La France avance sur la lutte anti-drone

La ministre des Armées Florence Parly était à DGA Biscarosse ce 7 juillet pour assister à une démonstration officielle de lutte anti-drone par arme à énergie dirigée. Le symbole d'une prise en compte très sérieuse de l'évolution de la menace.  

Ci-dessus: des drones neutralisés au laser au Centre d'essais des Landes - AFP

Dans un tweet, Florence Parly a félicité mercredi la DGA pour le succès de sa démonstration de lutte anti-drone, appuyant sur le fait que la France se tiendra prête à répondre à la menace des drones alors que les Jeux Olympiques de Paris 2024 approchent.

La DGA a accueilli aujourd’hui @florence_parly, ministre des Armées sur son centre DGA Essais de missiles en #Gironde pour une visite de ses moyens d’essais et des démonstrations du savoir-faire de la DGA en matière de lutte anti-drones. https://t.co/keSGJTJpau pic.twitter.com/wXaeUKvWOh

— Direction générale de l'armement (@DGA) July 7, 2021

Si le ministère appuie sur le fait que cette démonstration serait la première, les lecteurs de ce blog feront remarquer ce n'est évidemment pas le cas, puisque le centre d'essais des Landes teste des solutions laser depuis quelques temps déjà (lien ci-dessous).

Novembre 2020: Un laser anti-drone testé au Centre d'essais des Landes

Les neutralisations au laser sont effectuées sur des drones de petite taille (moins de 100 kg, la puissance du laser étant de 2 kilowatts), a priori toujours avec le système Helma-P de Cilas. Ce système qui assure de la phase de détection à celle de neutralisation en moins de 10 secondes devrait être opérationnel en 2024, et même être embarqué pour des tests sur des bâtiments de la Marine Nationale dès 2022. 

La nouvelle guerre des drones

Plusieurs solutions ont tour à tour été mises sur la table dans le cadre de la lutte anti-drone. Le brouillage a d'abord été institué comme système miracle (on se rappellera par exemple qu'il était au cœur des innovations du salon SOFINS 2019, avec quelques accrocs…), mais face au durcissement des communications, à la difficulté d'emploi sur des sites stratégiques comme les aéroports, ou encore à l'émergence des essaims, la neutralisation pure et simple semble prendre le pas aujourd'hui sur la prise de contrôle dans la doctrine.

Sur le blog: Robots, drones, essaims… les tendances s'affirment au SOFINS 2021

Dans ce cadre, deux solutions se présentent, qui sont l'usage d'armes cinétiques, ou d'armes à énergie dirigée. L'armée de Terre a tout récemment pu démontrer la pertinence de recourir au lance-grenade contre des essaims de drone, avec des résultats tout à fait probants. Au contraire, des munitions "classiques", bien que précises, ont révélé ne pas avoir une puissance d'arrêt appropriée contre des drones, notamment ceux de petites tailles.

L'autre solution, c'est donc celle des lasers, en constante évolution. Israël vient de tester un laser embarqué sur un petit avion civil qui, en développant une puissance de 100 kilowatts, est apte à neutraliser un grand drone (drone tactique par exemple) à une distance de 20 km, en vol.

Si la démonstration à laquelle Florence Parly a assisté mercredi 7 juillet est un symbole, c'est aussi car cette semaine sortait au Sénat un rapport très médiatisé sur l'évolution de la guerre des drones: « Se préparer à la guerre des drones : un enjeu stratégique ».

Ce rapport fait assez justement le constat - après les retex récents des conflits au Levant, en Azerbaïdjan/Arménie, en Libye... - que la France doit accélérer son rattrapage capacitaire, tant sur les plans offensif  (munitions rodeuses !) que défensif. 

Il insiste également pour que la filière industrielle de drones et robots soit mieux appuyée dans ses efforts de développement et de structuration, citant Parrot ou Shark Robotics, tout en l'orientant sur les besoins futurs des armées.