fameux MALE européen
attendu depuis plus de 20 ans, devrait finalement arriver dans les forces en
2028 selon le ministère des Armées. Le dossier pourrait se décanter avant la
fin de l'année.
Un responsable du ministère des Armées a révélé récemment quelques informations sur le dossier de l'Eurodrone. Ainsi le fameux programme qui doit offrir un
drone MALE "souverain" (moyenne altitude longue endurance) à l'Europe pourrait
enfin être débloqué dans les prochaines semaines.
Impliquant la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, ainsi que les
industriels Airbus DS (maître d'oeuvre), Dassault Aviation et
Leornardo, l'Eurodrone doit affranchir le continent de sa dépendance
aux matériels américains ou israéliens (voire chinois dans certains pays
déja).
Jusqu'ici, c'est sur le prix que les négociations bloquent, le constructeur
Airbus ayant présenté une facture largement supérieure aux 7 milliards sur
lesquels les Etats se sont engagés (notamment alourdie par la double
motorisation exigée par l'Allemagne). 7,1 milliards d'euros pour 63
drones.
Les nouvelles informations divulguées par le MINARM français font donc état
d'un énorme effort d'Airbus pour réduire le prix d'un système (3 drones et 2
stations sol) à 160 millions d'euros. Mieux encore, l'heure de vol
s'établirait à seulement 3000 euros !
Sur les deux points, c'est mieux que le concurrent MQ-9 Reaper. Mais ces
chiffres semblent également très optimistes, et demandent à être confirmés
dans le futur.
Le coût d'une heure de vol d'Eurodrone sera de 3000 euros d'après le minarm, celui d'un Reaper est à 4000 euros d'après la même source. #fildefense
— Defense 280 (@Defense137) September 16, 2020
Enfin, on découvre que la date de 2025 n'est évidemment plus tenable, et que
c'est au mieux en 2028 que les forces françaises recevront leurs premiers
Eurodrones.
La conséquence est double:
- dans l'attente et devant surtout l'urgence opérationnelle, il semble désormais acté que l'armée de l'Air et de l'Espace obtiendra la commande à relativement court terme d'un nouveau lot de MQ-9 Reaper américains (ce que nous évoquions il y a quelques semaines). Peut-être même que ces derniers seront "européennisés", General Atomics ayant compris que l'argument de la souveraineté pouvait faire mouche chez une certaine clientèle.
- 2028: l'Eurodrone arrive t-il trop tard ? Question légitime quand on découvre justement que le Reaper aura un successeur désigné par son constructeur comme une aile volante, rapide, furtive, et possédant encore plus d'endurance que les +24h du MQ-9. Or, ce drone MALE de nouvelle génération censé pouvoir évoluer dans un espace aérien plus contraint (comprendre "contesté') grâce à ses performances et sa furtivité, arriverait justement à la fin de la décennie. Soit en même temps que l'Eurodrone...
Double problématique donc: l'Eurodrone est il déjà dépassé, et nos
armées en auront-elles l'utilité ? Il ne fait pas de doute que la configuration de l'Eurodrone, telle
qu'actuellement présentée (double turbopropulseur, architecture de
planeur) possèdera toujours un grand intérêt en 2028, notamment du fait
que son usage pour être autant militaire que civil. On pense ici à la
surveillance des eaux territoriales et de la ZEE (couplé en temps réel aux
futurs Falcon de la Marine), ou sur terre, celle des grands événements,
des feux de forêts ou parcs nationaux...
Mais dans le même temps donc, de nouveaux drones émergeront sur le marché, et surtout, sur les théâtres. Furtifs, véloces, encore plus endurants, et potentiellement armés de missiles air/air, comme cela a déjà pu être annoncé par plusieurs puissances.
Il s'agirait donc, en parallèle du développement de l'Eurodrone, de ne pas fermer la porte à l'examen d'une solution de nouvelle génération, en reprenant par exemple les travaux effectués sur le démonstrateur de drone de combat furtif nEUROn de Dassault.
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