lundi 30 octobre 2023

L'installation de Flying Whales en Gironde suspendue


Le projet d'installation de l'usine/base d'opérations de l'entreprise Flying Whales à Laruscade, en Gironde, est suspendu suite à l'avis (consultatif) donné par l'Autorité environnementale le 19 octobre. Les travaux devaient débuter cet hiver.

Ci-dessus: vue d'artiste de l'usine Flying Whales. 


Sur ce marché (ré)émergent des dirigeables de nouvelle génération, le Français Flying Whales fait figure de pionnier. 
Un projet qui a semble t-il convaincu puisque financeurs et autorités politiques avaient jusqu'à maintenant déroulé le tapis rouge à la PME, qui a accumulé près de 160 millions de fonds propres, des partenaires institutionnels (France, Aquitaine, Monaco, Québec) et industriels de prestige (Thalès, Safran, Air Liquide, et même un partenariat avec ArianeGroup...), ainsi qu'un montage public jugé très avantageux pour l'implantation de son usine de dirigeables à Laruscade, dans le nord de la Gironde.

Et c'est justement là que ça coince, puisque dans son avis du 19 octobre, l’Autorité environnementale recommande à la commune de Laruscade de trouver un autre site plutôt que de détruire 58 hectares d’habitats naturels:
« L’AE considère que le projet aura un impact très fort sur le patrimoine naturel régional et fait plusieurs recommandations notamment au vu des enjeux en présence et des atteintes fortes du projet à la biodiversité et aux zones humides, au nom de l’intérêt public majeur porté par le projet qui reste à démontrer. »

Sans entrer dans le détail (la liste est assez longue: artificialisation des sols, déforestation, impact sur la faune et la flore…), l'Autorité environnementale n'est absolument pas convaincue de l'intérêt du projet, et ne demande ni plus ni moins que sa relocalisation dans cet avis sans concession.

La direction de l'entreprise regrette que l'on bloque un projet de réindustrialisation, tout en faisant son méa culpa, arguant que le dossier aurait été rédigé trop vite. Elle promet de se représenter avec un dossier plus complet, où seront proposés divers aménagements en faveur de l'écosystème. 

Pour rappel, les futurs dirigeables LCA60T de Flying Whales, longs de 200m, seront capables de transporter jusqu’à 60 tonnes de marchandises, avec capacité de chargement et de déchargement en vol stationnaire. L'entreprise vise notamment l'exploitation forestière et le transport de charge en milieu difficile, tout en inscrivant sa démarche dans un engagement écoresponsable.
Toutefois, sur ce marché comme ailleurs (coucou les taxi volants !), tout reste à prouver. On sait par exemple que la capacité opérationnelle des dirigeables est naturellement limitée par la présence ou non de vents. 

Mais le véritable questionnement concerne les gigantesques besoins en infrastructures que demande chaque zone d'opérations (une zone de 75 hectares en l'espèce). Ajoutons à cela l'impact sur le trafic aérien civil. Six sites avaient d'ailleurs été identifiés en Aquitaine, sans pouvoir satisfaire à ces exigences, exception faite de Laruscade.
Flying Whales envisage de telles installations en Europe, au Canada, en Amérique du Sud (Guyane Française ?), et possiblement en Asie (la Chine fut un partenaire du projet au commencement). 

A Laruscade, le projet doit entrainer la création de 300 emplois. Les travaux de défrichage devaient débuter cet hiver, et le premier dirigeable effectuer son vol inaugural en 2025. On peut d'ores et déjà tabler sur 6 mois de retard, minimum, et cela seulement dans l'hypothèse où la situation se débloque à Laruscade. 


vendredi 27 octobre 2023

Ambitions (et rivalités) dans le spatial européen avant le Sommet de Séville


Les derniers jours ont été rythmés par un flot d'annonces concernant le secteur spatial européen, avec des échéances concernant les court, moyen et long termes. Des annonces qui nous parviennent à dix jours d'un nouveau Sommet de l'Espace qui réunira à la fois l'ESA, et l'UE. On fait le tour en quatre actes. 

Ci-dessus: le démonstrateur SUSIE chez ArianeGroup aux Mureaux  - ArianeGroup. 


Ce 6 novembre à Séville se tiendra le Sommet de l'Espace de l'Agence Spatiale Européenne. Il ne s'agit pas de LA grand messe se déroulant tous les trois ans (la dernière étant celle de novembre 2022) et visant notamment à valider les grandes contributions budgétaires, mais on y attend des signaux encourageants quant aux ambitions futures de l'Europe dans l'espace, à commencer par le vol habité. 
"Les ministres des États membres de l’ESA prendront des mesures décisives pour faire de l’espace un instrument encore plus important dans la gestion du changement climatique. Parallèlement, ESA ouvrira une nouvelle ère de modernisation de la mise en œuvre de ses programmes, en répondant à la commercialisation et à la privatisation croissantes des activités dans l’espace notamment dans les domaines du transport spatial et de l’exploration de l’espace."

Jusque ici, Salon du Bourget 2023 compris, l'ensemble des déclarations émanant de la direction de l'ESA n'incite pas vraiment à l'optimisme, d'autant plus qu'en parallèle, de plus en plus d'acteurs (Etats comme entreprises) nouent des accords avec les différents porteurs de projets américains (là encore, institutionnels comme privés). Les Européens décollent déjà grâce à SpaceX… ils orbiteront peut-être à horizon 2030 dans des stations spatiales privées comme celle d'Axiom

Dès le lendemain, le 7 novembre, Séville se tournera vers l'Union Européenne (d'ailleurs sous présidence espagnole ce semestre) avec une réunion informelle ESA de niveau ministériel, accueillant les ministres "de l'espace" des membres de l'UE. L'ESA n'est pas l'agence de l'UE, mais cette dernière y prend chaque année un peu plus de poids. Mais il s'agit d'un autre débat.
"Des progrès coordonnés seront réalisés pour que l'espace soutienne la transition verte européenne, la durabilité dans l’espace, une commercialisation accrue dans l’écosystème spatial européen et la garantie d’un accès autonome, fiable et rentable à l’espace pour l'Europe."

Comme à l'habitude donc, avant un grand rendez-vous politique, le "hasard" de l'actualité fait que de grandes annonces nous sont fournies par le secteur, avec de bonnes nouvelles, excellentes même, et de moins bonnes. 


  • Avio/Arianespace: le divorce franco-italien
Commençons donc par ce triste constat: la guerre des lanceurs européens est officiellement déclarée. Ce serait déjà un euphémisme de dire qu'elle couvait, mais avec la révélation jeudi 26 octobre par le média La Tribune que l'industriel italien Avio a obtenu de son gouvernement la concrétisation d'une vieille demande de son PDG, il nous est confirmé que le lanceur léger Vega va quitter le catalogue d'Arianespace
Le gouvernement italien devrait en faire la demande à Séville le 6 novembre. S'en suivra très probablement une feuille de route de sortie (un nombre conséquent de lancements étant déjà "vendus" et prévus depuis le Centre spatial guyanais) qui s'étendra sur quelques années. 

Pour Avio, s'affranchir d'Arianespace, sous couvert d'arguments relevant de l'autonomie stratégique et surtout commerciale,  relève du pari risqué, très risqué. En effet, Vega demeure un lanceur attractif, mais dont la cote s'effondre de semaines en semaines à mesure que s'additionnent les échecs.
L'italien ne faisait aucun secret de sa volonté d'émancipation (et il faut regarder dans le même temps le cas allemand) mais il joue désormais sa vie. D'autant plus que désormais, les Français vont enfin pouvoir s'octroyer le droit de se comporter en concurrent. Nous retiendrons que messieurs les Italiens ont tiré les premiers… 

Pour Arianespace, le sujet est complexe, inquiétant même, mais la roue pourrait tourner dans le bon sens: certes, Ariane 5 est à la retraite, Soyouz n'est plus au catalogue car russe, et Ariane 6 n'est pas prête. Mais elle le sera bientôt, et une succession d'essais concluants annoncés cette semaine m'amène à penser que non seulement le retour d'Ariane se fera en grande pompe, mais que d'autres acteurs pourraient venir compenser la perte de Vega au catalogue. 


  • Essais moteur chez ArianeGroup
Dans la suite directe du sujet précédent, une double information: ArianeGroup a mené avec succès des essais à Kourou et à Vernon.

En Guyane, il s'agit bien sûr d'Ariane 6 et d'une séquence de lancement simulée qui a permis de valider le remplissage des ergols du lanceur, la gestion de pannes, ainsi que l'allumage partiel du moteur Vulcain.
La prochaine grande étape, absolument majeure et scrutée, devrait intervenir fin novembre, avec un test longue durée de quasiment 8 minutes du moteur. Celui-ci, qui a pris un peu de retard, sera déterminant pour savoir si Ariane 6 décolle au printemps 2024.

L'autre info concerne un futur un peu plus lointain mais déjà tangible, puisqu'elle concerne les essais sur les démonstrateurs de moteur Prometheus et d’étage réutilisable Themis, menés pour le compte de l’ESA.
Un nouvel essai de 30 secondes a été réalisé avec succès ce 20 octobre sur le site de Vernon. 



Prometheus et Themis sont des programmes stratégiques puisqu'ils permettent d'entrevoir l'avenir du catalogue d'Arianespace. On pense évidemment au futur d'Ariane, mais aussi et surtout, peut-être, au "mini"lanceur (à différencier de micro lanceur) de la filiale d'ArianeGroup, Maïa Space. Car en s'appuyant sur les technologies de sa maison mère, championne de niveau mondial, Maïa, encore qualifiée de start-up, a des reins beaucoup plus solides que ses consœurs européennes. Elle pourrait même à terme, une fois l'étape du mini lanceur franchie (1T de charge utile pour l'orbite basse), venir jouer sur les terres d'Avio et de sa Vega... 


  • Revoilà SUSIE !
Une brève communication jeudi 26 octobre aura suffi à rallumer la flamme dans les yeux des nombreux suiveurs de l'actualité spatiale. 
ArianeGroup a en effet dévoilé un démonstrateur à échelle réduite de son étage supérieur réutilisable SUSIE (Smart Upperstage for Innovative Exploration), dont la révélation du concept avait fait sensation en septembre 2022. Mieux encore, un test d'allumage a été réalisé le 25 octobre sur ce démonstrateur de deux mètres et 100 kilos aux Mureaux.

Le démonstrateur, visiblement développé sur fonds propres, a demandé  neuf mois de conception, et servira à réaliser des tests durant encore deux ans. En priorité il y aura la capacité à développer un système d’atterrissage contrôlé.
Ce n'est encore pas grand chose, mais on commence à voir émerger l'idée d'une communication à l'américaine, avec un usage moins timoré des démonstrateurs, même largement simplifiés. 

SUSIE est un cargo réutilisable qui pourrait potentiellement accueillir des humains, mais il ne s'agit pas là du seul projet européen en matière de vol habité. Nous citerons par exemple The Exploration Company. Dassault Aviation possède également un ou plusieurs concepts dans les cartons. Reste qu'aucune décision n'a encore été prise au niveau politique. 



  • FRAMATOME place enfin la France sur la carte du nucléaire spatial
Je garde volontairement la nouvelle la plus excitante pour la fin. Framatome, entreprise relativement peu connue du grand public mais assurément l'une des plus importantes du pays puisque leader international dans le domaine de l'énergie nucléaire (c'est elle également qui fournit les chaufferies nucléaires de nos sous-marins et porte-avions), se lance dans le spatial avec la création de Framatome Space.

Il s'agit plus précisément de l'enjeu de l'utilisation de réacteurs nucléaires dans l'espace pour l'exploration ou la colonisation. Une éventualité rendue possible aujourd'hui par les progrès faits en matière de miniaturisation et bien entendu de sûreté. 

Certains pourront y voir de la science-fiction mais il faut savoir que les grands acteurs, USA et sa Space Force en tête, sont déjà lancés dans cette course. Les spécialistes du sujet attendaient un signal venue de France depuis plusieurs mois. Voilà qui est fait.




lundi 23 octobre 2023

Potentiel marché de 54 Dassault Rafale en Arabie Saoudite


Retour de la rumeur saoudienne concernant l'achat possible de l'avion de combat français. 54 appareils seraient en jeu, avec en prime un monumental pied de nez à la concurrence. Mais le dossier semble avant tout politique.

Ci-dessus: un Rafale français en Jordanie - Armée de l'Air et de l'Espace.


Pour la seconde fois en moins d'un an (décembre 2022), le média La Tribune révèle que l'Arabie Saoudite a bien exprimé un intérêt pour le chasseur Rafale de Dassault Aviation. Et cette fois-ci, les choses seraient de plus en plus concrètes -et détaillées- puisque Ryad aurait demandé à l'avionneur français une offre commerciale pour l'acquisition de 54 Rafale. Date limite fixée au 10 novembre. 

Il y a officiellement aujourd'hui au sein du carnet de commandes de Dassault Aviation 125 Rafale destinés à l'export (résultats publiés en mars 2023), auxquels s'ajoutent la tranche de 18 appareils validée par l'Indonésie en août, ainsi que 39 encore à livrer aux forces armées françaises… la France devant elle-même finaliser une nouvelle commande de 42 Rafale au standard F4 d'ici la fin de cette année. Nous pourrions même ajouter les 26 Rafale Marine actuellement négociés avec l'Inde. 
En résumé, les temps sont exceptionnels et même à 3 Rafale produits par mois, il y a de l'activité assurée sur la ligne d'assemblage de Mérignac pour une grosse décennie… tout comme au sein des 400 entreprises qui participent au programme. 


Oui… mais. 

L'intérêt saoudien pour le Rafale n'est pas nouveau, mais il est vrai que des évolutions politiques régionales et plus globales semblent faire avancer le dossier. 

Sur un plan purement opérationnel, l'Arabie saoudite, la puissance majeure du Golfe Persique, est désormais entourée d'utilisateurs du Rafale (Egypte, Qatar, bientôt les EAU, peut-être un jour l'Irak). Cet argument à lui seul pourrait suffire à convaincre Ryad de se doter d'une flotte de Rafale.
Mais il y a également le fait que sur son segment de marché, le chasseur de Dassault Aviation règne désormais en maître, avec des perspectives d'évolution planifiées sur 20 ans. Peut-être atteignons nous l'instant où il est possible de chasser sur le terrain des anglo-saxons… en particulier d'un Eurofighter à bout de souffle.

Et si l'on parle aujourd'hui de 54 appareils, le potentiel total se situerait en réalité non loin des 200 appareils, livrables vers 2030.  

Mais venons en donc au plan plus politique. L'Arabie Saoudite devait se doter d'une cinquantaine d'Eurofighter Typhoon (elle en est déjà la principale cliente en dehors du consortium européen producteur), mais le dossier, géré par Londres, est bloqué depuis des années à... Berlin, suite à la guerre au Yémen et à l'affaire Kashoggi. Les joies des programmes en coopération et l'un des grands écueils à éviter/contourner sur le SCAF (en théorie un accord franco-allemand a réglé cette question du contrôle des exports). 
L'affaire embarrasse Londres bien entendu, mais aussi Airbus qui ne parvient plus à vendre son appareil, sachant que chaque "défaite" face au Rafale fragilise d'avantage Airbus au sein du partenariat qu'est le SCAF.  

Cela nous amène donc à la véritable question: l'intérêt saoudien pour le Rafale est-il réel ? Ou sert il simplement de moyen de pression sur Berlin dans le but de débloquer le dossier des Typhoon ? Ou même auprès des Américains, les Saoudiens lorgnant sur le F-15EX. Il faut par exemple noter que la rumeur Rafale a souvent été reprise par la presse anglo-saxonne pour pousser le déblocage des dossiers Typhoon ou F-15.
Le risque est bien réel pour la partie française de ne servir que de lièvre dans cette histoire. Mais dans le même temps, n'aurions nous pas grand tort de nous priver d'une telle opportunité ? 


vendredi 20 octobre 2023

Premier salon Bordeaux Défense Aéronautique sur la base aérienne 106

Mercredi 18 octobre s'est déroulé sur la base aérienne 106 de Bordeaux-Mérignac le premier salon BDA: Bordeaux Défense Aéronautique. Plus de 600 personnes, professionnels ou scolaires, jeunes et moins jeunes, étaient réunis afin de fédérer l'écosystème ASD territorial.

Images: communication de la BA 106 et du CTAAE.


On termine à Bordeaux un marathon événementiel débuté en septembre et qui aura vu se dérouler un nombre assez important de manifestations touchant à l'aéronautique (drones compris), à l'espace, et à la Défense (ce n'est d'ailleurs pas tout à fait fini, puisque vous pourrez aborder quelques sujets géopolitiques ou sociétaux aux Tribunes de la Presse du 15 au 18 novembre).

Mercredi 18 octobre se tenait donc sur la base aérienne 106 la première édition du salon "Bordeaux Défense Aéronautique". Près de 650 entrepreneurs, élèves ou membres du ministère des Armées étaient attendus pour cet événement coorganisé par l’armée de l’Air et de l’Espace et le secrétariat général pour l’administration (SGA), dont l'objectif est de fédérer les multiples acteurs de l’aéronautique en Nouvelle-Aquitaine. L'institution entend ainsi montrer son soutien aux PME et start up tout en immergeant les visiteurs dans l'atmosphère d'une enceinte militaire. 

A noter que le CFA (commandement des forces aériennes) est récemment devenu le CTAEE (commandement territorial de l'armée de l'Air et de l'Espace). Toujours basé à Bordeaux, il gagne un nouveau logo !


Fait remarquable, sous ses airs de mini salon professionnel -à taille humaine pourrait on dire, mais tout de même 280 entreprises représentées- le salon BDA laissait une large part de lumière à la jeunesse, un bon tiers des personnes présentes sur la base 106 ce jour là étant constitué de collégiens, lycéens, et étudiants (écoles d'ingénieurs). 


C'est la colonel Nathalie Picot (commandant de la base aérienne 106), accompagnée du général Michel Rouat (commandant en second du commandement territorial de l’armée de l’Air et de l’Espace - CTAAE), qui a accueilli exposants et visiteurs, en plus de quelques personnalités comme Mme Geneviève Darrieussecq, ministre (2012-2017), députée des Landes et membre de la commission de la défense nationale et des forces armées, M. Eric Giraud (directeur général d’Aerospace Valley), ou encore M. Eric Pouillat, député de la 6ème circonscription de la Gironde.

Sur le salon nous pouvions donc voir et interroger des opérationnels de la DGA essais en vol (avec la présence du superbe Mirage 2000 banc d'essais Rafale venu de Cazaux), de l'escadron 1/67 "Pyrénées" (avec un Caracal, de Cazaux également), de la 33ème escadre de renseignement (sur drones Reaper) venue de Cognac, le Commandement de l'Espace, ou encore les locaux de l'EAAO, formidable escadre aérienne d'appui aux opérations.

Et du côté des exposants extérieurs aux Armées, les institutionnels, pôles de compétitivité, incubateurs, associations, étaient présents dans leur grande majorité.
Les diverses entreprises présentaient elles un panel très varié de solutions, souvent numériques, à grands renfort parfois d'algorithmes ou de robotique. Mais qui y échappe désormais ?   

On notera la présence de nombreux dronistes, certains "anciens" comme Delair ou Reflets du Monde, dont les machines ne cessent de gagner en performances (désormais plusieurs dizaines de kilogrammes de charge utile ou de transport, pour le traitement précoce de départ de feu par exemple), mais aussi d'acteurs plus récents tel qu'EOS Technologie, vainqueur récent de l'appel à projets LARINAE de la DGA et de l'AID. 
La PME, qui est implantée à Mérignac, y présentait, entre autres, son imposant drone "Endurance 1200" (photo ci dessous), que l'on avait pu découvrir en juin dernier au salon du Bourget. Nous devrions pouvoir en reparler plus en détails d'ici la fin de l'année. 


Une autre start-up a également attiré mon attention (elle mérite d'ailleurs que l'on en reparle plus longuement sur le blog). Il s'agit de SYLPHAERO.  

Hébergée chez l'incubateur Bordeaux Technowest, Sylphaéro entend "électrifier" les moteurs à réaction qui sont déjà sur le marché, en chauffant l'air dans les moteurs de façon électrique, en lieu et place de la combustion classique. Alors que le travail de R&D est mené depuis maintenant 2 ans, cette solution pourrait en théorie permettre d'atteindre des performances en terme de rendement dignes de la rupture technologique. D'envergure stratégique donc. 
La cible commerciale est d'abord l'aviation d'affaire à horizon 2030 (pour des raisons détaillées dans vidéo ci-dessous), avant possiblement d'envisager le marché de l'aviation de ligne. Parallèlement, un record de vitesse sera tenté sur drone électrique en 2026.  Un projet extrêmement prometteur.  

Pour une meilleure compréhension je vous invite à visionner le court pitch du jeune PDG de l'entreprise, Damien Engemann, dispensé cette semaine même, le 17 octobre, lors du Sommet Aéronautique et Spatial de Bordeaux organisé par le média La Tribune :

Quelques images du salon BDA :





mercredi 4 octobre 2023

Le Canopée, symbole d'un spatial décarboné, en démonstration à Bordeaux


Après le HMS Iron Duke il y a dix jours, c'est maintenant le « Canopée » qui est à Bordeaux pour la semaine ! Ce roulier innovant servira prochainement de cargo dans le convoyage du lanceur Ariane 6 entre l'Europe et le Centre spatial guyanais. 


Pour la seconde fois cette année, le (ou la) Canopée a remonté l'estuaire de la Gironde, cette fois-ci jusqu'à s'amarrer port de la Lune, où il séjourne du 3 au 7 octobre pour son baptême officiel (photo maison. De très belles images du navire passant sous le tablier du pont Chaban Delmas sont disponibles dans les médias, notamment chez Sud Ouest, mais je n'en possède pas les droits de diffusion). 
Durant l'hiver dernier, alors qu'il ne disposait pas encore de son système de "voiles", le Canopée n'avait pas dépassé le port de Blanquefort-Parempuyre, au nord de l'agglomération. Mais c'est bien de là, et non des quais populaires et touristiques de Bordeaux, qu'il emportera les composantes du lanceur Ariane 6 vers la Guyane française. 


Le Canopée est un roulier de 121 mètres de long pour 22 mètres de large, la particularité du navire étant sa propulsion hybride gazole/gaz naturel liquéfié, et surtout quatre voiles, ou ailes, articulées de 37 mètres (moins que les 51m annoncés en 2019 ?). Ces ailes doivent permettre d’économiser jusqu’à 7200 tonnes de CO2 par an, selon le constructeur (chiffres de 2019 également).

Les essais du navire semblent terminés. Il a même déjà réalisé une traversée de l'Atlantique. Pour le lanceur Ariane 6 en revanche, il faudra attendre encore (un peu). Cette belle épopée devrait débuter courant 2024.


"Ariane 6 on board" peut-on lire sur la coque du Canopée. Une inscription qui rappelle forcément la barge Airbus A380 que les bordelais ont vu remonter le fleuve durant des années. Le Canopée s'inscrit donc en quelques sortes dans cette tradition, véritable symbole de nos industries d'excellence. 

Un symbole à double vertu. En effet, le choix stratégique qu'a fait ArianeGroup avec ce cargo "à voiles" emporte avec lui un bel engouement. 
Pour Bordeaux, ville écologiste, c'est évidemment l'opportunité d'un affichage politique, d'autant plus que les curieux sur les quais font rapidement la distinction avec les habituels et plutôt mal-aimés paquebots de croisière que l'on voit défiler durant la belle saison devant les façades du XVIIIème siècle.
Pour Ariane, il y a l'image bien sûr, mais c'est aussi bien plus que cela, alors que l'industriel fait feu de tout bois pour améliorer la durabilité de ses activités. Il s'agit justement de rappeler que dans le secteur spatial -comme dans le secteur aéronautique d'ailleurs- la très grande majorité du carbone émis l'est du fait, non des lancements de fusée, mais bien de celui des segments production et logistique. 


lundi 2 octobre 2023

La Croatie prend possession de son premier Rafale à Mont-de-Marsan

La Croatie a pris officiellement possession de son premier avion de combat Rafale aujourd'hui sur la base aérienne de Mont-de-Marsan, le premier sur un total de 12 appareils commandés en 2021. Mais la livraison des appareils ne débutera qu'au printemps 2024. 

Photos - armée de l'Air de et de l'Espace.


Cela faisait plusieurs jours que les photos de ce premier Rafale F3-R (cela doit changer du MIG-21) arborant la livrée croate tournait sur les réseaux sociaux. Il y avait donc de l'événement imminent dans l'air… 
Chose faite ce lundi 2 octobre avec une cérémonie officielle de remise du premier appareil aux forces aériennes croates sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan, en présence notamment du ministre de la défense de la Croatie, Mario Banozic. 

Cet appareil, rappelons le, est prélevé dans les forces françaises, tout comme le seront les 11 autres. La Croatie, faisant avec ses moyens, et comme la Grèce avant elle, a en effet opté pour l'acquisition d'une flotte de seconde main. Une flotte d'occasion (10 monoplaces et 2 biplaces) dont les capacités seront néanmoins sans commune mesure avec ce qu'a connu la Croatie jusque là avec le MIG-21. 


La formation des pilotes, déjà effectuée en France depuis plusieurs mois, va désormais se poursuivre. Et pour que nos amis croates voient ces appareils au pays, il faudra néanmoins encore attendre puisque le premier lot de 6 Rafale devrait faire le voyage au 2ème trimestre 2024 (avril ?), et les 6 suivants début 2025. 

L'armée de l'Air française, elle, attendra en remplacement des Rafale neufs au standards F4.  

Avec la Grèce, la Croatie est le second pays européen, mais aussi de l'OTAN (et troisième pays en Méditerranée si l'on ajoute l'Egypte) à choisir l'appareil de combat de Dassault Aviation. De quoi renforcer quelques partenariats stratégiques.