Le Salon aéronautique du Bourget 2019 a été lancé en grandes pompes ce matin par le Président de la République Emmanuel Macron, venu notamment assister à la signature d'un accord cadre sur le système de combat aérien futur par les ministres française, allemande et espagnole de la défense. C'est à cette occasion que les avionneurs Dassault Aviation et Airbus ont dévoilé la première maquette grandeur nature du futur avion de combat européen, dit de "sixième génération".
Ci-dessus: de gauche à droite;Dirk Hoke, Président exécutif (CEO) d’Airbus Defence and Space, Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation, Ursula von der Leyen, ministre fédérale allemande de la Défense, le Président de la République Emmanuel Macron, Margarita Robles, ministre espagnole de la Défense, et enfin Florence Parly, ministre des Armées, devant la maquette du "NGF" - photo Dassault Aviation
C'est à la fois un événement et... un non-événement. Airbus DS et Dassault Aviation , mais aussi et surtout les trois nations cadres (3 pour l'instant, même si l'équation devrait rester figée quelques temps ainsi), ont profité de cette édition 2019 du Salon aéronautique du Bourget pour, avant tout, occuper l'espace médiatique et imposer dans les esprits le SCAF européen, qui se concrétise de mois en mois, bientôt deux ans après l'annonce de ce projet par Emmanuel Macron et Angela Merkel.
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Si des documents font effectivement l'objet d'une signature au Bourget, concernant l'architecture industrielle du programme, et, ce n'est pas rien, le devis remis à la DGA, le lancement du projet de démonstrateur pour 2026, un moment espéré, devrait lui attendre la rentrée, avec un financement conséquent.
Une phase de démonstration couvrira la période allant de 2019 à la mi-2021 et marquera le point de départ du développement des démonstrateurs et des technologies du chasseur de nouvelle génération (NGF), des drones d’appui (Remote Carriers) et d’un « Air Combat Cloud » (ACC), en vue d’un vol inaugural d’ici à 2026. Les divers accords de collaboration, qui incluent ceux passés aussi avec les sociétés MBDA Systems et Thales, définissent le périmètre de planification de cette phase initiale de démonstration, les modalités de travail et les accords commerciaux. De plus, un cadre transparent et équitable de traitement des droits de propriété intellectuelle a été établi dans les accords de collaboration respectifs.
En parallèle, Safran et MTU sont chargés de développer un nouveau moteur.
Il convient de rappeler que SCAF n'est pas qu'un chasseur (successeur du Rafale et de l'Eurofighter), mais un système de combat complet ultra-connecté et complémentaire, où pour la première fois, les avions "habités" (Rafale et/ou son successeur) feront équipe avec des "remote carriers", des drones et armements capables d’effectuer diverses missions avec différents degrés d'autonomie. L'IA jouera un rôle fondamentale dans l'assistance et la coordination des équipages.
Et cette maquette alors ? Celle-ci apporte des confirmations et principalement une correction, qui est le retour des dérives, qui n'étaient pas présentes sur la maquette très futuriste vue à Euronaval à l'automne 2018. Le gap technologique était sans doute trop important pour ce choix de design.
S'agissant des confirmations, elles sont selon moi tout à fait logiques, avec un appareil ressemblant au F-22 américain, voire au F-35 sous certains angles, les contraintes de la furtivité laissant peu de place à l'excentricité. Les premières réactions semblent mitigées, mais sur ce blog, on est convaincu par ce design (largement plus sexy que le concept concurrent "Tempest" britannique !).
Mais attention cependant, cette maquette est celle de l'avant-projet, et l'appareil évoluera forcément avant d'arriver à la phase du démonstrateur et du premier vol (2026 ?), voire même après. Son principal intérêt peut être analysé en termes de communication auprès du grand public (fun fact : les turcs présentent aussi un concept de chasseur furtif au Bourget).
La vraie information, c'est bien entendu la taille de l'avion. On pouvait naturellement s'y attendre, le chasseur est lourd et environ 1,5 fois plus gros qu'un Rafale, qui sur le marché mondial est déjà un avion compact. Le NGF fait 18 mètres de longueur, pour une envergure de 14 mètres, une taille obligatoire afin d'embarquer les armements en soute (le missilier MBDA présente d'ailleurs plusieurs concepts) et les divers équipements du combat de haute intensité de 2040.
Je vous laisse maintenant imaginer la taille désormais nécessaire du futur porte-avions de la Marine Nationale...
On attend également un nom de baptême !
Chez Airbus, Alberto Gutiérrez, Head of Military Aircraft déclare: « Le lancement bilatéral du SCAF par la France et l’Allemagne était une étape importante pour donner le coup d’envoi et mettre le programme sur les rails. L’intégration de l’Espagne représente une avancée vers l’européanisation prévue du SCAF. L’Espagne est non seulement un pays fondateur d’Airbus, mais aussi un acteur industriel de poids au sein de notre entreprise dans le domaine de l’aéronautique militaire. Partenaire expérimentée des programmes de défense en coopération, elle contribue largement aux capacités militaires de l’Europe. Nous ne sommes pas seulement ravis que l’Espagne rejoigne le SCAF, nous pensons qu’il s’agit d’une évolution naturelle pour le programme. »
Dirk Hoke, CEO d’Airbus Defence and Space, se félicite lui « du niveau de confiance et de partenariat que nous sommes déjà parvenus à instaurer avec Dassault dans l’exécution de l’Étude de concept commune et aujourd’hui, dans l’offre industrielle que nous venons de soumettre à nos deux gouvernements. Les principes de notre coopération industrielle incluent un processus décisionnel commun, une structure de gouvernance très claire, des méthodes de travail transparentes ainsi qu’un mode commun de préparation et de négociation des activités de cette phase initiale de démonstration.»
Pour Eric Trappier enfin, Président-Directeur général de Dassault Aviation : « L’Étude de concept commune attribuée à Dassault Aviation et Airbus en janvier 2019 a été la première étape d’une coopération fructueuse entre les deux entreprises. La phase initiale de démonstration marque un nouveau jalon décisionnel majeur dans l’organisation industrielle du Système d’armes de nouvelle génération NGWS [Next Generation Weapon System], dont le chasseur de nouvelle génération, qui sera fabriqué par Dassault et Airbus, sous la maîtrise d’œuvre de Dassault Aviation, les drones d’appui et l’Air Combat Cloud, dont Airbus assurera la maîtrise d’œuvre, constitueront les principales composantes du Système de combat aérien futur. (...) Les progrès que nous avons réalisés ces derniers mois sur ce programme sont remarquables. Le SCAF représentera le programme aéronautique militaire le plus ambitieux et structurant de l’Europe pour les décennies à venir, véritable pièce maîtresse de sa souveraineté. »
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