vendredi 29 novembre 2019

Budget record pour l'Agence Spatiale Européenne


C'est assurément une bonne nouvelle, une grande nouvelle. Les 22 ministres chargés du spatial - Recherche & Enseignement Supérieur en France - au sein des pays membres de l'Agence Spatiale Européenne se sont réunis à Séville ces 27 et 28 novembre. Face au dynamisme et surtout aux mutations du secteur, ils ont voté un budget record pour l'ESA: 14,4 milliards d'euros !

Ci-dessus: les ministres en charge du spatial dans les Etats membres de l'Agence Spatiales Européennes étaient réunis à Séville les 27 & 28 novembre - ESA


Il s'agissait d'une réunion absolument déterminante pour l'Europe. L'Agence demandait 14,3 milliards, elle a eu 14,4. 
Avec une telle somme pour les cinq prochaines années, l'Agence spatiale européenne (ESA) s'est vue dotée d'un budget record qui va l'aider à faire face au nouvel environnement géostratégique mondial, qui place désormais le spatial au coeur de nombreux enjeux civils, militaires, scientifiques... 

Avec comme concurrents (ou souvent partenaires, ne l'oublions pas) principaux les USA, la Chine et bien entendu les acteurs privés du New Space ou certains Etats émergents, l'Europe en tant qu'entité institutionnelle entend maintenir son haut niveau d'expertise en la matière.

En dépassant la barre des 14 milliards, les Européens établissent donc un record depuis 1975, mais de surcroît, il faut ajouter à cela les 16 milliards d'euros du budget spatial de la Commission européenne, qui contribuera à de nombreux programmes communs.

"Pas de géant pour l'Europe" pour Jean-Yves Le Gall, le président du CNES, "témoignage évident de notre ambition commune pour l'Europe" selon la ministre française de la Recherche, Frédérique Vidal... les responsables n'ont évidemment pas manqué de se féliciter de cette réunion qui s'est déroulée sans accroc.

Chez l'opérateur du lanceur Ariane, Arianespace, on salue un budget qui donne non seulement les moyens d'appuyer la montée en puissance du nouveau lanceur Ariane 6, qui volera en 2020, mais aussi de financer l'innovation sur les technologies de lanceur, avec, évidemment en pointe, la réutilisation.


L'Allemagne vole la vedette à la France

Le Président Macron a fait du spatial une priorité, nous l'avons vu dans le militaire. D'autant plus que la France a historiquement une position de leader en Europe.

Toutefois, en accroissant largement sa participation, Berlin vient de passer en tête de contributeurs. En effet, l'Allemagne apportera à l'Agence 3,3 milliards d'euros, devant la France avec ses 2,7 milliards. Suivent l'Italie avec 2,3 Mds €, le Royaume-Uni avec 1,7 Mds € (l'ESA est indépendante de l'UE, et donc de la question du Brexit), puis l'Espagne, 


Quelle répartition pour le budget ?


Tous les programmes vont bénéficier de l'augmentation du budget: exploration, accès l'espace, applications, et surtout observation de la Terre (+90% !).

Il y a également la confirmation qu'avec Space Rider, l'Europe va se doter d'un drone spatial manœuvrable. Aux applications civiles pour le moment. Réutilisable, il est majoritairement financé par l'Italie.
Dassault Aviation, qui militait depuis plusieurs mois pour avoir plus de place sur ce programme devra se contenter d'un rôle mineur. Il ne serait pas idiot que l'Armée de l'air réfléchisse de son côté à ce type d'appareil, en "franco-français",  mais nous en reparlerons ici avant Noël.

En termes d'ambitions et de prestige (redevenu soudainement à la mode concernant le spatial), l'ESA vise la Lune, avec une participation au programme de station orbitale lunaire "Gateway", et Mars avec les programmes Exomars en propre, et "Mars sample return", programme américain de recueil d'échantillons du sol martien.

Thomas Pesquet devrait lui repartir sur l'ISS en 2021.


Enfin, à tous ceux qui pensent qu'investir des milliards dans le spatial est une pure et vaine perte d'argent public, sachez que rapporté aux 500 millions d'habitants des 22 pays membres (sans compter les membres associés que sont le Canada et la Slovénie), le budget du spatial européen représente 8 euros par an et par citoyen... pour des retours sans commune mesure.
Et s'agissant de l'autre sujet de débat des sceptiques, à savoir le climat, le directeur du CNES rappelle que l'investissement massif dans la surveillance de la Terre "façonne une nouvelle Europe spatiale, plus proche des citoyens avec des préoccupations climatiques".


mardi 26 novembre 2019

Drame effroyable au Mali avec la collision de deux hélicoptères du 5ème RHC


Un accident dramatique a eu lieu ce lundi 25 novembre 2019 lors d'une opération contre les groupes djihadistes au Mali, lorsque deux hélicoptères de l'opération Barkhane sont entrés en collision. Le bilan est particulièrement lourd pour l'Armée de Terre, puisque 13 militaires français ont été tués. Les hélicoptères appartenaient au 5ème RHC de Pau.


L'information a été rendu publique, exceptionnellement, par un communiqué de l'Elysée, débutant par ces mots: 

Le Président de la République annonce avec une profonde tristesse la mort de treize militaires français survenue au Mali dans la soirée du lundi 25 novembre 2019, dans l’accident de leurs deux hélicoptères, lors d’une opération de combat contre des djihadistes.
Treize militaires français engagés au sein de l'opération Barkhane sont donc morts lundi 25 novembre en début de soirée au Mali lors d'un accident entre deux hélicoptères, un Tigre et un Cougar du 5ème Régiment d'Hélicoptères de Combat (régiment, comme les lecteurs de ce blog le savent bien, basé à Pau).

Une enquête est ouverte afin de déterminer les circonstances exactes de ce drame, mais un communiqué de l'EMA précise que, "selon toute vraisemblance, un abordage entre ces deux aéronefs évoluant à très basse altitude serait à l'origine de l'accident. Ils participaient à une opération d'appui aux commandos de la force Barkhane qui étaient au contact de groupes armés terroristes".

L'opération comprenait des commandos au sol, appuyés par des hélicoptères et une patrouille de Mirage 2000. 
A bord du Tigre, le pilote et son tireur. A bord du Cougar, l'équipage (5 membres) ainsi que six commandos de montagne et un chef de mission.

Suite à la collision, une opération de secours et de sécurisation de la zone d'accident a été mise en oeuvre, et était toujours en cours ce mardi matin.

Dans cet accident gravissime, quatre régiments payent un lourd tribu au service de la France:
  • Le 5e RHC perd 7 hommes: les capitaines Nicolas Mégard, Benjamin Gireud et Clément Frisonroche, les lieutenant Alex Morisse et Pierre Bockel, ainsi que l’adjudant-chef Julien Carette et le brigadier-chef Romain Salles de Saint Paul.
  • Le 4e Régiment de chasseurs, 4 hommes:  capitaine Romain Chomel de Jarnieu, maréchal des logis-chef Alexandre Proton, Antoine Serre et Valentin Duval. 
  • Le 93e Régiment d'artillerie de montagne perd un opérateur GCM : maréchal des logis-chef Jérémy Leusie.
  • Le 2e Régiment étranger du génie perd le sergent-chef Andreï Jouk.

Les accidents d'hélicoptères et crash aériens sont, bien que rares, une source toujours dramatique de pertes pour les armées françaises. 
On se souvient du crash accidentel d'un Cougar en 2009 au Gabon, causant 9 morts, ou de l''accident terrible d'Albacete en 2015 (11 morts). En février 2018, l'ALAT avait aussi perdu 5 hommes lors de la collision de deux hélicoptères Gazelle.

Qui a déjà vu une manoeuvre aéromobile sait quels sont les risques entrepris, les appareils volant en rang serré à basse altitude. Sur Barkhane, le danger est encore plus grand en raison de la poussière soulevée.

S'il s'agit a priori d'un accident, celui-ci a eu lieu en opération. Il est difficile aujourd'hui de juger l'impact qu'aura ce drame sur l'opinion publique, souvent versatile, alors que les objectifs de l'opération Barkhane doivent être redéfinis par le Président de la République. Et que l'aide européenne tarde à se manifester.

Ce blog exprime ses sincères hommages aux militaires de l'Armée de Terre morts pour la France ce 25 novembre 2019, à leurs proches, à leurs camarades de régiment. Un hommage national aura lieu dans les prochains jours afin d’honorer leur mémoire.



Cliquer pour Agrandir



lundi 25 novembre 2019

Trois Falcon 8X pour le programme « Archange »


Le programme Archange est lancé ! En effet, le 18 novembre, un comité ministériel d'investissement a entériné la validation du programme « Avions de Renseignement à CHArge utile de Nouvelle GEnération », d'où le très symbolique acronyme Archange. Matérialisé par le développent et l'achat de 3 Falcon 8X, Archange est au cœur de CUGE: la Capacité universelle de guerre électronique.

Ci-dessus: vue d'artiste du Falcon destiné au renseignement - MINARM/Dassault Aviation


Annoncé début 2018 pour être intégré dans la Loi de programmation militaire (2019-25), le programme CUGE (capacité universelle de guerre électronique) doit moderniser et renforcer les vecteurs de guerre électronique de l'Armée de l'air, et par là même remplacer les deux C-160 Transall "Gabriel" (un exemplaire encore à l'honneur récemment sur l'exercice Volfa).

Ce qu'on prédisait déjà à l'époque a été confirmé au Bourget 2019, et cela se matérialisera bien par l'achat de non pas 2, mais bien 3 Falcon 8X de Dassault Aviation.
Le plus gros jet de Dassault, triréacteur, offre en effet les performances nécessaires, voire idéales pour ce type de mission, et notamment l'endurance et l'allonge qui lui permettent de parcourir 12 000 km. Sa vitesse et sa maniabilité sont également des atouts non-négligeables.

Comme prévu à l'origine toujours, c'est Thales qui équipera le 8X pour ce qui est sa première "militarisation".  

Les 3 Falcon, un temps désignés « Épicure », devraient arriver en 2025, 2026, 2027 à Evreux, et équiperont l'escadron électronique aéroporté 1/54 « Dunkerque ».


vendredi 22 novembre 2019

Les Talents Nouvelle-Aquitaine de l'aéronautique et de l'espace, édition 2019


Les Talents Nouvelle-Aquitaine de l'aéronautique et de l'espace, événement co-créé par La Tribune et l'association BAAS, reviendront pour une 5e édition le 5 décembre 2019.

Reconnue pour ses compétences dans les industries aéronautique et spatiale et remarquable pour sa dualité civile/militaire, la Nouvelle-Aquitaine regroupe en son sein une filière riche et dynamique. 
La Tribune et l’association BAAS (Bordeaux Aquitaine aéronautique et spatial), qui regroupent les principaux industriels de la filière, s’associent une nouvelle fois pour mettre en valeur la richesse de cet écosystème et la variété des métiers qu’il propose. 
L’objectif : mettre en valeur la richesse de cet écosystème et la variété des métiers qu’il propose. La cérémonie de remise des prix accueillera plus de 400 professionnels de la filière. 
Les Talents de l’aéronautique et de l’espace visent à valoriser les métiers de la filière aéronautique et spatiale au travers des personnes qui les exercent. L’événement a pour objectif de mettre en lumière des salariés qui se sont distingués au cours de leur carrière, que cette dernière soit déjà longue ou encore très courte, et susceptibles de faire naître des vocations. Les Talents mettent également à l’honneur les entreprises qui les emploient de toutes tailles (PME, ETI, grands groupes…) et les écoles et centres de formation qui les ont formés.

Les Prix : 4 catégories récompensées
  • Etude, recherche et développement, conception, essais
  • Production, maintenance, méthode
  • Fonctions supports (achats, ressources humaines, relation client, commercial)
  • Prix spécial Alternance
Deux prix seront attribués dans chaque catégorie : l'un pour les ingénieurs et/ou cadres et l'autre pour les techniciens ou opérateurs.

Rendez-vous au Palais de la Bourse le 5 décembre à partir de 16h. Inscription gratuite.


mercredi 20 novembre 2019

L'Union Européenne valide 13 nouveaux et ambitieux programmes de défense


Le Commission Européenne a adopté début novembre une liste actualisée de 13 projets à entreprendre dans le cadre de PESCO, la coopération structurée permanente dans les domaines de la défense et de la sécurité. Après 18 projets validés en mars 2018, puis 18 nouveaux en novembre 2018, cela porte à 47 le nombre de projets en cours.


La PESCO, ou chez nous "coopération structurée permanente", permet aux États membres de l'UE de collaborer étroitement dans le domaine de la sécurité et de la défense. Les États membres désireux et capables de développer conjointement des capacités de défense peuvent choisir d’investir dans des projets communs et d’améliorer la préparation opérationnelle et la contribution de leurs forces armées.

Les projets portant le label PESCO sont un véritable (et nouvel) espoir pour la politique de défense européenne. Si la majorité des projets n'ont pas encore de réalité tangible, le programme dans son ensemble démontre une certaine ambition. 
Surtout, certains de ces nouveaux projets 2019 s'attaquent à des thématiques déterminantes dans le contexte stratégique, que ce soit sur terre, air, mer... dans l'espace ou dans le domaine cyber. C'est notamment le cas du projet phare qui impliquent la France: TWISTER. Ce système de lutte anti-missile (mené directement par la France) doit apporter une réponse à la menace bientôt actuelle des missiles et planeurs hypersoniques.

Nous pourrions également citer la guerre électronique, ou la lutte anti sous-marine, l'intégration du futur drone EUROMALE dans l'espace aérien européen.

Les 13 projets PESCO adoptés en novembre 2019:
  • EU Cyber Academia & Innovation Hub (EU-CAIH), conduit par le Portugal (+ Espagne).
  • Integrated European Joint Training and Simulation Center (EUROSIM), conduit par la Hongrie (+ France, Allemagne, Pologne, Slovénie)
  • Special Operation Forces Medical Training Center (SoMTC), conduit par la Pologne (+ Hongrie)
  • EU Network of Diving Center (EU-NDC), conduit par la Roumanie (+ Bulgarie et France)
  • CBRN Defence Training Range (CBRN-DTR), conduit par la Roumanie (+ France et Italie)
  • Cyber and Information Domain surveillance Coordination Center (CIDCC), conduit par l’Allemagne (+ Tchéquie, Hongrie, Pays-Bas, Espagne).
  • EU Collaborative Warfare Capabilities (ECOWAR) — combat collaboratif, conduit par la France (+ Belgique, Hongrie, Roumanie, Espagne, Suède).
  • Maritime Unmanned Anti Submarine System (MUSAS), conduit par le Portugal (+ France, Espagne, Suède).
  • European Patrol Corvettes (EPC), conduit par l’Italie (+ France).
  • EU Global RPAS Insertion Architecture System, conduit par l’Italie (+ France et Roumanie).
  • Airborne Electronic Attack (AEA), conduit par l’Espagne (+ la France et Suède).
  • Timely Warning and Interception with Space based Theater Surveillance (TWISTER), conduit par la France (+ Finlande, Italie, Pays-Bas, Espagne).
  • Materials & components for Technological EU Competitiveness (MAC-EU), conduit par la France (+ Roumanie et Espagne).

Cela porte à 47 le nombre de projets dans le cadre de la PESCO. 17 premiers projets avaient été adoptés le 6 mars 2018, et 17 autres le 20 novembre 2018.

Les 25 Etats membres participant à PESCO sont: Autriche, Belgique, Bulgarie, République tchèque, Croatie, Chypre, Estonie, Finlande, France, Allemagne, Grèce, Hongrie, Italie, Irlande, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne, Portugal. , Roumanie, Slovénie, Slovaquie, Espagne et Suède. 

Les absents sont le Royaume-Uni, Malte, et le Danemark.

Les 47 projets n'ont pas tous la même envergure, et tous n'iront pas au bout, loin de là. Mais cependant, un bon indicateur de crédibilité est que l'annonce de ces nouveaux programmes européennes ont provoqué des réactions tout à fait "intéressées" à l'OTAN, et à Washington... 

Une dernière info, pour rappeler que Sciences Po Bordeaux organise ces 21 & 22 novembre EUROTEMIS, un colloque sur l'Europe de la Défense. A ne pas manquer ! 


lundi 18 novembre 2019

En images, Volfa 2019 s'internationalise


Du 4 au 22 novembre 2019, le commandement des forces aériennes (CFA) conduit l’exercice VOLFA depuis la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan. Et comme tous les ans sur ce blog, nous relayons les images de cet exercice exceptionnel.

Source & images: Armée de l'air


[MIS A JOUR AVEC DE NOUVELLES IMAGES]

Entraînement majeur de préparation au combat, et surtout à l’« Entry Force » (ou entrée en premier), VOLFA mobilise l’ensemble des composantes des forces aériennes. En 2019, l'exercice n'a lieu exceptionnellement qu'une seule fois, mais il est international, avec la participation d'une quinzaine d’aéronefs étrangers et près de 250 militaires britanniques, belges, canadiens, américains, espagnols, portugais et italiens.

On retiendra notamment la présence des Tornado, Typhoon, ou d'un Transall Gabriel et d'un récent C-130H Français.

VOLFA combine des missions de supériorité aérienne, reconnaissance, projection de force et protection des forces déployées. Le scénario de cette édition est particulièrement porté sur la recherche et sauvetage au combat et sur l’appui aérien rapproché.

L'Armée de l'air insiste également sur le fait que pour la quatrième fois depuis l’existence de VOLFA et grâce aux outils collaboratifs mis en œuvre, de nombreux équipages opèrent depuis leur base aérienne de rattachement. Révolutionnaires, ces logiciels (TacView, Jeannette) apportent une plus-value incontestable dans l’entraînement avancé des unités. Ces changements technologiques ont l’avantage de dispenser la délocalisation des aéronefs, assurant ainsi un gain logistique mais également économique considérable.

Florilège ci-dessous. Plus d'images encore sur la page Facebook du CFA.






























vendredi 15 novembre 2019

Shark Robotics livre 3 nouveaux Colossus aux Pompiers de Paris (et recrute)


Shark Robotics a annoncé avoir livré le 7 novembre dernier trois nouveaux robots-pompiers à la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP). Ces nouveaux "Colossus" sont destinés à intervenir dans les travaux du Grand Paris Express. L'entreprise est également lauréate du Total Développement Régional, et recrute ! 

Source: Shark Robotics


Dans un communiqué, l'entreprise basée à La Rochelle indique que ces trois nouveaux robots rejoignent les rangs du Colossus baptisé « Rex » par la BSSP pour « robot d’extinction ».
Livré début 2017 à la BSPP, il avait notamment appuyé les pompiers lors de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris en avril dernier. De couleur bleu, blanc et rouge, ces trois nouveaux robots auront pour missions prioritaires le transport de matériels et l’évacuation de blessés lors des travaux du plus grand projet urbain en Europe : le Grand-Paris Express et ses 200 km de lignes automatiques.
« La grande modularité du Colossus lui permet d’être aussi bien déployé dans les incendies que dans le transport de matériels comme l’emport de bouteilles d’oxygènes » a détaillé Jean-Jacques TOPALIAN, co-fondateur de Shark Robotics. « L’objectif demeure d’éloigner l’Homme du risque » a de son côté souligné Cyril KABBARA, également co-fondateur de l’entreprise.

Lire sur le blog: Le Colossus de Shark Robotics, ce "héros"



Outre Paris, on a pu voir le Colossus en service à Bordeaux ou Marseille. Depuis son immense succès médiatique en avril, il intéresse également à l'étranger.

Rappel:
Colossus est un robot de soutien technique polyvalent destiné à intervenir dans les zones à risque. Piloté à distance, il est capable d’évoluer sur tout type de terrain. Il assiste l’homme pour éteindre des feux, transporter des blessés et de l’équipement, effectuer des relevés d’informations et de reconnaissance visuelle (caméra HD 360° avec zoom X30, caméra jour/nuit, caméra thermique, détecteurs NRBC, etc.). Colossus est 100% made in France : sa conception et sa fabrication sont intégralement réalisées par Shark Robotics à La Rochelle. Le produit a été développé grâce au retour d’expérience de la BSPP. 
Colossus est le robot électrique le plus puissant au monde (catégorie 500 kg). Il est doté de batteries haut de gamme fabriquées exclusivement par Shark Energy (société sœur de Shark Robotics). Endurant, Colossus peut tenir jusqu’à 12h en situation opérationnelle. Fabriqué entièrement en aluminium aéronautique et en acier trempé, le robot est totalement étanche et résiste au rayonnement thermique. Il est modulable à souhait : les options (canon à eau, panière de transport de matériel, transport de blessés…) peuvent être inter-changées en moins de 30 secondes sans outil.

Dans la foulée, Shark Robotics annonce avoir été désigné lauréat du Total Développement Régional par le comité d’engagement dans sa séance du 5 novembre 2019 au titre de la création récente de l’entreprise. 
Total Développement Régional propose un appui financier aux porteurs de projets créateurs d’emploi.

Aussi, dans sa stratégie de croissance, Shark Robotics recrute à Aytré (17), en CDI, sur des postes de monteur-câbleur et tourneur-fraiseur.

Outre le marché de la sécurité, ce blog suit particulièrement l'activité défense de Shark, qui devrait notamment avoir des belles cartes à jouer dans les expérimentations menées en France par la DGA (mais également dans des programmes européens de l'EDA) concernant les mules et robots terrestres autonomes.


vendredi 8 novembre 2019

Les Journées Eurotémis prennent pour thème la Défense les 21 & 22 novembre


Les 21 et 22 novembre 2019, 9e édition des Journées Eurotémis à Sciences Po Bordeaux sur le thème : "L'Europe de la Défense".

Si la notion « d’Europe de la défense » n’est pas expressément consacrée par les traités européens, ces derniers évoquent toutefois la mise en œuvre d’une politique de sécurité et de défense commune (PSDC). Les objectifs de la PSDC sont définis par l'article 42 du traité sur l'Union européenne (TUE). Celui-ci prévoit que l'UE peut avoir recours à des moyens civils et militaires en dehors de l'Union « afin d'assurer le maintien de la paix, la prévention des conflits et le renforcement de la sécurité internationale conformément aux principes de la charte des Nations unies ». Ce même article envisage, à terme, le développement d’une défense commune. 
Dans un contexte de tensions internationales avec l’affirmation des grandes puissances militaires à l’image des Etats-Unis, de la Russie ou encore de la Chine et avec la remise en cause de plusieurs accords internationaux, facteur de déstabilisation en matière de défense (retrait des Etats-Unis du traité de 1987 sur les forces nucléaire à portée intermédiaire – « INF », …) se pose la question de savoir quel pourrait être le rôle de l’Union et quelle pourrait être sa place sur la scène internationale concernant les questions de défense.

Il s’agira dès lors d’articuler la réflexion autour de trois axes principaux :
  • Une politique européenne de défense est-elle possible ?
  • Quelle intégration pour les industries de défense en Europe ?
  • Défense européenne : quels rôles pour l’OTAN et l’Union ?


PROGRAMME


Trois tables rondes thématiques, associant chacune praticiens, responsables politiques et universitaires, aborderont les trois thèmes suivants :

1. Une politique européenne de défense est-elle possible ?
Les négociations avec l’Iran, la Corée mais aussi les opérations de la PSDC sont autant d’illustrations d’une activité institutionnelle mais aussi, peut-être, d’une volonté politique qui a manqué par le passé en matière de politique étrangère et de sécurité et de son bras armé, la PSDC.
La voix de l’UE compte-t-elle réellement pour autant ? Quels sont les facteurs permettant aux Européens de compter sur la scène internationale ? Le Haut Représentant et son administration, le service européen pour l’action extérieur (SEAE), sont-ils des instruments à la disposition des Etats membres ou révèlent-ils une véritable « European touch » ?

2. Quelle intégration pour les industries de défense en Europe ?
Le contexte actuel marqué par le Brexit et la présidence Trump, mais aussi bien plus proches de nos frontières, le renouveau d’un certain nationalisme en Europe sont autant de facteurs qui ont encouragé les gouvernements à relancer le débat autour d’un approfondissement de l’Europe de la Défense. Les initiatives dans ce sens sont nombreuses, dont les plus connues restent à ce jour la coopération structurée permanente (CSP ou PESCO en anglais) et le Fonds pour la défense mis en place par la Commission européenne. Ces avancées de la PSDC reposent pour beaucoup sur une dimension industrielle, à savoir la mise en avant d’avantages économiques à la coopération en matière de défense. Mais les intérêts européens existent-ils, quand les firmes sont fragmentées nationalement ou lorsqu’elles s’allient avec des firmes étrangères, notamment états-uniennes ?
Peut-on finalement parler d’industrie « européenne » et si oui, peut-elle survivre face à la concurrence internationale ?

3. Défense européenne : quels rôles pour l’OTAN et l’Union ?
Question sensible avant même la création de la politique étrangère et de sécurité commune (ex- PSDC), la question des liens entre une organisation européenne de défense et de sécurité et l’OTAN n’a jamais réellement disparu de l’agenda politique. Après les déceptions d’un cadre institutionnel de la coopération tombé en désuétude et d’un éloignement forcé par l’hostilité entre Chypre et la Turquie, l’année 2016 voit le dialogue se renouer entre les organes administratifs des deux organisations internationales, à défaut de trouver une solution politique entre gouvernements. Si une meilleure coopération est certainement souhaitable d’un point de vue fonctionnel, est-elle politiquement possible ? Quels peuvent être les scénarios dans le sens d’une meilleure coopération entre l’Union européenne et l’OTAN ?


JEUDI 21 NOVEMBRE

14h00-14h30 : Accueil et introduction
  • Alain Rousset, Président de la Région Nouvelle-Aquitaine (tbc)
  • Yves Deloye, Directeur de Sciences Po Bordeaux

14h30-16h30 : Conférence inaugurale
  • Jolyon Howorth, Professeur de politiques européennes, University of Bath - Professeur invité, HKS University of Harvard
  • Animation : Christophe Lucet, journaliste, Sud-Ouest

Pause café

16h45-18h15 : Table Ronde 1 – Une politique européenne de défense est-elle possible ?Animation : Julien Ancelin, chercheur en programme post-doctoral, Université de Bordeaux
  • Hélène Conway-Mouret, Sénatrice représentant les Français établis hors de France (tbc)
  • Samuel B.H. Faure, Directeur des relations internationales, Sciences Po Saint-Germain



VENDREDI 22 NOVEMBRE

9h00-10h30 : Table Ronde 2 – Quelle intégration pour les industries de défense en Europe ?
Animation : Catherine Hoeffler, Maîtresse de conférences, Sciences Po Bordeaux
  • Général Jean-Marc Laurent, Chaire « Défense & Aérospatial », Sciences Po Bordeaux
  • Federico Santopinto, Chef de recherche, Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité
  • Jean Belin, Maître de conférences en sciences économiques, ConflictArm, Université de Bordeaux

Pause café

10h45-12h15 : Table Ronde 3 – Défense européenne : quels rôles pour l’OTAN et l’Union ?Animation : Stephanie Hofmann, Professor, Graduate Institute of International and Development Studies, Genève
  • Jordan Becker, Senior transatlantic fellow, Institute for European Studies
  • Nicolas Gros-Verheyde, Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Ouest-France et Sud Ouest (tbc)
  • Antonio Missiroli, NATO Assistant Secretary General for Emerging Security Challenges


12h15-12h45 : Conclusions
Animateurs des tables rondes




mercredi 6 novembre 2019

Airbus dévoile un programme allemand secret de drone de combat furtif


Airbus a dévoilé en Allemagne à l’occasion du « Trade Media Briefing » l'existence d'un démonstrateur de drone de combat furtif allemand, baptisé LOUT, pour « Low Observable UAV Testbed ». Ce faisant, l'avionneur entend probablement s'affirmer sur le programme SCAF.

Images: Airbus


Le drone de combat furtif était une piste privilégiée dans les années 2000, nous en parlions sur ce blog il y a une semaine à peine.
Alors que les Britanniques se lançaient dans le programme de démonstrateur Taranis, l'Allemagne choisissait de ne pas s'engager sur le programme européen NEURON mené par Dassault Aviation. 
En 2010, Paris et Londres imaginaient même mettre leurs travaux en commun en vue du développement d'un drone de combat furtif opérationnel. Programme aujourd'hui au point mort.

Lire sur le blog: Penser un avenir au drone nEUROn



Et voilà que ce 5 novembre 2019, Airbus dévoile à la surprise générale avoir développé depuis 2010 un démonstrateur de drone furtif, financé par le ministère allemand de la Défense. Le projet avait même été initié dès 2007. On ne connaît pas le montant du programme.


Airbus se félicite d'ailleurs de cette annonce: « Personne ne sait ce que nous avons fait ici. C’est un projet classifié qui a débuté en 2007. Le contrat de développement a été attribué en 2010 et le LOUT a été développé à Manching et à Brême dans une approche de type ‘Skunk Works' ».

Sur le plan technique, LOUT arbore une silhouette en diamant, fruit d'un long processus de réflexion. Ses dimensions sont de 12x12m, et sa masse de 4 tonnes. 

Le démonstrateur n'a semble t-il servi que de banc d'essai dans les différents domaines de la furtivité (signatures radar, infrarouge et acoustiques, contre-mesures électroniques, contrôle des émissions électromagnétiques de ses capteurs embarqués...). 
De ce que l'ont sait, il possède une soute interne, mais pas de train atterrissage, ni de motorisation.




Que traduit cette annonce ?

LOUT ne vole pas, n'a jamais volé, et a priori ne volera jamais. S'il est certainement très loin d'être aussi avancé que le nEUROn, ou même le Taranis (qui lui a volé en Australie), ce programme allemand "secret" nous montre cependant que l'Allemagne et Airbus ne sont pas restés si inactifs que ça durant la dernière décennie.

La révélation du LOUT prouve qu'Airbus a avancé sur les technologies de furtivité. Pour quelles applications ? Les travaux sur LOUT doivent officiellement profiter aux futurs standards de l'Eurofighter, tout comme ceux du nEUROn chez Dassault profiteront au Rafale à l'avenir.

Mais nous pouvons, dans le contexte actuel, aussi voir cela comme une manœuvre du camp allemand pour rééquilibrer la balance dans le programme SCAF, où le maître d'oeuvre du futur chasseur (habité) furtif est français, en l’occurrence Dassault Aviation. Airbus affirme même que Dassault a été mis au courant du programme LOUT.
Pour rappel, tel que connu aujourd'hui, le SCAF (système de combat aérien futur) doit à horizon 2040 présenter une architecture associant un chasseur piloté de nouvelle génération (Dassault), des effecteurs déportés (Airbus & MBDA) que sont les "remote carrier", ainsi que l'ensemble des autres moyens complétant le dispositif aérien (ravitailleur, C2, satellites..). L'apport d'un drone de combat furtif est pressenti, mais non confirmé à ce stade.


Pas un hasard non plus si cette annonce tombe quelques jours après que le Chef d'Etat-Major de l'Armée de l'air (en France donc), le général Lavigne, se soit exprimé lors d'une audition parlementaire en faveur d'une réflexion au sujet de l'emploi des drones de combats furtifs.

En conclusion, voici un nouvel élément qui s'ajoute à l'équation déjà pas si simple du SCAF.