mercredi 17 juillet 2024

Première mondiale ! HyprSpace valide l'essai de son moteur à propulsion hybride


HyPrSpace, l'un des principaux acteurs français sur le marché des micro-lanceurs, a réussi jeudi 11 juillet le premier essai de son moteur-fusée "Terminator". Cela valide l'innovation technologique maitresse de la start-up, la propulsion hybride. Un première mondiale. Cette campagne d'essais se déroule à Saint-Médard-en-Jalles sur le site de la DGA Essais missiles, avec qui HyperSpace a noué un partenariat. 

Images: © HyPrSpace


2024 marque assurément un tournant sur le marché global du spatial. Alors que tous les segments (lanceurs, satellites, services…) sont désormais confrontés à un tarissement des financements, notamment privés, et que des interrogations apparaissent -ce qui est sain- sur la réalité chiffrée de cette économie, finalement toujours ultra dépendante des programmes publics, et en particulier militaires, cette année pousse les grands acteurs à se restructurer (par exemple, Airbus & Thales) tandis que les jeunes entreprises financées doivent franchir le gouffre qui sépare la planche à dessin de la pratique. 

Et alors que l'on vient de voir Ariane 6 s'envoler, ou encore Dark réussir ses essais moteur, c'est au tour de la prometteuse HyprSpace de passer une étape considérable. 

Le 11 juillet à Saint-Médard-en-Jalles (33), sur le site de la DGA Essais Missiles, a donc eu lieu le premier tir du moteur "Terminator", avec pour objectif, ni plus ni moins que la validation d'une technologie (brevetée par l'entreprise) sur laquelle repose l'entièreté du projet: la propulsion hybride (liquide & solide). HyprSpace avait jusque là mené des essais avec un prototype "Joker", mais "Terminator" est un démonstrateur grandeur nature (6m), représentatif d'une version opérationnelle. 


L'entreprise a communiqué avec enthousiasme, hier: "Le modèle de performance de la combustion et des fluides, la capacité à fonctionner à l'échelle d'un étage complet, confirment expérimentalement la fiabilité et l'évolutivité de notre technologie. Il s'agit d'une démonstration technologique majeure pour le développement de notre lanceur OB-1, qui ouvre de nouvelles perspectives pour les applications spatiales et la défense, en raison de la simplicité et des avantages économiques offerts par notre moteur."



Le succès est au rendez-vous, et la campagne d'essais va désormais progresser, avec notamment l’intégration du réservoir d’oxygène liquide (LOX) dans le moteur, ou encore l'ajout de contraintes simulant un tir en conditions réelles.  

Il s'agit bien entendu d'un immense soulagement pour les équipes, et également d'une première mondiale car, bien qu'explorée partout dans le monde il y a des décennies (et de nouveau, maintenant que la France s'y intéresse. Bizarre !), la propulsion hybride pour les lanceurs a rapidement été jugée trop complexe. Or, une innovation majeure proposée par HyprSpace dès le départ de l'aventure a été de largement simplifier l'architecture du moteur. Un grand bravo donc !

Sur le plan économique, la start-up doit une belle partie de son développement au plan d'investissement France 2030 dont elle fut la première des lauréates sur le volet micro-lanceurs, mais son lien de confiance avec l'Etat ne s'arrête pas là, puisqu'elle peut bénéficier des structures et du soutien de la DGA et de l'AID depuis maintenant plusieurs années.

Ce qui m'amène au point opérationnel: il est selon moi trop tôt pour parler précisément de ce qu'est véritablement la réalité du marché commercial des micro-lanceurs, mais ces derniers offrent des capacités d'accès à l'orbite basse qui pourraient s'avérer intéressantes dans le cadre d'une stratégie de défense pour les lancements réactifs. D'autant plus quand on sait que l'innovation d'HyprSpace concernant l’architecture de son moteur à propulsion hybride permet de choisir le couple d’ergols, et donc éventuellement des ergols liquides stockables (par exemple non cryogéniques), évitant d'avoir à faire le plein du lanceur sur le pas de tir. Le gain logistique opérationnel concerne aussi la partie solide, puisque non pyrotechnique. 
Notons enfin que le Commandement de l'Espace n'a ouvertement déclaré s'intéresser aux solutions de lancements réactifs que depuis le mois de juin 2024, lors d'une visite chez Latitude à Reims.

HyprSpace prévoit le premier tir -suborbital- en 2026.  


2 commentaires:

  1. L'Allemagne et l'Espagne seront de fudes concurrents en Europe...
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-reportage-de-la-redaction/comment-la-france-tente-t-elle-de-rattraper-son-retard-sur-le-marche-des-mini-lanceurs-spatiaux-4449903

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