lundi 30 septembre 2019

Un budget 2020 des Armées toujours sur les bons rails


Le projet de loi de finances 2020 prévoit, comme planifié, une hausse du budget de la défense de 1,7 milliard d'euros, soit la plus forte de tous les ministères (4,5%). Le budget du ministère des Armées s'établira donc à 37,5 milliards d’euros.

Ci-dessus: les nouveaux matériels changent la donne en opérations. Ici un A400M réalise en septembre 2019 un largage de 30t de matériel au Sahel - Armée de l'air


Pour l'instant, la progression se déroule comme prévu. Engagement présidentiel en 2017, le budget des Armées est sur les rails des 2% du PIB (objectif 2025), qui est la norme "de performance" OTAN, mais également reconnue assez unanimement par les spécialistes du secteur stratégique.

Pour revoir un tel budget que celui de 2020, il faut remonter presque 30 années en arrière, dans un contexte de fin de Guerre Froide. Un budget qui s'explique aujourd'hui par un regain des tensions (ou du moins, de concurrence) entre les grandes puissances de la planète, tout cela dans un contexte de ruptures technologiques. La rupture stratégique elle, notamment en zone Pacifique, n'est donc pas à exclure.

Quoiqu'il en soit, avec cette hausse de 1,7 milliard d’euros du budget de la défense, le gouvernement français tient jusque là ses engagements. Des engagements que la conjoncture économique ou politique pourra mettre en péril avant 2025 (la crise des gilets jaunes n'aura d'ailleurs eu aucun impact sur la défense, pour le moment sanctuarisée).

Commentons brièvement ce budget 2019 grâce aux éléments de communication du MINARM:

Il s'agit de rappeler que cette augmentation était demandée depuis des années, en raison notamment de l'état de vieillissement des équipements. 
Cette Loi de Programmation Militaire permet dans l'Armée de terre d’accélérer le programme SCORPION et le renouvellement du matériel. 2019 et 2020 voient arriver les premiers Griffon (depuis cet été), et le blindé léger Jaguar. 
Dans la Marine, comme pressenti depuis quelques semaines, le ministère a annoncé la commande prochaine de trois avions de surveillance américains Grumman E-2D Hawkeye. 


Le Suffren, sous-marin nucléaire d'attaque dernier cri dévoilé en juillet, entrera en service l'an prochain. L'Armée de l'air recevra des Mirage 2000D rénovés qui verront donc 2030, ainsi qu'un troisième ravitailleur MRTT, et deux nouveaux A400M. Des avions si précieux pour garantir nos ambitions.

Au total, les crédits équipements, les plus importants tous ministères confondus (l'information est mal connue, mais le MINARM est le premier acheteur du pays !), augmentent de 1,7 milliard d'euros.

Comme d'habitude, le budget OPEX est régulièrement mis en avant, et tous les ans, à l'été, remis en cause par Bercy en raison du coût forcément fluctuant des opérations. Avec 1,2 milliard d'euros, il est en théorie à l'abri... jusqu'à l'été prochain.
Cependant, 2020 pourrait voir la fin du déploiement sur l'opération Chammal au Levant (lutte contre Daesh et soutien à l’armée irakienne). Pour Barkhane au Sahel il parait aujourd'hui impossible de prédire l'avenir, même à court terme, tant l'instabilité sembler régner en BSS.

Un mot sur le plan famille, qui semble tenir à cœur pour la ministre Florence Parly. Il bénéficiera de 80 millions d'euros. Dans l'ensemble, cette LPM doit largement améliorer les conditions de vie des militaires.
Enfin, l'innovation et le spatial sont à l'honneur ! L'AID, agence de l'innovation de défense, se dirige vers un budget à 1 milliard d'euros. Ses résultats ne se font pas attendre et à peine un an après sa création, l'agence dirigée par Emmanuel Chiva est déjà un modèle qui intéresse nos voisins européens.

S'agissant de l'espace, nous évoquons régulièrement le sujet sur ce blog. Le secteur est devenu une grande priorité stratégique nationale.
Pour le modèle, il en va de même, le Commandement de l'Espace créé en ce mois de septembre à Toulouse pourrait bien rapidement faire des petits chez nos partenaires européens.


mercredi 25 septembre 2019

L'A400M biberonne enfin le Caracal... et un jour le Guépard ?



Lors d'une campagne de tests réalisés à Istres, l'avion de transport Airbus A400M "Atlas" a réalisé avec succès ses premiers contacts de ravitaillement en vol d'un hélicoptère avec un H225M "Caracal". Initialement prévu dans les spécifications techniques de l'appareil, le ravitaillement en vol des hélicoptères avait été par la suite jugé quasiment impossible à réaliser en raison des turbulences provoquées à l'arrière de l'A400M.

Images: DGA


Formidable - et opportun - hasard du calendrier, Airbus Defence s'est largement félicité ce 24 septembre du succès de la campagne de test réalisée par la Direction Général de l'Armement. En effet, l'Armée de l'air venait à peine de recevoir son premier KC-130J la semaine passée, une acquisition justement décidée en 2015 pour pallier aux manquements du programme A400M...


Effectivement, lorsqu'il y a quelques années, l'A400M connu une période de turbulences particulièrement difficile, certains n'hésitèrent pas en France à faire une croix sur la capacité tant attendue de ravitaillement des hélicoptères, si chère aux opérations spéciales de l'escadron "Pyrénées" et de ses Caracal. Car le H225M Caracal, du moins les 10 appareils en service dans l'Armée de l'air (+8 au 4ème RHFS, mais sans perche de ravitaillement) est le seul hélicoptère européen ravitaillable en vol, en attendant, éventuellement, que cette capacité arrive sur les prochains standards du NH90 Caïman. 
Cependant, et comme on arrête pas l'innovation, une solution fut recherchée, par l'ONERA notamment en allongeant les perches de ravitaillement, afin de passer outre les difficultés causées par le turbulences qui rendaient le positionnement des hélicoptères derrière l'A400M bien trop périlleux. 

Et enfin, en septembre 2019, au cours de 4 vols opérés de jour, l’A400M a effectué 51 contacts (sans transfert de carburant), marquant une étape décisive vers sa pleine capacité de ravitailleur. Ces tests ont été réalisés sous la coordination du centre d’essais en vol français «DGA Essais en vol».


Les essais ont été effectués entre 1 000 et 10 000 pieds à une vitesse de vol, très basse, de 105 nœuds (soit 194 km/h), et ont confirmé les résultats positifs des précédents vols de proximité effectués au début de l'année. La prochaine étape du programme d'essais en vol consistera en un contact avec transfert de carburant. 

Ces prochaines opérations sont planifiées pour cette fin d'année, tandis que la certification finale pourrait intervenir en 2021.


Mais, cerise sur le gâteau, les clichés dévoilés montrent également que la campagne d'essais en vol comprenait également les premiers essais de proximité entre l'A400M et un hélicoptère H-160, dernier né de la gamme Airbus Helicopter. Le H160 a été choisi pour incarner, via une version "H-160M Guépard", le futur hélicoptère léger interarmées.  

Ces essais ont été demandés par la DGA selon Airbus, dans le cadre de l'étude de faisabilité du Guépard. Les tests ont été effectués avec succès.

A terme, l’A400M, vrai couteau suisse, pourra en plus de ses missions de transport stratégique, ET tactique, assurer en cas de besoin la mission de ravitaillement en vol des chasseurs (Eurofighter, Rafale, Tornado ou F / A-18) et transporteurs militaires (C295, C-130, et.. A400M !).
L'A400M transporte jusqu'à 50,8 tonnes de carburant. Deux citernes supplémentaires peuvent également être installées, fournissant chacune 5,7 tonnes de carburant supplémentaires. Le carburant transporté dans les réservoirs supplémentaires peut être de nature différente de celui des réservoirs principaux. Cela permet à l’A400M de répondre aux besoins de différents types d’aéronefs.



vendredi 20 septembre 2019

Révolution dans l'Armée de l'air avec le premier KC-130J


L'Armée de l'air française a réceptionné le 29 septembre à Orléans le troisième C-130J Super Hercules, troisième des quatre appareils commandés à Lockheed Martin en 2016. Particularité, il s'agit cette fois d'un KC-130J, capable de ravitailler en vol hélicoptères ou même chasseurs. Cette capacité opérationnelle aura un impact déterminant sur nos opérations spéciales.

Images - Armée de l'air


Le premier C-130J Super Hercules avait été réceptionné par l'Escadron de transport 2/61 « Franche-Comté » sur la base aérienne 123 d'Orléans-Bricy en décembre 2017. Le second en juin 2018. Un peu plus d'un an plus tard, c'est le troisième appareil de cette commande passé début 2016 qui arrive à Orléans. Un appareil particulièrement attendu dans les forces puisqu'il s'agit d'un KC-130J, capable d’assurer la mission de ravitaillement en vol. Il est facilement reconnaissable grâce à ses bidons de ravitaillement. Le deuxième et dernier KC-130 est attendu en 2020.


Pour rappel, cette commande de C-130 dernière génération (la France en possède par ailleurs 14, mais vieux d'une trentaine d'années) fut passée en 2015 pour combler un déficit causé par les déboires industriels et techniques de l'A400M Atlas, incapable notamment de ravitailler en vol les hélicoptères Caracal de l'Armée de l'air. 


Cliquer pour agrandir

Car le ravitaillement en vol des hélicoptères, capacité unique en Europe et chère aux forces spéciales, sera bien LA MISSION de ces appareils. L'Escadron 1/67 Pyrénées à Cazaux a participé d'ailleurs à plusieurs campagnes de qualifications (voir liens ci-dessous), de jour et de nuit, grâce à la coopération de l'US Air Force. 
Par ailleurs, au Sahel, on a déjà pu voir nos Caracal être également ravitaillés par les C-130 espagnols. 

Lire sur le blog: Exercice Dark Dune à Cazaux



Si tout va bien, ce premier KC-130J de l'Armée de l'air sera apte d'ici la fin de cette année. On parle même du ravitaillement des Rafale ou Mirage 2000 (ce que pourra bientôt aussi faire l'A400M).

Par la suite, un escadron de transport franco-allemand verra le jour à Evreux sur Super Hercules. Aux quatre appareils français viendront s'ajouter les six commandés récemment par l'Allemagne. Cette mutualisation renforcera la culture opérationnelle européenne, tout en permettant des gains précieux sur la maintenance et la formation.






vendredi 13 septembre 2019

12,7 millions d'euros et 150 emplois pour Naval Group à Angoulème


Le champion du naval de défense, Naval Group (ex-DCNS) a inauguré la semaine dernière un nouveau bâtiment sur son site centenaire de Ruelle-sur-Touvre, près d'Angoulême. Il s'agit d'un investissement de 12,7 millions d'euros, avant d'autres à venir. Avec 150 embauches en perspective.

Ci-dessus: l'Innov'Factory de Naval Group près d'Angoulème -photo  P. CAUMES pour Sud-Ouest


Naval Group se porte bien, très bien. Et parmi les nombreux investissement cet industriel de défense majeur (leader en Europe), le site de Ruelle-sur-Touvre en Charente bénéficie d'investissements et d'innovations remarquables.

Dans une région surtout connue pour son activité aérospatiale, il s'agit de rappeler que Naval Group dispose d'une importante implantation.
C'est ainsi que ce 6 septembre, le PDG de Naval Group, Hervé Guillon, et  le président de la région Nouvelle Aquitaine Alain Rousset, ont inauguré un nouveau bâtiment (photo ci-dessus) à Ruelle-sur-Touvre. Un accord de partenariat a d'ailleurs été signé avec la Région.

Cette Innov'Factory surfe sur la mode des "Lab" et doit permettre aux effectifs de Naval Group d'accélérer les processus d’innovation grâce à 4700 m² dédiés à la recherche et la coopération avec les partenaires du groupe.
Ce site aura largement recours aux technologies de l'industrie dite "4.0": réalité virtuelle et augmentée, impression 3D... 

En plus de ces presque 13 millions d'euros investis dans la modernisation et l'agrandissement du site (45 millions d'euros au total ces dernières années), un centre de formation sera prochainement construit, grâce à 33 millions d'euros supplémentaires.

Naval Group garantit 150 embauches à moyen terme, qui s'ajouteront au 900 du site.


Ci-dessous, les activités de Naval Group à Angoulême, dans ce reportage de France 3:



lundi 9 septembre 2019

Sciences Po Bordeaux accueille les Tech Talks sur la cybersécurité


C'est une très riche manifestation qui lance cette année 2019/2020. Le Bordeaux Institute of International Cybersecurity Studies (BIICS) organise son premier colloque "Tech Talks : The Politics of Cybersecurity" les 12 et 13 Septembre 2019, à Sciences Po Bordeaux. 

Lors de ce colloque, les conférences et ateliers en français et en anglais vous permettront de découvrir et de réfléchir collectivement aux enjeux politiques de la cybersécurité. 
De nombreux intervenants internationaux de différents champs d'expertise - avocats, professeurs, chercheurs, ingénieurs, hommes et femmes politiques ou encore philosophes - offriront un débat riche et transdisciplinaire. 

Ce colloque est GRATUIT et OUVERT A TOUS. Pour des raisons de gestion des flux, veuillez réserver votre place sur : www.biicscyber.com

Ci-dessous, florilège des thèmes abordés en conférences et workshops (Fr & En).









vendredi 6 septembre 2019

Le général Pellisier prend le commandement de la Zone de Défense Sud-Ouest


Le général de corps aérien Matthieu Pellissier succède au général Rondel à Bordeaux en tant qu'Officier général de la zone de défense et de sécurité Sud-Ouest. Il devient également Commandant des forces aériennes, un des postes clés de l'Armée de l'air.

Photos: Armée de l'air


Mercato des officiers, suite. Le général de corps aérien Matthieu Pellissier succède au général Rondel à Bordeaux, devenant Officier général de la zone de défense et de sécurité Sud-Ouest. Avec ce poste vient traditionnellement la charge de Commandant des forces aériennes, à vocation nationale celui-ci.

Avec la zone sud-ouest, il est à la tête de 23 000 femmes et hommes et plus de 500 unités.

Lire aussi: Mercato des officiers, changements à la BA 106



Issu de la promotion 1984 de l’École de l’air, promotion « Général Guernon », breveté navigateur de combat en 1988, le général Pelissier arrive de Mont-de-Marsan où il dirigeait le prestigieux CEAM (centre d’expertise aérienne militaire) depuis 2017.

Auparavant, durant une riche carrière, il fut entre autres Chef de la cellule ciblage du CPCO en 2004, Commandant de la base aérienne 701 de Salon-de-Provence (de 2008 à 2010), Sous-chef puis chef du bureau « Plans » de l’état-major de l’armée de l’air, Chef des officiers de cohérence programme au sein de la division cohérence capacitaire (2014), Général adjoint de l’opération « Barkhane », N’Djamena (2015), Officier général chargé des affaires nucléaires, de la sécurité aéronautique et de la navigabilité (2016).


Cazaux: prise de commandement à la BA 120

Comme à la 106 de Mérignac, un nouveau commandant arrive sur la base 120 de Cazaux. Il s'agit du colonel Noël Farnault. Il succède au colonel Pierre Wencker.




Cognac : recréation de la 33 ème escadre

Le 5 septembre 2019 marque la création officielle de la 33e escadre de surveillance, de reconnaissance et d'attaque (ESRA), sur la base aérienne 709 de Cognac.

La 33e escadre se compose de :
  • l'escadron de drones 1/33 "Belfort" dont les missions sont le renseignement actionnable en opérations extérieures et la protection du territoire en France.
  • l'escadron de transformation opérationnelle drone 3/33 "Moselle" dont la mission sera de former les équipages drones.


mercredi 4 septembre 2019

A Mérignac, cinq nouveaux Rafale réceptionnés par la Qatar Emiri Air Force



Nouveau lot de Rafale pour le Qatar ! Ces monoplaces neufs QA210, QA222, QA223, QA224, et QA225 rejoignent la flotte qatarie, qui pour rappel comportera 36 Rafale. A noter la présence d'un C-17 de la Qatar Emiri Air Force venu à Mérignac pour assurer le support logistique.

Photos: Jean Pierre Dewam, à Bordeaux-Mérignac, ce 3 septembre. Encore merci à lui !