lundi 31 janvier 2022

Le Rafale Marine joue de ses atouts en Inde


Depuis ce mois de janvier, le chasseur Rafale dans sa version Marine mène des essais de décollage en Inde, sur tremplin, au profit de l'aéronavale indienne. L'appareil français joue là une carte importante.

Ci-dessus: un Rafale M catapulté depuis le Charles de Gaulle, armé d'un Exocet - Marine Nationale


Après l'Indian Air Force, c'est la Navy qui se cherche aujourd'hui un nouvel appareil. Et comme nous l'évoquions au mois de décembre, ce sont en ce début d'année 2022 les capacités du Rafale de Dassault Aviation qui sont évaluées sur tremplin, cela afin de juger de son potentiel futur sur le pont des porte-avions indiens.

Sur la base aéronavale INS Hansa, Dassault Aviation, et la Marine Nationale, s'emploient donc à convaincre une nouvelle fois New Delhi de faire confiance à l'appareil français. 

Or, plusieurs photographies d'amateurs ou simples "témoins" ont montré le Rafale M s'envoler armé d'un payload assez particulier, à savoir le missile antinavire Exocet, ce qui confirme que l'appareil a été testé, avec un certain succès, dans plusieurs configurations qui comprennent donc de l'armement. 

L’appel d’offres de l’Indian Navy porte sur 57 appareils multirôles (mais l'Inde compte aussi sur une navalisation de son chasseur indigène Tejas) aptes au décollage en configuration STOBAR (tremplin) comme CATOBAR (catapulte). Face à face se retrouvent le Rafale Marine et le F/A-18 Super Hornet de Boeing
Rappelons qu'à ce jour, les essais du F-18 sur tremplin - sur lesquels Boeing communique vivement - ont eu lieu non pas en Inde, mais bien aux USA. Le chasseur américain sera en fait reçu pour ses essais indiens au printemps.

A ce stade, les experts sont plutôt très optimistes s'agissant des chances du Rafale M en Inde, le Super Hornet américain connaissant un forte chute de confiance sur le marché. Un choix qui sera stratégique pour l'Inde car l'autre puissance maritime régionale, la Chine, a dévoilé son nouveau chasseur lourd J-15T.


vendredi 28 janvier 2022

Azur Drones poursuit sa croissance

Le droniste Azur Drones, basé à Mérignac, a annoncé ce 27 janvier une nouvelle levée de fonds de 8 millions d'euros. Dans le même temps, la société poursuit son expansion en recevant les autorisations de vol autonome en Allemagne. 

De la nuée de PME qui se sont lancées sur le marché du drone dans les années 2010, bien peu peuvent se vanter d'avoir obtenu les résultats d'Azur Drones. Avec sa solution de surveillance autonome Skeyetech, Azur Drone a su en effet se placer comme leader sur ce créneau si particulier du "drone-in-box". 

Aussi sur le blog: Azur Drones s'offre un partenariat de distribution stratégique


En pleine croissance, elle annonce ainsi sa consolidation via une nouvelle levée de fonds auprès d'investisseurs privés, à hauteur de 8 millions d'euros. Cela porte ses différentes levées de fonds depuis 2016 à un total de 38 millions d'euros.  

Cela devrait lui permettre de continuer à recruter assez massivement afin de continuer sa structuration, et surtout, son expansion.

Car effectivement, les succès sur le marché de la surveillance de sites critiques se sont multipliés ces derniers mois. Pays du Golfe, d'Europe du nord (Danemark, PB), géants de l'énergie (comme Total), font déjà confiance à Azur Drones. Enfin, c'est l'aviation civile allemande qui vient début 2022 d'accorder l'autorisation opérationnelle au système Skeyetech.

Azur Drone possède également des locaux à Paris, et Dubaï. 


mercredi 26 janvier 2022

Sprint final en Indonésie pour le Rafale ?

Depuis plusieurs jours maintenant, des sources concordantes font état d'un contrat Rafale sur le point d'être finalisé en Indonésie. Ce qu'a confirmé le ministre de la Défense sur place. 

Ci-dessus: des Rafale et un MRTT survolant l'Indonésie lors du déploiement Pégase en juillet 2018.

Nous nous garderons de trop disserter aujourd'hui, mais une bonne nouvelle pourrait effectivement tomber d'ici le mois prochain avec la finalisation d'une commande de Rafale. C'est en tout cas ce qu'à laisser penser le ministre de la Défense local, Prabowo Subianto, affirmant devant la presse que ce contrat n'attendait que son activation. 

En discussion depuis plus d'un an sur un contrat de 36 appareils, un pré-accord avait été conclu entre Paris et Jakarta au printemps dernier, ce qui avait fait crier victoire à certains médias français un peu trop rapidement. Car on le sait, l'Indonésie manque de facilités de paiement, et les Américains sont également dans la course avec le F-15EX. Les garanties financières pourraient venir du Golfe. 

La question est aujourd'hui de savoir si le nombre de Rafale évoqué à l'époque (36) sera confirmé, quelques sources évoquant plutôt une première tranche (12 ou 18 appareils). Un mix Rafale / F-15 n'est absolument pas à exclure, tandis que les Russes sont définitivement hors-jeu avec le SU-35. 

La réponse nous sera probablement donnée en février, lors de la visite de la MINARM Florence Parly.

Il s'agirait bien sûr d'un coup énorme pour la France dans le cadre de sa stratégie en indopacifique. Et de quelques mois de travail supplémentaires pour Mérignac. 


lundi 24 janvier 2022

"2022 !" V'là le Jaguar


De façon presque inattendue, la DGA a annoncé la semaine passée la réception officielle des 20 premiers EBRC Jaguar au sein du 1er Régiment de Chasseurs d’Afrique. Les blindés seront présentés à la presse ce 27 janvier à Canjuers. 

Un tout petit peu de retard pour celui qu'on attendait en 2021 (les exemplaires étaient livrés selon le conglomérat de constructeurs), mais c'est bien en ce début d'année 2022 que la DGA officialise l'arrivée des 22 premiers Engins Blindés de Reconnaissance et de Combat (EBRC) Jaguar. 

Dans ce premier temps de leur carrière, c'est le 1er Régiment de Chasseurs d’Afrique qui, à Canjuers, aura à charge la formation des équipages de l'armée de Terre. Des formations de 6 semaines pour les chefs d'engin, 3 semaines pour les pilotes et tireurs. 

Venant remplacer l'ensemble des blindés légers/médians dans l'armée de Terre, le Jaguar apporte tout le confort et les innovations que les forces sont en droit d'attendre d'un matériel moderne. Le canon de 40mm associé au missile MMP donne au char une puissance de feu assez redoutable. Avec ses 25 tonnes, il est aérotransportable.

Les puristes lui reprocheront possiblement d'être un nouveau blindé à roues… mais pour du matériel plus lourd, et chenillé, il faudra regarder vers les évolutions du programme MGCS, et plus généralement TITAN dans les années qui viennent.  

Sans refaire tout le laïus sur la haute intensité, surtout dans le contexte est-européen actuel, il est évidemment de bon ton que l'armée de Terre commence à percevoir un blindé de nouvelle génération, alors que la décennie s'annonce plutôt… chaude.

300 Jaguar sont attendus d'ici 2030, mais 2022 marquera aussi l'arrivée d'un autre blindé, le Serval. 


vendredi 21 janvier 2022

Quatre blessés du COS au Burkina Faso après une explosion d'IED



En début de semaine au Burkina Faso, l'explosion d'un engin explosif improvisé au passage d'un véhicule des forces françaises a fait plusieurs blessés graves. Le flou du communiqué de l'Etat Major des armées, ainsi que le témoignage de plusieurs sources constituent un faisceau permettant de conclure qu'il s'agit bien d'une patrouille des forces spéciales qui a été touchée.

Ci-dessus: au premier plan, un Polaris MRZR du 1er RPIMa lors du SOFINS - photo Pax Aquitania


Alors que tous les feux sont tournés vers l'est de l'Europe, la situation politique et diplomatique se dégrade de jour en jour au Sahel, où la force Barkhane (tout comme Takuba, tout comme la MINUSMA...) est dans une situation de plus en plus intenable face à la junte militaire qui dirige le Mali.

C'est dans ce contexte au futur plus qu'incertain que des soldats français ont été grièvement blessés cette semaine au Burkina lors d'une patrouille motorisée, nous apprenait l'EMA via l'AFP. Chose rare, la communication fait état d'un véhicule tout-terrain de la force Barkhane, sans préciser l'unité. Cela trahit généralement une chose: il est question des forces spéciales.

Dans la foulée, les rumeurs font rapidement mention d'un buggy Polaris MRZR, effectivement employé par le 1er RPIMa.

Fort heureusement, on peut en apprendre plus grâce aux spécialistes du domaine, comme Jean-Marc Tanguy.

C'est donc bien le CFST (les forces spéciales Terre) qui est concerné par cette explosion d'IED. Les blessés dont certains très grièvement ont été rapatriés en France, via plusieurs vols de Falcon médicalisés. Le véhicule, un buggy, donc tout l'inverse d'un standard MRAP (Mine Resistant Ambush Protected), est lui complétement détruit.

Si l'on se dirige bien vers un retrait anticipé de Barkhane dans les prochains mois (Emmanuel Macron a volontairement évité le sujet dans ses vœux aux Armées), la TF Sabre constitue toujours la pointe de la lutte anti-terroriste française en BSS. Elle était là avant Serval/Barkhane, et elle lui survivra assurément.

Autre sujet, ou presque: faudra t'il doter le COS d'un véhicule blindé à court terme dans le cadre de la doctrine de haute intensité ? La question mérite d'être posée sérieusement.


Mise à jour le 23 janvier: un soldat français a été tué et neuf autres légèrement blessés dans une attaque au mortier contre la base de Gao au Mali samedi 22 janvier. Le brigadier Alexandre Martin est le 53e militaire français tué au combat au Sahel depuis 2013.


mercredi 19 janvier 2022

Les premiers Rafale sont arrivés en Grèce


Les six premiers Rafale grecs sont arrivés au pays ce mercredi 19 janvier. Un événement dans le pays. Les 12 autres sont attendus entre la fin 2022 et le premier semestre 2023.

Ci-dessus: un Rafale grec immortalisé par Dassault Aviation


On pouvait encore les voir voler dans le ciel girondin ces derniers jours, notamment au dessus du bassin d'Arcachon. Mais plusieurs mois après la cérémonie officielle de réception (qui avait donc eu lieu en France), les premiers Rafale de la force aérienne grecque ont quitté la France pour rejoindre leur nouvelle implantation, la base aérienne de Tanagra.


Grosse couverture médiatique pour l'occasion, car la Grèce semble bien faire de cette arrivée un véritable évènement national. Un survol de l'Acropole a été réalisé par ce nouvel "escadron" de la HAF (Hellenic Air Force).
Pour Athènes, il y a là le premier symbole d'une remontée en puissance qui va s'opérer rapidement grâce notamment à la France et aux Etats-Unis, puisqu'après les Rafale, viendront de nouveaux hélicoptères, des torpilles, des frégates… 
Le Premier Ministre a d'ailleurs remercié, devant un Rafale, son "ami Emmanuel Macron" de l'aider à renforcer les capacités militaires du pays. 

L’entrée en service opérationnel dans l’Escadron 332 de la HAF de ces premiers Rafale intervient seulement un an après la signature du contrat d’acquisition des 18 -premiers- avions.

Il faut noter que c'est Dassault Aviation qui a fourni une bonne partie de l'enseignement aux pilotes grecs, via son « Conversion Training Center » (CTC) de Mérignac, ainsi qu'aux pilotes, mécaniciens et aux techniciens de la HAF. La formation des personnels se poursuivra dans les mois à venir en France et en Grèce.

Comme nous l'avons déjà vu à plusieurs reprises, ces appareils sont bien des Rafale prélevés dans l'armée de l'Air Française. Il y en aura également 6 autres d'occasion, puis 6 neufs, qui seront réceptionnées fin 2022, puis mi 2023.
La Grèce a également annoncé en septembre dernier qu'elle ajouterait 6 autres Rafale (neufs) à sa commande, portant donc le total à non plus 18, mais bien 24 !

 

lundi 17 janvier 2022

Le 5ème RHC grimpe en C-17 pour de l'aérotransport mixte

Le 5ème Régiment d'hélicoptères de combat a reçu à Pau une équipe du GAMSTAT pour la réalisation de l’étude à l'aérotransport mixte d'un Tigre et d'une Gazelle en avion de transport lourd C-17. Ce sont les Canadiens qui ont généreusement mis à disposition leur appareil. 

Images: 5e RHC & GAMSTAT 


Nous nous étions habitués à voir monter les hélicoptères de l'ALAT à bord de transporteur A400M. Toutefois, tout couteau-suisse qu'il est, l'appareil d'Airbus en service dans notre armée de l'Air est loin de pouvoir offrir le confort de charge des transporteurs lourds comme le C-17. 

Et nous le savons. Il y a une vraie dépendance en France vis à vis de ces moyens étrangers… surtout en ce temps où l'on ne parle plus que de haute intensité, ou de projection sur le théâtre Pacifique. 
Déjà, en 2013 (puis ensuite), les partenaires occidentaux avaient largement contribué au déploiement de la force Serval. 

Nous voici en 2022, et grâce à l'allié canadien, et au GAMSTAT (Groupement aéromobilité de la section technique de l’armée de Terre), l'Aviation légère de l'armée de Terre peut réaliser une expérimentation visant à préparer au transport aérien à la fois une Gazelle et un Tigre, ce qu'elle appelle "aérotransport mixte". 

Grâce au C-17, on passe donc d'un seul hélicoptère de combat transporté, à deux. Cela permet également aux personnels des escadrilles de maintenance de s'exercer dans des manœuvres plus ambitieuses.

Plus généralement, cette étude peut s'imbriquer dans la globalité des travaux sur la haute intensité, dont le concept même nous amène à penser la projection de forces plus vite, et plus forte. 


BONUS: une autre expérimentation, pour le grand froid. 


Ci-dessous la galerie d'images de cette expérimentation avec les Canadiens: 





mercredi 12 janvier 2022

Un Reaper de Cognac s'insère dans le trafic aérien entre la France et l'Espagne

L'armée de l'Air et de l'Espace nous apprend que la France et l’Espagne ont mené une opération commune de contrôle d'un drone MQ-9 Reaper dans l'espace aérien commercial entre les deux pays. La circulation des drones MALE au cœur du trafic aérien est un enjeu européen. 

Image: armée de l'Air et de l'Espace


Devenu la pierre angulaire des opérations au Sahel, le drone Reaper continue de se faire au ciel français. Le 13 décembre 2021, il a même participé à une grande première bilatérale. 

En effet, les autorités françaises et espagnoles (l'Ejército del Aire est aussi utilisatrice du Reaper) ont mené une grande d'expérience d'insertion dans le trafic aérien commercial. Un MQ-9 a réalisé, depuis sa base aérienne 709 de Cognac, une boucle qui l'a mené jusqu'en Espagne. 

Il s'agit là de l'aboutissement d'expériementation menées en France depuis maintenant 5 ans (alors que le drone est lui arrivé sur le terrain en Afrique en 2013). 

Le communiqué nous détaille donc la procédure mise en œuvre le 13 décembre:

Après des mois de préparation entre les armées de l’air espagnole et française, et les contrôleurs civils de ces deux nations, le Reaper a pris son envol depuis la base aérienne (BA) 709 de Cognac-Châteaubernard à 12h30, le 13 décembre dernier. Lors de la première phase, l’aéronef a été pris en compte par les contrôleurs aériens civils du centre de contrôle de Bordeaux pour rejoindre les frontières espagnoles.

L'aéronef a ensuite survolé les Pyrénées. À l’issue, les contrôleurs aériens espagnols ont pris le relais. Depuis Madrid, les opérateurs civils et militaires ont appuyé le vol en prenant en compte les avions commerciaux. Une première, puisqu’en temps normal, les drones opèrent dans des zones séparées du trafic civil.

Le Reaper en vol a ensuite atteint un nouvel espace aérien placé sous la responsabilité du centre de contrôle de Barcelone, avant de passer sous celle du centre de Marseille. Lors de la dernière partie du vol, le contrôle du Reaper a été transféré aux centres de Bordeaux puis de Cognac, avant d’atterrir sur la BA 709 à 16h00.

L'expérience s'est donc déroulée de façon nominale, et devra permettre d'orienter les travaux de l’Agence européenne de défense afin d’établir une future réglementation adaptée. D'abord pour les militaires, puis plus tard potentiellement, pour les drones civils.

On rappelle que dans un autre dossier, celui de l'Eurodrone, c'est principalement cette exigence (allemande) de sécurité  qui a amené à faire du MALE européen un appareil bimoteur, et ce pour offrir une sorte d'assurance en cas de panne moteur dans le ciel du continent. C'est aussi cette exigence qui a fait du programme un projet qui parait aujourd'hui surdimensionné… et qui voit son existence même remise en cause.


lundi 10 janvier 2022

Pose de la première pierre pour la nouvelle école d'ingénieurs bordelaise


Le futur campus Elisa Aérospace de Saint-Jean-d'Illac a vu la semaine dernière la pose de sa première pierre. Très symbolique puisqu'il s'agissait d'une station spatiale LEGO !

 Projet de campus à Saint-Jean-d'Illac (Gironde) — Elisa Aerospace


Issu du volontarisme de plusieurs acteurs de l'agglomération bordelaise, le projet d'école dédiée à l'aéronautique et au spatial est désormais bien avancé. Plusieurs autorités locales et régionales ont d'ailleurs participé à la pose de la première pierre la semaine passée.

Ce campus des métiers du transport du futur accueillera fin 2022 une implantation de l'école d'ingénieur Elisa Aerospace, sur plus de 3 000 m² (5 600 à terme). L’établissement se divisera en plusieurs secteurs clés destinés aux études, à la recherche, aux activités associatives, à l’administration du site ou encore à l’accueil de partenaires.

Le coût du projet avoisine les 25 millions d’euros. A ce jour, et depuis 2018, les étudiants sont déjà pris en charge dans des locaux temporaires. Ils seront 600 dans les nouveaux locaux.

L'installation de cette école dans l'agglomération bordelaise est la suite logique d'un développement exceptionnel de l'aéroparc.
Surtout, la Région souffre en comparaison de "concurrentes" comme l'Occitanie d'un formidable déficit de formation académique dans les secteurs que sont l'aéronautique, la défense et le spatial. Et alors que ces secteurs sont particulièrement demandeur de main d'œuvre - et peinent toujours à en dénicher - ils doivent faire face à des discours politiques parfois contradictoires.

On notera enfin, justement, qu'une large partie de la communication sur le projet a été centrée autour des innovations écologiques dans la filière ASD. La question environnementale sera en effet intégrée dans tous les parcours étudiants.

vendredi 7 janvier 2022

2021, l'année du grand rebond pour Dassault Aviation


Touché comme toute la filière par la crise sanitaire, et particulièrement les mesures de confinement du printemps 2020, Dassault Aviation s'est largement repris en 2021, avec un carnet de commandes qui dépasse la centaine d'appareils. Et ça sans compter les 80 Rafale pour les Emirats.


Nous avons ici de cesse de le répéter, le Rafale a connu une année exceptionnelle sur les marchés, et ce même en comptant deux "défaites" en Finlande et en Suisse. Au total, Dassault Aviation a enregistré la commande de 49 nouveaux appareils (dont 12 pour la France en remplacement des Rafale de seconde main qui partent en Grèce), ce qui rallonge le carnet de commandes à actuellement 86 appareils. 

La bonne nouvelle, c'est que ce chiffre ne prend pas en compte la contrat géant de 80 Rafale aux Emirats Arabes Unis. Et certains marchés sont déjà assurés pour les mois qui viennent.

Sachez aussi que plus de que 25 avions de combat ont été livrés en 2021.


Ca va mieux pour les Falcon

Du côté de la gamme Falcon, on peut souffler après une année 2020 catastrophique (15 commandes), 2021 signe un joli rebond avec 51 commandes, ce qui place même cette année à un niveau qui n'avait pas été atteint depuis longtemps. 

Le carnet de commandes s'établit ainsi à 55 appareils. Falcon (35 un an plus tôt).

Il faut sûrement voir ici un effet de rattrapage, et nous sommes quand même encore très loin des chiffres pré-crise financière de 2008. 

C'est d'ailleurs pourquoi concernant les Falcon, Dassault continue de chercher des nouvelles voies, avec par exemple en 2021 la présentation du nouveau Falcon 10X, le plus grand de la famille. Des débouchés militaires sont aussi attendus. 


On ne cessera de le rappeler sur ce blog (comme cette semaine encore avec Safran), si la crise sanitaire a bien fait du mal à la filière aérospatiale durant l'année 2020, 2021 et 2022 signent le coup d'envoi d'une forte reprise. Le secteur pourrait même embaucher jusqu'à 15 000 personnes en France dans les mois qui viennent ! Et ça malgré le bashing :) 
Les choses bougent également du côté de la formation, mais ça nous en parlerons dès la semaine prochaine. 


Dassault Aviation a donc bien répondu à la crise, avec même le luxe d'espérer encore mieux pour la suite. On évoque une visibilité à 10 ans pour les chaînes d'assemblage de Mérignac, avec en prime une augmentation des cadences de production. 
Paradoxalement (ou mécaniquement), cette bonne forme, et notamment les succès du Rafale, sont aujourd'hui à l'origine de tensions avec les syndicats au sein de l'entreprise, avec des blocages en cours sur les sites aquitain (Mérignac ou Anglet). Le personnel réclame en effet des augmentations de salaire corrélées à l'actuelle forte inflation qui touche l'économie du pays. 


mercredi 5 janvier 2022

Le programme Guépard va générer 300 embauches chez Safran dès 2022


Le programme Guépard est désormais officiellement lancé avec l'annonce de la commande par le ministère des Armées de 169 appareils auprès d'Airbus. Le ministère de l'Intérieur en sera également doté, avec 10 hélicoptères pour la Gendarmerie Nationale. Une annonce qui implique déjà le recrutement de 300 personnes chez le motoriste Safran dès 2022 à Bordes, près de Pau.

Ci-dessus: le H160 lors de sa première visite à Bordes en 2018 - Safran Helicopter Engines


Connu sous l'acronyme "HIL" (hélicoptère interarmées léger), on peut désormais appeler le H-160M par son appellation militaire dans les forces françaises: Guépard. Un nouveau félin qui viendra remplacer Panther, Gazelle ou encore Fennec (oui, lui n'en est pas un).  169 hélicoptères vont donc être commandés par l'Etat à Airbus Helicopter, qui les assemblera à Marignane. L'information a été officiellement annoncée par le ministère des Armées dans un communiqué du 22 décembre. Le programme est estimé à 10 milliards d'euros, soutien et formation comprises pour une décennie. 

Sur ces 169 appareils, qui feront l'objet de commandes en plusieurs tranches, il est prévu que l'armée de Terre en reçoive 80, la Marine nationale 49 et l'armée de l'Air et de l'Espace 40.

Le premier lot concernera 30 Guépard, et sa livraison débutera en 2027.

Venant remplacer cinq types d'hélicoptères spécialisés, le Guépard sera multirôle, et est annoncé comme très très performant, du moins si l'on en croit les retours quant au H160. 

Un peu lourd pour un hélicoptère dit "léger", il sera motorisé par l'Arrano de Safran Helicopter Engines, moteur aux performances économiques capables de développer de 1100 à 1300 cv. Pour le motoriste, la commande Guépard représente la colonne vertébrale du programme Arrano à partir de 2026. Mais selon son PDG Franck Sauda, intervenu dans la presse, cette annonce sera à l'origine du recrutement de 300 personnes dès cette année 2022, dont 150 apprentis. 

De son côté, Airbus Helicopter rappelle qu'il s'agit d'un contrat structurant qui permettra de maintenir 2000 emplois.

Vues d'artistes du Gépard dans les Armées. Il équipera aussi la Gendarmerie Nationale:



lundi 3 janvier 2022

Voeux stratégiques 2022 !

Commençons cette nouvelle année par les traditionnels vœux de réussite, que l'on souhaitera bien entendu à vous tous lectrices et lecteurs, mais aussi et surtout aux forces armées sur tous les terrains. 2022 s'annonce riche et sera, pour ce qui nous concerne en France, dans un premier temps rythmée par l'élection présidentielle.


La Présidentielle donc. A ce stade, en janvier 2022, les programmes défense des candidats déclarés s'alignent sur l'ambition d'un retour de la France en tant que grande puissance, tout en dénonçant le fameux "déclassement". Il est donc question de second porte-avions de nouvelle génération (une question aujourd'hui pas forcément tranchée), et bien sûr d'augmentation drastique des matériels comme des effectifs. Problème: tout cela fait fi du contexte non pas économique, mais bien sociétal, qui fait que les ressources humaines ne sont pas une variable si facilement ajustable. Au format actuel, même minimum, les armées peinent en effet toujours à maintenir le seuil de recrutement. Pour les candidats, garantir les objectifs budgétaires engagés en 2017 seraient déjà un bon début. 

Un recrutement qui justement nous amène à parler des OPEX, dont le volume va considérablement s'alléger (sauf nouvelle crise évidemment). Au Sahel, Barkhane, dont les heures sont comptées, a déjà commencé sa grande transformation, et ses effectifs auront fondu durant le premier semestre 2022. L'armée de Terre est la principale concernée dans cette "relâche" prévue pour durer encore l'année suivante, et pourra se concentrer sur son grand programme d'entraînement à la haute intensité.

Qui dit haute-intensité dit matériels modernes, et en nombre. La modernisation se poursuit donc, les blindés Griffon continuent d'affluer, et le très attendu Jaguar rejoindra ses premières unités opérationnelles au printemps. En revanche, on ne verra pas le drone Patroller avant, au mieux, la fin de l'année. 

Mais la "haute intensité" concerne tout le monde, sur tous les terrains (même immatériels, ou en orbite) s'inscrivant dans un contexte international incertain où les agissements russes et chinois sont particulièrement scrutés à la loupe, heure par heure, dès aujourd'hui (hier en fait). Après la baffe AUKUS, il faudra aussi réévaluer notre stratégie indopacifique, d'autant plus que la question calédonienne est désormais réglée. 
Cela tombe bien, la France vient de prendre la présidence du Conseil de l'UE et aura à charge de dicter quelques grandes idées censées contribuer à l'indépendance stratégique du continent.   

Après une année 2021 exceptionnelle, le Rafale aura encore de beaux défis à relever sur les marchés export. Nous regarderons surtout vers l'Indonésie et l'Inde (encore cet axe indopacifique). Tout récemment, la Serbie a évoqué un curieux intérêt pour le chasseur de Dassault. Une réponse probable à l'acquisition de l'appareil par les Croates. 

Dans le spatial enfin, Ariane 5 venant de célébrer sa "presque-fin" de carrière par l'un de ses plus beaux lancements, celui du télescope James Webb, 2022 marquera l'avènement d'Ariane 6. Le nouveau lanceur lourd européen sera tiré dans sa première première version… première version car il s'agit d'une fusée qui sera largement amenée à évoluer durant sa vie opérationnelle, intégrant diverses innovations comme les moteurs ou étages réutilisables. Objectif réduction des coûts !

Et dans le quasi-spatial, on attend avec hâte en ce début d'année le premier test d'un démonstrateur de planeur hypersonique français, le V-MAX. 


Tout cela est bien entendu non-exhaustif et nous prendrons plaisir à suivre l'actualité stratégique tout au long de cette nouvelle année. La priorité comme dans tous vœux de nouvelle année, est toutefois la santé, avec on l'espère la sortie de cette crise sanitaire débutée il y a 2 ans maintenant.