mercredi 30 octobre 2019

Penser un avenir au drone nEUROn



Quel avenir après le nEUROn, ce démonstrateur de drone de combat furtif européen ? Le programme survit aujourd'hui au delà des espérances grâce aux campagnes d'essais régulièrement menées par la DGA. Mais le concept a t-il un avenir industriel et opérationnel ?


Le monde entier connait le nEUROn (permettons nous cet euphémisme). Ce démonstrateur de drone de combat furtif a permis à 6 pays européens de travailler ensemble entre 2006 et 2016 (fin du programme selon ses concepteurs, mais le drone est toujours apte à conduire des essais, comme nous l'évoquons régulièrement sur ce blog).


Un programme exemplaire

Le projet est initié en 2003 au niveau politique et européen selon une volonté française, et Dassault Aviation va vite s'imposer comme maître d'oeuvre du programme, la DGA gardant le rôle de décideur. Thalès s'occupera des liaisons de données.
L'Italie se joint au projet avec Alenia (système de tir), la Suède avec Saab (cellule), l'Espagne avec EADS-CASA (voilure et station contrôle sol), et enfin la Grèce et la Suisse, avec respectivement Hellenic Aerospace Industry (fuselage arrière) et Ruag (soufflerie).

Une participation de la Russie (oui oui) est imaginée, sans suite, tandis que les britanniques, liés aux américains sur le domaine de la furtivité par le programme JSF (le F-35, déjà...), jouent une autre partition. Belgique et Allemagne sont rapidement hors-jeu.

Le contrat de développement est notifié en 2006, pour environ 400 millions d'euros, la France en assurant quasiment la moitié. Le programme en coûtera finalement 450 à 460 millions. Un dépassement certes, mais une prouesse en vérité, en comparaison des programmes similaires, notamment américains, au coût dix fois supérieur en moyenne.

Une image désormais célèbre: Rafale, Falcon et Neuron volent en formation en 2014 - Dassault Aviation

L'unique drone effectuera son premier vol en décembre 2012 à Istres, puis 122 autres jusqu'en 2015, où il entamera des campagnes d'essais en Italie pour la furtivité, ainsi qu'en Suède pour l'armement. Un fait marquant restera ce vol en formation avec un Rafale et un Falcon 7X en 2014, première mondiale et véritable réunion de la famille Dassault.
Depuis, et après des résultats remarquables, nEUROn fait des heures supplémentaires pour la DGA et continue occasionnellement de voler, comme en décembre 2018, où durant sa quatrième campagne d'essais, il se frotte aux radars des Eurofighter de la chasse espagnole.

Le programme nEUROn a dès lors rempli tous ses objectifs, et peut-être plus encore. Il avait principalement trois missions:
  • Préserver et développer des savoir-faire dans la conception, alors que le programme Rafale arrivait à son terme. Derrière la question des drones, il y avait bien entendu celle de la furtivité, domaine dans lequel les Européens avait accumulé le retard.
  • Former une nouvelle génération d'ingénieurs pour les technologies du futur.
  • Valider un schéma de coopération européen, ou derrière un maître d'oeuvre principal, chaque pays apportait un savoir-faire dans sa spécialité. C'est aujourd’hui le schéma que l'on cherche à reproduire sur le programme SCAF.

Mais le nEUROn a aussi connu une carrière médiatique assez grandiloquente, à la fois (et trop vite) qualifié chez nous de nouveau drone de combat furtif de l'Armée de l'air, et de drone embarqué sur porte-avions dans la presse étrangère, notamment américaine, qui a visiblement mal interprété les essais français du démonstrateur dans l'environnement du Charles de Gaulle.


Le FCAS est mort , vive le SCAF !

Avant même que le démonstrateur ne vole, la France et le Royaume-Uni, qui en parallèle a développé avec BAE son Taranis, à la carrière nettement moins riche que le nEUROn, s'engagent avec les Accords de coopération de Lancaster House en 2010 à mettre en commun leurs acquis pour la mise au point d'un drone de combat furtif. La lettre d'intention est signée dans ce domaine en 2012, et ce qu'on appelle alors le FCAS pour Future Combat Air System est lancé en 2014.

David Cameron et François Hollande lors du lancement du programme FCAS en 2014.

En mars 2016, lors d'une nouvelle rencontre entre le Président François Hollande et le Premier Ministre du Royaume-Uni David Cameron, les ministères de la défense britanniques et français s'engagent à débloquer près de 2 milliards d'euros afin de concevoir un démonstrateur d'ici 2025. Un bilan technique est prévu pour 2020, et la possible production et l'emploi dans les forces sont imaginées pour 2030.
La phase d'étude de faisabilité commune (budget de 150 M€) est alors  en cours, et doit s'achever en 2017. Le programme ne dépassera jamais ce stade.

Les dernières nouvelles datent sur ce blog de juin 2017, lorsqu'on annonçait que le démonstrateur utiliserait un moteur M88, le même que le Rafale.

Certes entre-temps, il y a eu le Brexit, mais de ce côté de la Manche, on affirme que les Britanniques ont rechigné à s'engager sur un programme d'appareil furtif avec le continent, jugeant que son industrie avait plus à gagner à collaborer avec ses partenaires américains.

Élu à la présidence en 2017, Emmanuel Macron lui, se tournera rapidement vers Berlin, alors qu'Airbus multipliait les appels pour un programme d'avion de combat européen.

FCAS, que l'on a désormais francisé en SCAF (système de combat aérien futur) ne s'illustre plus par le couple Rafale/UCAV furtif... 

Vue d'artiste du FCAS en 2016 - Dassault Aviation

... mais comme ceci :

Présentation virtuelle dynamique du SCAF, par Airbus en 2018

Il est présenté tel que nous le connaissons aujourd'hui: un système de systèmes conçu pour le combat aérien collaboratif, centré autour d'un chasseur européen de nouvelle génération, appuyé par des "remote carrier" (ou "effecteurs déportés") qui dans les présentations virtuelles ont remplacé les drones de combat furtif.



A l'ouest, rien de nouveau

Mais que deviennent alors les fameux concept d'ailes volantes furtives qui illustraient au début de la décennie l'idée que l'on se faisait du combat aérien des années 2020 ?

Le concept semble en fait s'être progressivement éteint en occident, au fur et à mesure des campagnes d'essais. Les doutes nous viennent directement du leader en la matière, les USA, où les démonstrateurs ont été nombreux. 
L'US Navy a ainsi abandonné son programme de drone furtif X47-B pour dévier vers le programme CBARS (Carrier-Based Aerial-Refueling System), ou désormais MQ-25 "Stingray", un drone ravitailleur pouvant embarquer sur porte-avions, et ainsi donner de l'allonge au groupe de chasse.

Avec la mort du FCAS franco-britannique, l'abandon du Taranis (toujours chez les anglais) rapidement après la campagne de vol en Australie, et ce concept de remote carrier qui semble aujourd'hui prévaloir sur l'UCAV furtif...  Est ce à dire que nous ne verrons jamais dans les forces le successeur du nEUROn ?

Ailleurs pourtant, à l'est, les projets existent et se montrent au grand jour. La Chine a dévoilé son CH-7, d'abord sur un salon aéronautique, puis lors du grand défilé de septembre 2019, tandis que la Russie a fait voler son prototype « Okhotnik » aux côtés de son chasseur furtif Su-57.

Le démonstrateur russe de drone de combat furtif Okhotnik, à l'été 2019, volant aux côté du SU-57

A gauche, un drone de combat furtif chinois (le CH-7 ?) lors du grand défilé à Pékin, en septembre 2019

Si les projets russes et la doctrine en la matière restent mal connus, chez les Chinois en revanche, la recherche de la furtivité est un axe stratégique primordial dans le cadre d'opérations de renseignement ou de frappes en profondeur. Les projets de drones furtifs, y compris supersoniques (et un jour hypersoniques) s'y multiplient.


Développer une capacité unique et européenne, opérationnelle dès 2030

En France, le concept de drone furtif n'a pas encore été remisé au placard, si bien que la DGA veille toujours sur l'unique exemplaire du nEUROn pour des essais qui sont pour la plupart confidentiels.

Mais revenons sur les apports du programme pour les industriels et militaires français: nEUROn est un drone subsonique (il est motorisé par le vénérable mais parfaitement maîtrisé moteur Adour) en forme d'aile volante. D'une envergure comparable au Mirage 2000, soit 12 mètres, et d'une longue ur réduite de 9,2 mètre (eh oui, pas de cokpit), il affiche une masse à vide 4,9 tonnes, et 7 tonnes à pleine charge. Il ne possède pas de dérive, ce qui le rend difficilement manœuvrable. Il compense néanmoins cela par une endurance et une vitesse de croisière tout à fait correctes.
Son pilotage est entièrement automatisé, et sa soute peut embarquer 2 bombes à guidage laser de 250 kg.

Les travaux sur la furtivité du nEUROn ont permis à Dassault et à ses partenaires de faire des avancées remarquables. Matériaux, capteurs furtifs, problématique des armements en soute (vibrations), entrée et sortie d'air, gestion thermique, manœuvrabilité... 
Le drone a de plus été soumis à toutes sortes de radars, que ce soit en intérieur ou en condition réelle. Un appareil furtif n'est pas invisible, mais son but est de passer à travers les mailles du filet. Selon la "légende", nEUROn possède l'empreinte radar d'un moineau.

En revanche, et s'il est apte réglementairement à voler dans le ciel européen, ce démonstrateur n'est pas vraiment "durci" pour un emploi militaire, et sa masse reste faible par rapport à la "concurrence" américaine, russe ou chinoise. Il lui a de surcroît été épargné le vol par mauvais temps (ce qui reste un défi pour une aile volante).

Et maintenant ? Il est certain que l'apprentissage réalisé autour du nEUROn contribuera au développement du futur chasseur dont Dassault Aviation est maître d'oeuvre, puisque celui-ci, on le sait, sera furtif. 

Mais il est possible d'aller encore plus loin, en développant le successeur du nEUROn. Un drone de combat furtif, plus lourd, et plus endurant (ravitaillable en vol), capable de mener des missions stratégiques de renseignement ou de combat en zone non-permissive, et pouvant grâce à sa furtivité se faufiler entre les défenses adverses. 

C'est aussi l'occasion de développer des variantes, toute une famille de drones furtifs jouant à le rôle de ravitailleur, ou de "camions à bombes" lorsque ce dernier rôle ne pourra être tenu par des appareils habités.

Le concept du SCAF tel qu'il nous est présenté aujourd'hui place l'homme, le pilote humain, au centre du système de combat. Il gagne la bataille du cerveau.
Certains visuels Airbus de l'environnement SCAF montrent toujours des ailes volantes furtives au sein d'un groupe de combat, avec pour mission la frappe et la désignation de cible en profondeur.
Mais comparativement aux remote carriers qui opèrent dans l’environnement du chasseur, ils semblent eux destinés à œuvrer en solitaire, là où la force des premiers sera l'action en essaim, fulgurante, et la saturation des défenses.

Mieux encore, Dassault Aviation exhibait un visuel au salon Euronaval 2018 montrant un drone furtif décollant... d'un porte-avions.

Le SCAF selon Airbus en Espagne (2019)


Il existe donc bel et bien un créneau pour la famille du nEUROn. Il s'agit néanmoins d'estimer le besoin, en terme de masse de la flotte, et par conséquent de sa rentabilité en des termes industriels et commerciaux, pour l'Etat comme pour l'avionneur.
Le coût important, même s'il n'atteint pas celui d'un appareil piloté, demeure un frein probable, justement car il ne s'agit pas d'un appareil piloté. C'est un paradoxe, mais le drone est d'abord vu comme un consommable: il est sacrifiable par nature.

A échelle européenne, il semble néanmoins y avoir un marché  non-négligeable, que ce soit chez les membres du SCAF (à ce jour France Allemagne et Espagne), chez les partenaires de la "Team nEUROn" (France Italie Espagne Grèce Suède Suisse), ou chez de nouveaux venus.

Pour les forces, cette éventualité permettrait de disposer d'un tel appareil à l'horizon 2030, soit une décennie avant l'arrivée du chasseur, et préparerait les forces aériennes au combat aérien de nouvelle génération.
Elle consacrerait enfin la première étape de mise en oeuvre du SCAF, dont la pierre angulaire resterait en France le Rafale (au standard F5 ?).
En d'autres termes, c'est sur le couple Rafale/nEUROn que doit dès aujourd'hui se construire la première itération du SCAF. Opérationnels et industriels disposent d'une occasion unique de capitaliser sur un programme de démonstrateur à succès.


Tout à fait indépendamment des réflexions qui ont précédé ce billet, le hasard du calendrier a fait que le Chef d'Etat-Major de l'Armée de l'air, le général Lavigne, s'est exprimé récemment en faveur d'une réflexion au sujet de l'emploi des drones de combats furtifs, lors d'une audition parlementaire. L'histoire n'est donc peut-être pas tout à fait terminée... et un nouveau chapitre pourrait prochainement voir le jour.


lundi 28 octobre 2019

Ariane 6 fera voile vers la Guyane depuis Bordeaux


Dans l'air du temps : le transport maritime décarboné au service de la souveraineté dans le spatial. C'est depuis Blanquefort en Gironde que les derniers éléments du futur lanceur Ariane 6 embarqueront à partir de 2022 pour le Centre Spatial Guyanais de Kourou, à bord d'un cargo à voiles hybride révolutionnaire. 

Images: Alizés


A peine le temps de dire adieu à la célèbre barge A380 (qui convoie les voilures du gros porteur d'Airbus) en 2021, que 2022 verra partir de Bordeaux un navire révolutionnaire. Direction la Guyane Française avec à son bord, les éléments du lanceur Ariane 6.

Ceux qui reprochent au transport maritime, ainsi même qu'aux technologies spatiales, d'être générateurs de CO2 peuvent découvrir qu'Ariane Group les a entendus et montre l'exemple.
C'est en effet un projet particulièrement innovant qui a remporté l'appel d'offres du groupe spatial pour le convoyage du lanceur européen Ariane 6 des sites de production en Europe, vers le site de lancement en Guyane.

C'est ainsi que face à des géants du secteur comme CMA-CGM, la société Alizés, joint-venture entre Jifmar Offshore Services, armateur spécialisé dans l’énergie et la défense, et Zéphyr & Borée, compagnie maritime spécialisée dans la conception et l’exploitation de navire de transport bas-carbone, grâce à une offre que l'on jugera "disruptive".

En effet, avec "Canopée", un roulier de 121 mètres de long pour 23 mètres de large, Ariane Group s'offre une vitrine tout à fait exceptionnelle, la particularité du navire étant sa propulsion hybride gazole/gaz naturel liquéfié, et surtout quatre voiles, ou ailes, articulées de 51 mètres.


Ces quatre ailes articulées équipées de 1450 m² de voiles permettront d’économiser jusqu’à 7200 tonnes de CO2 par an, selon le constructeur.

Ce cargo nouvelle génération a été conçu spécialement pour les besoins de transport d’Ariane 6, mais préfigure probablement du transport maritime de demain.
Canopée réalisera la traversée de l'Atlantique à 16,5 nœuds, soit environ 31 km/h. La première rotation prévue en 2022 ralliera le port de Pariacabo, proche du Centre Spatial Guyanais, en passant par les ports de Brême, Rotterdam, Le Havre et Bordeaux.

Conçu pour le grand large comme pour le fluvial (notamment guyanais, peu profond), c'est depuis le port de Grattequina à Blanquefort, que Canopée entamera sa grande traversée. 
Bordeaux et sa métropole (Le Haillan, Saint-Médard) concentrent une grande partie des installations Ariane Group, y rassemblant 3500 employés, et où sont produites  notamment les tuyères des boosters d'Ariane 6 et Véga.

Embarqué par modules, le lanceur sera assemblé à Kourou. Ariane 6 débutera sa carrière avec des premiers essais en 2020.



vendredi 25 octobre 2019

Les frégates de classe « Amiral Ronarc'h » entrent en production



Ce 24 octobre 2019 était marqué chez Naval Group par la cérémonie de découpe de la première tôle de la tête-de-série du programme FDI sous le haut patronage de la ministre des Armées Florence Parly. Ces 5 frégates de défense et d'intervention porteront le nom d'illustres amiraux ayant marqué l'histoire navale récente. La première sera la frégate « Amiral Ronarc'h » et sera livrée en 2023.

Ci-dessus: vue d'artiste d'une FDI et de son hélicoptère embarqué NH-90 - Naval Group


Ce 24 octobre, soit quasiment 3 ans jour pour jour (seulement) après que la maquette de la « Belh@rra » ait été dévoilée au salon Euronaval 2016, la ministre des Armées Florence Parly présidait à Lorient la cérémonie de lancement de la phase industrielle du programme FDI (ex-FTI / Belharra à l'export).

Ce marché notifié à Naval Group en avril 2017 pour 4 milliards d’euros verra la livraison à la Marine Nationale entre 2023 et 2029 de 5 de ces frégates de premier rang (autrement dit taillées pour le combat de haute intensité, au large, et seule), frégates qui viendront compléter les 8 FREMM de classe Aquitaine.

Et contrairement à ce qui a pu être mal compris à l'époque, y compris par moi-même, elles ne viennent pas remplacer les frégates La Fayette ! Ces dernières seront modernisées, ou du moins trois d'entre elles.


La FDI est longue de 121m (20 de moins que la FREMM, sa grande soeur), possède un tonnage d’environ 4 500 tonnes, une vitesse de 27 noeuds, et un équipage de 125 marins.

Côté armement, on retrouve un canon de 76 mm, des missiles surface-air (Aster, VL Mica) et antinavire (Exocet MM40 Block3), ou encore des tubes lance-torpilles. Un arsenal plutôt efficient dont la principale différence avec la FREMM est l'absence de MDCN (Missile de Croisière Naval).
Enfin, les FTI françaises pourront emporter un hélicoptère NH-90 Caïman, ainsi qu'un drone à voilure tournante. Les forces spéciales pourront embarquer à bord, et intervenir depuis la frégate grâce à l'emport de deux embarcations.

Le navire est présenté comme entièrement numérique, connecté, ce qui améliorera tant son efficacité en mission de patrouille ou de combat, que la maintenance. Il emportera le radar SeaFire de Thalès, premier radar à panneaux fixes entièrement numérique au monde.
Dans le même temps, Naval Group assure une résilience à toute épreuve ("by design") face à la menace cyber.

Les missions de la FDI dans la maîtrise des espaces aéro-maritimes :
  • Projection océanique dans la durée
  • Opérations de coercition ou d’interdiction maritime
  • Escorte au sein d’une force navale en opération
  • Sûreté de la force océanique stratégique
  • Opérations de prévention ou de gestion de crise et de recueil de renseignements

A l'export, un premier pays est officiellement intéressé. Il s'agit de la Grèce, avec deux frégates. Celles-ci pourraient éventuellement, contrairement aux nôtres, emporter des missiles de croisière.


Vice-amiral Pierre-Alexis Ronarc'h (1865 - 1940) 


Et la principale nouvelle du jour, c'est que la première FDI portera le nom d' « Amiral Ronarc'h ».

Celui qui devait donner son nom à la sixième frégate La Fayette en 1996 (sa commande fut annulée) le donnera finalement à la tête de série des FDI.

Pierre-Alexis Ronarc'h s'est rendu particulièrement célèbre durant la Grande guerre, notamment grâce à ses actions héroïques sur le front de l'Yser (7 août 1914 - novembre 1915) avec la brigade des fusiliers marins. Un bel hommage rendu aujourd’hui à l'ensemble de cette arme donc.
Il participa ensuite grandement à édifier le dispositif de lutte anti-sous-marine dans l'océan Atlantique. 

Il fut brièvement Chef d'Etat-Major de la Marine en 1919 et 1920.

Les autres frégates porteront, dans l'ordre d'entrée en service, les noms suivants: 
  • Amiral Louzeau
  • Amiral Castex 
  • Amiral Nomy
  • Amiral Cabanier.

lundi 21 octobre 2019

Prochain véhicule 4x4 de l'Armée de terre, le Serval entame ses premiers essais



Après le blindé Griffon, remplaçant du VAB, cette année, puis le char léger Jaguar en 2020, le blindé 4x4 Serval sera le prochain véhicule de nouvelle génération à intégrer l'Armée de terre. Le véhicule a entamé ses essais de roulage cet automne.

Images: captures DGA


Les images diffusées par la Direction Générale de l'Armement (DGA) montrent que le blindé Serval a entamé ses essais de déplacement sur les pistes du centre d’expertise et d’essais « Techniques terrestres »  à Angers, depuis septembre. 
« Ces essais ont été effectués sur différents types de terrain afin de tester toutes les conditions de déplacement : pistes à rides, à bosses, sablonneuses, rocailleuses, pistes de sous-bois, pistes à char. Le prototype s’est montré adapté à toutes ces situations et laisse présager de très bonnes capacités de mobilité », annonce le ministère des Armées dans un communiqué.

Des essais qui se poursuivront en 2020 et 2021, puisque le véhicule n'est attendu dans les forces qu'en 2022.


Le futur Véhicule blindé multi-rôles léger du programme SCORPION, dénommé "Serval" a vu son contrat être notifié le 12 février 2018 par la DGA chez Nexter à Roanne. Le coût unitaire de ce véhicule, qui sera à près de 1000 exemplaires (978) devait être compris entre 500.000 et 700.000 euros. La moitié auront été livrés dans les forces entre 2022 et 2025, la totalité en 2030.

Lire sur le blog: A Limoges, Texelis fabriquera le châssis du futur blindé léger de l'Armée de terre



C'est Texelis à Limoges qui conçoit et produira (la phase de production débutera en 2021) le châssis du blindé pour Nexter, ce qui représentera tout de même un tiers du contrat (Thalès hérite du dernier tiers, l'électronique).

La maquette au salon Eurosatory 2018, avec ses équipements de combat et arborant le futur camouflage de l'AdT.

Petit frère du Griffon dans les OPEX de demain, le Serval est annoncé comme un véhicule de 15 tonnes, capable d'embarquer jusqu’à 10 soldats dotés du sytème FELIN. Il intégrera parfaitement le programme SCORPION, ce qui en fait donc également un candidat à l'export.
Le VBMR léger se déclinera en quatre versions: patrouille, renseignement et reconnaissance, relais de communications et guerre électronique. Une version sanitaire sera développée pour le Service de Santé des Armées.



vendredi 18 octobre 2019

Le programme de démonstrateur du futur avion de combat pour janvier 2020


La réunion franco-allemande de ce mercredi 16 octobre à Toulouse a permis de rassurer les industriels des deux pays sur l'avancée des grands programmes d'armement stratégiques pour l'avenir. Rendez-vous donc en janvier 2020 pour la signature d'un contrat de démonstrateur pour la pièce essentielle du SCAF, l'avion de combat de nouvelle génération.

Ci-dessus: le "NGF" devrait avoir son démonstrateur en 2026 - vue d'artiste Dassault Aviation


C'est un peu comme une danse dont les pas se répètent: un accord est annoncé, puis signé, un nouveau est pressenti puis bloqué au niveau politique (souvent à Berlin bien entendu !), puis les industriels s'en alarment publiquement... avant que finalement les choses n'avancent de nouveau grâce à une rencontre de très haut-niveau (sommet des exécutifs). 
Ainsi se profile la routine des grands programmes d'armement européens pour le futur, et principalement celle du SCAF (système de combat aérien futur), qui quoiqu'il en soit valide des étapes tous les 6 mois environ.

C'est ainsi qu'à Toulouse, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont annoncé que les divers points de blocage (sur la répartition industrielle principalement) avaient été outrepassés et que l'on prenait le chemin d'un contrat signé en janvier 2020 pour le développement d'un démonstrateur d'ici 2025/26.

Attention, on parle bien ici de la pièce maîtresse du SCAF, à savoir le "NGF" (next generation fifgter), dont le maître d'oeuvre est Dassault Aviation. Le successeur du Rafale donc.

Outre le dossier SCAF, deux autres sujets - même trois en fait - étaient au cœur des débats sur la défense.

En premier lieu le Main Ground Combat System (MGCS), soit le futur char lourd européen, programme sur lequel l'Allemagne a le rôle de leader. 
Un accord trouvé entre les trois industriels concernés Krauss-Maffei Wegmann, Nexter et Rheinmetall devrait permettre de lever les blocages politiques au Bundestag à Berlin. Une lettre d’intention devrait suivre prochainement, précédent les contrats de développement.

L'autre sujet, c'est celui des exports d'armement, sensible s'il en est, surtout lorsque l'on parle de coopération multilatérales... et avec les Allemands. A priori Berlin s'engage (sous certaines conditions) à ne pas bloquer les projets de vente français.

Enfin, un dernier sujet, et non des moindres, doit être ajouté à ce bilan: celui du spatial. Les deux dirigeants ont effet annoncé à Toulouse, coeur européen du spatial, leur volonté d'acter une préférence européenne en faveur d'Ariane 6. 
Autrement dit, le nouveau lanceur Européen pourra bénéficier des contrats institutionnels en Europe sans être contraints pour la législation sur la concurrence. Reste à savoir dans quelle mesure... alors que l'Allemagne par exemple, a déjà recours aux services de SpaceX.


mercredi 16 octobre 2019

Le drone (français) Condor refait parler de lui !


Via le quotidien Sud Ouest, des nouvelles d'un projet qu'on avait découvert lors du séminaire SOFINS 2015 : le drone Condor de la PME Demonfort Airborne Engineering, basée au Pays Basque et fondée par un ancien des forces spéciales.

Illustrations: DAE pour Sud Ouest


Apres le Fly Board de Francky Zapata, une nouvelle innovation française stupéfiante qui pourrait un jour changer la façon de mener les opérations spéciales ?

Le drone Condor, 3 mètres de long pour 3 mètres d’envergure, est un appareil aérolargué destiné à améliorer le rayon d’action des forces spéciales dans le domaine de l'infiltration d'espace aérien.
Autrement dit, là où un parachutiste largué à haute altitude peut s'infiltrer sur 30 km, grâce à ce drone, la distance parcourue à grande vitesse atteint les 170 km ! 

Véritable prolongement de l'avion de transport militaire, le Condor peut accueillir un opérateur des forces spéciales, qui sera largué en parachute une fois la zone visée atteinte. Mais les images ci-dessous parlent d'elles mêmes.
Si nous n'avions plus de nouvelles du concept depuis près de 4 ans (on parlait alors de tests à réaliser en soufflerie en France, et avec une maquette à l'étranger), voici donc avec cette simulation vidéo une démonstration de ce que pourrait réaliser concrètement le drone.

Vidéo. © DAE - Demonfort Airborne Engineering pour Sud Ouest :



Pour l'homme à l'intérieur (qui même si l'appareil suit un trajet prédéfini, peut en prendre le contrôle pour des manœuvres d'évitement), le trajet s'avère toutefois assez "remuant" puisque le Condor peut en théorie atteindre les 600 km/h grâce à ses deux moteurs !

La conception de l'appareil est une prouesse technologique. Le retournement du drone notamment, phase délicate, a fait l'objet de brevets industriels très spécifiques et protégés.

On imagine donc le largage d'une petite équipe des forces spéciales, avec plusieurs de ces engins embarqués dans un C-130 Hercules ou un A400M Atlas. Les Condor "transportent" les parachutistes sur zone à grande vitesse, avant de revenir en zone sûre, vides, et être récupérés.

Le projet est à l'étude depuis 2010, avec l'appui de la DGA, et après la parution de cette vidéo de démonstration, on devrait donc en apprendre d'avantage très vite. 
Et même si le vol habité s'impose comme un défi immense à surmonter, des applications sont déjà prévues avec des charges utiles de 300 kg, comme par exemple du matériel de sauvetage en mer. On pense ici aux embarcations et éléments de survie largués par la trappe des Falcon de la Marine Nationale.

Mais ne serait-ce que pour des applications de transports de matériel d'urgence (civil et/ou militaire), un marché qui risque d'exploser, notamment en zones de crise, la vitesse et la charge utile toutes deux conséquentes pourraient offrir bien des perspectives au Condor. C'est tout le bien que l'on souhaite à la société DAE.

A suivre de près donc...




lundi 14 octobre 2019

Un hackathon pour appliquer les technologies du spatial à la climatologie

Mieux comprendre le changement climatique grâce aux technologies du spatial, et ainsi préserver l'environnement. C'est le but de ce hackathon événement qui se tiendra simultanément à Toulouse, Bordeaux et Montpellier les 25 et 26 octobre.

Nous avions évoqué sur ce blog il y a quelques mois une tribune un peu aberrante d’un collectif de chercheurs en écologie politique, parue dans Libération, et appelant Thomas Pesquet à se prononcer contre l’exploration spatiale, dont les cerveaux et budgets seraient  plus utiles à la préservation de la planète. Aberrante en effet, tant les technologies du spatial contribue à mieux comprendre notre propre planète.

Et voilà donc une nouvelle occasion d'en apporter la preuve, la 2e édition du « Copernicus Hackathon & Climathon », proposé simultanément à Toulouse, Bordeaux et Montpellier, et auquel il est encore temps de s'inscrire : hackathons.copernicus.eu.

Organisée par le Pôle de compétitivité Aerospace Valley et Epitech, l'événement a été sélectionné par la Commission Européenne et bénéficie ainsi du "label" Copernicus Hackathon. Déja organisé à Toulouse l'an passé, il prend de plus une nouvelle ampleur en s’élargissant à deux métropoles du territoire couvert par Aerospace Valley : Bordeaux et Montpellier.

Depuis la création du dispositif en 2018, des Copernicus Hackathons ont été organisés dans 13 pays d’Europe, par 15 villes dont deux en France. L'an dernier, le Copernicus Hackhaton de Toulouse a permis de faire émerger le projet EDEN, qui vise à prévoir en amont la dégradation des sols agricoles.

Le principe d'un hackathon est de mettre au défi les participants de relever plusieurs problématiques en un temps limité. Le thème du Copernicus Hackhaton les amènera donc à imaginer des solutions qui auront un impact positif sur la planète en utilisant les données satellites. Les challenges proposés porteront sur les thèmes suivants : mobilité, retrofitting, économie circulaire, gestion de l’eau et énergie, gestion des déchets, pollution de l’air.

Pendant 24 heures, des équipes de 2 à 5 personnes constituées d’étudiants, de professionnels, de spécialistes du climat et des données spatiales, échangeront pour faire émerger des idées innovantes avec pour objectif de répondre aux enjeux climatiques.

L'objectif est bien sûr de dénicher des pépites, start-up innovantes, dont le projet pourra être  accompagné par la suite. 

Parmi les partenaires présents, Wekeo mettra disposition les données et des experts, mais on note aussi la présente d'Airbus, du CNES, de la Région Nouvelle-Aquitaine, ainsi que BIC 3M, Bordeaux TechnoWest, Bordeaux Métropole, Montpellier Métropole, Toulouse Métropole. 

Différents prix seront décernés :
  • Prix Climat (participation à la finale nationale du Climathon à Paris en novembre 2019).
  • Prix Business (soutien au développement du projet par les partenaires business locaux).
  • Prix Nouvelle-Aquitaine (soutien d’une équipe dans le cadre de sa feuille de route Neo Terra).
  • Prix Copernicus (une place au Copernicus Accelerator pour développer le projet).
  • Prix Airbus (une image satellite offerte au lauréat), 
  • Prix CNES (« accompagnement » par le « Lab’ OT » et les « experts climat » du CNES). 


Pour rappel, le programme européen Copernicus vise depuis 2001 à doter l'Europe d'une capacité autonome d'observation et de surveillance de la Terre. Avec Galileo (le "GPS" européen), il l'un des deux grands programmes phares menés pour les besoins stratégiques et souverains de l'Europe du spatial.

Grâce à son service d'imagerie, accessible à tout citoyen européen, Copernicus a des impacts dans de nombreux domaines, qui vont de la sécurité, à la gestion des catastrophes, ou la protection de l'environnement (terre, air et mer).

S’inspirant de l'exemple de la prévision météorologique dans la manière d’exploiter, de façon optimale, observations spatiales et mesures in situ, l'Union européenne et l'Agence spatiale européenne ont lancé en 2001 l’initiative européenne de surveillance globale pour l’environnement et la sécurité dite Global Monitoring for Environment and Security (GMES) dans le but de promouvoir le développement de services opérationnels d'accès aux informations environnementales.
L'objectif est de rationaliser l'utilisation de données relatives à l'environnement et à la sécurité issues de sources multiples, afin de disposer d'informations et de services fiables chaque fois que cela est nécessaire. GMES, devenu Copernicus en 2012, permet donc de rassembler l'ensemble des données obtenues à partir de satellites environnementaux et d'instruments de mesure sur site, afin de produire une vue globale et complète de l'état de notre planète.
Concernant la gestion des problématiques environnementales, Copernicus permet ainsi de suivre l'évolution de l'occupation des sols, de caractériser les variables bio-géophysiques sur les terres émergées, de prévoir l’état des océans, d’apporter une aide à la gestion de crise sur des zones affectées par des catastrophes naturelles ou industrielles, de suivre la composition chimique et la qualité de l’air, de ré-analyser des variables climatiques essentielles et de développer des outils pour la mise en place de services climatiques.


mercredi 9 octobre 2019

L'Inde devient officiellement la 4ème nation à posséder le Rafale


Ce mardi 8 octobre 2019, le premier Rafale indien a été perçu par les autorités lors d'une cérémonie à Mérignac, lieu d'assemblage du chasseur de Dassault Aviation. L'Inde devient ainsi le quatrième pays à officiellement posséder le Rafale, après l'Egypte, le Qatar, et bien sûr le France. L'Inde a commandé 36 Rafale en 2016, mais de nouvelles commandes pourraient suivre rapidement.


L'aboutissement d'un dossier qui remonte à 2012 ! La cérémonie bordelaise de ce mardi était présidée par Eric Trappier, Président-Directeur général de Dassault Aviation, sous le haut patronage de Son Excellence Monsieur Shri Rajnath Singh, ministre indien de la Défense, et de Madame Florence Parly, ministre des Armées de la République française. Le CEMAA français, le général Lavigne, était également présent, ainsi que plusieurs officiers de haut-rang de l'Indian Air Force.

S'il s'agit du premier Rafale, sur 36, officiellement livré à l'Indian Air Force (dans les faits il l'a été le 19 septembre), les équipages et mécaniciens sont déjà au travail à Mérignac cet automne, et les vols de formation ont commencé. Les premiers Rafale n’arriveront en Inde qu'au printemps 2020, pour constituer le 17e escadron « Golden Arrows », à Ambala.

Le partenariat ne s'arrête pas là. L'avionneur rappelle dans un communiqué que la construction de l’usine de production de la JV Dassault-Reliance Aerospace Ltd (DRAL) à Nagpur, ainsi que le soutien massif à la politique éducative et scientifique du Gouvernement indien au travers de l’implantation d’un centre d’ingénierie à Pune, de la création de la « Dassault Skill Academy » et de la mise en place d’un programme de formation professionnelle au métier d’ajusteur structures et équipements aéronautiques, sont autant d’initiatives qui démontrent l’engagement total de Dassault Aviation envers les politiques « Make in India » et « Skill India » et qui jettent les bases d’un écosystème national appelé à devenir, au niveau mondial, une référence pour le secteur de l’aéronautique et de la défense.
Soutenue par les partenaires de Dassault Aviation, Thales déjà présent à Nagpur, Safran qui inaugurera un établissement à Hyderabad, ainsi que par la communauté des entreprises françaises d’aéronautique et de défense, dont une vingtaine sont déjà implantées en Inde, cette approche profitera aux industries à la fois indienne et française, et contribuera à aider les deux pays à relever les défis aéronautiques de demain.

Et le « Make in India » sera probablement au centre des futures coopérations entre la France et l'Inde.

En effet, la relation bilatérale avec l'Inde est au cœur de la stratégie française en région Indo-Pacifique. De plus, les besoins de New Delhi en matière d'armement, et précisément d'avions de combat, sont quasi-immédiats, et considérables.

C'est ainsi que plusieurs contrats Rafale pourraient suivre, y compris pour le Rafale Marine, l'aéronavale indienne recherchant 57 appareils. L'Indian Air Force, elle, aurait besoin d'au moins 110 autres Rafale (le chiffre total de 200 est régulièrement évoqué). 
Les rumeurs insistantes font état d'une possible signature pour 36 nouveaux appareils lors de la visite d'Emmanuel Macron en Inde, prévue pour janvier 2020. Des Rafale cette fois assemblés localement, au moins pour partie.

Export toujours, la formation et les livraisons sont toujours en cours pour le Qatar (36 Rafale), et l'avion est en lice en Suisse (une trentaine) et en Finlande (60). Des dossiers qui ne devraient pas se décanter avant un peu plus d'un an, mais où les chances sont réelles.


lundi 7 octobre 2019

Les images spectaculaires des 55 ans des Forces Aériennes Stratégiques


Les images de Rafale en vol armé d'un missile ASMP-A sont rares. Mais un tel point de vue sur une force d'assaut constituée de 12 Rafale, c'est du jamais vu. C'est le privilège que nous offrent les Forces Aériennes Stratégiques, qui fêtaient ce 4 octobre leurs 55 ans.

Images: Armée de l'air


Moins connues que la composante sous-marine, les Forces Aériennes Stratégiques (FAS) sont la composante aéroportée de la dissuasion nucléaire française. Elles restent néanmoins particulièrement célèbres grâce à des appareils mythiques comme le Mirage IV.

Si leur existence est parfois remise en cause (par exemple lorsque le politique cherche à réaliser des économies), la composante aéroportée a certains avantages particuliers, dont un qui l'oppose radicalement aux sous-marins lanceurs d'engins, par définition invisibles et silencieux. En effet, tout comme le porte-avions (l'aéronavale a aussi sa composante aéroportée, les FANu), toute sortie des FAS est une démonstration de puissance, probablement scrutée par nos potentiels rivaux, comme par nos alliés.

Si l'opération Hamilton, en avril 2018 (la France avait frappé en Syrie depuis la métropole) avait déjà rappelé au monde que l'Armée de l'air faisait partie d'un club très fermé, les images dévoilées ce 4 octobre pour les 55 ans des FAS marquent les esprits.

Un A400M, 12 Rafale B (biplaces), 1 ravitailleur MRTT. Les Rafale sont sur ces images armés pour le combat de haute-intensité: missiles air/air MICA, METEOR, missiles de croisière air/sol SCALP-EG, bombes GBU et AASM, et le fameux ASMP-A, missile en service depuis 2010 et capable d'emporter une charge nucléaire de 300 kilotonnes.

Basées à Saint-Dizier (mais dépendant également d'autres unités sur le territoire), les FAS rassemblent l'Escadron de chasse 1/4 « Gascogne » et 2/4 « La Fayette », soit une cinquantaine de Rafale (un bon tiers des Rafale que Dassault a produit à ce jour pour les forces françaises). Ses pilotes sont entraînés pour les missions longues et éprouvantes loin en territoire ennemi, pour, ultimement, la mission de frappe nucléaire. Bien heureusement, cette éventualité ayant été jusque aujourd'hui exclue, les escadrons participent aux OPEX et aux missions conventionnelles, comme le fut Hamilton.

Ce 4 octobre 2019, les FAS célébraient 20 000 jours d'alerte nucléaire. Leur première prise d'alerte sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan, remonte au 8 octobre 1964, sur Mirage IV.

La ministre des Armées Florence Parly était pour l'occasion sur la base aérienne à vocation nucléaire (BAVN) 113 de Saint-Dizier où se tenait une cérémonie militaire ce 4 octobre, en compagnie d'actuels et anciens responsables des FAS. Cet anniversaire est d'ailleurs particulier, car marqué par l'arrivée du nouveau ravitailleur A330 MRTT "Phénix", qui vient remplacer les vieux Boeing C-135.

Il va de soi que le futur de la puissance aérienne française, incarnée par le SCAF, et le missile ASN4G développé par MBDA, est conditionné par les besoins opérationnels des FAS.

Je vous laisse profiter de ces images époustouflantes.

















vendredi 4 octobre 2019

12 à 20 Super Puma en location pour l'Armée de l'air ?


Un avis de pré-information publié par le Ministère des Armées nous apprend que l'Armée de l'air cherche à louer entre 12 et 20 hélicoptères de type H225, et destinés à diverses missions dont notamment le sauvetage en mer. 


Externalisation sous Nicolas Sarkozy, "sociétés de projet" sous François Hollande... aujoud'hui location ou "location-vente". Les idées n'ont jamais manqué pour trouver des solutions aux carences de disponibilités des flottes d'aéronefs dans les Armées.

La location est elle une pratique plutôt récente. Retour en 2016. L'Armée de l'air cherche alors pour la formation de ses équipages un H225 à louer. C'est la société Icare Aéronautique, spécialisée dans le transport aérien et VIP, qui s'est vue notifier le contrat en décembre 2016. Elle fournit depuis des H225 au profit de l'entraînement de l'escadron 1/67 « Pyrénées » et réalise même des opérations de sauvetage en mer. Un appareil était d'ailleurs exposé au grand public lors du meeting de Cazaux en juin 2019.
Evalué à 60 millions d'euros HT au 31 décembre 2018, avec une reconduction possible pour une à quatre années supplémentaires, ce recours au privé est censé pallier au manque d'heures de vol provoqué par l'engagement (combiné à la faible disponibilité endémique des hélicos) des voilures tournantes en OPEX. 
A Pau, au sein de l'ALAT, les régiments du 4e RHFS et du 5e RHC ont également eu recours à ce procédé avec la location d'un Super Puma de la compagnie Starlite.

Le recours à la location d'appareil pourrait prendre une toute autre ampleur aujourd'hui. En effet, le Ministère des Armées et la Direction générale de l'armement ont publié un avis de pré-information dans le cadre de la « location-vente et le soutien d'hélicoptères EC225 (désormais appelés H225) d'occasion à modifier sous agrément au profit de l'armée de l'air et prestations associées »
Ici pas de société de services, mais un marché directement passé avec l'industriel, Airbus. Les appareils seraient conservés par l'Armée de l'air à la fin de cette location de plusieurs années.

Publié le 30 septembre 2019, la date de clôture du marché est estimée au 25 septembre 2020. A ce stade, pas d'indication sur le coût de l'opération, qui doit en théorie s'avérer gagnante pour l'Etat.

Ces hélicoptères, dont le standard tactique n'atteindra pas celui du Caracal, et le nombre se situerait entre 12 et 20, opéreraient depuis les bases aériennes en France métropolitaine et Outre-mer ainsi qu'à l'étranger (Djibouti). 
Leurs missions consiteraient dans le SAR (Search and Rescue) et les FSI (Forces de Sécurité et d'intervention, autrement dit la protection de sites sécurisés). Mais pas le combat.

L'Armée de l'air ne cache pas que le futur HIL "Guépard", incarné par le nouveau H160 d'Airbus Helicopter ne pourra satisfaire toutes les missions, autrefois assurées par les Puma. Mais jusqu'à ce jour, le remplacement des Puma n'est pas pris en compte par la LPM, et les Caracal sont trop peu nombreux pour assurer à la fois les missions spéciales du COS, et le sauvetage en mer (les interventions sont encore été régulières cette année sur la côte atlantique). 

Même problème dans la Marine, qui en attendant le HIL (entrée en service en 2026), a passé un avis en juin derneir pour la location d'une flotte intérimaire qui comprendra, en 2023, 5 H160 et 12 à 17 Dauphin.


mercredi 2 octobre 2019

Appel à candidature pour le 5ème congrès MediSpace (11 & 12 décembre)


La défense, comme l'aéronautique et le spatial, sont de formidables moteurs pour l'innovation duale. Des secteurs industriels où la R&D est puissante, et d'où découlent des applications  parfois insoupçonnées pour le secteur civil. Un cas emblématique est celui de la relation entre le spatial et la médecine. C'est l'objet du Congrès MediSpace, qui a pour objectif de favoriser les transferts de technologies et le partage des expertises entre les industries du Spatial, de l’Aéronautique et de la Santé.


Organisé depuis 2013 par Bordeaux Technowest, qui s’appuie légitimement sur "la richesse et l’histoire de Bordeaux Aéroparc et de ses grands groupes industriels (ArianeGroup, Dassault, Thales, Novespace ou encore l’ESA, Aérospace Valley et l’ONERA), et sur sa fidèle collaboration avec le Centre National des Études Spatiales (CNES)", Medispace 2019, qui devient un événement annuel, se déroulera les 11 et 12 décembre au Pin Galant, à Mérignac.

Le congrès est très largement axé sur les mécanismes de transferts de technologies et les passerelles entre les mondes de l'aérospatial et de la santé, mais pas seulement. Les domaines concernés sont les matériaux, les satellites (navigation, télémédecine), l'IA et la Data, la robotique, ainsi que les technologies de 3D et d'imagerie... 

Conférences, workshops, rendez-vous "B2B" sont au programme. Un appel à candidature est également passé auprès de structures, notamment les PME et Start-up, qui désireraient participer à cette 5ème édition de Medispace. Rendez vous sur le site officiel.