vendredi 26 février 2021

Désormais mature, le Scarabee d'Arquus se tourne vers l'export


Exposé aux Emirats pour sa première sortie internationale, le nouveau blindé léger 4x4 "Scarabee" du Français Arquus lance sa carrière à l'export. Parions que c'est d'ailleurs pour l'étranger qu'il devrait être produit dans un premier temps... avant que la France, enfin, lance son programme VBAE

Images du Scarabee - crédits Arquus


Cela fera bientôt 3 ans que le Scarabee d'Arquus a été révélé, et le voilà présenté cette semaine au salon IDEX 2021 (quasiment le seul salon d'armement au monde qui se tient depuis un an) d'Abu Dhabi. 

Le Scarabee est un véhicule 4x4 tactique très innovant destiné à trois grands types de missions: la reconnaissance, les forces spéciales (PATSAS), et l'anti-terrorisme.

D'abord présenté "nu", le blindé apparait désormais équipé de divers modules, qui comprennent l'armement avec un tourelleau Hornet d'Arquus. On le voit aussi avec un missile, ou un radar (qui semble plus compact que le Giraffe de Saab, vu sur les concepts au SOFINS 2019) permettant de garantir une bulle, anti-drone notamment (donnée importante après les retex FS du Levant).


Hybride (donc plutôt furtif), agile, aérolargable, armement modulable, maintenance simplifiée, remorque autonome... Scarabee ressemble à un concentré d'innovations intelligentes qui jusqu'ici lui ont fait gagner une énorme popularité dans le milieu, au point que chacune de ses sorties est un événement.

Les forces françaises pourraient être tentées par deux des trois versions du véhicule, reconnaissance et forces spéciales. Pour la première, c'est bien sûr le remplacement des VBL. Pour la seconde, on sait que les forces spéciales ont exprimé le besoin de disposer d'un véhicule blindé pour les conflits de plus haute intensité (en comparaison du Sahel). Besoin dont les opérations au Levant ont démontré la pertinence.

Pourtant, c'est bien à l'export que le Scarabee se lance aujourd'hui avec les meilleures chances.



En attendant le VBAE

Question: alors que le véhicule semble aujourd'hui mature ou presque, sa carrière est-elle à l'export alors que nombreux en France le voient déjà remplaçant du VBL ?

Après les gros déboires rencontrés avec le programme des véhicules des forces spéciales (probablement 5 ans de retard par rapport à la livraison prévue en 2018), et après avoir perdu l'importantissime contrat VMBR Léger "Serval", remporté par Nexter/Thales/Texelis, Arquus compte bien frapper fort avec le Scarabee.
Seulement, une partie conséquente du parc des VBL est déjà en cours de régénération, avec notamment un surblindage bienvenu pour cette version Ultima, et le lancement du programme VBAE (véhicule blindé d'aide à l'engagement)  n'est toujours pas daté. Il le sera assurément lors de la prochaine LPM, mais pas avant 2025 donc... 

De surcroit, le programme VBAE, dont la cible devrait tout de même atteindre 2000 exemplaires en 2030, fait l'objet de curieux signaux envoyés par le ministère des Armées, avec l'apparition de design divergents (parfois le Scarabee est montré sur les infographies du MINARM, parfois ce sont d'autres modèles totalement inédits), et surtout, la piste évoquée par la ministre Florence Parly d'en faire un programme... européen !

VBAE est l'un des derniers grands marchés à prendre dans le cadre de Scorpion. Il est donc stratégique pour l'industrie nationale. 
Mais dans l'attente, Arquus n'a d'autre choix que de faire la promotion de son Scarabee à l'export, et la France pourrait d'ici quelques années bénéficier d'un véhicule éprouvé. Cependant, se fournir sur étagère dans le cadre d'un grand programme national n'a jamais vraiment été dans la culture de la DGA !

Vision du VBAE possiblement européen par l'armée de Terre/DGA. 

Vision du VBAE par Soframe.

mercredi 24 février 2021

L'Indonésie espère bien commander 36 Rafale en 2021

Le Chef d'Etat-Major des forces aériennes indonésiennes a publiquement confirmé que Jakarta entendait à très court terme se doter de 36 Rafale français et 8 F-15EX américains.

Ci-dessus: des Rafale français lors d'un exercice en Inde - Armée de l'Air


La rumeur de décembre dernier semble se préciser, contentant, et c'est un fait rare, Français et Américains. En effet, le maréchal Fajar Prasetyo, CEMAA indonésien, a déclaré ce 18 février que la volonté du pays était de se doter rapidement de Rafale et de F-15EX. Plus précisément, 36 Rafale, et 8 F-15EX (partie d'un plan d'acquisition plus vaste auprès des USA). 

Déjà en décembre, la ministre française Florence Parly avait confirmé en personne que des discussions "très avancées" existaient pour la commande de 36 Rafale. 

Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation a tout de même récemment mis un frein en précisant que la crise sanitaire ralentissait grandement les négociations.

Autre mise en garde: l'Indonésie n'est pas le premier Etat où un haut responsable militaire déclare une telle chose. On se souvient par exemple du cas irakien début janvier.



Pour la France comme l'Indonésie, il s'agit d'entretenir là un positionnement stratégique. Dans le même temps, le choix du dernier F-15 de Boeing (un chasseur lourd) est aussi un signal envoyé par Jakarta à toute la région. 

Il y a en tout cas de quoi espérer. Doucement mais sûrement, le Rafale pourrait bien se rapprocher des chiffres export du Mirage 2000.

lundi 22 février 2021

Lancement du programme stratégique SN3G

Le ministère des Armées a lancé le programme de réalisation des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de 3e génération, surnommé "SNLE 3G", ou dans le milieu SN3G. Les études de développement seront menées jusqu'à 2025, tandis que l'entrée en service est prévue pour 2035.

Illustration ci-dessus: vue d'artiste SN3G - DGA


Après le nouveau porte-avions, la ministre Florence Parly annonce donc le lancement du remplacement de la force océanique stratégique et de ses 4 SNLE.
Ces sous-marins nucléaires lanceur-d 'engins sont, technologiquement parlant, ce qui se fait de mieux au monde. Le premier entrera en service en 2035, et le quatrième et dernier en 2050.

Derrière Naval Group qui est maitre d'œuvre (tandis que TechnicAtome aura la charge des chaufferies nucléaires), il y a la DGA et le CEA.

Vitaux pour la nation, ces bâtiments de 150m de long pour 15 000 tonnes de déplacement en plongée pourront embarquer chacun 16 missiles balistiques M51 (dans ses dernières itérations). Il seront dotés d'un équipage de 110 marins. Ces données préliminaires font du SN3G un sous-marin plus grand que ses prédécesseurs, mais embarquant moins de personnels. 

Annoncé plus furtif sur tout les points d'après les études préliminaires, on en sait relativement peu sur les technologies très classifiées du SN3G. Tout comme le coût du programme, qui demeure confidentiel. 

Sur le plan industriel, ce sont sur la période, 3000 emplois hautement qualifiés et non délocalisables. Naval Group met en action l'intégralité de ses sites, y compris en Aquitaine avec les superbes installations de Ruelle près d'Angoulême. Y sont notamment développés des instruments virtuels de tout premier ordre. 


vendredi 19 février 2021

Avec Perseverance, quelques bouts de France sur Mars

 

Avec Perseverance, un nouveau rover martien va pouvoir entretenir les rêves des passionnés d'espace. Cette mission exceptionnelle de la NASA, qui s'inscrit dans un mois décidemment bien martien, a fait l'objet d'une attention toute particulière en France.

Illustration ci-dessus: NASA/JPL-Caltech


Hier soir, effervescence teintée d'un stress immense dans les locaux du CNES à Paris. En présence du chef de l'Etat, les équipes françaises suivent le très périlleux atterrissage (le mot est évidemment biaisé !) sur Mars de la sonde qui doit in fine déposer le rover Perseverance, qui représente une tonne de haute technologie.

18 février 2021 vers 22h, heure de Paris: mission accomplie ! Un nouveau rover de la NASA est donc sur Mars, au cœur du cratère Jezero, avec pour objectif d'y déceler ou non des traces d'une vie passée. 

S'il s'agit bien d'un évènement exceptionnel, d'ailleurs dignement célébré au niveau international, la France avait fait de cette mission américaine un objectif très important, comme en témoigne le déplacement d'Emmanuel Macron au CNES.
En effet, la participation des laboratoires français est une nouvelle fois très conséquente, et concerne notamment le désormais fameux instrument "SuperCam".

Haute définition, SuperCam est un ensemble instrumental réunissant 5 techniques de mesures différentes. Composé de 3 spectromètres (LIBS, RAMAN et Infrarouge). 6 kg de haute-technologie issu de la recherche franco-américaine, il a été développé par le CNRS, le CNES, et toute une série d'acteurs comme le Laboratoire d'astrophysique bordelais.  
Si des premières images, en noir et blanc, ont été publiées afin de confirmer au monde que le rover est bien posé, il ne s'agit pas toutefois des images dudit SuperCam, qui lui va être mis en service dans les prochaines heures.



Mais outre la technologie, il y a bien un véritable morceau de France sur Mars avec Perseverance. La mission Mars 2020 emmène en effet des éléments de roche terrestre pour des besoins de calibrage, et précisément du calcaire Lunel prélevé en 2016 dans les carrières du Boulonnais !

Mais pour la France comme pour l'Agence Spatiale Européenne (citons aussi les Russes), le vrai défi arrive en 2022 et 2023, avec la mission ExoMars. A ce jour,  seuls les américains ont réussi à poser des rovers sur la planète rouge. 

Un mot enfin pour revenir au plan stratégique, la France vient de lancer une nouvelle phase du Programme Syracuse 4. La DGA a notifié à Thales et Airbus, le développement d’un système de radiocommunications utilisant un satellite Syracuse IV, permettant d’assurer des communications militaires sécurisées et résistantes au brouillage. 

Les Syracuse 4A et B seront lancés en 2022 et 2023, puis un 3ème en 2030.


mercredi 17 février 2021

Barkhane maintient sa posture... pour l'instant


Ce début de semaine était marqué par un nouveau très attendu sommet du G5 Sahel. Emmanuel Macron y a finalement conforté la posture "renforcée" de Barkhane. Mais 2021 devrait tout de même marquer un tournant qui mènera à, si ce n'est un désengagement, une réorganisation massive. 

Illustration: la force Barkhane au Mali, accompagnant les forces locales - EMA


Alors que les résultats et la légitimité de l'opération Barkhane sont grandement discutés en France, après 8 ans d'intervention, ce sommet du G5 Sahel des 15 et 16 février était très attendu. 
Paris, sans réelle surprise, y conforte cependant ses objectifs, et maintient la posture de la force Barkhane.

En effet, l'annonce d'un début de désengagement, de plus en plus réclamé en France, aurait été un signal fort mal compris par des alliés sahéliens que l'on accuse désormais de ne pas assumer leur rôle dans la région. Mais non, Emmanuel Macron le confirme, il n'y aura pas « d’ajustement du dispositif dans l’immédiat », tranchant même sur la question du retrait, la qualifiant d'erreur. Il évoque cependant des évolutions significatives à moyen terme. 

Barkhane (et son volet FS) présente en 2020 un bilan tactique honorable, bilan qui reste mal compris - à moins qu'il ne soit mal présenté - par l'opinion publique et les médias en France.

Toutefois, 8 ans c'est trop, bientôt la plus longue OPEX depuis soixante ans.

Désormais, la zone des trois frontières (Mali, Burkina Faso et Niger) va faire l'objet de toutes les attentions. Le Tchad va y déployer 1 200 hommes, et les renforts européens de la TF Takuba (Estonie, Rep.Tchèque, Suède...) arrivent progressivement, avec des hélicoptères. Des indiscrétions font état de la participation prochaine des forces spéciales italiennes, ce qui sera pour sûr une annonce très importante.

Les forces françaises, elles, ne le cachent pas, elles visent maintenant la neutralisation des chefs terroristes afin de désorganiser les mouvements. 

Le schéma qui se présente est donc, assez clairement, le suivant: Barkhane demeure en l'état, avec ses bataillons, mais va glisser au fur et à mesure de l'internationalisation des opérations ("sahélisation" + européanisation"), d'une OPEX classique vers un format anti-terroriste plus agile.
Mais cela veut dire que les moyens devront suivre afin de permettre cette transformation qui donnera le beau rôle à la mobilité. L'accroissement de la flotte de drones Reaper, qui a pris du retard, sera un pilier (tant pour le renseignement que pour les frappes) de ce modèle "light footprint".

Tout ça bien sûr, concerne le volet sécuritaire. Concernant les volets politiques et économiques en BSS, dont les problématiques sont tout aussi profondes qu'endémiques, tout reste à faire.


lundi 15 février 2021

A la fin... Photonis reste français !


Après un drama qui aura animé toute l'année 2020, c'est finalement une holding d'investissement française, HLD, qui devrait racheter Photonis, spécialiste de l'optronique. Le montant de l'opération serait de 370 millions d'euros. 

Illustration: Photonis


Dans l'organe de visée de l'américain Teledyne depuis plus d'un an, la société Photonis (Brive, Mérignac), entre autres spécialisée dans la haute technologie d'optronique militaire, et notamment la vision nocturne, devrait finalement être cédée par le fonds Ardian (qui était vendeur) à la holding d'investissement HLD.

Selon les Echos, qui révèle cette opération de rachat imminente, la vente doit se faire pour une somme de 370 millions d'euros. Teledyne en proposait 500. L'objectif déclaré est de doubler le chiffre d'affaires à moyen terme.

On se rappellera que l'offensive de Teledyne aura donné lieu à un incroyable imbroglio épisodique, impliquant jusqu'aux ministres Bruno Le Maire et Florence Parly, avec au centre des enjeux, la sanctuarisation des activités stratégiques dites "souveraines". 
Maintes fois la vente aux Américains aura été annoncée, mais c'est finalement en décembre 2020 que Bercy et le MINARM, sous pression politique, auront finalement le dernier mot, en posant un véto définitif, et annonçant travailler sur une solution nationale. Un repreneur industriel était espéré, en vain.

Avec près de 1000 salariés, Photonis travaille sur des technologies telles que l'intensification de lumière utilisées dans les jumelles de vision nocturne, ou encore des instruments du Laser mégajoule.

Une solution qui devrait rassurer... mais cette affaire pourrait bien être l'arbre qui cache la forêt. Ces derniers jours en effet, Joe Biden, le nouveau Président américain aurait encouragé les géants américains à renforcer leurs offensives et à prendre des parts dans la tech européenne dans le but de limiter l'influence chinoise en Occident. 


vendredi 12 février 2021

Shark Robotics développe un robot sacrifiable pour l'ouverture d'itinéraire

Comme partout, la Défense française entame les développements et surtout expérimentations en matière de robotique terrestre. En témoigne par exemple la démonstration du 28 janvier à Satory. En parallèle, des solutions répondant à des besoins urgents sont imaginées, comme c'est le cas chez Shark Robotics à La Rochelle. 

Ci-dessus: expérimentations au Battle Lab Terre de Satory associant en janvier 2021 quatre acteurs: Vedecom, Nexter Robotics, CNIM et Arquus - photo Nexter Group


Il y a quelques jours, plusieurs acteurs comme VEDECOM (institut de recherche spécialisé dans la mobilité durable), ou Nexter Robotics ont communiqué sur la démonstration effectuée le 28 janvier dernier au sein du Battle Lab Terre de Versailles-Satory: un convoi autonome réunissant 4 véhicules différents.

Réunis au sein du projet MC² (micro convoi au contact), il s'agissait d'un Sherpa Light et du robot lab PVP d'Arquus, d'un robot-mule Optio de Nexter, et d'un Thémis (de l'estonien Milrem) opéré par CNIM. Cette hétérogénéité des véhicules consistait à démontrer l'interopérabilité du système sur un théâtre d'opérations. 
Deux configurations de convoi ont été testées, sans incidence sur la réalisation de la démonstration. Pour plus de détails, notamment techniques, je vous invite à aller lire l'article plus complet publié chez FOB.

A ce stade, les débats sont assez animés sur le véritable intérêt de "droniser" ou automatiser un convoi militaire. Pour certains, la priorité est et restera de diminuer l'empreinte humaine sur les théâtres afin d'épargner des vies. 
Pour d'autres, ajouter toujours plus de technologie - tout en retirant des moyens humains - n'entrainera que plus de complexification, surtout quand on connait les contraintes (hors combat) qui pèsent déjà sur la mécanique et l'électronique en OPEX. En résumé, des innovations qui iraient à l'encontre de la rusticité justement recherchée sur le terrain, particulièrement en Afrique où le concept de nomadisation reste en vogue. 

De même pour les MULEs qui seront amenées à court terme à accompagner les patrouilles à pied: vont-elles vraiment contribuer à alléger le soldat ? Ou au contraire créeront-elles une tendance à un accroissement de l'emport ?

Toutefois, un domaine particulier pourrait faire l'unanimité: celui de la lutte anti-IED (engin explosif improvisé).


Shark Robotics imagine un robot anti-IED pour Barkhane

C'est ici l'occasion de revenir sur une information lâchée par Challenges en janvier, selon laquelle Shark Robotics travaillerait sur un robot destiné à l'ouverture de terrain au Sahel.

La PME rochelaise, profitant de sa formidable et désormais bien connue capacité de réactivité, aurait en effet proposé au MINARM via l'AID un programme en urgence opération après les attaques à l'IED qu'a connu l'armée de Terre en fin d'année (5 morts au tournant de l'année, 23 morts depuis 2013). Attaques qui ont provoqué une vraie remise en question, voire défiance vis à vis de l'opération Barkhane chez les décideurs, mais surtout dans l'opinion.   

Avec un proof of concept qui serait prêt dès 2021, ce véhicule à roues, rapide et conçu pour les pistes africaines, ouvrirait tout simplement la route des convois blindés français. Doté d'éléments algorithmiques, c'est lui qui serait "sacrifié" en cas d'explosion.
Il ne s'agit pas là d'un véhicule d'ouverture d'itinéraire miné tel qu'on en a connu (comme le Buffalo ou SOUVIM), ou même d'un drone de déminage comme certains sont actuellement en développement avancé, en Russie par exemple. Des engins jugés trop lents pour une patrouille exposée.  

Aucune information à ce stade sur la suite donnée ou non à cette proposition par le ministère.    


Cette solution a le mérite de répondre à la menace IED au Sahel, largement incarnée par des engins à explosion automatique qui réagissent au passage des blindés. En Afghanistan, les véhicules avaient été dotés de brouilleurs afin de rompre la liaison des IED commandés à distance.
Elle ne règle cependant pas encore la question des VBIED (véhicules kamikazes) devant lesquels seuls les pilotes de blindés, VBCI notamment, bénéficient de la réactivité adéquate pour riposter ou même s'interposer. Les robots ne sont pas encore des héros.


mercredi 10 février 2021

Le Rafale en finale contre le F-16 Viper en Croatie


La Croatie a réduit le choix de son futur avion de combat à deux appareils: le Rafale F3-R, face au F-16. Duel de style, mais surtout duel géopolitique.


Après la Grèce, la Croatie ? La France et Dassault Aviation pourraient bien réaliser un coup double historique dans les Balkans, toujours grâce aux Rafale d'occasion. Mais en face, le concurrent est sérieux.  

Finale au sommet, France vs USA. On sait que Suédois et Israéliens (pour des F-16 également) sont désormais hors-jeu (ou quasi) à Zagreb, et le remplacement des antédiluviens Mig-21 pourrait enfin se concrétiser - après divers rebondissements dont un véto américain sur les F-16 israéliens - par l'achat de Rafale F3-R de seconde main, ou de F-16 Block 70/72 que Lockheed Martin dénomme Viper.

L'offre française comprendrait donc 12 Rafale prélevés dans l'armée de l'Air en 2024, puis 2025, pour un prix annoncé dans la presse de 930 millions d’euros seulement.
En face, les Américains proposeraient des Viper neufs pour 1,6 milliard d'euros. Le prix compte ici véritablement tant les finances croates sont sujettes à tension. Mais le renouvellement de leur chasse est lui cependant tout à fait impératif.

Opposition de style certes (la Croatie a t'elle besoin d'un omnirôle bimoteur ? Mais elle doit en même temps franchir un gap pour apparaître comme leader sous-régional), mais aussi et surtout politique.
La Grèce, membre de l'OTAN, mais tout autant, si ce n'est plus, attachée à l'Union Européenne a l'opportunité d'un choix déterminant pour son horizon stratégique. L'occasion d'un renforcement européen, mais l'occasion peut-être aussi de voir si la nouvelle administration Biden est prête à s'engager sur un dossier qui pourrait lui paraître mineur en Europe. 

La France, tout comme pour la Grèce, lui offrirait de surcroit un partenariat stratégique opérationnel avec exercices communs et formation des pilotes. Ainsi qu'un bienveillant soutien diplomatique à Bruxelles ?

Réponse au printemps. 


NB: en cas de victoire française, l'Etat commanderait une nouvelle fois une tranche de 12 Rafale neufs à Dassault Aviation pour remplacer les appareils cédés.


lundi 8 février 2021

Paris 8 et Lyon 3 héritent du label « Centre d'Excellence » de la Défense

Paris et Lyon héritent du label « Centre d'Excellence » du ministère des Armées. L'Université de Bordeaux, qui était présélectionnée, échoue aux portes du label. Toutefois, Bordeaux reste un pôle de la recherche Défense, et la Chaire Défense & Aérospatial hébergée à Sciences Po y est d'ailleurs renouvelée pour trois ans. 


En janvier 2017 (sous Jean-Yves Le Drian), le ministère des Armées  - "de la Défense" à l'époque - s'attelait à vivifier la recherche stratégique en encourageant notamment la pluridisciplinarité et une mise en avant des SHS: les sciences humaines et sociales. A l'initiative de la DGRIS (Direction générale des relations internationales et de la stratégie), une convention tripartite dans le cadre du Pacte Enseignement Supérieur était signée.

En effet, constat était fait, à titre officiel depuis 2015, et renforcé après les attentats, que la France accusait un retard important en la matière si on la comparait à ses partenaires occidentaux. C'est pourquoi naquit l'initiative des Centres d'excellences, un label "défense" permettant d'obtenir financements et passerelles pour la recherche universitaire, dans le but de soutenir la constitution d'une filière d'études stratégiques, aider les jeunes chercheurs et favoriser leur employabilité, ou encore contribuer au rayonnement de la pensée stratégique française.

En novembre 2018, après que le MINARM a reçu la candidature de 14 universités, la ministre Florence Parly dévoilait les 5 projets présélectionnés:
  • Université de Paris 1 – Panthéon Sorbonne : « Sorbonne War Studies (emploi de la force armée au prisme des nouveaux défis sécuritaires) »
  • Université de Paris 8 – Vincennes – Saint-Denis : « GEODE : Géopolitique de la Datasphère »
  • Université de Bordeaux : « DPBS : Defense & Peace Bordeaux School »
  • Université de Grenoble Alpes : « Cybersécurité et sécurité internationale – données, modélisation et visualisation »
  • Université de Lyon 3 – Jean Moulin : « L’interconnexion des fonctions stratégiques hautes (puissance aérienne, espace, nucléaire, défense anti-missiles). Conséquences politiques et opérationnelles des couplages capacitaires de haute intensité dans les espaces homogènes et les Contested Commons »

Janvier 2021, au terme d’un processus de sélection de deux ans, le ministère des Armées attribue finalement deux labels « centre d’excellence » au profit des universités Paris 8 et Jean Moulin Lyon 3.
Chacun des deux projets labellisés sera doté d’1,5 M€, sur une durée de cinq ans. Ce budget sera prioritairement consacré au financement de postes de jeunes chercheurs.

Ce sont donc deux "favoris" qui remportent la mise. Assez logique mais tout de même surprenant quand on sait que le projet prévoyait initialement la dotation de 3 centres d'excellence. Ce sera seulement deux.


A Bordeaux, renouvellement de la Chaire "Défense & Aérospatial"

Le projet bordelais "DPBS" (Defense & Peace Bordeaux School) qui portait comme thèmes l'économie de défense, et les nouvelles conflictualités, n'est donc pas retenu mais le pôle aquitain reste actif. 

Aussi, les partenaires de la chaire Défense & Aérospatial ont voté à l'unanimité le renouvellement de leur engagement, et par la même des activités de la chaire pour 3 années supplémentaires. 
La chaire est le fruit d’une coopération entre deux établissements de l’enseignement supérieur et de la recherche, Sciences Po Bordeaux et l'université de Bordeaux, et cinq acteurs majeurs de la base industrielle et technologique de défense : ArianeGroup, le CEA et sa Direction des Applications militaires, Dassault Aviation, Safran et Thales
Elle agit sous couvert de la Fondation Bordeaux Université qui l’accompagne juridiquement et administrativement. Sur le plan opérationnel la chaire développe des actions innovantes de formation (création de formations initiales, continues, spécifiques), de recherche (travaux sur la conflictualité entre puissances et le spatial de défense) et de diffusion des savoirs (ouvrages, conférences, etc.).


[Afin d'être tout à fait impartial, il faut rappeler qu'il existe un débat très animé depuis plusieurs mois, portant sur la question de l'impartialité des universitaires vis à vis du ministère des Armées !]


vendredi 5 février 2021

Inauguration d'Athos, pour la réinsertion des militaires blessés psychiquement


La ministre déléguée chargée de la Mémoire et des anciens combattants, Geneviève Darrieussecq, a inauguré mercredi à Cambes (33) une maison consacrée à la réinsertion des militaires blessés psychiquement. Il s'agit d'un programme expérimental. 

Ci-dessus: artilleurs de la Task Force Wagram qui ont combattu en Irak de 2016 à 2019 - EMA


La réinsertion des militaires blessés, en particulier souffrant de stress post-traumatique, aura été fortement à l'honneur cette semaine (voire précédente publication sur ce blog en lien ci-dessous). Ce 3 février, Geneviève Darrieussecq a inauguré à Cambes la maison des blessés Athos. Ce projet expérimental interarmées initié en 2019 a pour objectif de mettre en place des structures dédiées à l’accompagnement psychosocial des militaires blessés psychiques.


Il s'agit d'une maison non-médicalisée, mais le SSA, en pointe à Bordeaux sur la question des blessures psychiques des combattants, y aura son rôle à jouer. Un partenariat avec l’ONAC-VG (Office national des anciens combattants et victimes de guerre) est également en place.

Madame la ministre a également rencontré à Bordeaux le comité Liaison Défense du MEDEF au sujet de cette question précise. 

Geneviève Darrieussecq a donné des précisions sur le fonctionnement et les objectifs de la structure dans une interview à France Bleu


mercredi 3 février 2021

Skybirdsview fait de la réinsertion des militaires blessés un atout précieux


Revue de presse aujourd'hui avec un article de Sud Ouest sur Skyrbirdsview & Hinov,  qui œuvrent dans la formation de pilotes de drones en employant des militaires blessés en reconversion professionnelle. 

Sources: Sud Ouest


Direction Libourne (ville d'origine de votre serviteur) où le bureau d'études pour solutions drones Skyrbirdsview - ainsi que son volet de formation et réinsertion Hinov- est désormais hébergé par la CCI et l’aérodrome.

La première spécificité de la structure est qu'elle a été créée par un militaire de l'ALAT, Stéphane Imbert, victime du syndrome post-traumatique suite à une grave blessure lors du crash de son appareil en 2011. Prenant pleinement en compte cette problématique, il fonde également Hinov, spécifiquement pour la formation et la reconversion de militaires blessés. Et c'est un succès !

C'est là la seconde particularité du projet, sa réussite. On le sait, au début de la décennie, l'effervescence autour des drones a vite généré une bulle incontrôlée (notamment au niveau régional français) qui n'aura finalement même pas eu le temps de vraiment gonfler, tant le marché des drones civils aura rapidement déçu les espoirs.
Cependant, quelques entreprises s'en sont très bien tirées en trouvant leur modèle, allant alors chercher le marché des prestations de services, par exemple dans les pays émergents, et surtout sachant s'entourer de compétences issues du milieu opérationnel. On avait alors pu suivre déjà, les expériences de Skybirdsview en Afrique de l'ouest entre 2015 et 2017.

Aujourd'hui, avec un carnet de commandes rempli (1,4 million d’euros de chiffre d’affaires en 2020, prévision d'un triplement en 2021), Skybirdsview entend prouver tout l'intérêt qu'il y à la reconversion des anciens militaires dans le monde civil, notamment sur ces secteurs d'activité techniques où l'offre de compétence s'impose comme décisive. Mais pour plus de détails, je vous invite à découvrir l'article d'origine :

L'article est à découvrir ICI

Sur la question des blessés de guerre et du stress post-traumatique, je vous invite à lire ou relire les articles publiés sur ce blog par le passé. Le SSA et la CABAT (cellule d’aide aux blessés de l’armée de terre) avait initié un passionnant cycle de conférences à Bordeaux il y a quelques années (après l'opération Sangaris en RCA particulièrement).  

Lire sur le blog : La famille de la défense solidaire avec ses blessés de guerre



Autre recommandation de lecture et non des moindres, le hasard du calendrier fait qu'une étudiante journaliste de l'EFJ de Bordeaux a publié un article fourni sur la question de la réinsertion professionnelle des militaires blessés. 

A découvrir en cliquant sur le lien ci-dessous:



lundi 1 février 2021

Offres finales le 30 avril pour le HX Challenge en Finlande



Les autorités finlandaises ont fixé la date limite du dépôt de dossier pour le renouvellement de leur chasse. Les avionneurs ont jusqu'au 30 avril pour peaufiner leur offre finale. 


Nous poursuivons cette série de publications sur le Rafale avec ce que révèle le blog suisse Avia News ce lundi, à savoir la date limite du dépôt des dossiers en Finlande pour le HX Challenge.
Les prétendants à la succession des actuels chasseurs de la force aérienne finlandaise ont donc jusqu'au 30 avril de cette année pour déposer leur offre finale. Et la réponse sera normalement donnée en fin d'année 2021.

Les offres, pour une soixantaine d'appareils, ne doivent pas excéder le budget conséquent alloué par les parlementaires, à savoir 11,4 milliards de dollars. 

Il s'agit de remplacer 64 F/A-18C/D à partir de 2025. Se sont déclarés candidats pour ce marché Dassault Aviation avec le Rafale, Boeing avec le F/A-18 E/F Super Hornet, Lockeed Martin et son F-35, Saab et son Gripen, et enfin Airbus avec l'Eurofighter.

Lire sur le blog: Début des évaluations en Finlande pour le Rafale (janvier 2020)


Si tout va bien, il reste donc au moins deux articles à paraître sur ce sujet précis ! Le premier le 30 avril, et le second fin 2021 pour l'annonce du résultat. 

D'ici là, nous devrions connaître la décision des Suisses sur la même question.