mercredi 30 septembre 2020

Grande campagne de tir sol-air dans les Landes


Sur le site landais de DGA Essais de missiles, près de Biscarosse, une campagne de tir annuelle consacrée à la défense sol-air s'est déroulée du 31 août au 18 septembre.

Photos : ADC Anthony Jeuland / CFA - DGA Essais de missiles - Site Landes


Grand centre de tir de la DGA, Biscarrosse, a vu en cette rentrée la mise en œuvre des deux principaux systèmes d’armes sol-air de l’armée de l’Air et de l’Espace, le système de défense sol-air moyenne portée (SAMP) Mamba, d’une portée de 60 kilomètres et le système de défense sol-air courte portée Crotale-NG. 15 kilomètres de portée pour ce dernier.

On apprend également que cette année a eu pour particularité le tir de deux missiles Aster 30 à quelques secondes d’intervalle.

C'est la brigade aérienne du contrôle de l’espace (BACE) qui dirigeait cet exercice qui a permis l'évaluation du maintien des compétences, tout en permettant de faire évoluer les tactiques et procédures, "afin de toujours viser l’excellence".

Essentiellement déployées sur le territoire national, ces unités pourraient bien avoir à s'impliquer d'avantage à l'avenir dans les opérations extérieures. En effet, deux éléments amènent à repenser la défense sol-air. 
Le premier est l'incertitude quant à la maitrise du ciel sur les champs de batailles futurs (au contraire de ce qu'a connu l'Occident ces 30 dernières années). Le second est l'émergence de nouvelles menaces comme les drones (armés ou kamikazes) ou les missiles "intelligents". Le conflit du Haut-Karabagh est par exemple riche d'enseignements ces derniers jours, plusieurs blindés arméniens ayant été détruits par des drones kamikazes azéris.  


BONUS: le CFA publie justement ce soir une vidéo de l'exercice, à découvrir ci-dessous.






lundi 28 septembre 2020

Les Suisses votent de justesse le renouvellement de la flotte d'avions de combat


Les citoyens suisses ont adopté ce 27 septembre par votation une enveloppe maximale de 6 milliards de francs (5,6 milliards d'euros) destinée au renouvellement de la flotte de chasseurs de leur force aérienne. Un vote qui fait office de validation pour un programme où le Rafale possède de sérieuses chances de succès.

Ci-dessus: un Rafale de l'armée de l'Air devant un Hornet suisse.


De justesse ! Le scenario de 2014 a bien failli se reproduire (la Suisse avait choisi le Gripen Suédois, mais la votation en avait finalement décidé autrement, par 53,8%) ! C'est avec seulement 50,1% de majorité que le peuple suisse a entériné l'achat de nouveaux avions de chasse.

A noter que la participation est jugée plutôt satisfaisante, à 60%. Le Oui l'emporte avec 8000 voix.

Il s'agissait plus précisément de valider le budget du renouvellement des F-5 Tiger II et les F/A-18 Hornet. Même s'il existe une vraie tradition militaire dans la Confédération, pour une grande partie de la population en effet, les dépenses de défense ne sont aujourd'hui pas ou plus nécessaires. 

Le processus d'acquisition est lui bel est bien entamé, la Suisse prévoyant avec son plan Air 2030 de remplacer ses F-5 Tiger II et les F/A-18 par 30 ou 40 appareils modernes.
Les grands avionneurs occidentaux ont répondu à l'appel d'offres du 25 janvier 2019. Dassault Aviation y présente bien entendu son Rafale. Des évaluations en simulateurs puis en vol ont été réalisées par la suite, éliminant le Gripen, et quasiment le F-35.

Le calendrier initial prévoit que fin 2020, un deuxième appel d’offres sera transmis aux candidats. À partir des connaissances acquises avec la deuxième offre, Armasuisse comparera les candidats entre eux sur la base des rapports spécialisés et déterminera l’utilité globale pour chaque candidat. Le rapport d’évaluation mettant en parallèle l’utilité globale avec les coûts d’acquisition et d’utilisation pour une période de 30 ans sera alors élaboré.
Sur le plan opérationnel, la Suisse regardera les coopérations militaires proposées. Le Département de la défense évaluera les offres selon quatre critères: efficacité opérationnelle, assistance produit, compensations directes et coopération.

La livraison des appareils sélectionnés débutera en 2025. Les chances françaises y sont sérieuses, et nul doute qu'après le succès grec, cette avancée franche dans le dossier suisse conforte la Team Rafale dans sa stratégie.


vendredi 25 septembre 2020

Arquus lance son camion ARMIS 6x6


Le constructeur de matériel terrestre militaire Arquus a organisé le 17 septembre 2020 sur les pistes d’essais de Satory une journée consacrée à ses produits et à ses services. Une journée durant laquelle il a présenté son nouveau Armis 6x6, dont le marché estimé concerne des milliers d'exemplaire en France ou à l'export. 

Source & Images: Arquus


Héritier des porteurs logistiques et tactiques (VLRA, GBC180...) l'ARMIS 6x6 a été développé sur fonds propres avec le soutien du Groupe Volvo.

Disposant d'un châssis "spécialement rehaussé et durci", l’ARMIS 6x6 équipé d’un moteur 11L de 460 chevaux qui lui permet de passer des rampes à 50%. "Proche du moteur de l’EBRC Jaguar, celui-ci lui confère une grande agilité et lui permet d’accompagner des véhicules de combat de toute dernière génération sur le champ de bataille." 

Annoncé comme "rustique et endurant", disponible en version non protégée comme blindée, l’ARMIS 6x6 est, selon le constructeur, adapté aux déploiements longs, aux missions complexes, aux environnements difficiles avec des besoins réduits en maintenance. Il est bien sûr aérotransportable.
Son plateau multifonction est en mesure de transporter des personnels de façon sécurisée et ergonomique, du fret, des systèmes ou des shelters de 10 ou 15 pieds.

On apprend également que la cabine de l’ARMIS 6x6 est configurée aux standards de l’armée de Terre, avec des supports ou des housses d’armes, des logements pour les systèmes de communication ainsi que pour les musettes, packs d’eau et autres équipements. La cabine est équipée d’écrans de contrôle permettant d’assurer le contrôle de tourelleaux télé-opérés (TTO) et du Battlefield Management System (BMS).
L’ARMIS 6x6 peut d'ailleurs accueillir un armement varié, de la circulaire manuelle aux tourelleaux télé-opérés Arquus, déjà sélectionnés par l’armée de Terre pour équiper les nouveaux véhicules de combat du programme Scorpion. L’ARMIS 6x6 est évidemment intégrable à la bulle Scorpion et pensé pour accueillir les systèmes de communication et d’information de dernière génération


Une précision importante concerne également le caractère évolutif de la gamme, et particulièrement sa prédisposition pour l’ensemble des dernières innovations  en matière de téléopération, de robotisation et d’optimisation énergétique.

Enfin, la maintenance des véhicules est annoncée comme facilitée, et prise en compte dès la conception du véhicule, avec des éléments de maintenance prédictive. Le MCO de la gamme ARMIS bénéficie du réseau de concessions Arquus, qui couvre la France entière, DOM-COM compris, et qui place chaque régiment de l’armée de Terre à moins de 15 minutes d’un point de service.

Tous les sites du constructeur sont déjà impliqués dans le programme Armis (4x4, 6x6 et 8x8), de Bourg-en-Bresse à Limoges et de Blainville à Marolles-en-Hurepoix.



BONUS :

Arquus a également présenté les capacités hybrides de son prototype de 4x4 Scarabee. Mais cela nous en reparlerons dans les prochains mois. 

 

mercredi 23 septembre 2020

Prévu pour 2028, l'Eurodrone arrivera t-il avec une guerre de retard ?


Alors que rien n'est encore signé, l’Eurodrone, fameux MALE européen attendu depuis plus de 20 ans, devrait finalement arriver dans les forces en 2028 selon le ministère des Armées. Le dossier pourrait se décanter avant la fin de l'année. 


Un responsable du ministère des Armées a révélé récemment quelques informations sur le dossier de l'Eurodrone. Ainsi le fameux programme qui doit offrir un drone MALE "souverain" (moyenne altitude longue endurance) à l'Europe pourrait enfin être débloqué dans les prochaines semaines.

Impliquant la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, ainsi que les industriels Airbus DS (maître d'oeuvre), Dassault Aviation et Leornardo, l'Eurodrone doit affranchir le continent de sa dépendance aux matériels américains ou israéliens (voire chinois dans certains pays déja). 

Jusqu'ici, c'est sur le prix que les négociations bloquent, le constructeur Airbus ayant présenté une facture largement supérieure aux 7 milliards sur lesquels les Etats se sont engagés (notamment alourdie par la double motorisation exigée par l'Allemagne). 7,1 milliards d'euros pour 63 drones. 

Les nouvelles informations divulguées par le MINARM français font donc état d'un énorme effort d'Airbus pour réduire le prix d'un système (3 drones et 2 stations sol) à 160 millions d'euros. Mieux encore, l'heure de vol s'établirait à seulement 3000 euros !
Sur les deux points, c'est mieux que le concurrent MQ-9 Reaper. Mais ces chiffres semblent également très optimistes, et demandent à être confirmés dans le futur.

Enfin, on découvre que la date de 2025 n'est évidemment plus tenable, et que c'est au mieux en 2028 que les forces françaises recevront leurs premiers Eurodrones.


La conséquence est double: 
  • dans l'attente et devant surtout l'urgence opérationnelle, il semble désormais acté que l'armée de l'Air et de l'Espace obtiendra la commande à relativement court terme d'un nouveau lot de MQ-9 Reaper américains (ce que nous évoquions il y a quelques semaines). Peut-être même que ces derniers seront "européennisés", General Atomics ayant compris que l'argument de la souveraineté pouvait faire mouche chez une certaine clientèle. 
  • 2028: l'Eurodrone arrive t-il trop tard ? Question légitime quand on découvre justement que le Reaper aura un successeur désigné par son constructeur comme une aile volante, rapide, furtive, et possédant encore plus d'endurance que les +24h du MQ-9. Or, ce drone MALE de nouvelle génération censé pouvoir évoluer dans un espace aérien plus contraint (comprendre "contesté') grâce à ses performances et sa furtivité, arriverait justement à la fin de la décennie. Soit en même temps que l'Eurodrone...

Double problématique donc: l'Eurodrone est il déjà dépassé, et nos armées en auront-elles l'utilité ? Il ne fait pas de doute que la configuration de l'Eurodrone, telle qu'actuellement présentée (double turbopropulseur, architecture de planeur) possèdera toujours un grand intérêt en 2028, notamment du fait que son usage pour être autant militaire que civil. On pense ici à la surveillance des eaux territoriales et de la ZEE (couplé en temps réel aux futurs Falcon de la Marine), ou sur terre, celle des grands événements, des feux de forêts ou parcs nationaux... 

Mais dans le même temps donc, de nouveaux drones émergeront sur le marché, et surtout, sur les théâtres. Furtifs, véloces, encore plus endurants, et potentiellement armés de missiles air/air, comme cela a déjà pu être annoncé par plusieurs puissances.

Il s'agirait donc, en parallèle du développement de l'Eurodrone, de ne pas fermer la porte à l'examen d'une solution de nouvelle génération, en reprenant par exemple les travaux effectués sur le démonstrateur de drone de combat furtif nEUROn de Dassault.



lundi 21 septembre 2020

La 30ème escadre de chasse offre son baptême du feu au Rafale F3-R


Un an après son entrée en service opérationnel, l’armée de l’Air & de l’Espace vient tout juste de déployer la dernière version du Rafale en opération extérieure, au Levant dans le cadre de l'opération Chammal. Et c'est la 30ème escadre de chasse qui a offert son baptême du feu au Rafale "F3-R" lors d'une opération contre Daesh.


Version proposée à l'export (sauf dans le cas tout récent de la Grèce, qui elle aura un nombre majoritaire de Rafale d'occasion), l'itération "F3-R" du Rafale, dont le développement a été lancé en 2013, est d'abord entrée en service dans la Marine Nationale, avant d'arriver dans l'armée de l'Air et de l'Espace (AAE) et d'être déclarée opérationnelle en décembre 2019.


Alors que la Marine lui offrit son baptême du feu sur Chammal l'hiver dernier lors du déploiement du groupe aéronaval, c'est en ce mois de septembre que l'Etat Major des Armées annonce que le Rafale F3-R est désormais également "combat proven" dans l'AAE.

En effet, la 30ème escadre de chasse, basée à Mont-de-Marsan et régulièrement en pointe des opérations, a déployé 4 Rafale au standard F3-R sur la base H5 en Jordanie, et ce dans le cadre de l'opération Chammal.
C'est ainsi que dès le début de la mission, une patrouille de deux appareils a dû réaliser une frappe d'opportunité contre le groupe Etat Islamique (l'EMA cite plusieurs bombes, et plusieurs victimes chez les terroristes).

Lire sur le blog: Rafale passe au standard F3-R


Avec le Rafale F3-R, les missions ne changent donc pas, mais les capacités évoluent largement (voir lien ci-dessus), renforçant ce formidable outil au service des aviateurs français. Le dernier standard permet notamment de mieux adapter les frappes air-sol, dans un cadre où les frappes d'opportunité sont désormais devenues la norme.
Encore très présente sur Chammal, notamment grâce à l'implantation jordanienne, l'AAE fournit même actuellement 25% du renseignement image de la coalition grâce à ses Rafale. 

Un mot enfin pour signaler que ce 21 septembre marque le début du célèbre exercice VOLFA à Mont-de-Marsan, et ce jusqu'au 9 octobre. Il concerne un très grand nombre d'unités de l'AAE et devrait nous offrir comme à l'habitude de magnifiques images !


vendredi 18 septembre 2020

3 conférences exceptionnelles sur l'Espace stratégique les 7, 8 & 9 octobre


La chaire "Défense & Aérospatial" de Sciences Po Bordeaux a le plaisir de vous informer qu'elle organise prochainement les « 2020 Defense Space Talks ».


Cette grande conférence devait initialement se tenir dans les locaux de Sciences Po Bordeaux au printemps dernier, mais le confinement en aura décidé autrement.

Ces échanges prendront donc finalement la forme d’une série de trois conférences en ligne, les 7, 8 et 9 octobre 2020 de 16h30 à 18h30 (une conférence par jour). Ces 3 webinars, qui s’inscrivent dans le cadre des travaux de recherche, de formation et de diffusion de la chaire "Défense & Aérospatial", traiteront de la thématique générale suivante : 

« Espace, y préserver la paix, y prévenir les conflits ». 


Ils décriront successivement : 
  • Les facteurs de risques sécuritaires du champ spatial pouvant affecter la paix mondiale (7 octobre) ; 
  • Les dynamiques politiques et juridiques actuelles en mesure de réduire le risque d'une escalade sécuritaire (8 octobre) ; 
  • Les stratégies et mesures d'anticipation pour faire face à une éventuelle crise spatiale (9 octobre). 

Ces conférences bénéficieront de panelistes de haut niveau, civils et militaires, issus des principaux organismes officiels français et européens concernés, de l'enseignement supérieur et de la recherche et d'entreprises du secteur. 

Toutes les informations sur ces Defense 2020 Space Talks (objectifs, programme, intervenants) ainsi que la procédure d’inscription sont accessibles en suivant CE LIEN


mercredi 16 septembre 2020

Remise de brevet pour la première promotion chasse formée sur PC-21

A Cognac, ce 16 septembre marquait la première remise de brevet d'une promotion de l'école de chasse formée sur Pilatus PC-21. 

Ci-dessus: les Pilatus PC-21 sont arrivés à Cognac il y tout juste deux ans - Armée de l'Air & de l'Espace.

Sur la base aérienne 709, leur formation théorique avait commencé en avril 2019. La voilà qui s'achève en cette rentrée 2020.
Il s'agit véritablement d'une nouvelle ère initiée en 2016 par le programme de modernisation de la formation des pilotes.


Doté de nombreuses qualités aéronautiques et d’un cockpit moderne, le PC-21 est très proche d’un avion de chasse de dernière génération au niveau avionique. L'appareil comme son simulateur à Cognac sont de plus spécifiquement paramétrables pour imiter le comportement d'un Rafale (jusqu'au facteur de charge), et disposent d'outils pour l'apprentissage (simulation de pannes par exemple).

La formation sur PC-21 comprend une phase "Basic" dont la priorité  reste l’apprentissage des fondamentaux du pilotage (gestion des pannes, voltige, vol en formation, navigation, vol de nuit), puis une phase "Advanced", qui comporte elle quelques thèmes tactiques de base comme l’interception simple ou la délivrance de l’armement.

Argument ultime, la gamme d'outils PC-21 permettrait de réaliser des économies substantielles, divisant presque le coût de la formation d'un pilote de moitié.

Un dernier mot: félicitations aux brevetés !


lundi 14 septembre 2020

En Grèce, premier succès historique pour le Rafale en Europe


Comme pressenti, le premier ministre grec Kyriakos Mitsokasis a annoncé samedi soir que le pays se doterait prochainement de 18 avions de combat français Dassault Rafale. Cette commande apparaît comme un fort signal politique en pleine crise avec la Turquie en Méditerranée Orientale. La Grèce cherche également des frégates.

Ci-dessus: l'aube d'une série de succès pour le Rafale en Europe ? - Armée de l'Air


C'est une première qu'on espérait, malgré l’échec en Belgique (qui a choisi le F-35), voir venir en Suisse, ou peut-être en Finlande... Mais c'est bien finalement la Grèce qui devient la première nation européenne à annoncer vouloir acquérir le fleuron de l’aéronautique militaire française, le Rafale. Mieux encore, avec la Grèce, le Rafale arrive chez un membre de l'UE, mais aussi et surtout de l'OTAN !

Grande utilisatrice des Mirage (comme tous les clients du Rafale d'ailleurs), l'armée de l'Air grecque passe donc au Rafale, avec 18 appareils, acquérant ici une véritable supériorité technologique face à la Turquie, qui elle s'est vue privée de ses futurs F-35 pour avoir acheté des systèmes anti-ariens russes S-400. Car en effet, avec le Rafale F3, ses capacités et son radar, vient également toute la gamme de missiles de MBDA.

Aussi, si on parle bien ici d'une commande de Rafale que le client entend maintenir sous les 2 milliards d'euros (selon des sources françaises), il faut rappeler que la Grèce, avec un budget annuel de la défense de 4,3 milliards d'euros, reste une très bonne élève en Europe si l'on se réfère à la fameuse norme des 2% du PIB.

Enfin, un client européen du Rafale, c'est bien évidemment un potentiel partenaire pour le SCAF. A noter que la Grèce a déjà coopéré avec grand succès sur le programme de démonstrateur de drone de combat furtif nEUROn.


Commande franco-française en vue: la « cinquième tranche », enfin ! 

Dassault Aviation, tout comme la ministre des Armées Florence Parly, ont salué le partenariat stratégique établi de longue date avec Athènes, et récemment renforcé. Cela se traduit comme vous l'aurez constaté par une coopération active des forces françaises en Méditerranée Orientale.  

Et dans ce contexte particulier, la Grèce a annoncé un large renforcement de ses moyens militaires. Modernisations multiples, recrutement de 15 000 militaires, marché à venir pour 4 frégates. Sur ce dernier, la FDI de Naval Group conserve des chances sérieuses.
Mais contrairement à l'Inde, au Qatar, ou même à l'Egypte qui elle bénéficiait de garanties financières étrangères, la Grèce ne peut se permettre une commande de Rafale excédant les 2 milliards d'euros. C'est pourquoi la solution passe par une petite quantité d'appareils neufs, 6 à 8, accompagnés d'avions d'occasion prélevés dans l'armée de l'Air.

Certains artistes se sont déjà amusés à imaginer une livrée grecque pour le Rafale


Or, en l'état actuel des choses, Dassault possède dans son carnet de commandes 68 Rafale: 40 à l'export (Inde et Qatar) et 28 pour la France, avec des livraisons France prévues pour reprendre en 2022. 

Pour le ministère des Armées, l'enjeu qui se pose est donc de satisfaire l'allié grec sans amputer ses propres moyens... ce qui devrait passer par la commande de la très fameuse "cinquième tranche" de 30 appareils qu'attend l'armée de l'Air depuis des années, et non prévue dans cette LPM 2019-2025. Cette hypothèse ne faisait d'ailleurs pas partie du plan de relance post-COVID, ce qui a déçu chez les industriels. La cinquième tranche dépend donc aujourd'hui d'une commande export et du destin de ces avions d'occasion.


Première victoire en Europe, qui en appelle d'autres ?

Plus le temps passe, plus le Rafale gagne en maturité opérationnelle, et plus il devient intéressant financièrement de se le procurer. Des clients comme l'Inde, où il est officiellement entré dans les forces la semaine dernière, lui permettent de rayonner dans des régions entières... attirant forcément l'intérêt de nouveaux prospects (Indonésie ?). 

Mais on parle bien aujourd'hui d'une première exceptionnelle avec cette victoire en Europe, et dans l'OTAN, d'autant plus que c'est ici le cas d'un pays pourtant promis au F-35.

Très symboliquement, la porte est ouverte pour de nouveaux succès. Si vous suivez ce blog ou l'actualité du Rafale, vous connaissez les dossiers Suisse (votation sur la question ce 27 septembre) et Finlandais. S'y ajoute désormais la Croatie, pour une potentielle commande de 12 Rafale. D'occasion, là encore. Une tendance ?


Sur la ligne d'assemblage à Mérignac, on peut donc se réjouir avec une production pour l'instant assurée jusqu'en 2025. En attendant les nouveaux succès qui viendront assurément. 


vendredi 11 septembre 2020

L' armée de l'Air & de l'Espace (suite)


Le processus de transformation se poursuit. L'armée de l'Air et de l'Espace prend possession de son nouveau patronyme et du logo qui l'accompagne. Avec en prime l'ordre du jour du CEMAA, le général Lavigne.

Ci-dessus: le nouveau logo de l'AAE. L'ancien épervier prend de la hauteur, la courbe représentant la sphère terrestre. 





mercredi 9 septembre 2020

La Région Nouvelle Aquitaine lance son projet de «Space Hub»

La Région Nouvelle Aquitaine a lancé lundi 7 septembre son projet de SpaceHub, qui se traduira par l'installation à Saint-Médard-en-Jalles d'un accélérateur de projets et d'un  think tank autour du thème du spatial et de ses applications dans la société. 

Ci-dessus: la réunion de lancement à l’hôtel de Région à Bordeaux - photo Nicolas Roussel sur Twitter


Une année normale, c'est le genre de lancement qui aurait eu grande publicité. Mais en 2020, c'est presque en catimini que cela se déroule... Bordeaux et le spatial qui sont décidément malchanceux, puisque 2020 était l'année où la capitale girondine était désignée "ville Ariane".

Le projet SpaceHub, suivi discrètement sur ce blog depuis un an, consiste en l'établissement à Saint-Médard-en-Jalles (33) d'un accélérateur de projets pour les PME et Start Up du "New Space". Forte de son écosystème aéronautique et spatial, la région compte en effet capitaliser sur son réservoir d'innovations pour conquérir les immenses marchés offert par le New Space. On parle ici de défense, de souveraineté, mais aussi de la vie quotidienne, du marché de la donnée, de la santé, de l'agriculture...

Sur le blog: La propulsion hybride: un atout pour l'accès souverain à l'espace ?


Pour ce qu'on en sait, et faute d'une communication abondante pour le moment, il s'agira à la fois d'un accélérateur de projets (incubateur ?) et d'un think tank. Des grands noms sont impliqués, comme Ariane Group et Dassault Aviation, ainsi que le CEA, le CNES bien sûr, et Bordeaux Université. 

L'étude de positionnement et de définition avait été lancée à la rentrée 2019. Mais entre temps, beaucoup de choses ont évidemment évolué. D'une part, Saint-Médard a changé de Maire durant le printemps, alors qu'un projet autour du spatial stratégique avait été largement porté publiquement par l'ancien élu Jacques Mangon.
D'autre part, le ministère des Armées, le CNES, et Aerospace Valley se sont associés à Toulouse pour échafauder un Campus du spatial autour du nouveau Commandement de l'Espace de l'armée de l'Air (et de l'Espace). Il s'agira de ne pas reproduire la concurrence néfaste qu'on a pu voir entre Régions françaises sur le secteur des drones par exemple...

Lire aussi: Lancement du Centre Spatial Universitaire Nouvelle-Aquitaine


A noter que c'est la seconde fois qu'un projet spatial est monté à Bordeaux, après celui d'un "Data  Space Campus" initié en 2016, qui n'aura finalement pas vu le jour. Ce qui est bien dommage tant il aurait été précurseur.

A suivre donc.


 

mercredi 2 septembre 2020

Le soutien à la Grèce, pari gagnant pour l'armement français ?


L'été est chaud en Méditerranée orientale, c'est le moins que l'on puisse dire. Sur fond d'expansionnisme turc ou de réaffirmation des partenariats stratégiques français (Grèce, Chypre, Liban), la région connait un net regain de tensions. Une géopolitique qui pourrait bien faire le jeu des armements français.

Illustration: ci-dessus, la presse grecque annonce avec grand fracas un accord entre Athènes et Paris pour 18 Rafale, dont 8 seraient "cédés" par l'armée de l'Air. Une affirmation dont on peut légitimement douter. Pour l'instant.


Si Athènes, cliente du Mirage 2000, a pu faire l'objet il fut un temps de prospections pour le Rafale, c'est bien le F-35 américain qui semblait promis à l'armée de l'Air grecque.
Mais cela pourrait ne plus être vrai dans les prochaines semaines, tant les cartes semblent avoir été rebattues durant l'été. En effet, principal support européen de la Grèce dans l'affaire des prospections gazières turques en zone économique exclusive grecque, la France a non seulement affiché son soutien diplomatique, mais aussi (et surtout) militaire en déployant navires et chasseurs Rafale pour des exercices communs, d'abord à Chypre, puis en Crète. 

Ce positionnement, dont nous n’approfondirons pas l'analyse ici, vaut désormais à Paris une jolie côte de popularité dans la région, et principalement donc, à Athènes. Assez pour relancer de façon quasi-miraculeuse (en la matière on préfère quand même le temps long) des dossiers qui semblaient gelés, comme celui des deux frégates FDI, dont le contrat était en suspens.

Mieux encore vous l'aurez compris, on évoque désormais un contrat Rafale. Entre 12 et 20 appareils selon des sources relativement divergentes, avec toute la suite de missiles MBDA dédiés, du SCALP au METEOR. 
En quelques jours, les confessions de différents officiels à Paris comme à Athènes ont fait de cette théorie au départ fantaisiste une information de premier ordre. Des décisions fermes pourraient même être prises durant le sommet EuroMed, qui réunira les sept pays méditerranéen membres de l’Union européenne à Ajaccio ce 10 septembre.
 
Des marchés qui se dévoilent soudainement durant une crise diplomatique, ce n'est pas nouveau. La France a déjà pu en bénéficier dans le Golfe, ou justement pour le Rafale, en Egypte. L'opportunité grecque, pays allié de l'UE et surtout de l'OTAN, serait une victoire éclatante.

L'hypothèse de la cession de Rafale par l'armée de l'Air, elle, ne tient pas. Nous ne bénéficions tout simplement pas de cette marge de manœuvre, sauf programme de compensation (via le plan de relance ?). Si un plan concernant des Rafale d'occasion existe bel et bien, il concernerait plutôt la Croatie !

Et pour la possibilité d'avancer certaines commandes franco-françaises, il s'agira de voir avec le plan de relance de l'industrie qui doit être déployé. L'éventualité que des Rafale soient commandés en avance sur le plan prévu a été évoquée par la ministre Florence Parly, mais il s'agit aussi de pouvoir jongler avec les standards de livraison, à savoir aujourd'hui F3R... mais demain F4.

En attendant, le prochain lot de Rafale sortis d'usine prendra lui cet automne la direction de l'Inde.