lundi 30 mars 2020

Le marché des H225 de l'armée de l'Air retardé par la crise du COVID-19



A l'automne dernier, après quelques années à militer en ce sens, l'armée de l'Air a enfin obtenu la publication d'un avis de pré-information dont l'objet est la location de 12 à 20 hélicoptères de type H225. Dans la foulée, l'appel d'offre fut lancé début mars... mais la crise actuelle vient de faire glisser le dépôt des dossiers du mois d'avril au mois de juin. 


Le recours à la location d'appareils dans les armées devrait prendre une ampleur importante dans les années 2020. En effet, après la volonté de la Marine de se doter de Dauphin et H160M de location en attendant le HIL (hélicoptère interarmées léger) "Guépard" à partir de 2026, le Ministère des Armées et la Direction générale de l'armement ont publié un appel d'offres début mars pour la location d'une vingtaine d'Airbus H225M. 
Ces appareils pourraient être disponibles rapidement, car venant du marché de l'Oil&Gas et étant reconditionnés par l'industriel, Airbus Helicopters

L'avis de pré-information publié le 30 septembre 2019 évoquait un marché directement passé avec l'industriel, Airbus pour une cible de 12 à 20 H225M. On parle donc maintenant plutôt de la fourchette haute, soit 20 machines, même si le nombre est indiqué "à titre indicatif".

Ces hélicoptères, dont le standard tactique n'atteindra pas celui du Caracal (forces spéciales), opéreraient depuis les bases aériennes en France métropolitaine et Outre-mer ainsi qu'à l'étranger (Djibouti). Leurs missions consisteraient dans le SAR (Search and Rescue) et les FSI (Forces de Sécurité et d'intervention). Mais pas les opérations extérieures.

Cette flotte, demandée par l'Etat Major Air depuis des années, viendra remplacer les vieux Puma Air, notamment ceux à l'Outre-Mer.


Tout comme les NH90 des RHC de l'ALAT, qui rendent actuellement de fiers services dans la région Grand-Est avec le transport de patients atteints par le nouveau coronavirus, le H225M dispose de capacités plus importantes que l'ancienne génération.
Sur les théâtres extérieurs comme sur le Territoire National, le développement de l'ensemble de la gamme des transports logistiques prend un sens stratégique. 

Mais la crise sanitaire du COVID-19 a un impact direct sur tous les marchés publics. Ainsi, la date limite du dépôt des demandes de participation pour ce marché est désormais passée du 8 avril... au 8 juin. 




vendredi 27 mars 2020

COVID-19: Premier bilan et conséquences dans la Défense


La pandémie mondiale résultant du COVID-19 a - et aura - de lourdes répercussions sur les sociétés. Et probablement sur la géopolitique mondiale. S'il est encore bien trop tôt pour en évaluer les conséquences, nous pouvons néanmoins rendre compte de l'impact actuel de l'épidémie sur les affaires stratégiques.

Ci-dessus: le porte-avions Charles De Gaulle est actuellement en exercice international au large du Danemark - Marine Nationale


Soyons concis, et tentons de faire une photographie de la situation ce 27 mars.


Opération Résilience

Sur le Territoire National, où les militaires appuient le personnel de santé avec divers moyens modernes, la ministre des Armées a précisé que les forces étaient sujettes aux mêmes règles de confinement que les autres citoyens, et ce d'autant plus qu'elles ont des missions d’intérêt public à mener. Environ 400 personnels sont d'ailleurs contaminés, et mis en quarantaine.

L'Opération Résilience a été lancée mercredi par Emmanuel Macron, après proposition de la ministre des Armées et du CEMA. Elle se concrétise par les moyens qui avaient déjà été engagés jusque là (Hôpital de campagne, transport aérien de malades, emploi du PHA Tonnerre pour des liaisons avec la Corse), ainsi que par une montée en puissance des moyens militaires: deux autres portes hélicoptères prennent la direction de l'Océan Indien et des Antilles, l'Armée de l'air intensifie ses vols, et la logistique se met au service du soutien au personnel soignant, avec par exemple la livraison de masques.

Ce vendredi, l'A330 MRTT de l'Armée de l'air a de nouveau convoyé 6 patients de Mulhouse vers le CHU de Bordeaux.

De façon générale, c'est un nombre très important de services des armées qui évolue en appui des personnels médicaux. Cela concerne des milliers de militaires.


Un vrai impact sur les conflits

Sur le terrain, les missions principales subsistent, certains théâtres n'étant que pas, peu, ou pas encore touchés par la pandémie, mais des programmes sont mis en pause, comme la formation des troupes irakiennes par les membres de la coalition. Plusieurs pays ont rapatrié leur petit contingent d'Irak. La France a annoncé le rapatriement de ses 200 personnels mercredi soir.

Le groupe aéronaval poursuit ses exercices au large du Danemark, mais une partie du programme est annulée.
A ce propos, tout semble bien se passer pour la Marine, mais deux portes-avions américains dans le Pacifique sont en quarantaine, des marins étant contaminés à bord. Une vraie problématique.

Les opérations de combat elle, continuent bien évidemment. C'est le cas sur Chammal (où les sorties de Rafale sont devenues de plus en plus rares), et surtout Barkhane où en revanche, des opérations importantes sont en cours. Le Sahel... où Boko Haram a frappé durement ces derniers jours au Niger et au Tchad.

L'épidémie aura t'elle raison des OPEX ? Difficile à dire à ce stade, mais il est certain que les - derniers - Etats occidentaux qui mènent encore des opérations à l'étranger (France y compris donc) risquent d'être tentés de recentrer leur politique de défense sur la garantie de leur souveraineté, en particulier dans ce "monde d'après" qui s'avère bien incertain et où des tensions entre pays pourraient apparaître.

La question financière sera également posée avec la crise qui s'annonce.

Une première victime pourrait être la Task Force Takuba au Sahel, qui doit rassembler des forces spéciales européennes, mission à laquelle la Norvège a finalement renoncé cette semaine, pour des raisons de politique intérieure certes, mais on l'imagine déjà grandement influencées pour le nouveau contexte.

Une information significative enfin: la pandémie a déjà une conséquence directe sur l'ensemble les conflits en cours. Plusieurs cessez-le-feu ont été conclus après un appel de l'ONU.


Des conséquences durables pour l'industrie ?

Dans l'industrie de l'armement, on s'adapte, secteur d'importance stratégique oblige. Ariane Group a ralenti la cadence, mais continue son travail vital pour la doctrine nationale de dissuasion nucléaire.
Les avionneurs ont eux réduit la voilure, et tablent encore sur une reprise en avril.
Airbus a reçu des garanties de la part de Bercy... mais comment imaginer que le secteur commercial pourra se relever d'une telle chute d'activité (on prédit une chute de 30% en France, soit 65 millions de passagers) ? D'autant plus que les formidables perspectives concernant le trafic aérien dans les prochaines années semblent toutes remises en cause.

Dassault souffre encore du crash des business jet après la crise boursière de 2008. Cette fois-ci, c'est Airbus qui est en danger.

Aux USA, Boeing, déjà en difficulté, doit stopper la production de ses usines de Seattle. Même le programme F-35 (Lockheed Martin) est interrompu ! Le Pentagone prévoit 2 000 milliards de dollars de soutien à son industrie de la défense.

Le secteur de la maintenance semble aujourd'hui être le premier à souffrir, dans tous les domaines. Safran, dont 26 sites sont à l'arrêt dans le monde, annonce une perte de 35% sur cette activité au premier trimestre, tandis que même l'entretien des sous-marins nucléaires d'attaque est en "pause" à Toulon.

Dans l'événementiel, c'est une hécatombe. Le plus grand salon de l'armement terrestre, Eurosatory (qui devait se tenir en juin à Paris) a été annulé ce mercredi. Et dans l'aéronautique, c'est Farnborough  (le "Bourget" britannique) qui n'y échappe pas. Ceci sans compter la multitude de petits événements qui ne verront pas le jour en régions. Une fois encore, rappelons que les premières victimes de la crise seront les PME.
Les salons de l'automne (en France EuroNaval, ou ADS Show) ne sont, pour le moment, pas menacés, et prendront par conséquent une tout autre importance pour les exposants.

A Kourou, l'activité est suspendue pour préserver la santé du personnel. Mais la plupart des sites de lancement dans le monde continuent à tirer. 

Devant ces perspectives bien sombres, mais pas insurmontables (dans l'indifférence générale, Berlin a par exemple fait avancer le programme de char lourd européen), peut-il y avoir des gagnants ?
On l'a vu, en plein cœur de la crise, des solutions émergent, et concernent principalement le secteur du numérique (il faut s'attendre à une large percée dans le domaine du recueil de données sanitaires) en ces heures où l’infrastructure réseaux est poussée dans ses retranchements...
Plus marginalement, il y a les drones. Plusieurs entreprises françaises dans le drone ou la robotique ont déjà proposé des solutions pour aider les pouvoirs publics, comme Shark Robotics, avec un robot désinfectant. 
L'AID (Agence pour l'Innovation de Défense) a elle lancé un grand appel à projets de solutions innovantes pour lutter contre le COVID-19. Celui-ci est doté d'un budget de 10 millions d'euros.


Vous le devinez à la lecture de toutes ces informations: nous sommes encore dans la réaction, l'adaptation, le combat. Il faudra des mois pour évaluer précisément l'impact d'une crise sanitaire mondiale qui s’inscrit d'ores et déjà dans l'Histoire. Car de celle-ci pourrait découler une véritable refondation des relations internationales, de l'économie, de notre organisation industrielle... voire même d'un modèle sociétal tout entier. 


mercredi 25 mars 2020

« Opération Résilience »



Face à la pandémie de Coronavirus, l'appui des militaires aux personnels de santé et à la population prendra désormais la forme d' « Opération Résilience ». Un mot que la France avait découvert durant les attentats de 2015.


Le Président de la République, s'exprimant depuis Mulhouse (devant l'hôpital de campagne "EMR") a annoncé ce 25 mars un accroissement de l'appui des forces Armées dans la lutte contre l'épidémie de COVID-19.

Nous l'avons vu la semaine dernière, les armées ont été engagées avec des moyens spécialisés: l'Armée de l'air avec son kit "Morphée" (un A330 MRTT et deux Falcon d'astreinte) ou l'unité de décontamination de Cazaux, le SSA avec son hôpital de campagne et l'intégralité de ses établissements, ou encore la Marine avec le PHA Tonnerre pour des liaisons médicalisées avec la Corse.

Mais alors que la "vague" épidémique est attendue pour les prochains jours, le recours aux armées va évoluer encore. 
En effet, « face à ce qui se profile, ce pic de l’épidémie qui est devant nous, j’ai  [le Président] décidé, sur proposition de la ministre des Armées et du chef d’état-major des armées, de lancer l’opération Résilience. Cette opération, distincte de l’opération Sentinelle, qui continue de se concentrer sur la lutte contre le terrorisme, sera entièrement consacrée à l’aide et au soutien aux populations ainsi qu’à l’appui aux services publics pour faire face à l’épidémie de Covid-19, en métropole comme en outre-Mer, en particulier dans les domaines sanitaire, logistique et de la protection ».

Résilience est une opération militaire qualifiée d'inédite, dédiée au soutien des services publics et des Français.
Vraisemblablement détournée du volet sécuritaire (même si on y parle de "protection"), l'opération Résilience vise à soutenir les services de l'Etat, dans tous les domaines où les compétences des armées seront nécessaires. Nous en découvrirons d'avantage dans les prochains jours, notamment le nombre de personnels qui seront impliqués. 

A ce stade, une des mesures phares de cette opération avait déjà été pressentie la semaine dernière lorsque le Tonnerre a été mobilisé.
Il s'agit pour la Marine d'appuyer l'Outre-Mer avec ses deux autres porte-hélicoptères amphibies (PHA). Ainsi, sur décision du Président de la République, le Mistral, déjà dans l'Océan Indien pour la mission Jeanne d'Arc, prend la direction de La Réunion.
Le Dixmude lui, encore à Toulon, ira se positionner dans la zone Antilles-Guyane d'ici le début du mois d'avril.

L'Etat se montre ainsi proactif vis à vis des territoires ultra-marins, moins touchés que la métropole certes, mais tous déjà concernés par des cas d'infection. Et où l'inquiétude monte.

Cette implication des forces armées (il en va de même désormais partout dans le monde) risque d'avoir une conséquence sur les opérations extérieures, ce que nous analyserons ici dans les prochaines semaines. La ministre Florence Parly garantit la continuité de ces dernières.
Mais cependant, la mission de formation des forces irakiennes a vu ces derniers jours le rapatriement de la plupart des contingents de formateurs de la coalition. Le retrait français a lui été annoncé ce soir (deux cent personnes, équipes médicales incluses).


vendredi 20 mars 2020

COVID-19: la Marine Nationale entre en jeu


La ministre des Armées, Florence Parly, annonce ce vendredi que le Tonnerre, un porte-hélicoptères amphibie (PHA) de la Marine Nationale, va contribuer à décharger l'hôpital d'Ajaccio en évacuant « des patients en réanimation de Corse vers les établissements de santé pouvant les soigner ». La Corse fut l'un des premiers clusters du COVID-19 en France.

Comme l'US Navy avec son navire hôpital à New York, la Marine Nationale entre donc en jeu. Le Tonnerre, actuellement à Toulon, va rejoindre Ajaccio, afin d'assurer le transfert dans des conditions adéquates de malades de Corse vers le continent. Un douzaine de personnes serait concernée selon l'AFP.

La ministre Florence Parly déclare que cette mesure a été prise sur décision du Président Emmanuel Macron lors du  conseil de défense s'étant déroulé ce matin.  

Les BPC de classe Mistral, aujourd'hui renommés PHA, sont de véritables "couteaux-suisses" pour les Armées. Dotés d'un état-major, d'un hôpital, d'un radiet et bien sûr d'un pont plat, ils sont capables de mener des opérations de guerre amphibie (Libye 2011) comme des évacuation de ressortissants (Liban 2006) ou le support aux populations (Ouragan Irma).
Outre le Tonnerre, le Mistral et le Dixmude demeurent à disposition. Le premier est déployé dans l'Océan Indien dans le cadre de la mission Jeanne d'Arc, prêt à soutenir La Réunion, et le second, toujours à Toulon, serait disponible tant pour la métropole que pour les Antilles si l'Etat en faisait la demande.

D'autre part, l'hôpital de campagne EMR (Élément militaire de réanimation) du SSA, prévu pour être installé à Mulhouse d'ici le début de la semaine prochaine, a pris la route ce jour.

Et l'armée de l'Air avec MORPHEE, se tient elle toujours prête pour les transferts de malades.



mercredi 18 mars 2020

Covid-19 : Premier vol et transfert de malades pour l'armée de l'Air


Point de situation ce mercredi 18 mars. Le premier transfert de malades par A330 Phénix de l'armée de l'Air a eu lieu ce jour, entre Mulhouse et le département du Var. L'hôpital de campagne du SSA annoncé pour l'Alsace par Emmanuel Macron ne sera opérationnel que dans quelques jours. Le MINARM livre 5 millions de masques aux ministère de la Santé.
Aucun déploiement de militaires n'est à ce jour prévu pour faire respecter les règles de confinement.

Crédits photo : ADJ FABRE Olivier


MORPHEE entre en jeu. Le MOdule de Réanimation pour Patient à Haute Élongation d’Évacuation, mis en alerte sur la base aérienne d’Istres depuis lundi, a été déployé ce mercredi sur un A330 Phénix de l’armée de l’air.
Six patients ont été transférés entre l’hôpital de Mulhouse, situé dans une zone saturée, et les Hôpitaux d’instruction des Armées (HIA) Laveran, à Marseille, et Sainte-Anne, à Toulon, dans des conditions de prise en charge adaptées.

Selon le ministère des Armées, MORPHEE est mis en œuvre par une équipe pouvant aller jusqu’à 24 personnes : 6 à 12 membres d’équipage en fonction de l’élongation, et douze membres du Service de santé des armées (SSA) pour la prise en charge des blessés, membres soignants qui peuvent être renforcés selon les besoins de certains patients. Il est destiné aux patients nécessitant des soins intensifs (sous oxygénothérapie et monitorage constant).

"MORPHEE reste en alerte, et pourra continuer à participer au transfert des personnes gravement atteintes depuis les hôpitaux métropolitains les plus saturés pour faciliter leur prise en charge dans des structures plus libres, en lien avec la Direction générale de la Santé."

D'autre part, la Défense livre 5 millions de masques chirurgicaux aux services de santé.

S'agissant des mesures de confinement, la secrétaire d'Etat Geneviève Darrieussecq a précisé sur France Info, coupant court aux diverses rumeurs (ou disons fake news), qu'aucun plan de déploiement des forces armées n'était prévu. Gageons que durant sa durée, le confinement continue d'être respecté au maximum, avec le support des forces de l'ordre.

Sur le front des opérations, la vie continue. La Suède a détaillé son apport à la Task Force Takuba, réunions d'unités spéciales européennes devant se déployer prochainement au Sahel. Il devrait s'agir de 150 membres des forces spéciales et d'hélicoptères Blackhawk.
Le porte-avions CDG a lui quitté la Bretagne pour prendre la route de la mer du Nord, ce qui le mènera jusqu'au Danemark.

La ministre Florence Parly, ainsi que les Chefs d'Etat-Major, ont tous publié des messages à destinations des militaires et civils de la Défense, messages dans lesquels ils tiennent à rassurer sur la continuité des missions des Armées. 
En raison de la situation sanitaire, le rythme des entrainement est cependant "adapté".

Sur le plan industriel enfin, l'Inde s'inquiète de la livraison de ses Rafale assemblés chez Dassault Aviation à Mérignac.


lundi 16 mars 2020

Coronavirus: la guerre est déclarée



Comme pressenti, la France passe à un stade avancé de confinement afin de lutter contre la progression du coronavirus. Mais contrairement aux diverses rumeurs fantaisistes qui ont circulé ces dernières heures, les forces armées ne seront engagées que dans un cadre limité, voire spécifique.

Illustration: communication présidentielle. Source Twitter


Usant d'une rhétorique guerrière visant volontairement à marquer les esprits de français qui n'avaient pas pris toute la mesure de la gravité de cette pandémie, le Président Emmanuel Macron a signifié parmi les annonces du soir qu'un hôpital de campagne des armées allait être déployé en région Grand Est, dont les services sont saturés. 
Le MINARM précise que le Service de santé des armées va en effet mettre en place en Alsace un Elément Militaire de Réanimation du SSA (EMR-SSA), une structure modulaire sous tente de 30 lits. 
De plus, l’armée de l’Air va engager ou mettre en état d’alerte un ou plusieurs modules « Morphée », permettant de transporter 6 à 12 patients par avion.

Il faut principalement retenir ici que les armées vont jouer un rôle de régulateur des flux de patients dans les zones surchargées. Une utilisation parcimonieuse, judicieuse des moyens qui pourra évoluer en même temps que la crise elle-même.

Dans "les rues", où les déplacements non-essentiels (sans justificatif) sont désormais proscrits pour 15 jours minimum afin d'endiguer la propagation du virus, et de ce fait donner de l'air aux hôpitaux, 100 000 policiers et gendarmes s'assureront que les règles sont respectées, a précisé le ministre de l'Intérieur. 

L'armée ne jouera elle qu'un rôle de support, comparable à celui mis en place pour Sentinelle. Nous sommes loin des fantasmes d'une "loi martiale" entrevus dans les diverses fake news de ce lundi (oui des véhicules militaires circulent tous les jours sur le territoire). Un déploiement "hollywoodien" n'aurait de toute façon que peu de sens, quand bien même les armées pourraient se le permettre, ce qui n'est plus vraiment le cas. 

Dans une situation comme celle que nous connaissons aujourd'hui, leur point fort reste la logistique.

Nous essaierons au fil du temps de suivre sur ce blog l'évolution de cette situation exceptionnelle. Pendant ce temps, les opérations continuent et le défi pour le ministère des Armées consiste à assurer la continuité de ses missions dans un contexte rendu très très compliqué. Barkhane ne s'arrête pas par magie, et par exemple ce jour, sur la côte Atlantique (où est arrivé le porte-avions d'ailleurs), un Caracal de Cazaux a encore réalisé une mission de sauvetage auprès d'un navigateur. 

Plus que jamais, l'Etat, dernier rempart, demeure sur tous les fronts. On l'avait peut-être un peu oublié.


vendredi 13 mars 2020

Space Business Innovation Day le 1er avril à Bordeaux [REPORTE]


ATTENTION: Nous continuons sur Pax Aquitania de relayer les informations de type événementiel, mais en raison du contexte épidémiologique actuel lié au COVID-19, merci de rester informé(e) sur la tenue ou non, de ces rendez-vous. Plusieurs ont d'ores et déjà été annulés ou reportés.
A ce stade, les événements réunissant plus de 100 personnes sont interdits sur tout le territoire.
Merci. 
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Le 1er avril prochain se déroulera le SPACE BUSINESS INNOVATION DAY BORDEAUX. Venez découvrir ce que les technologies du spatial peuvent apporter au domaines des drones, du bâtiment, des infrastructures connectées, de l’énergie, de la santé, ou encore de l’agriculture.

Dans le cadre du SPACE BUSINESS INNOVATION DAY*, des experts de l'ESA BIC Sud France vous présenteront les différents moyens d'accéder aux données et services du secteur spatial afin de doper vos innovations : Observation de la terre, Géolocalisation, Télécommunication et Technologies... Puis venez rencontrer les professionnels du secteur en session individuelle !

C’est dans le cadre de cet événement que les organisateurs régionaux Bordeaux Technowest, Aerospace Valley et CNES vous convient à La Source (Bordeaux) afin d'aborder les sujets suivant :

  • 13h30 Accueil des participants & café
  • 14h00 Mot d’accueil & Présentation de Bordeaux Technowest (15 min)
  • 14h15 L'accès aux données spatiales (25 min)
  • 14h40 Présentation du dispositif ESA BIC Sud France (20 min)
  • 15h00 Transfert de technologies spatiales (15 min)
  • 15h15 L'open Innovation chez Airbus (15 min)
  • 15:30 Pause-café / collation
  • 15h50 Présentation d’un Incubé de l’ESA BIC Sud France
  • 16h00 Présentation d’un Alumni de l’ESA BIC Sud France
  • 16h10 Rencontres en face à face avec les différents experts du secteur (incubateur, pôle, CNES, partenaires).
  • 18h10 Fin des rencontres



*Evènement organisé par Aerospace Valley et Bordeaux Technowest


mercredi 11 mars 2020

Campagne de tir pour la mitrailleuse M3M sur Cougar


Le GAMSTAT a publié sur les réseaux une série de photos illustrant la campagne de tir effectuée en janvier 2020 à l'aide du canon M3M de FN Hersthal sur Cougar de l'armée de Terre. Des images qui confirment le retour de l'armement lourd sur les hélicoptères de manœuvre français. 

Images: Armée de Terre / GAMSTAT


Annoncé en 2016, l'armement des Cougar de l'armée de Terre par une mitrailleuse de 12,7 mm de sabord pourrait bientôt se concrétiser. Le Groupement Aéromobilité de la Section Technique de l’Armée de Terre, en charge des expérimentations sur les hélicoptères de l'ALAT, a en effet publié les images de sa campagne de tir "M3M Cougar", réalisée en janvier 2020.

Le M3M est un canon de calibre 12,7 mm du fabricant belge FN Herstal, d'une masse de 180 kg et destiné à être utilisé comme armement de sabord sur différents types d'hélicoptères. Le système possède une cadence  fixe de 11 000 coups par minute, et est entièrement rétractable dans l'habitacle.

Les photos nous montrent le tir sur cibles blindées, grâce notamment à un organe de visée holographique et des balles traçantes. 

D'ailleurs, tout comme l'intégration des armements de sabord sur Caracal, la tâche n'a semble t-il pas été de tout repos, comme le précise le GAMSTAT évoquant "un long parcours industriel et une préparation semée d'embûches que l'équipe de marque et l'escadrille de maintenance ont su franchir avec une ténacité exemplaire". Toutefois la campagne est qualifiée de "vrai succès."

Après le canon de 20 mm SH20 de Nexter sur Caracal de l'armée de l'Air et Cougar Terre, la M3M (qui n'a vraisemblablement pas trouvé ses marques sur Caracal) semble réussir son intégration sur Cougar. L'annonce de 2016 faisait état de 18 kits commandés. 

Ces hélicoptères (Cougar et Caracal) qui œuvrent en particulier sur les opérations spéciales ont longtemps dû se contenter de leurs MAG-58 de 7,62 mm.
Pour l'anecdote, lors de l'exercice Salamandre à Cazaux en 2017, un haut gradé de l'US Air Force avait déclaré que l'ajout de mitrailleuses lourdes en ferait des appareils redoutables.
Ces "upgrades" ont été rendus possible par les phases de rétrofit subis par ces flottes. Et si certains se posent légitiment la question, l'intégration de M134 Gatling n'est pas prévue, contrairement à ce qui devrait se faire pour les Gazelle (lien ci-dessous). En revanche, la porte n'est pas fermée pour l'ajout de paniers de roquettes guidées.



Le Cougar rénové est opéré par les 4ème RHFS et 5ème RHC, tous deux basés à Pau. Particulièrement engagé, un appareil a été perdu fin 2019 au Sahel dans une terrible collision avec un Tigre, crash qui fit 13 victimes parmi les forces françaises.










vendredi 6 mars 2020

Colloque exceptionnel sur l’Espace et la Défense [REPORTE]



COVID-19 ÉVÉNEMENT REPORTE A L'AUTOMNE 2020


Dans le cadre de ses activités de recherche stratégique liées au spatial de défense, la Chaire Défense & Aérospatial organise le 1er avril 2020 à Sciences Po Bordeaux, un colloque exceptionnel sur « L’espace : y préserver la paix ou prévenir la guerre ? ». 

Organisé sous forme de tables rondes, ce colloque bénéficiera de la présence et de l’intervention de responsables officiels français et d’organisations internationales (Union européenne, OTAN, ESA, Ministère des Armées, CNES), d’experts, et de chercheurs civils et militaires internationaux.

Présentation:
Dans un contexte d’affirmation des puissances spatiales historiques et d’émergence de nouveaux acteurs étatiques et privés, l’espace voisin de la Terre devient un domaine d’interactions plus ou moins consenties, voire de rivalités revendiquées. En outre, la perspective de ruptures technologiques majeures va non seulement faciliter l’accès à l’espace, mais aussi accroître la manœuvrabilité des objets spatiaux et, in fine, rapprocher techniquement et juridiquement les environnements orbitaux, sub-orbitaux et aériens. 
Les risques inhérents à cette démocratisation spatiale et à la volonté de certains Etats de conserver une forme de supériorité – voire de dominance – spatiale, ou simplement de liberté d’action, pourraient donner naissance à des tentatives d’affirmation, par l’intimidation ou la force, pouvant conduire à des conflits plus ou moins graves. Pour y faire face, la communauté internationale s’est engagée dans une logique de durabilité pacifique des activités spatiales en parallèle de stratégies nationales de défense spatiale. Dès lors, la question de la sécurisation de l’espace (surveillance, space management, défense spatiale) et du cadre juridique associé, devient un enjeu central pour la pérennité des activités orbitales. 
Dans ce contexte, l’objectif du colloque est de présenter les principales clés de compréhension des enjeux sécuritaires, actuels et futurs, des activités spatiales, puis de s’intéresser à certaines promesses technologiques du siècle afin de produire une réflexion prospective sur la conflictualité spatiale. Le colloque se poursuivra par un regard éclairé sur la cartographie des stratégies nationales marquantes en matière de défense spatiale, et sur leur adaptation face aux ambitions d’un nombre croissant de puissances spatiales.

Inscription (gratuite) obligatoire, en suivant CE LIEN.



Programme du colloque

9h15 – 9h30
WELCOME ADDRESS
Général Jean-Marc LAURENT, Executive Director, Chaire Défense & Aérospatial
9h30 – 9h45
OPENING ADDRESS
Thomas LECLERC, Researcher, Chaire Défense & Aérospatial
9h45 – 11h30

SESSION 1
SECURITY CONTEXT AND SPACE DEFENSE / CONTEXTE SÉCURITAIRE ET SPATIAL DE DÉFENSE

Chair: Jean-Marc LAURENT - Opening Remarks: the Outer Space Factor in the Security and Defense Context of the 21st Century Propos introductifs : le facteur spatial dans la sécurité et la défense du XXIe siècle

Panelists:
  • Xavier PASCO (Fondation pour la Recherche Stratégique – Director) – An Overview of the Balance of Power between Space National Actors / Une vue d’ensemble des rapports de force entre puissances spatiales
  • Gérard BRACHET (Former President of COPUOS and Former General Director CNES) – Space Security and Defense Concerns within United Nations Organizations / La perception des enjeux sécuritaires de l’espace au sein des organisations onusiennes
  • François RIVASSEAU (Ambassador, Permanent Representative of France to the United Nations in Geneva and international organizations in Switzerland) – Space Security and Defense Concerns within International Organizations / La perception des enjeux sécuritaires de l’espace au sein des organisations internationales
  • Professor Mireille COUSTON (University Lyon 3 – Director, Centre du Droit des Espaces et des Frontières) – Current Interactions between Outer Space Defense Strategies and International Law / La confrontation des enjeux sécuritaires nationaux au cadre juridique existant.
11h30 – 12h
KEYNOTE SPEECH – L’UNION EUROPÉENNE : DE L’ESPACE CIVIL A L’ESPACE DE DÉFENSE / EUROPEAN UNION: FROM CIVIL SPACE TO SPACE DEFENCE

Ekaterini KAVVADA (European Commission, Directorate-General for Defence Industry and Space – Head of Unit)
12h – 13h
LUNCH
13h – 14h45
SESSION 2

CONFLICTIVE SPACE TENDENCIES: TECHNOLOGY FORESIGHT AND LEGAL REGULATION / CONFLICTUALITÉ SPATIALE : PROSPECTIVES TECHNOLOGIQUES ET RÉGULATION JURIDIQUE

Chair: Général Pascal LEGAI (European Space Agency – Senior Adviser) – Opening Remarks: a Prospective Thinking on Space Management Propos introductifs : une réflexion prospective sur le Space Management

Panelists:
  • François RAFFENNE (ArianeGroup – Manager, Strategic Planning and Analysis) – Technology Foresight and Space Access Les prospectives technologiques en matière d’accès à l’espace
  • Christophe GIRAUDEAU (Dassault Aviation – Director, Spacecraft Programs Technical) – Technology Foresight and Space Maneuverability Les prospectives technologiques en matière de manœuvrabilité spatiale
  • Lonneke PEPERKAMP (Radboud University – Assistant Professor) – A Legal Prospective: International Law and the Way Forward / Prospective juridique : les voies d’évolution du droit international
14h45 – 15h15
COFFEE BREAK
15h15 – 15h20
ADDRESS
Général Michel FRIEDLING, Commandant de l’espace, from Colorado Spring (36th Space Symposium)
15h20 – 17h20
SESSION 3

NATIONAL AND COLLECTIVE SPACE STRATGIES OF DEFENSE /
STRATEGIES SPATIALES DE DEFENSE, NATIONALES ET COLLECTIVES

Chair: Isabelle SOURBES-VERGER (CNRS – Director, Centre Koyré) – Opening Remarks: A Comparative Analysis of National Defense Space Strategies Propos introductifs : une comparaison des stratégies spatiales nationales de défense

Panelists:
  • Ajey LELE (Institute for Defense Studies and Analyses, New Delhi – Senior Fellow) – The Indian Defense Space Strategy / La stratégie spatiale indienne de défense
  • Général Philippe DEDOBBELER (Adjoint au Commandement de l’espace) – The French Defense Space Strategy / La stratégie spatiale française de défense
  • Brice LANCON (Safran – Director, European Affairs) – Space Defense and Security Concerns in Europe La réponse de l’Europe en matière de spatial de défense
  • Lt Colonel John PATRICK and Colonel Georgio MAVRIDIS (NATO) – Space as a New "Operational Domain" L’espace comme nouveau « domaine opérationnel »
17h20 – 17h40
CLOSING SPEECH
Haut représentant du ministère des Armées
17h40 – 17h45
FAREWELL
(Général Jean-Marc LAURENT / Thomas LECLERC)


mercredi 4 mars 2020

Vers la généralisation des mitrailleuses Gatling sur Gazelle ?


Le Ministère des Armées a publié un avis de marché public le 15 février dernier, portant sur la réalisation de grandes visites, de visites périodiques et de modifications sur hélicoptères Gazelle. Un avis qui nous apprend qu'un nombre assez significatif d'hélicoptères de l'ALAT pourraient être équipés de mitrailleuses M-134 "Gatling" d'ici à 2025. 

Ci-dessus: une Gazelle "Gatling" du 4ème RHFS lors du salon SOFINS en avril 2019 - photo Alexandre Alati


Comme l'hélicoptère lourd ou l'armement des drones Reaper, l'armement des bonnes vieilles Gazelle de l'Aviation légère de l'armée de Terre (ALAT) par des mitrailleuses Gatling fut un dossier marquant des années 2010. Longtemps en effet, les forces spéciales notamment, avaient demandé à ce que la Gazelle gagne en force de frappe.

Depuis, et même si en faible nombre, plusieurs appareils ont été dotés, soit d'une Gatling de sabord (pas plus d'une douzaine d'exemplaires), soit d'un bras articulé destiné aux fusils de précisions. Ces configurations ont pu être déployées en OPEX au Sahel, ou montrées lors de démonstrations en France, par le 4ème RHFS, qui opère ces machines.

Avec cet avis de marché du 15 février, on peut découvrir que pour la période 2020-2022, puis 2023-2025, ce sont respectivement "de 7 à 11", puis "de 10 à 15" (tranche additionnelle) Gazelle qui devraient être équipées de Gatling de sabord. 

Cela nous apprend également qu'après les forces spéciales, d'autres RHC (régiments d'hélicoptères de combat) seront donc dotés de cette version.

En outre, deux Gazelle Sa342M seront transformées en  version Sa342 L1 grâce à l'ajout d'un canon 20 mm. Une information surprenante, tant on voit moins de sorties de cette traditionnelle Gazelle canon depuis l'arrivée du Tigre et de sa tourelle télé-opérée de 30mm. 
Et pour preuve que le canon axial n'est plus à la mode, son remplacement par des M-134 Gatling justement, un temps envisagé, a été abandonné.

Le remplacement des Gazelle n'interviendra pas, au mieux, avant 2026 et l'arrivée - toute progressive - du H-160 Guépard, dont on ne connait pas aujourd'hui avec précisions les armements (canon télé-opéré comme le Tigre ?). 
L'appareil aura alors passé plus d'un demi-siècle en service dans les forces, mais reste paradoxalement l'un des aéronefs les moins onéreux à faire voler. 

Deux Gazelle de l'ALAT s’entraînent avec un MV-22 américain sur le BPC Tonnerre de la Marine Nationale en 2019.

lundi 2 mars 2020

Bordeaux ville Ariane 2020 : quel programme ?

Trois ans après Toulouse, c'est Bordeaux, ou plus exactement Bordeaux Métropole qui prend la présidence de la Communauté des villes Ariane. Une cérémonie était organisée le 20 février, ce qui lance une année riche en événements. 


L'actualité spatiale de niveau "stratégique" connait une période faste: le nouveau lanceur lourd européen Ariane 6 décollera fin 2020 (même si assez logiquement, cela devrait glisser début 2021); tandis que les forces armées françaises ont lancé la structuration de leur commandement de l'Espace. Paris a d'ailleurs annoncé le 13 février que la France intégrait l’initiative Combined Space Operations (CSpO), rejoignant les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande (soit les membres des fameux "five eyes").

Et s'agissant du spatial, vous le savez sûrement, la région bordelaise possède une place de choix. Trois ans après Toulouse donc, la tenante du titre Séville a transmis ce 20 février la présidence de la Communauté des villes Ariane (CVA) à Bordeaux. 

Une convention a également été signée avec le récemment créé NAASC: Nouvelle-Aquitaine Academic Space Center.

CVA est une association européenne à but non lucratif créée en 1998 qui réunit les parties prenantes privées et publiques du programme Ariane, soit 15 villes de six pays européens, trois agences spatiales et 18 sites industriels.

Pour le public comme pour le monde professionnel, cela se traduira par une année 2020 extrêmement riche en événements. Vous pouvez découvrir le programme ci-dessous (ou en suivant ce lien). 
Ces rendez-vous visent à promouvoir et développer les métiers de la filière aéronautique, spatial et défense et sensibiliser le grand public à la culture scientifique, technique et industrielle qui irrigue cet univers.

Concernant la défense, nous reviendrons en détails dans les prochains jours sur le grand colloque international qui se déroulera à Sciences Po le 1er avril. Et probablement au cas par cas sur plusieurs autres manifestations durant l'année. 


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