vendredi 30 juin 2017

Au Bourget, la chaire « Défense & Aérospatial » réunit sa communauté


L’équipe exécutive de la chaire « Défense et Aérospatial » était présente le 23 juin sur le Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace du Bourget, où elle a pu retrouver ses partenaires universitaires et industriels. Le but: fédérer la communauté  « CESDA ».

Photo: aux côtés du général Jean-Marc Laurent, Directeur exécutif de la Chaire, Lionel De La Sayette (Dassault Aviation), s'adresse aux auditeurs des trois promotions du CESDA.


Sur l’impulsion de la chaire, Sciences Po Bordeaux a développé en 2015 un nouveau cycle de formation continue : le CESDA (Cycle d’Etudes Supérieures Défense et Aérospatial).
Il vise à apporter, à des cadres supérieurs du secteur et à des officiers supérieurs des armées, une meilleure connaissance des questions de défense, notamment sur leurs dimensions politiques, stratégiques, opérationnelles, économiques et industrielles. Il s’appuie pour cela sur les interventions d’experts de très haut niveau (dirigeants industriels, universitaires experts, cadres militaires). Les participants sont également amenés à présenter un travail d’étude stratégique. La chaire a accompagné Sciences Po Bordeaux dans l’ingénierie initiale de formation et l’équipement de locaux adaptés.

Le haut niveau de cette formation, son modèle pédagogique et sa capacité d’adaptation lui ont permis de s’imposer progressivement comme un passage clé pour les hauts potentiels des secteurs civils et militaires de la défense. Outre la diffusion de la connaissance et le partage de l’expérience, elle contribue à fédérer toute une communauté d’acteurs de l’industrie aérospatiale et de la Défense autour d’un esprit commun. C’était justement le but de ce rendez-vous CESDA ALUMNI, réunissant les trois promotions d’auditeurs de la formation depuis son lancement (2015, 2016, et 2017). 

Initié par l’ensemble des industriels bénéficiaires de la formation, l’événement était accueilli au sein du chalet Dassault Aviation au Bourget. Les invités ont pu profiter de cet instant de partage pour approfondir les liens qui unissaient déjà l’ensemble de la communauté CESDA.

Cette belle communauté devrait de plus s'élargir à la rentrée. Mais ça, nous en reparlerons à la fin de l'été !

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La Chaire "Défense & Aérospatial" 
Les entreprises Dassault Aviation, Safran et Thales se sont associées en septembre 2014 à la Fondation Bordeaux Université pour créer, avec Sciences Po Bordeaux et l’université de Bordeaux, la chaire Défense & Aérospatial. 
D’une durée initiale de trois ans, cette chaire s’attache à développer une meilleure connaissance et compréhension globale du secteur de la défense et de l’aérospatial, aussi bien auprès des étudiants, des chercheurs, des professionnels civils et militaires du secteur ou du grand public. 
Elle souhaite développer une dynamique constructive, fédératrice et innovante de formation, de recherche et de diffusion des savoirs dans le secteur défense et aérospatial. Son caractère transdisciplinaire et sa logique collaborative, réunissant de nombreux professionnels, civils et militaires, de différents domaines, en font son originalité. 
La chaire contribue à positionner le site universitaire bordelais comme un acteur de premier plan dans la formation et la recherche sur le secteur « Défense et aérospatial », sur le plan national et international.


BONUS en images ! En vrac le drone MALE chinois, l'hélicoptère de combat turc TAI -129 ATAK, Thomas Pesquet, A400M et A380, le NH90 de l'Armée de terre, les Apache, Osprey et C-130 américains... et j'en passe (photos Pax Aquitania). 

Je fais l'impasse sur le F-35, le bougre se tenait un peu loin du public pour que mes images soient très nettes. On aura au moins vu la bête en France. Le moteur Pratt & Whitney F135 en a clairement dans le ventre (du moins si l'on se fie au nombre impressionnant de décibels générés), mais la démo du JSF laissait un goût amer tant cela semblait... poussif. A revoir dans quelques années, quand l'appareil sera mieux maîtrisé.

A Paris, le Rafale est resté le roi des cieux.



















jeudi 29 juin 2017

5ème journée de l’Aviateur sur la BA 106

 

Comme c'est désormais la tradition dans l'Armée de l'air, le dernier mercredi du mois de juin était pour la 5ème année l'occasion de célébrer la journée des aviateurs. Une belle cérémonie s'est tenue sur la BA 106 de Bordeaux Mérignac.

Photos ©P.Vadier/Armée de l'air

Afin de renforcer l’identité de ses personnels, l’Armée de l’air créait en juin 2013 la journée des aviateurs.
Et ceci à une date non choisie au hasard, le mercredi précédant le 2 juillet de chaque année, en l'honneur de la création de l'Armée de l'air le 2 juillet 1934 (les avions volaient dans l'armée depuis deux décennies).

Ce 28 juin à Bordeaux, comme sur bien d'autres bases aériennes, une cérémonie se tenait donc en hommage aux aviateurs.
Mention spéciale cette année, et sur cette base 106, pour les commandos parachutistes du CPA30 qui quittent officiellement l'enceinte.

Cette édition 2017 se caractérisait également par une prise d’armes suivie d’une rétrospective des 80 ans de la BA 106.




mercredi 28 juin 2017

Le Commandement des Opérations Spéciales a 25 ans

Forces spéciales françaises pendant la Guerre du Golfe en 1991

Le Commandement des Opérations Spéciales (COS) fêtait mardi 27 juin dans la cour d'honneur des Invalides à Paris les 25 ans de sa création. Entièrement refondées en 1992, les forces spéciales françaises sont aujourd'hui en pointe de l'engagement militaire du pays sur tous les théâtres.

Retour en 1991: une coalition internationale impressionnante se réunit derrière les USA afin de libérer le Koweït, envahi durant l'été 1990 par l'armée irakienne de Saddam Hussein. La France, à travers l'opération Daguet, envoie dans le Golfe un contingent assez important qui montrera toutes les limites de son format stratégique. Les forces spéciales notamment (1er RPIMa, 13e RDP), apparaissent disposer de moyens tout à fait sous-dimensionnés. 

Selon le colonel Rosier, qui commandait alors le 1er RPIMa de Bayonne, et pendant l'opération Daguet le 1er groupement commando parachutiste (1° GCP), un groupement de 120 hommes formé autour d'un noyau dur du 1er RPIMa complété de 6 équipes CRAP (1er RHP, 2e REP, 3e et 6e RPIMa, 35e RAP), « l'expérience a prouvé que les moyens n'étaient pas à la hauteur de l'intention, en termes de capacité, d'autonomie et d'homogénéité ; le groupement engagé dans le Golfe n'a pu remplir que des missions de circonstance... »
Face à la démonstration américaine, la France réalise l'étendue de son retard en matière d'action spéciale et de renseignement (y compris satellitaire).

La création du COS en 1992 en est une conséquence directe. Dès la fin du conflit, le grand chantier des forces spéciales françaises est lancé.
Le COS, ou commandement des opérations spéciales, est ainsi créé par l'arrêté du 24 juin 1992, qui précise ses missions: « planifier, coordonner et conduire les actions menées par les unités spécialement organisées, entraînées et équipées pour atteindre des objectifs militaires ou paramilitaires définis par le chef d'État-Major des armées. »

Bâti sur le modèle américain interarmées de l'USSOCOM, il n'a cessé de grandir et d'être choyé depuis, au fil de l'évolution des opérations contemporaines, dont l'Afghanistan a été un tournant à partir de 2001.
La France peut aujourd'hui se targuer d'être l'une des seules nations a disposer d'un tel outil de forces spéciales, probablement même le plus performant au monde après les USA (on n'oubliera pas de citer dans ce club les russes et surtout les britanniques). 

Le COS dans la BSS en 2017.

Ce 27 juin aux Invalides, le COS célébrait donc son quart de siècle. Jean-Marc Tanguy vous propose d'ailleurs sur son blog Le Mamouth un résumé des cérémonies qui ont vu de nombreux opérateurs être décorés.



Des Balkans à l'Afrique, en passant par l'action de l'Etat en mer où bien sûr aujourd'hui le Levant (Irak, Syrie), le COS est de tous les combats. En première ligne. Officiellement, ce sont plus de 25 grandes opérations qui ont été menées depuis 1992, dans presque autant de pays. Officieusement, on devine que ce nombre est autrement plus important.
Ses moyens en hommes et matériels sont en voie de renforcement, cela vous le savez si vous lisez régulièrement ce blog. Il devrait approcher à court terme les 4000 hommes.



Le COS attend des drones, des C-130 ravitailleurs (pour les hélicoptères Caracal), de nouveaux véhicules VLFS et PLFS, de nouvelles embarcations, des M134 sur ses vénérables Gazelle, etc... la liste est longue.
Dans ce cadre, des initiatives originales sont prises en France, comme c'est le cas avec le salon professionnel SOFINS, qui permet tous les deux ans à Bordeaux de rassembler la communauté des forces spéciales autour d'innovations dont les applications serviront au plus vite en mission.

Pour approfondir, je conseille la lecture du hors-série N°53 de la revue DSI, paru en avril dernier, qui revient notamment sur l'évolution du COS et son fonctionnement aujourd'hui.



mardi 27 juin 2017

Le GIGN remporte le challenge de tir embarqué du 4e RHFS


L'édition 2017 du challenge de tir embarqué organisé chaque année par le 4ème Régiment d'hélicoptères des forces spéciales a été remporté par une équipe du GIGN.

Source photo: page Facebook du GIGN

Organisé par le 4ème RHFS sur le camp de Caylus dans le Tarn et Garonne, le "challenge interarmées d'appui feu tireur embarqué" (AFTE) a été remporté à la mi-juin pour une équipe de tireurs d'élite du GIGN. Les gendarmes ont utilisé une fusil de précision PGM Hecate II de calibre 12,7mm. Attention pas de lunette longue portée ici, mais un simple système de visée eotech ! 

La particularité du challenge AFTE est que les épreuves se déroulent depuis un hélicoptère Gazelle, équipé du système de bras articulé STRIKE (voir vidéo ci-dessous). Habituellement, les épreuves de ce challenge réservé aux unités d'élite comprennent des tirs en statique, en mouvement, de jour, de nuit, en ascensionnel, et en translation.  



Plusieurs unités participaient, à savoir le GIGN (Gendarmerie) donc, le 1er RPIMa (Terre), les commandos de marine de Montfort et de Penfentenyo, les commandos de l'air du CPA 10, et le RAID (Police).
A noter la présence d'étrangers, puisque deux équipes des forces spéciales espagnoles et américaines étaient également de la partie.

Ces dernières années, la première place de ce challenge du Commandement des Forces Spéciales Terre (CFST) était trustée par les commandos du 1er RPIMa. Le GIGN leur ravit le trophée, bravo à eux !


lundi 26 juin 2017

Un reportage inédit sur la "naissance" d'un Rafale

La robe singulière de ce Rafale indique sa destination: le Qatar, qui a acheté 24 appareils - Images France 3, 2017.

Je profite de cette semaine "post-Bourget" pour partager sur le blog ce document inédit consacré au Rafale, diffusé mercredi 21 juin sur France 3 Nouvelle Aquitaine dans "Enquête de région".
L'occasion rare de découvrir non seulement la phase d'assemblage à Mérignac, qui ne dure que 2 semaines par avion (avant des mois de tests), mais surtout de voir les conditions d'un vol d'essai sur un appareil "sorti d'usine". Une première me semble t-il.
Merci à France 3 et au journaliste Serge Guynier qui me donnent la possibilité de partager avec vous ce reportage. Bon visionnage !




vendredi 23 juin 2017

Le moteur M88 du Rafale pour le démonstrateur du drone FCAS


Le programme FCAS franco-britannique avance. En effet, le choix du moteur aurait été fixé s'agissant du démonstrateur de drone de combat prévu pour 2025. Il s'agira d'un matériel bien connu, le M88, moteur du Rafale.

Illustration: le Future Combat Air System, c'est un drone de combat, mais plus globalement, un système complet incluant les chasseurs actuels comme le Rafale, et probablement les avions du futur - Vue d'artiste, Master Films.

Selon Aviation Week, qui cite des responsables du programme FCAS (Future Combat Air System) au salon du Bourget le France et le Royaume-Uni ont décidé de recourir au moteur M88 de Safran, le même qui équipe (x2) les Rafale de Dassault Aviation.

Un dérivé du moteur sera développé pour être utilisé sur les deux démonstrateurs de drone de combat. Ces derniers ne devraient comporter (tout comme leurs aïeux les prototypes NEURON et TARANIS, ou encore le X-47B américain) qu'un seul moteur. Entre un chasseur et un drone en effet, les exigences ne sont pas du tout les mêmes. Ce qu'on demande au drone, c'est d'être avant tout discret et endurant. Je schématise.

Les deux motoristes en charge sur le programme FCAS sont Safran et Rolls Royce. Il est convenu que ce couple conçoive à part égale un moteur pour le drone de combat. Il est cependant très vite apparu que le M88 comportait des facilités de conception permettant son adaptation rapide au projet.
Par ailleurs, le M88, qui permet une poussée de 7,5 tonnes, pourrait éventuellement à court ou moyen terme voir sa puissance augmenter jusqu'à 8 ou 9 tonnes de poussée. Chose qui bénéficierait en premier lieu vous le devinez... au Rafale. C'est même une demande qui fut émise par des clients export.

Le programme franco-britannique FCAS, initié par les accords de Lancaster House en 2010, en est aujourd'hui au stade de l'étude de faisabilité ("Phase 0"). Les deux pays se sont lancés dans un investissement de deux milliards d'euros pour développer ce drone de combat.
Attention, il ne faut pas le confondre avec le FCAS voulu par Airbus, dont nous parlions ici la semaine dernière, qui n'en est encore lui qu'au stade de concept.
Fin 2017, une nouvelle phase du programme débutera ("Phase 1"), et verra les nombreux acteurs du programme entamer la phase préliminaire de conception et de développement qui devrait durer entre trois et quatre ans.

Ce drone, qui sera normalement opérationnel d'ici 2030, sera la première pierre d'un système de combat aérien plus large qui intégrera au final (2040 ?) un nouvel avion de combat de sixième génération, espérons le européen.
A ceux qui se poseraient la question, cela n'interdit absolument pas le F-35, avion américain de 5ème génération qui a déjà un pied en Grande-Bretagne (et en Italie, aux Pays-Bas, et peut-être même bientôt en Pologne et en Espagne, voire en Allemagne !) d'intégrer le FCAS. Les britanniques ont pris en compte cette éventualité.

Et le drone, intéresse désormais de plus en plus la Marine Nationale, dont le Chef d'Etat Major, l'amiral Prazuck, vient d'annoncer ouvertement qu'il enviait les travaux de l'US Navy sur le X-47B, drone de combat capable d'apponter sur un porte-avions.  La Marine a d'ailleurs rejoint le programme FCAS en 2015.
On se rappellera aussi qu'à l'été 2016, le démonstrateur Neuron de Dassault avait mené des essais en mer, dans l'environnement du Charles de Gaulle. Pas de méprise attention, on parle ici d'essais en vol, le drone n'est pas conçu pour apponter ou même décoller du porte-avions français.

Lire sur le blog: Le drone de combat NEURON débute ses essais en mer


Le développement de ce drone enfin, permettra de travailler sur des domaines de pointe, comme l'intelligence artificielle, les radars, les liaisons de données... des domaines dont les retombées irrigueront le Rafale lui-même dans ses standards futurs, à commencer par le F4.


Et justement, encore un mot pour vous renvoyer vers le JDef du 21 juin qui fait la part belle aux nouvelles technologies:



mercredi 21 juin 2017

Adieu aux armes du général de division Christophe de GOUTTES


Le général de division Christophe de GOUTTES, officier général de la zone de Défense et de sécurité sud-ouest par intérim, et commandant la zone Terre sud-ouest, fera ses adieux aux armes ce mercredi à Bordeaux.

Photo: le général de division Christophe de GOUTTES (au centre), ici le 14 juillet 2015 à Bordeaux, quitte une fonction centrale pour la zone de défense et de sécurité sud-ouest.

Le mercredi 21 juin 2017, à 11h30, dans les jardins de l’Hôtel de ville de Bordeaux, se tiendra la cérémonie d’adieu aux armes du général de division (GDI) Christophe de GOUTTES, Officier général de la zone de Défense et de sécurité sud-ouest (OGZDS-SO) et commandant de la zone Terre sud-ouest ; après 40 ans de service, le GDI de GOUTTES quittera cet été l’institution militaire.

Présidée par le général d’armée Jean-Pierre BOSSER, Chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), avec l’orchestration de la Musique des parachutistes de Toulouse, la cérémonie se déroulera en présence du drapeau et d’une délégation du 6e régiment du génie (6e RG – Anger), de l’Ecole nationale des sous-officiers de l’armée de Terre (ENSOA – St-Maixent-l’Ecole) et du 1er régiment d’infanterie de marine (1er RIMa – Angoulême ).

Nous souhaitons sur Pax Aquitania une très bonne continuation au général de Gouttes !


Dans la vidéo ci-dessous datée de mars 2017, le général de Gouttes vous parle des forces présentes en zone sud-ouest et des missions de ces dernières (notamment Sentinelle):




mardi 20 juin 2017

La commission européenne valide les premiers financements du « X6 »


Deux ans après l'annonce du projet X6, Bruxelles a donné son autorisation pour le financement franco-allemand du futur hélicoptère lourd du groupe Airbus. Paris et Berlin vont pouvoir verser près de 377 millions d'euros à Airbus... dont 330 millions pour la France.

Nom de code "X6". Il s'agit du futur hélicoptère "lourd" (selon la conception européenne, puisqu'on est loin du Chinook) de nouvelle génération, successeur de la famille des Super Puma et Cougar. 
La Commission européenne a autorisé une aide publique de 377 millions d'euros de la part de Paris et Berlin pour développer cet appareil.


377 millions d'euros sous la forme d'avances récupérables accordées sur une période de huit ans. La part française est largement majoritaire (330 millions € contre 47,25 millions pour l'Allemagne). Cela s'explique par le fait que, selon le Ministère français des transport dans son communiqué, "l'État allemand apporte également un soutien, proportionnel à l'empreinte industrielle du projet dans ce pays". De là à conclure que les retombées industrielles et commerciales seront essentiellement à trouver de notre côté de la frontière, il y a encore un pas que je n'oserais m'avancer à franchir...

Dans le veine du très élégant H160, X6 intégrera de multiples technologies de pointe contribuant à rendre cet l'hélicoptère bimoteur plus silencieux, plus économe, ou encore plus endurant. Un dernier argument très important puisque dans le civil, X6 vise le juteux marché de l'offshore pétrolier, sur lequel Airbus positionne aujourd'hui son H225. 

X6 devrait arriver sur les marchés civils et militaires vers 2025. Il est considéré par les industriels comme le prochain grand programme européen, après l'A400M et avant le drone MALE et le FCAS.

Communiqué du Ministère des transports. Le Lundi 19 juin 2017,
Le Gouvernement français salue la décision de la Commission européenne déclarant le soutien franco-allemand au projet d’Airbus Helicopters « X6 » compatible avec le marché intérieur. Ce projet d’hélicoptère lourd, actuellement au stade d’étude, complétera la gamme civile et militaire de l’avionneur européen.

L’Etat français contribue au financement de ce projet via une avance remboursable de 330 M€, issue du programme d’investissements d’avenir. L’Etat allemand apporte également un soutien, proportionnel à l’empreinte industrielle du projet dans ce pays. Cette décision, dont la procédure conjointe de notification est inédite pour un projet industriel, est le fruit du dialogue constructif entre les Etats français, allemand et la Commission européenne.

A l’occasion du 52e salon du Bourget, Elisabeth Borne, Ministre chargée des Transports, a déclaré : «Il s’agit d’une décision majeure pour l’avenir de l’industrie aéronautique européenne. Le X6 aura d’importantes retombées industrielles pour Airbus Helicopters et l’ensemble de sa chaine de fournisseurs, en Europe, mais également pour nos territoires notamment sur les sites de Marignane et Dugny».
Le X6 simplifiera l’accès aux plateformes en haute-mer, facilitera les missions de recherche, de sauvetage et les missions humanitaires, mais aussi celles de surveillance aux frontières.

Par ces avancées technologiques, ce nouvel hélicoptère donnera lieu à des innovations inédites dès la phase de conception. Airbus s’appuiera sur les talents industriels des quatre nations qui font sa force, et plus particulièrement sur les compétences des sites français et allemand de sa filiale hélicoptères.

Le projet X6 mobilisera un nombre important d’emplois hautement qualifiés en France et en Europe, au travers de l’ensemble de la chaine de fournisseurs. Il contribuera à augmenter significativement les dépenses de recherche et développement dans le secteur aéronautique, et dynamisera la croissance et le commerce extérieur de l’Union Européenne.


lundi 19 juin 2017

LREM s'empare de la circonscription la plus "défense" de France


Ce que certains appellent la "grande lessive" a frappé partout durant ces élections législatives. En Gironde, cela est flagrant puisque La République En Marche, parti de la majorité présidentielle, remporte 10 circonscriptions sur 12. La 6ème circo, la plus marquée "défense" de toutes, n'y échappe pas. 

Illustration: l'usine d'assemblage Dassault Aviation à Mérignac, lieu emblématique sur la 6ème circonscription de la Gironde. Image tirée du reportage qui sera diffusé ce 21 juin sur France 3 Aquitaine dans Enquête de Région. La robe de ces Rafale indique qu'ils sont destinés à l'export, et plus précisément au Qatar. 


Dans la 6ème circonscription de la Gironde, l'ouest de l'agglomération bordelaise, Eric Pouillat, le candidat LREM a donc battu la députée PS sortante Marie Récalde. Conforté par son score de 44 % au premier tour, le candidat élu remporte l'élection avec 56,1 %. La députée Marie Récalde limite les dégâts du premier tour (15,8 %) en remontant à 43,99 %, mais cela restera insuffisant pour inverser la tendance.
La participation demeure extrêmement faible, de l'ordre de 40,20 %

Ce qui nous intéresse ici est la question suivante, que je posais sur le blog avant le premier tour des législatives (dont je recommande la lecture pour bien comprendre les enjeux sur cette circonscription, lien ci-dessous), la problématique défense au sens large a-t-elle joué un rôle ? Eh bien... non.

Blog: La bataille pour la 6ème circonscription de la Gironde aura t-elle lieu ?




Eric Pouillat, nouveau député LREM de la 6è Circonscription de la Gironde - photo Sud Ouest

La 6ème circonscription ne sera pas représentée à commission Défense de l'Assemblée

Dans une interview parue la semaine dernière dans le journal Sud Ouest, le futur député LREM Eric Pouillat répond à la question suivante: "Si vous êtes élu député dimanche, siégerez-vous comme vos prédécesseurs à la commission de la défense nationale et des forces armées ?"

Sa réponse fut la suivante:"Non, je pense que je romprai avec cette tradition. cela ne veut pas dire que je néglige la part de l'industrie aéronautique, spatiale, et de défense. Cette filière pèse sur la vie économique de la circonscription. Et je respecte tout ceux qui la représentent, du petit technicien au dirigeant. Mais là encore, j'estime que les choses ont évolué. La part des gens qui résident dans la sixième et travaillent dans ce secteur a fortement diminué. Le prix du foncier étant élevé, les petits salaires sont allés ailleurs, notamment dans le Médoc. D'autres, plus aisés, se sont installés sur le Bassin ou à Bordeaux. Aujourd'hui, il faut considérer le contexte plus largement. Certes, l'industrie est importante, mais elle ne permet pas d'embrasser l'ensemble de la situation économique et sociale de la circonscription. Les services, la technologie innovante, le commerce et le numérique, sont autant de secteurs pourvoyeurs d'emplois."

Dont acte. Eric Pouillat affirme en revanche sa volonté de se pencher en commission sur les affaires européennes et sociales.

Comme je le laissais penser il y a 10 jours donc, la problématique défense au sens stratégique - pour la nation - n'a pas été un enjeu, contrairement à la thématique de l'emploi, Eric Pouillat se référant en effet à l'évolution de la sociologie de sa circonscription (chez les industriels oui, mais les deux bases militaires ?).
De plus, sans présence à la commission défense à Paris, elle risque de ne jamais vraiment le redevenir.

C'est un choix personnel, politique, et légitimé par le vote de surcroît, mais il s'agira pour le nouvel élu d'être particulièrement vigilant, car avec les discussions qui arrivent autour de la nouvelle Loi de Programmation Militaire, on risque de voir émerger quelques batailles rangées au sujet des grands programmes industriels à venir. Les crédits promis par un budget à 2% du PIB devraient faire bien des envieux chez les élus... C'est une certitude. Mais en attendant, il faut déjà défendre l'actuel budget face à Bercy.
Aussi, la volonté affichée au sommet de l'Etat (et même chez les champions industriels comme Dassault ou Airbus) de courir vers l'Europe industrielle de la Défense risque de mettre en balance de grandes structures françaises face à leurs semblables, allemandes notamment.

Et alors que l'aéroparc bordelais est en plein ré-aménagement, il faudra suivre par exemple le projet à Mérignac de grande cité de l'aéronautique.

A noter que le bilan pour la précédente commission de la défense et des forces armées à l'Assemblée Nationale est assez représentatif de la révolution que vient de vivre la classe politique française. Elle apparaît en effet décimée, sa présidente Patricia Adam ayant même été éliminée dès le premier tour des législatives. Avec cette "hécatombe", c'est une certaine expertise qui disparaît. 
A priori, un homme semble sortir grand vainqueur, c'est Gwendal Rouillard (ex-PS, aujourd'hui LREM), ré-élu à Lorient et spécialiste des affaires maritimes. A seulement 41 ans, il fait maintenant figure de vétéran dans le milieu.

Nous découvrirons cet été la composition de la nouvelle commission défense.


vendredi 16 juin 2017

L'innovation de défense: amie ou ennemie du stratège ?


Je vous avais déjà parlé sur ce blog, la Chaire "Défense & Aérospatial" à Bordeaux organise à la rentrée la deuxième édition de son école d'été. Cette année, le thème central est l'innovation, ses implications et ses impacts sur le monde de la défense et de la stratégie, thème qui permettra d'aborder des thématiques devenues essentielles comme le cyber, l'IA, les drones, le spatial... 

L’école d’été est une formation de haut niveau de l’enseignement supérieur. Elle a pour objectif :
  • d’apporter des clés de compréhension sur la façon dont contexte stratégique et innovation technologique sont intimement liés ;
  • en particulier, de saisir la façon dont le contexte sécuritaire internationale se construit sur les révolutions technologiques et industrielles et sur la différenciation entre Nations productrices d’innovations et Nations consommatrices d’innovation ;
  • de démontrer que l’innovation technologique permet d’anticiper les surprises stratégiques et de consolider la posture politique, militaire et économique de défense ;
  • de comprendre comment la capacité opérationnelle de la défense se nourrit de l’innovation technologique, organisationnelle et économique ;

Cette formation aborde la question de façon globale, pluridisciplinaire et multisectorielle. Elle est ouverte aux étudiantes et étudiants, universitaires, militaires, industriels, et toutes celles et tous ceux motivés par les questions stratégiques

Elle n’exige pas de connaissances techniques particulières et s’adresse à toutes les formations de l’enseignement supérieur, à toutes les disciplines de la recherche et aux différentes activités civiles et militaires liées à la défense et la sécurité. Pour les personnes formées dans les SHS, elle permet, plus particulièrement, de saisir le sens des technologies innovantes et de mesurer leur impact politique, stratégique et social. Pour celles qui ont suivi un cursus technique, elle permet, entre autres, de comprendre comment le contexte sécuritaire et les contingences politico-militaires peuvent orienter l’action de R&D.

Plus d'informations et inscriptions sur le site de Science Po Bordeaux. Les inscriptions sont ouvertes jusqu'au 25 août.


Ci-dessous, le programme tel qu'établi à ce jour. Il comporte notamment une conférence ouverte sur la "Guerre du futur", ainsi que la visite exceptionnelle du site du Laser Mégajoule:



jeudi 15 juin 2017

Plus de Rafale M pour la Marine Nationale ?


Alors que l'augmentation du budget de la défense vers les 2% du PIB se précise, des voix commencent à se faire entendre dans le but de pousser au renforcement de l'aéronavale. La Marine Nationale aimerait en effet pouvoir disposer de 60 Rafale M.

Selon TTU Online, il manquerait aux marins une bonne douzaine d’avions, qui n'en disposent actuellement que de 42.
46 ont en effet été livrés sur 48 (on en attend donc encore 2, pas avant 2020), mais 4 furent perdus au cours des dernières années.

Il faut savoir que la cible initiale de Rafale destinés à l’aéronavale portait sur 86 Rafale M, chiffre qui fut réduit à 60, puis finalement 48.
Seulement, on le devine, c'est insuffisant, surtout si la nouveau Président de la République et son gouvernement prenaient par exemple la décision de doter le pays d'un nouveau porte-avions. Non pas que nous devions disposer de deux groupes aéronavals complets, mais au moins d'une bonne marge de manœuvre avec des appareils disponibles pour les opérations, la formation et l'entrainement, et la maintenance...

La nouvelle LPM qui interviendra dans quelques mois lancera la négociation de la fameuse "tranche 5" des commandes de 45 (?) Rafale pour l'Armée de l'air. L'idée serait donc d'y adjoindre une douzaine de Rafale M.
Une opportunité qui pourrait être fortement renforcée si jamais un gros client, à savoir l'Inde, décidait de choisir le Rafale pour son aéronavale. Attention cependant à ce que justement, l'export ne vienne pas empiéter sur les livraisons françaises, comme c'est le cas actuellement avec l'Armée de l'air qui a bien voulu se montrer patiente pendant que des Rafale sont livrés à l'Egypte et au Qatar. Cela aussi fait partie du soutex !
Aucune assurance non plus que la soixantaine d'appareils dont l'Inde a besoin soit au final assemblé en France.

En attendant, et en l'absence du porte-avions Charles de Gaulle, en arrêt pour 18 mois (jusqu'à fin 2018), la Marine Nationale déploie actuellement 4 Rafale M en Jordanie, aux côtés de l'Armée de l'air sur l'opération Chammal. Ceux-ci rentreront cependant en France au mois de juillet, avant de probablement être redéployés sur zone en fin d'année.
Une autre solution citée il y a quelques mois fut le déploiement de Rafale Marine sur un porte-avions américain, ce qui serait certes un signe fort, mais dont on doute de la réalisation depuis l'élection de Donald Trump.

Avec l'arrivée de cette nouvelle LPM et la hausse - promise - des budgets, nous n'avons pas fini de voir émerger les débats autour des capacités opérationnelles des armées françaises.


mercredi 14 juin 2017

Colloque sur l'intelligence artificielle le 21 juin à l'ENSC



L'ENSC (Ecole Nationale Supérieure de Cognitique) organise pour la première fois le 21 juin un colloque international  "Intelligence artificielle : Autonomie, Délégation et Responsabilité".
On retiendra ici notamment la table ronde sur les usages et mal-usages de l'IA dans les domaines de la défense et de la sécurité.

La participation à ce colloque est gratuite (une participation est demandée pour celles et ceux souhaitant déjeuner sur place), mais l'inscription est obligatoire.

Inscription ICI.


Cliquer pour agrandir




mardi 13 juin 2017

Airbus veut un chasseur européen, et en appelle à la France


Airbus plancherait déjà sur le successeur de l'Eurofighter Typhoon, un avion de chasse de nouvelle génération (6ème ?). Et le programme impliquerait à ce jour l'Allemagne et l'Espagne. Le groupe en appelle à la France, tout en mettant en garde les britanniques sur les conséquences du Brexit.

C'est une information très commentée en Allemagne en ce début de semaine. Le groupe aéronautique Airbus annonce son intention de développer un avion de combat européen de nouvelle génération. C'est Fernando Alonso, directeur général de la division Avions militaires d'Airbus Defence & Space, qui le déclare dans un entretien au journal allemand Handelsblatt.

Le programme en question c'est le FCAS (Future Combat Air System), un système encore à ses balbutiements qui intégrera des drones, des avions de combat, des satellites et des avions de commandement et de contrôle (C2) de nouvelle génération. Le tout sera "uni" grâce à un très haut niveau de liaison de données. Ce système qui devra remplacer en Allemagne à la fois l'Eurofighter Typhoon et le Tornado.
Ce que l'on appelle ici le FCAS ne fait pas référence au Future Combat Air System franco-britannique qui prévoit pour l'instant la conception d'un drone de combat.


Airbus en appelle à la France

A ce jour, seules l'Allemagne et l'Espagne se sont engagées dans ce projet dont la vocation est d'être le futur de l'Europe, probablement LE grand programme phare dont elle aura besoin. C'est ainsi que Fernando Alonso déclare: « Nous espérons que la France participera, parce que nous devons le faire ensemble en Europe, il n'y a pas de place pour deux ou trois systèmes différents. »

Il fait bien sûr référence ici au schisme qui avait vu dans les années 80 la France se retirer du projet d'avion européen. Il en sortit deux appareils, le Typhoon, et le Rafale. Seulement aujourd’hui (et pire encore demain), le coût des programmes ne peuvent plus être assumés par un Etat seul. La concurrence sur les marchés est encore moins permise.

Le temps presse et l'Allemagne semble même brandir une menace depuis quelques semaines en se renseignant très officiellement (et tout aussi publiquement) sur le F-35 américain... qui pourrait intéresser également l'Espagne. Une telle hypothèse serait, comme on le reconnaît ouvertement à Berlin, un abandon définitif de souveraineté... elle verrait de plus la France encerclée par l'avion américain et ses très exclusifs systèmes de liaison. Loin d'être idéal lorsqu'on ne travaille plus que presque exclusivement en coalition.

Airbus cherche donc à fédérer autour du projet, afin de fixer les premiers financements publics. Avec une France "macronienne" pro-Europe et une ministre de la Défense qui encourage au dévelloppement de programmes industriels européens, avec comme premier partenaire l'Allemagne, nous devrions recevoir quelques signaux sous peu. 

On attendra également la réaction de Dassault Aviation, mais la tendance va vers la main tendue sur tout ce qui concerne l'Europe de la Défense.

L'autre question qui demeure touche bien sûr le FCAS franco-britannique, dont le projet de drone de combat furtif avance. Deux démonstrateurs sont prévus pour 2025. Il s’agirait bien sûr de ne pas créer de doublon.
Cependant, en même temps qu'est lancé cet appel à la France, un autre dirigeant d'Airbus, Fabrice Bregier, signale au Royaume-Uni dans le Sunday Times qu'en cas de Brexit "dur", le groupe n’hésitera pas à rappeler ses activités sur le continent, invoquant l'entrave à la libre circulation de ses employés... Il en possède 10 000 en Grande Bretagne.


Il semble donc que nous vivions une période réellement charnière (mais ai-je vraiment besoin de le rappeler) pour l'avenir de l'Europe politique et économique... deux critères structurants des programmes de défense. Le sort de l'avion européen de demain se décidera bientôt.


lundi 12 juin 2017

Le Normandie-Niemen, 75 ans d'histoire


On fêtait ce week-end à Mont-de-Marsan le 75e anniversaire du régiment de chasse Normandie-Niémen. Fondé en 1942 par la France Libre pour combattre au sein de l'Armée rouge sur le front de l'est, le régiment est toujours en point des opérations françaises aujourd'hui.

L'escadron de chasse 2/30 "Normandie-Niemen", aussi surnommé "Neu-Neu", est basé sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan depuis sa réactivation il y a quelques années, où il fait partie de la 30ème escadre de chasse.
Spécialiste du renseignement et de l'appui aux forces spéciales, l'escadron entièrement équipé de Rafale aujourd'hui fait partie de l'histoire. Et ce de façon bien particulière.

"Nous commémorons les exploits de nos anciens qui se sont illustrés pendant la Seconde guerre mondiale sur le front de l'Est", a expliqué le commandant Mickael Fonck, à la tête de "Normandie-Niémen", désormais basé à Mont-de-Marsan, dans le sud-ouest de la France (AFP).

En effet, l'escadron fut créé par le général de Gaulle en 1942, afin de rendre la France Libre présente sur le front de l'Est. D'abord baptisé Normandie, les pilotes de l'escadron, qui volaient sur Yak-3 participèrent à partir de 1943 aux batailles de Koursk, Smolensk, ou encore du fleuve Niémen (d'où l'unité prendra son nom définitif sur ordre de Staline).

Et ce week end du 9 juin marquait justement les 75 ans de la création de l'escadron. L'occasion de réunir petits et grands autour de ce véritable symbole de l'amitié/fraternité franco-russe (qui a su résister à bien des tumultes en 75 ans).
La Patrouille de France était présente à Mont-de-Marsan, ainsi que le Rafale du solo display. Mais les stars étaient les Rafale du Normandie-Niemen lui-même, dont l'un porte une livrée spéciale 75ème anniversaire dévoilée il y a quelques jours.


Deux vétérans russes de la Seconde guerre mondiale, un pilote et un mécanicien, étaient d'ailleurs présents ce week-end.

Pendant la Seconde guerre mondiale, le Normandie-Niémen comptera 21 Compagnons de la Libération et quatre "Héros de l'Union soviétique", une décoration très rarement accordée aux étrangers par l'URSS. L'unité a obtenu 273 victoires homologuées au cours de 5.240 missions et de 869 combats. Quarante-deux de ses 97 pilotes ont péri (AFP).


Ci-dessous le Rafale des 75 ans du Neu-Neu (photos Armée de l'air):




vendredi 9 juin 2017

La bataille pour la 6ème circonscription de la Gironde aura t-elle lieu ?

La Députée (PS) sortante Marie Récalde a notamment eu l'occasion de voler sur Rafale

Les élections législatives se déroulent ces dimanches 11 juin et 18 juin. Parmi les 577 circonscriptions de France, il s'en trouve une en particulier qui concentre un impressionnant écosystème "défense". Il s'agit de la 6ème circonscription de la Gironde. Mais est-ce vraiment un facteur déterminant ?

Sur Pax Aquitania, on ne fait pas de politique, on analyse. C'est pourquoi nous ne nous étendrons pas sur la lutte électorale. Tsunami LREM, consolidation du FN, effondrement des deux grands partis traditionnels... ? Les réponses à cela, nous les aurons dès dimanche soir.

Ce qui nous intéresse ici, ce sont les particularismes de la 6ème "circo" de la Gironde", elle qui concentre sur son espace géographique deux grandes enceintes militaires (Base aérienne 106 de Mérignac, Camp de Souge à Martignas s/Jalle), ainsi que l'impressionnant aéroparc bordelais, premier bassin d'emplois de la Région qui comprend notamment l'usine Dassault Aviation d'assemblage du Rafale, le nouveau Campus Thalès, ou encore des installations de Sabena Technics ou Ariane Group (ex-Airbus Safran Launchers), ce dernier s'occupant notamment d'une partie des missiles stratégiques M-51 de la force de dissuasion nucléaire. Citons aussi les 500 PME et ETI qui cimentent cet écosystème.
Je m'arrête là, mais je n'ai effleuré qu'un faible pourcentage de la liste. La 6ème circonscription de la Gironde est purement et simplement la plus marquée "défense" du pays.

La Députée (PS) sortante, Marie Récalde, a misé sur cet aspect dès 2012, lorsqu'elle fut élue pour son premier mandat (qu'elle remettra en jeu dimanche). En effet, elle rejoint alors la Commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée afin de s'impliquer sur ces dossiers en particulier.
S'en suivra une mandature (hyper)marquée par les thématiques défense: OPEX qui se multiplient sous la présidence Hollande, succès à l'export du Rafale, la grosse question du MCO, installation du campus Thalès à Mérignac... et bien évidemment un contexte sécuritaire qui se dégrade sur le territoire national avec les attentats terroristes.


La Défense Nationale, un facteur électoral déterminant. Ou pas ?

Vous faites peut-être partie des 87% de français qui avaient en 2016 une bonne image des armées (les autres chiffres sont tout aussi gratifiants autour des thème de Défense Nationale), et vous pourriez donc légitimement penser que ce grand enjeu est déterminant dans une élection... ce qui n'est pas vraiment le cas. Cela dépend en fait où l'on place le curseur.

Les différents études réalisées durant la campagne présidentielle ont montré que deux sujets arrivaient tour à tour en tête des préoccupations des français: la menace terroriste, et le chômage. Puis les impôts, l'immigration, la délinquance... loin très loin devant l'Europe, ou l'environnement.
Le risque terroriste, c'est la sécurité. Et en matière de défense, l'une des missions  des armées est d'assurer la sécurité des Français sur les fronts de l'avant de cette guerre contre le terrorisme, en opérations au Sahel ou au Levant. Et même aussi en métropole avec Sentinelle. CQFD.

Pourtant, pouvons nous vraiment dire que l’élection a été remportée par Emmanuel Macron sur le thème du terrorisme ? Ce n'est pas mon avis. La surenchère sécuritaire, on la trouvait évidemment du côté de Marine Le Pen, qui fut finalement battue, assez largement.
J'ajouterai même que devant les attentats qui se sont multipliés, les français ont su montrer une résilience admirable. Doit-on rappeler qu'un policier fut abattu sur les Champs Elysées à 3 jours du premier tour ?

De même, dans les faits, l'élection présidentielle, dans son déroulement, a largement montré que les questions sur l'ordre international étaient secondaires, pour les candidats comme pour les français. Secondaires sur le plan électoral, mais devenues prioritaires une fois le Président entré en fonction, comme montrent les effort d'Emmanuel Macron aujourd'hui pour s'imposer sur la scène diplomatique (pour le moment avec brio).

Le contexte international actuel, plus qu'incertain, devrait donc théoriquement amener les électeurs à faire de l'outil militaire français, gage de la défense de nos intérêts sur le plan mondial, une priorité.
Devrait oui... sauf qu'au plan local, le désintérêt est encore plus criant qu'au plan national, ces questions, de part leur caractère ultra-régalien, renvoyant directement l'électeur à la personne du Président, au mieux du ministre. L'effet du caractère vertical de la 5ème République.


La défense: des enjeux au sens large

Dans le sud-ouest, il est d'avis général que la population n'est pas vraiment sensibilisée à l'esprit de défense, la région n'ayant en effet pas connu les affres des  deux guerres mondiales, ou de façon très politique lorsque Bordeaux fut brièvement capitale. Je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce constat, il y a en Aquitaine une (ou même plusieurs) génération de personnes qui a vécu avec l'aéronautique militaire, industrie installée en force dans la région depuis les années 50. L'esprit de défense ne s'est certes pas construit de la même manière que dans le nord ou dans l'est du pays, mais il est néanmoins présent.

En fait, pour trouver la défense comme facteur déterminant, il faut aller la chercher, non pas sur le terrain des opérations de combat, mais sur celui de l'emploi, justement l'autre sujet principal de préoccupation des français.
Comme je le disais, la défense, à Bordeaux ou ailleurs (mais notamment à Bordeaux donc), ce sont des emplois, en grand nombre: 15 000 emplois liés à l’industrie aux secteurs aéronautique, spatial, et défense (le fameux ASD) pour la seule 6ème circonscription. Dont la moitié autour du Rafale.

Cela, les candidats l'ont bien compris, et c'est principalement ce qui leur permet d'utiliser le curseur "défense". Non seulement la BITD (base technologique et industrielle de défense) est essentielle à la vie économique de la circonscription), en ce qu'elle assure emploi et revenus, mais elle est aussi une vitrine d'envergure mondiale, en matière d'innovation par exemple.

De plus, les deux bases militaires, dont l'une accueille tout de même un prestigieux régiment de forces spéciales (le 13ème RDP), sont un véritable vivier en terme de population. Pour les écoles notamment... on connaît les drames qu'ont représenté les fermetures de bases pour de petites localités du nord et de l'est de la France.

En ce sens, si la défense nationale au sens régalien est sans nul doute le domaine où règne presque sans partage le Président de la République "chef des armées", ses enjeux au niveau local font que les élus ne peuvent en aucun cas la négliger.
Les feux sont au vert sur la 6ème circonscription de la Gironde. Le secteur,  poussé par des dynamiques dont le sort se décide souvent à Paris, parfois au Caire ou à New Delhi, devrait recruter en masse dans les prochaines années.

Quel que soit le prochain élu(e), il lui faudra passer par la case "spécialisation" s'il veut pouvoir envisager avec sérénité l'avenir de cette si stratégique circonscription.


Ci dessous la liste des 13 candidats, selon le Ministère de l'Intérieur:

Véronique SILVERIO (-)
Guillaume PERCHET (LO)
Frédéric DOSSCHE (-)
Marie-Mauricette MARTINEZ (FN)
Ludovic GUITTON (EELV)
Rémi COCUELLE (UDI-LR)
Frédérique BACCI (-)
Pierre CAZENAVE (PC)
Marie RÉCALDE (PS)
Eric POULLIAT (LREM)
Olivier LOISEL (UPR)
Sandrine PENY (DLF)
Marie DURET-PUJOL (FI)