lundi 28 février 2022
L'Eurodrone en retard d'une guerre ?
vendredi 25 février 2022
Réveil stratégique
La guerre fait donc une fois de plus son retour en Europe. Et la sidération a fait son temps. La situation est extrêmement préoccupante et les premières mesures d'ordre militaire sont annoncées par les alliés de l'OTAN. Elles concernent bien entendu la France, actuellement nation-cadre de la Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation, autrement surnommée VJTF.
En raison de l'évolution très rapide, et surtout très incertaine des combats en Ukraine, il sera difficile de suivre les évènements sur ce blog. Cependant, pour tous ceux que cela intéresse, tout se passe sur Twitter où la communauté défense - francophone ou non - réalise un travail remarquable de recoupement de l'information, minute par minute.
Nous n'allons évoquer ici que les mesures de réassurance OTAN, alliance qui va devoir montrer les muscles comme jamais cela n'a été fait depuis 1990.
D'ici deux semaines donc, la France enverra un sous-groupement de 200 hommes en Estonie (a priori des "troupes de montagne"), qui iront renforcer les Danois et Britanniques. Ces derniers ont d'ailleurs réceptionné aujourd'hui plusieurs de leurs chars Challenger 2.
Pour rappel, la France s'entrainait encore il y a quelques semaines en Estonie dans le cadre de la mission Lynx, avec des moyens lourds comme le Leclerc et des VBCI.
Surtout, en Estonie toujours, 100 hommes supplémentaires viendront constituer un plot chasse, avec 4 Mirage 2000-5.
L'armée de l'Air et de l'Espace déploie en fait déjà des Rafale pour des patrouilles au dessus de la Pologne depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine. Ces appareils opèrent depuis la France.
Roumanie. C'était l'un des grands sujets français de la réassurance, un déploiement assez important prévu cette année en Europe de l'est, en même temps que la pression se desserre en Afrique. Attention cependant à l'Afrique, où plus aucune marge de manœuvre ne doit être laissée à la Russie (même si dans la précipitation, Wagner semble ces dernières heures se dégarnir en Afrique pour se renforcer en Ukraine).
Un GTIA français constitué de 500 hommes de l'armée de Terre va donc se déployer en Roumanie avec des moyens blindés, dans le cadre d'un calendrier largement accéléré qui risque de mettre en exergue nos lacunes en matière de projection. On parle même de 1 000 hommes à terme. Nous ne devrions pas y aller seuls (Italiens ?) puisque tout cela se déroule dans le cadre du bataillon de l'OTAN "Sparhead", dont la France est leader. La France commande en effet depuis le 1er janvier la VJTF, force opérationnelle interarmées à très haut niveau de réactivité.
Concernant l'Ukraine enfin, elle est militairement livrée à elle-même, même si l'OTAN livre encore à l'heure qu'il est des équipements individuels performants. Il faut aussi noter que la France dispose d'une grosse douzaine de membres du GIGN à son ambassade de Kiev. Des hommes qui pourraient jouer un rôle tout à fait décisif s'il fallait protéger ou extraire le président Zelenski. C'est ce qu'ont très judicieusement laissé entendre des officiels français.
Un dernier mot: surprise stratégique ? Non, le discours sur la haute intensité, tout comme celui sur les puissances révisionnistes, ont été rabâchés encore et encore ces dernières années. Ils ont même justifié les hausses en cours du budget de la défense. Il faudra toutefois aller encore plus loin, probablement à un budget autour de 60 milliards d'euros d'ici 10 ans (consensus autour de ce palier), pour un format opérationnel largement réévalué.
Dans l'immédiat, nous, européens, sommes clairement pris de cours, et un nouveau processus s'entame à tous les niveaux, à commencer par les mentalités.
C'est désormais notre grand défi pour la décennie. Un défi existentiel.
mercredi 23 février 2022
De nouveaux canons CAESAR pour l'armée de Terre
lundi 21 février 2022
Chez Airbus, premier largage en vol d'un "remote carrier" depuis un A400M
Source: Airbus Defence & Space
Lire sur le blog: Le « Remote Carrier » est-il l'avenir du drone de combat ?
Aussi sur le blog (2018): Airbus réalise avec succès une expérience de coopération homme/machines
Vidéos précédentes sur les préparatifs de l'essai en vol :
vendredi 18 février 2022
Une semaine charnière
Mali
Lire sur le blog: Une rentrée tête basse
Mais changeons de domaine, pour aborder le spatial. J'attendais, comme bien d'autres, beaucoup du discours d'Emmanuel Macron au CNES mercredi. Mais les annonces à Toulouse n'ont finalement fait que reporter à l'automne toute discussion sur l'avenir du vol habité européen. Le Président a tout de même posé quelques bases de réflexions pour les prochaines échéances (robotique spatiale, station orbitale européenne pour l'après ISS...).
En matière militaire, on reste dans le cadre de la stratégie spatiale de défense 2019, avec d'ailleurs, l'annonce par l'armée de l'Air et de l'Espace de l'exercice AsterX 2022 pour le mois de mars. Il s'agit de la seconde édition de cet exercice du Commandement de l'Espace, qui est donc annuel.
Au final, l'Europe a avancé cette semaine, concrétisant sa volonté de mettre un place une constellation "souveraine" pour l'internet par satellite. Une offre de connexion qu'elle entend partager avec l'hémisphère sud, et notamment l'Afrique.
BITD
Un point armement avec la validation par le Parlement grec de la commande des frégates Belharra auprès de Naval Group, mais aussi de 6 Rafale supplémentaires, comme annoncé en septembre dernier (total de Rafale donc porté à 24: 12 neufs, 12 de seconde main).
On termine enfin avec une nouvelle qu'on n'attendait plus ! Elle est pourtant importantissime: il s'agit de la remise en marche des accords franco-britanniques de Lancaster House, ce qui se traduit concrètement par une avancée dans les travaux communs chez MBDA.
Le Délégué général pour l’armement Joël Barre, le directeur 🇬🇧 @DefenceES & le PDG @byMBDA, ont lancé les travaux de préparation du futur missile antinavire et futur missile de croisière (FMAN-FMC) après signature d’un accord étatique et notification de contrats #NotreDéfense pic.twitter.com/Xbs1j6OO3u
— Direction générale de l'armement (@DGA) February 17, 2022
lundi 14 février 2022
Le Rafale, miroir de la stratégie française
Les ventes à l'export du Rafale viennent avec le dernier contrat indonésien, annoncé le 10 février, de quasiment égaler celles du précédent chasseur de Dassault Aviation, le Mirage 2000. Elles le dépasseront assurément dans les mois qui viennent. Avec le Rafale, la France dispose aujourd'hui d'un formidable outil stratégique, au service de sa géopolitique.
Ci-dessus: un Rafale de l'armée de l'Air et de l'Espace à Hawaï, en 2021 - AdAE
Quasiment pas un mot (ou si peu) dans les JT du soir, jeudi 10 février, sur la vente annoncée d'avions de combat Rafale en Indonésie. Presque comme si cela était devenu si normal, banal, que ça ne méritait plus les gros titres.
A partir de là, on va soudain cesser de compter fébrilement les mois d'activité restants sur la chaîne d'assemblage de Mérignac, pour désormais évoquer des plans de doublement, voire triplement de la production. Pour rappel, Dassault sortait 11 avions par an avant les commandes export. Et essentiellement pour les forces françaises. Aujourd'hui avec un carnet de commande rempli pour une bonne décennie -alors que la France doit elle-même encore s'en procurer dans les années qui viennent- c'est plutôt de conflit social touchant à la hausse des salaires dont on se préoccupe chez l'avionneur. Pas vraiment un mauvais signe.
Après une année 2021 exceptionnelle qui a vu s'enchainer des commandes grecque, croate, égyptienne (une nouvelle fois), émiratie (contrat géant de 80 appareils), puis donc indonésienne en ce début 2022, le Rafale peut revendiquer son titre de fleuron de l'industrie nationale. D'autant plus que chacun de ces contrats s'inscrit dans un cadre stratégique absolument favorable aux intérêts français.
Le "combat proven" ne fait pas tout
Il est de bon ton de rappeler deux choses. Premièrement, on peut considérer que dans le secteur stratégique des ventes d'armes, quelques grands domaines portent en eux un enjeu tant militaire que diplomatique. On pourrait les résumer à la sous-marinade, aux navires de premier rang, et donc, à l'aviation de combat. Ajoutons y également les systèmes de défense anti-aérien ou anti-missile, voire les satellites militaires. Sur tous ces segments, peu de pays rivalisent. Et la France, puissance auto-revendiquée comme "moyenne", en fait partie. Sur chacun. Des challengers comme Israël, les pays du Golfe, ou même la Turquie choisissent eux des stratégies différentes, plus ciblées (les blindés, les drones, les équipements…), mais la France reste en pointe tout en haut du spectre.
Deuxièmement, il y a cette nécessité bien française - car elle découle directement du premier point - d'exporter les fruits de sa BITD. En effet, le modèle industriel de défense qu'a choisi notre pays repose sur l'indépendance et l'exhaustivité de son catalogue. Or, pour financer et entretenir un tel modèle, et contrairement aux Etats-Unis, la commande nationale ne suffit pas, loin de là. Pire, cette dernière est directement impactée en cas d'échec(s) à l'export, puisque d'économie d'échelle il n'y a point.
Enfin, le contexte. Il faut peut-être bien considérer que nous bénéficions d'une fenêtre historique sur le marché. Les concurrents du Rafale sont dans l'ensemble sur le déclin, tandis que des évolutions technologiques de l'avion français sont déjà planifiées pour deux décennies. Un message que perçoivent assurément les potentiels clients. Le seul vrai duel semble bel et bien se jouer contre le F-35, avion dit de "5ème génération".
Des marchés clés pour la stratégie globale de la France
Justement, la question du F-35 nous amène au cœur du sujet. Puisque la France a besoin de placer ses matériels, elle se doit de jouer la carte de l'indépendance stratégique - à moins que l'on préfère employer le terme autonomie - quand bien même cela l'opposerait à ses alliés. Mais comme nous l'avons tous découvert ou redécouvert avec l'affaire AUKUS en zone indopacifique, être allié n'est pas un gage total de confiance.
Eh bien, au moment de faire le bilan, en 2022, avec 7 clients export, nous pouvons affirmer que la "Team Rafale" s'en tire avec les honneurs. L'Egypte est la maitresse du canal de Suez, Qatar et EAU forment un très étonnant duo d'utilisateurs dans le Golfe, et surtout, l'Inde et maintenant l'Indonésie , acteurs régionaux absolument majeurs, revitalisent totalement l'axe indopacifique tracé par Paris. D'autant plus qu'un coup énorme reste à réaliser: placer le Rafale dans l'aéronavale indienne. Largement de quoi effacer le revers australien.
Autres beaux succès, la Grèce et la Croatie l'an passé. Ces victoires sont moins flamboyantes (une partie ou la totalité des avions sont de seconde main) mais elles ont l'immense mérite, d'une part d'enfin placer l'avion en Europe et dans l'OTAN, et d'autre part de permettre l'établissement de liens privilégiés en Méditerranée, où la France a connu quelques frictions récemment.
L'enjeu européen
Malgré cela, le paradoxe, c'est bien sûr l'Europe. On ne versera point de larmes concernant l'échec du Rafale en Finlande, même si à titre personnel, je reste étonné qu'un pays neutre - puisqu'on aime à parler du sens du mot "finlandisation" ces derniers jours - comme la Finlande s'engage sur le choix quasiment otanien qu'est celui du F-35. Mais Helsinki représentait pour la France comme pour Dassault Aviation un marché difficile. Un peu à la manière du Canada où Dassault a préféré ne pas jouer les lièvres en 2018.
Derrière la success story du Rafale, il y a quelques 7 000 personnes qui y contribuent en France, dans 400 entreprises. Elles évoluent chez Dassault Aviation, Thales, Safran ou MBDA, mais aussi chez une multitude d'ETI et surtout PME sous-traitantes. Mais le Rafale c'est aussi désormais toute une génération d'aviateurs, bientôt dans 8 pays, et probablement plus encore.
Tous contribuent de différente manière au déploiement de la stratégie nationale, et à sa garantie.
Le plus vertigineux dans l'histoire, est qu'il reste probablement plus de 40 ans de service opérationnel à l'appareil. Quand il aura dépassé le Mirage 2000 (un peu plus de 600 produits), le Rafale (450 commandes environ à ce jour) aura peut-être bien le temps d'aller chercher un autre record de production: celui du Mirage III (870).
C'était d'ailleurs le rêve non-dissimulé de ses concepteurs.
*système de combat aérien futur.
vendredi 11 février 2022
Et 42 Rafale pour l'Indonésie !
Comme cela se précisait depuis maintenant plus d'un an, l'Indonésie a commandé des avions de combat Rafale: 6 pour commencer, puis un second lot de 36 à venir pour un total de 42 appareils. Avec cette commande, Dassault Aviation atteint le chiffre de 278 Rafale vendus à l'export.
Ci-dessus: la cérémonie de signature ce 10 février à Jakarta - source Twitter
On se doutait bien que la visite de la ministre des Armées Florence Parly ces 9 et 10 février à Jakarta serait synonyme de signature. En revanche, nous étions bien peu à oser espérer des chiffres si importants: 6 Rafale (contrat signé), et une lettre d'intention "ferme" pour la fourniture de 36 autres. Ce marché devrait s'établir autour de 8 milliards de dollars. 2 sous-marins Scorpène sont également dans la balance.
Les Rafale livrés seront neufs, au standard F3-R, et produits en France avec quelques collaborations industrielles avec le client. Les livraisons débuteront en 2025. Cela comprend également l'armement, la formation, et le soutien sur les bases aériennes locales.
Dassault Aviation peut se réjouir, avec aujourd'hui 278 Rafale export. 284 si on ajoute les 6 appareils supplémentaires annoncés par la Grèce en septembre. L'avionneur est à un exemplaire d'égaler les ventes à l'étranger du fabuleux Mirage 2000 !
Et justement, c'est la première fois que le Rafale s'impose dans une force aérienne qui ne disposait pas de Mirage ! En effet, Jakarta est un tout nouveau client pour Dassault.
L'Indonésie est donc le 7ème client export du Rafale. Mieux encore, ce partenariat stratégique est comparable à celui engagé avec l'Inde, et place les forces françaises dans un cadre privilégié de coopération militaire.
Pour Paris bien évidemment, c'est ici un coup de maître dans la zone indopacifique où la France a été mise à mal à l'automne lors de l'annonce de l'alliance anglo-saxonne AUKUS*. Le communiqué du MINARM profite bien de l'occasion d'ailleurs, pour rappeler plusieurs fois le rôle de la France dans cette région.
42 Rafale ! L’Indonésie fait le choix de l’excellence industrielle française ! Le savoir-faire des plus de 400 entreprises françaises et des milliers de travailleurs qui conçoivent le Rafale est reconnu. En Indo-Pacifique, cette nouvelle étape renforce nos partenariats.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) February 10, 2022
*Les USA ont autorisé hier la vente à l'Indonésie 36 F-15 Américains pour 14 milliards $. A voir si cela se concrétise.
mercredi 9 février 2022
Des Falcon pour la Royal Air Force
Faisons l'impasse pour le moment sur l'annonce imminente (à l'heure de l'écriture de ces lignes) de l'achat par l'Indonésie de ses premiers Rafale… et penchons nous plutôt sur un autre succès, plus inattendu !
La Royal Air Force vient en effet d'annoncer qu'elle allait remplacer 4 vieux BAe146 par 2 Falcon 900LX de Dassault Aviation. Ces appareils triréacteurs sont destinés à la mission de transport de personnalités.
A noter que la RAF a salué les performances de l'appareil -pourtant pas le plus récent au catalogue du constructeur- sur le plan de l'autonomie (+8000 km) comme du coût d'utilisation.
Une remarque un peu taquine pour la fin: la nouvelle a naturellement mis en émoi une partie de la "milisphère" britannique sur les réseaux sociaux, qui ne pardonne pas qu'on achète aux Français !
vendredi 4 février 2022
L'armée de l'Air commande des herses à Shark Robotics
mercredi 2 février 2022
La DGA assiste HyprSpace dans ses essais de propulsion
Ci-dessus: le prototype "Joker" - crédits photo HyprSpace
HyprSpace se définit à la fois comme une entreprise de micro-lanceurs et un motoriste, sa solution de propulsion hybride devant considérablement optimiser la consommation en carburant des lancements spatiaux, et donc contribuer à ramener encore plus bas le coût de ces derniers.
Après avoir reçu le soutien de plusieurs structures comme le CNES, et avoir réussi sa première levée de fonds récemment, elle poursuit en ce début d'année 2022 les essais de son moteur Joker avec le support officiel de la DGA, sur le site de Saint-Médard-en-Jalles, près de Bordeaux.
L'été dernier, les deux entités avaient déjà signé un contrat de collaboration pour la simulation de départ de tir de missile.
Nous essaierons d'en reparler bientôt de façon plus complète !
Nous sommes fiers d'être la 1ère #startup à faire ses essais #propulsion sur un site institutionnel français. Merci @DGA Essais de Missiles pour son accueil et support!#mach #diamonds #experience #newspace #france @BrunoLeMaire @florence_parly @ThierryBreton @NvelleAquitaine pic.twitter.com/SRGnXHDMCT
— Hybrid Propulsion for Space (@HyPr_Space) January 27, 2022