Le budget des Armées suit sa trajectoire de relance (mais sans plan de relance)

Le budget 2021 des Armées, porté par le projet de Loi de finances, poursuit sa trajectoire croissante et devrait s'établir si tout va bien à 39,2 milliards d’euros. Une augmentation de 1,7 milliard d’euros, soit 4,5 % par rapport au budget 2020. Mais si la communication appuie sur le rôle de ces investissements pour l'économie et les territoires, le monde de la Défense peut regretter amèrement d'être ignoré par le plan de relance massif post-COVID.

Ci-dessus: en raison de la pandémie, l'armée de Terre ne recevra qu'une centaine de blindés Griffon de Nexter sur les 126 prévus en 2021. Ici aux essais à Djibouti - DGA

Si les médias se sont régalés du bang supersonique provoqué par un Rafale au dessus de Paris, on trouvait bien peu de commentaires sur la présentation du budget 2021 des armées.

39 milliards d'euros (dont 22 pour les équipements), 27 000 recrutements, 900 millions d'euros pour l'innovation ainsi qu'un fonds d'investissements (FEFINNOV) de 200 millions pour les start -up... ces chiffres qui s'inscrivent dans les engagements initiaux de la campagne présidentielle de 2017 appuient aujourd'hui la stratégie gouvernementale sur la relance.

« La loi de programmation militaire s’impose comme un plan de relance à part entière » - Florence Parly 

Du côté des matériels neufs, cela se traduit dans les trois armées par les livraisons de 157 blindés Griffon, 20 chars légers Jaguar, une nouvelle frégate multi-missions (FREMM de défense aérienne Alsace), 3 avions ravitailleurs MRTT Phénix, un A400M (le 17ème), 12 000 fusils d'assaut... Nous verrons aussi arriver enfin le drone Patroller.

2021 devrait aussi voir le lancement du démonstrateur du système de combat aérien futur (SCAF), et un renforcement des moyens spatiaux.

Le Service de Santé des Armées, mis en lumière durant la crise du printemps, voit son budget augmenter de 27%.

Alors, pas de relance dans la Défense ? C'est faux, du moins en partie, puisqu'au début de l'été, le plan de relance aéronautique avait permis d'avancer pour 600 millions d'euros de commandes, principalement chez Airbus, avec à la clé des A330 MRTT et des hélicoptères.

Mais cela restera toutefois comme une immense occasion manquée, et alarme de façon sérieuse au sein de la BITD nationale comme chez certains élus.

Aussi, le salon Euronaval fin octobre à Paris, sera probablement l'occasion d'annonces, peut-être même sur le futur porte-avions. On parlera alors probablement d'une décision importantissime pour la relance de l'économie, et de souveraineté préservée … alors que pourtant, il s'agit d'un arbitrage prévu de longue date - et décalé durant l'année - tout à fait indépendant du contexte COVID.

En parallèle, il est question d'une commande de Rafale pour l'armée de l'Air et de l'Espace. Là encore, pas de vraie relance, mais l'obligation - absolue - de compenser les trous créés dans nos forces aériennes par le contrat grec qui verra partir à la fois des Rafale "d'occasion", et des Rafale "neufs" initialement prévus pour être livrés à la France.

Pour finir, il convient de rappeler qu'en matière de défense, ce n'est pas tant le contexte de relance post-covid qui compte (bien que l'investissement de défense ou spatial soit systématiquement rentable pour le pays), mais bel et bien l'environnement stratégique international, dont les grandes fractures récentes semblent désormais confortées pour de bon.

Ci-dessous les éléments de communication du MINARM sur le projet de loi de finances 2021: