vendredi 29 septembre 2017

Les honneurs rendus à l'adjudant-chef Stéphane Grenier, mort pour la France


Samedi dernier, le 23 septembre, un membre du 13ème RDP, régiment de forces spéciales, perdait la vie au combat en zone irako-syrienne. Rapatrié en France, les honneurs militaires ont été rendus à l’adjudant-chef Stéphane GRENIER, à la fois au Levant, puis à Paris, et enfin ce matin au sein de son unité, sur le Camp de Souge près de Bordeaux. La ministre des Armées, Florence Parly, lui a remis la Légion d'Honneur à titre posthume.

Adjudant-chef Stéphane Grenier, du 13è RDP

Plusieurs cérémonies se sont succédées pour saluer la mémoire de l’adjudant-chef Stéphane GRENIER (34 ans) , Dragon du "13". C'est non seulement la communauté des forces spéciales qui en endeuillée, mais l'ensemble des forces françaises. Il s'agit du premier français tombé au feu sur la zone irako-syrienne, dans la lutte contre le groupe terroriste état islamique. Au sein des discrètes unités françaises présentes au Levant, l'adjudant Grenier (dont l'identité a finalement été révélée aujourd'hui, ce qui n'est pas toujours le cas s'agissant des forces spéciales) conseillait les forces locales.

Après un hommage mercredi soir en Irak, d'où son corps a été rapatrié, les français étaient invités à se réunir hier à 17h sur le pont Alexandre III à Paris, pour saluer le cortège funèbre. Cette coutume s'est désormais installée.
Une cérémonie réservée à la famille et aux proches s'est ensuite déroulée aux Invalides. Elle était présidée par le général de corps d’armée Bertrand Houïtte de La Chesnais, major général de l’armée de Terre.

Ce vendredi, l'adjudant-chef était de retour parmi les siens, sur le camp de Souge à Martignas-sur-Jalle, près de Bordeaux.
Au cœur de son régiment, il s'est vu remettre la Légion d'Honneur à titre posthume par la ministre des Armées Florence Parly, qui présidait la cérémonie. La ministre qui a prononcé un discours dont voici quelques extraits: "Il n’est pas un Français qui ignore que le prix de sa sécurité et de son avenir est celui de l’engagement de ses soldats" (...) ""Adjudant-chef, vous êtes allé au bout de votre engagement de soldat, dont la noblesse consiste à accepter de donner sa vie pour la Patrie" (...) "Soldats du 13ème RDP, la République est fière de compter dans les rangs de ses défenseurs des soldats de votre trempe".

Au Levant mercredi 27 septembre - EMA

Biographie:

Adjudant-chef Stéphane GRENIER; 13e régiment de dragons parachutistes.
Mort pour la France en zone irako-syrienne le 23 septembre 2017.

Né le 2 août 1983 à CAEN, l’adjudant-chef Stéphane GRENIER a accompli la totalité de sa carrière militaire au 13e régiment de dragons parachutistes, alors stationné à DIEUZE lorsqu’il s’y engage fin 2003. Repéré dès sa formation initiale comme faisant partie des meilleurs de sa génération, il réussit avec succès l’ensemble des sélections lui permettant d’intégrer les équipes de recherche du 13e RDP. 
Particulièrement rustique et endurant, et démontrant de remarquables facultés intellectuelles, il excelle dans chacune des opérations spéciales de recherche de renseignement réalisées avec l’escadron nautique du 13e RDP. Son premier engagement opérationnel l’emmène en BosnieHerzégovine en 2005, où son professionnalisme et son sens de l’initiative lui permettent d’être sélectionné pour intégrer le corps des sous-officiers dès 2006. Breveté chef de cellule en équipe de recherche aéroportée, il continue de briller en opérations, notamment en Côte d’Ivoire en 2007 et en 2008. 
Engagé en Afghanistan, en 2009 puis en 2010, au sein du Groupement de forces spéciales JEHOL, en province de Kapisa, il y est cité pour son courage et son professionnalisme dans des actions périlleuses de recueil de renseignements. Il retrouve le théâtre afghan en 2013, après d’autres opérations de contre-terrorisme dans la corne de l’Afrique. Devenu chef d’équipe de recherche au 13e RDP en 2014, ses qualités de chef exemplaire, courageux et bienveillant envers ses hommes lui permettent de se distinguer parmi ses pairs. Il s’engage à la tête de son équipe avec une détermination et une efficacité admirables dans plusieurs opérations spéciales sensibles et complexes, au Sahel en 2014 puis au Proche-Orient en 2016. 
Le 23 septembre 2017, en zone irako-syrienne, des actions de combat ont opposé les combattants des forces locales et des membres de Daech. Des tirs ont été échangés, certains touchant une position de militaires français qui conseillaient ces forces locales. L’adjudant-chef GRENIER du 13e régiment de dragons parachutistes a été mortellement blessé. 
Titulaire de deux citations dont une avec attribution de la croix de la Valeur militaire, l’adjudant-chef GRENIER était pacsé et père d’une petite fille. Il a été tué dans l’accomplissement de sa mission, au service de la France.

A Paris sur le Pont Alexandre III, jeudi 28 septembre - Armée de Terre

Camp de Souge (33) vendredi 29 septembre - Armée de Terre

Remise de la Légion d'Honneur à titre posthume par la ministre Florence Parly - Armée de Terre



jeudi 28 septembre 2017

A Bordeaux, la Chaire "Défense & Aérospatial" rempile pour 3 ans


La Chaire "Défense & Aérospatial", basée à Sciences Po Bordeaux, s'est vue prolongée hier pour un nouveau mandat de trois ans. En effet, ce 27 septembre 2017, les partenaires privés et publics de la chaire, issus du monde de la défense et de la recherche, ont signé une lettre commune d'engagement officialisant l'accueil de deux nouveaux mécènes et la reconduction de ses activités.

Photos: les signataires de gauche à droite, Yves Déloye (Dir. IEP de Bordeaux), Jean-Luc Bérard (DRH Group Safran), François Geleznikoff (CEA-DAM), Eric Trappier (PDG Dassault Aviation), Alain Charmeau (Pdt Ariane Group), Pierre Eric Pommellet (DG Thales), Manuel Tunon de Lara (Pdt Université de Bordeaux), et Frédéric Cauchois (DG Fondation Bordeaux Université) - Crédits Fondation Bordeaux Université.


La chaire "Défense & Aérospatial" s'envole pour un deuxième mandat ! Vous le savez si vous avez suivi l'actualité de la recherche stratégique ces trois dernières années, la chaire bordelaise, portée par la Fondation Bordeaux Université et adossée à Sciences Po Bordeaux en lien étroit avec l'université de Bordeaux, bénéficie du soutien de mécènes industriels Dassault Aviation, Safran et Thales. Elle fut lancée en septembre 2014 lors de l'UED qui se tenait alors à Mérignac.

Et l'aventure continuera pour un nouveau mandat de trois ans, avec de surcroît l'apport de deux nouveaux partenaires, ArianeGroup et la direction des applications militaires du CEA (CEA-DAM).

L'ensemble des partenaires étaient donc réunis ce mercredi 27 septembre à Saint-Cloud, siège de Dassault Aviation, autour du général Jean-Marc Laurent, prolongé dans ses fonctions de Directeur exécutif de la chaire.

La chaire développe depuis son lancement des actions innovantes de formation, recherche et diffusion des savoirs selon une approche globale et pluridisciplinaire, à l'interface entre sciences humaines et sociales et technologiques (un point dont beaucoup se réjouissent). Elle traite des questions de défense dans leur entier périmètre: politique et stratégique, opérationnel, économique et sociologique.

Chez les industriels mécènes depuis l'origine du projet, on se félicite des résultats obtenus jusqu'ici, la relation est fructueuse pour le monde économique comme pour le monde académique. Chez les nouveaux arrivants, le CEA et ArianeGroup, l'enthousiasme est tangible !



Une contribution au développement de la réflexion stratégique française

En trois ans, la Chaire a su s'inscrire dans une logique collaborative qui a déjà permis de développer des relations durables et fructueuses Université-Défense-Industrie. Tout le monde y est gagnant. L'Université applique sa nouvelle stratégie en s'ouvrant sur le monde industriel, et ce dernier se voit irrigué par les sciences sociales, qui permettent d'enrichir la réflexion des cadres d'entreprise. Entre les deux, les opérationnels de la défense apportent expériences et témoignages. Et de façon générale, c'est le lien armée-nation qui est ainsi renforcé.

Blog: Vers une structuration de la filière française de recherche stratégique ?



Les activités de la chaire se divisent en trois segments:

  • Formation - La Chaire a impulsé plusieurs formations à Sciences Po Bordeaux et à l'université de Bordeaux (formation initiale, continue ou mixte) : cycle d’études supérieures, diplôme universitaire (Bac +5), écoles d’été, formations professionnelles ex: CESDA).
  • Recherche - Les actions de la Chaire sont inscrites tant dans la recherche universitaire (études prospectives; expertise et financements apportés aux chercheurs) que dans la réflexion stratégique française de défense, portée par l'Etat.
  • Diffusion - Enfin, la chaire partage ses réflexions et travaux auprès d'un large public, par le biais de nombreuses manifestations ouvertes (Université d'été de la Défense, universités et écoles supérieures, Salon aéronautique de Bordeaux-Mérignac, entreprises, IHEDN, etc.), contribuant ainsi à développer et diffuser "l’esprit de défense".

Evidemment, si le travail de la chaire est à apprécier dans un cadre national, ou même international, sa localisation en Aquitaine, région hyper-marquée par l'aéronautique et le spatial de défense, est facilitatrice. Outre l'industrie, n'oublions pas non plus que la région est très opérationnelle, pour l'Armée de l'air et les forces spéciales notamment.

A noter enfin que l'on devrait bientôt connaître les pôles universitaires élus dans le cadre du Pacte Enseignement Supérieur lancé par Jean-Yves Le Drian au début de l'année. En effet, le 3ème axe de ce plan (voire lien ci-dessus) prévoit le développement d'une logique d’excellence avec la création  d'un label d’excellence attractif au profit des universités. Bordeaux est évidemment candidate. 


mercredi 27 septembre 2017

Emmanuel Macron plaide pour une culture stratégique européenne


On attendait beaucoup du discours d'Emmanuel Macron ce 26 septembre à La Sorbonne. Des idées, et surtout de quoi donner une véritable impulsion pour l'Europe. Le Président de la République a sans surprise plaidé par une défense intégrée plus forte, mais a surtout rappelé que rien n'était possible sans l'existence d'une culture stratégique commune.  

Photo: Emmanuel Macron, à La Sorbonne, mardi 26 septembre - AFP


Modèle social, éducatif, fiscal, économique... mais aussi défense et sécurité. Ce discours de La Sorbonne, dans la cadre de l'Initiative Européenne, était scruté dans toute l'Europe. Car après une élection teintée d'un courant europhile, et avec une Allemagne aujourd'hui en difficulté (ou du moins qui se cherche, Angela Merkel ne disposant pas ou plus d'une grande latitude), on ne peut nier que la France a un rôle majeur à jouer.

Et pour en venir à ce qui nous concerne, elle ne peut-être qu'un moteur en terme de défense. La "première armée d'Europe" est de loin la plus opérationnelle. Elle est surtout bien seule au sein de l'Union depuis le Brexit (même si tout est relatif dès qu'on évoque le rôle du Royaume-Uni). 

Emmanuel Macron a donc plaidé pour une « capacité d’action autonome de l’Europe, en complément de l’Otan ». Et de réclamer une capacité d'intervention commune, un budget ( pour ces interventions ? à préciser), mais surtout, une doctrine.



Là où le Président a parfaitement raison d'insister, c'est sur le fait que rien de tout cela n'est possible sans une culture stratégique européenne. Nous parlons ici de capacités et doctrines militaires, mais également de volontés politiques et diplomatiques:
« Ce qui manque le plus à l’Europe aujourd’hui, cette Europe de la Défense, c’est une culture stratégique commune. Notre incapacité à agir ensemble de façon convaincante met en cause notre crédibilité en tant qu’Européens. Nous n’avons pas les mêmes cultures, parlementaires, historiques, politiques ni les mêmes sensibilités. Et nous ne changerons pas cela en un jour. Mais je propose dès à présent d’essayer de construire cette culture en commun, en proposant une initiative européenne d’intervention visant à développer cette culture stratégique partagée.»

Si la tâche s'annonce ardue côté politique comme toujours, sur le plan militaire, il n'y a rien d'insurmontable. Emmanuel Macron invite d'ailleurs les différentes forces armées à multiplier les échanges au sein de l’Union, afin de cultiver une culture stratégique. Un Erasmus de la défense, sur la base du volontariat.


Une force d’intervention commune dans les 3 ans, des budget au niveau de l'Union... toutes ces propositions ne sont pas nouvelles loin de là, et rassemblent presque à elles seules une grande partie des problématiques, ou devrait-on dire symptômes, de l'Europe de la défense depuis sa genèse. Bien des choses ont été initiées, bien peu ont été employées sur le terrain. On pense ici par exemple aux Groupements tactiques, qui, bien que pensés de façon cohérente (par "affinités" opérationnelles entre Etats), à échelle raisonnable, et pour des missions relativement proportionnées... n'ont jamais servi.

En bilatéral, les choses ont toujours semblé plus prometteuses, mais cela reste à prouver.

S'agissant des échanges qui pourraient aider à la constitution d'un culture stratégique commune, ils existent déjà. Tout le monde a déjà entendu parler de la brigade franco-allemande, mais les exemples sont légions, et concernent tous nos partenaires (européens, américains, africains...). Il s'agira maintenant de faire encore plus. Je vous invite à revenir sur cet article paru sur Mars Attaque en 2015, qui pour le coup demeure toujours extrêmement pertinent au lendemain du discours de La Sorbonne: Parrainage et jumelage - De l'intérêt des Autres...


L'Europe devra passer au révélateur des opérations

Mais quid du terrain ? Nous n'allons pas aujourd'hui revenir sur toutes les subtilités des opérations modernes. On peut déjà lire ici ou là que les limites sont trop importantes, que tout cela est vain, encore une fois, tant les cultures sont divergentes en Europe, et le manque de volonté si flagrant. N'a t-on pas pourtant derrière nous plusieurs générations d'opérationnels parfaitement formés aux normes otaniennes, et rompus aux opérations en coalition ? Evidemment le maître étalon est états-uniens, et le cadre favori des européens reste otanien, mais nous disposons bien là de la base d'une opérabilité commune. Planification, ROE/CAVEAT, ne sont plus des barrières infranchissables.

Le pivot ne pourra être que politique.

Le rôle que peut jouer la France pour entraîner derrière elle les européens volontaires est celui d'une véritable nation-cadre. L'OTAN peut demeurer - et demeurera - un outil destiné à la haute intensité ou aux grands déploiements (comme l'Afghanistan), que de toute manière, nous ne saurions plus gérer seuls. Ce n'est pas le type d'opérations pour lesquelles l'Europe sera prête à moyen terme, si tant est que ce soit par ailleurs une de ses vocations... ce que je ne pense pas. Une OPEX semblable à Barkhane au Sahel ferait déjà figure de test grandeur nature. A ce titre, ce n'est pas parce que l’engagement des européens n'est pas visible médiatiquement qu'il n'existe pas. Allemands, Suédois ou Hollandais sont présents au Sahel, que ce soit avec l'ONU ou les Français.

De plus, la multiplication de solides partenariats, tant dans le monde industriel européen (avec les grandes fusions) et l'innovation (E.Macron veut une DARPA en Europe, spécialisée dans l'innovation de rupture), ou plus opérationnels comme l'entrée récente de la Belgique dans le programme SCORPION (ajoutez à cela le partenariat proposé à Bruxelles pour le Rafale), aideront très certainement à faire des progrès inespérés dans ce nouveau cycle qui s'amorce.

Oui je suis optimiste, mais avons-nous le choix ? La démarche extrêmement volontariste d'Emmanuel Macron a globalement peu de chance d'être menée à son terme avec ce cahier des charges, ne rêvons pas trop. Mais ces progrès iraient dans le sens d'une Europe plus souveraine sur la plan stratégique, et reconnaissons le, d'une France plus forte, car meneuse et influente.


PS: Enfin, question sécurité et anti-terrorisme, l'idée d'Emmanuel Macron serait celle d'une Académie européenne du renseignement. Là encore, bon courage... mais on pressent qu'il s'agit plus d'un travail de fond visant à instituer de bonnes pratiques et outrepasser les limites traditionnelles inhérentes au monde du rens.


mardi 26 septembre 2017

L'écosystème du Rafale s'engage pour le « Make in India »


La « Rafale Team », ou plus officiellement le GIE Rafale International a fait savoir ce 21 septembre qu'elle s'engageait, en partenariat avec le GIFAS et le Conseil régional de la région Nouvelle Aquitaine, avec plus de 100 PME françaises pour le « Make in India ».

Illustrations: logo du « Make in India », et campagnes récentes de Rafale International en Inde.


On l'apprend via un communiqué de presse des industriels concernés, le Groupement économique industriel Rafale International composé de Dassault Aviation, Safran et Thales, a rencontré plus de 100 PME françaises en présence de représentants de l’Ambassade d’Inde en France, au cours de deux séminaires de travail qui se sont tenus le 19 septembre à Paris en partenariat avec le GIFAS et le 21 septembre à Bordeaux sous le patronage du Conseil régional de la Nouvelle Aquitaine (les plus fidèles lecteurs de ce blog noteront que la Région, bien consciente des enjeux pour son tissu économique, est très portée vers l'international).

BPI France et la Direction Générale de l’Armement ont également participé à ces deux événements.

Le communiqué nous indique qu'à l’occasion de ces rencontres, Rafale International et ses partenaires ont exposé leur engagement dans la politique du « Make in India » et présenté les opportunités qui s’offraient aux PME françaises pour investir et installer des activités de production en Inde à leurs côtés dans le cadre du programme de compensations Rafale pour l’Inde.

Les représentants de l’Ambassade d’Inde ont souligné l’importance fondamentale des politiques « Make in India » et « Foreign Investment » (Investissement Étrangers) pour les secteurs de l’aéronautique et de la défense indiens et ont participé aux déjeuners de travail qui ont suivi afin de pouvoir répondre aux questions des entreprises françaises participantes.

Politique stratégique pour l'Inde qui désire s'affranchir de son énorme dépendance aux importations, et ce surtout dans les domaines de l'ASD, le « Make in India » est un devenu un véritable enjeu de séduction pour les grands pays exportateurs. Nous l'avons encore vu récemment, la bataille fait rage chez les avionneurs militaires notamment, qui cherchent à développer les partenariats industriels sur place.

S'il a vraiment eu des difficultés à décoller, le « Make in India » devient jour après jour de plus en plus concret.
Sur ce point, les français sont très actifs, nous le voyons avec Dassault Aviation bien sûr qui multiplie les initiatives de coopération en Inde (d'abord des pièces de Rafale, un jour finalement un assemblage complet ?), mais nous pourrions aussi citer les projets d'Aerocampus, ou de Safran qui soutient la constitution d'une filière "missiles".

Les perspectives plutôt optimistes autour du Rafale (un potentiel d'une centaine d'appareils pour les forces aériennes et la marine indienne) peuvent nous amener à penser que ces efforts porteront leurs fruits à l'avenir, que ce soit à court, moyen... ou même long terme ! Certes il y a d'importants transferts de technologies (en revanche on oublie souvent le nécessaire transfert de... compétences) et l'Inde cherche avant tout l'indépendance militaro/industriel, mais Rome ne s'est pas faite en un jour.




lundi 25 septembre 2017

Forces spéciales - un opérateur du 13ème RDP tué au combat au Levant



Ce 23 septembre à la mi-journée, un opérateur des forces spéciales françaises appartenant au 13ème Régiment de Dragons Parachutistes a perdu la vie dans la zone irako-syrienne. Dans son communiqué, la présidence de la République précise que le sous-officier, un adjudant, a été tué au combat.

Illustration: un membre des forces spéciales Terre lors de l'exercice Gorgonnes 2017.


Cliquer pour agrandir

Dans son communiqué, l’Élysée ne précise bien sûr ni le lieu exact, ni les circonstances, pour des raisons évidentes qui concernent la sécurité opérationnelle. De plus, et comme il est la norme quand il s'agit de membre des forces spéciales, l'identité de l'adjudant n'a pas été divulguée.

Après la présidence, la ministre, tout comme le Chef d'Etat-Major des Armées ont tenu à réagir. Il s'agit de la première victime française de l'opération Chammal, sur le théâtre irako-syrien dans la lutte contre les terroristes de Daesh.


Bien que - et encore une fois, c'est assez logique - la communication officielle des armées ne mette pas en lumière l'action des forces spéciales françaises au Levant, au contraire des frappes aériennes ou des artilleurs sur canons CAESAR, on estime la présence au sol sur ce théâtre à tout de même quelques centaines d'opérateurs. On trouve au sein de la Task Force "Hydra" des formateurs côté irakien notamment, mais aussi, bien plus discrètement, des hommes en appui des forces kurdes.
Les réseaux open source (ou même plus rarement des médias français ou étrangers) ont même parfois laissé passer quelques images, volées ou pas, de français en Irak et Syrie. Je pense ici aux images du missile Javelin, ou encore des blindés Aravis cette année. 

Les forces spéciales françaises n'ont probablement jamais été autant engagées que ces dernières années, payant le prix du sang à plusieurs reprises. Si l'engagement, et les pertes (6 chez les FS), sont plus visibles au Sahel, ce décès nous montre bien que la bataille contre le groupe état islamique est encore loin d'être arrivée à son terme. Attention de ne pas oublier cette donnée.

"Au delà du possible". Voilà la devise du 13ème Régiment de Dragons Parachutistes, l'une des unités les plus discrètes des forces spéciales terre. Spécialisés dans le recueil de renseignement, ce régiment est présent simultanément sur tous les théâtres, connus ou moins connus.
Le "13" est basé à Martignas s/ Jalle, près de Bordeaux. Il n'avait plus connu de perte en mission depuis 2009 en Afghanistan. L'adjudant laisse une femme et un enfant.

Pax Aquitania s'associe à la douleur des proches et frères d'arme de l'adjudant. Nous n'oublions pas le travail de l'ombre, si essentiel, de ces unités de forces spéciales.

Image d'hommage par le 13ème RDP, un régiment capable d'agir sur tous les théâtres

vendredi 22 septembre 2017

"Laws of War", le jeu vidéo qui sensibilise au droit des conflits armés


Si l'on parle de guerre et de jeu vidéo, ce n'est pas mentir qu'affirmer que ce dernier est souvent cantonné à son rôle de défouloir en haute définition. Pourtant, les exceptions se multiplient ces dernières années, et la dernière en date, Arma III "Laws of War" vous propose une expérience de la guerre radicalement différente.

Illustrations: captures et images promotionnelles du jeu Arma III Laws of War - Bohémia Interactive.


Nous avons déjà traité sur ce blog de l'importance du média vidéo-ludique  en terme de soft power, notamment avec une série traitant des rapports à la guerre (Histoire, Stratégie, Morale). La puissance de ce marché dont le chiffre d'affaires a largement dépassé celui du cinéma amène à conclure qu'il ne peut plus être marginalisé. Plus qu'un loisir d'adolescent, il s'agit bien là - attention, utilisation d'un néologisme - d'un "influenceur", tout comme l'ensemble des métiers du numérique.

Sur le blog: Quand un jeu vidéo expérimente le désarmement nucléaire total


Le jeu vidéo est déjà depuis de nombreuses années un bel instrument de communication, une chose que l'armée américaine, entre autres, a bien compris. Mais on a pu constater plus récemment la prise en compte de valeurs humanistes, non seulement en terme scénaristique, mais directement dans le game-design des jeux. On pensera ici à Ubisoft Montpellier avec "Soldats Inconnus" qui vous plaçait au centre des horreurs de la Grande Guerre, ou encore au superbe "This War of Mine", où vous incarnez un groupe de civils tentant tant bien que mal (surtout mal) de survivre au milieu d'une ville assiégée, inspirée de Sarajevo.

L'IDAP, l'ONG présente dans le jeu, est fortement inspirée du CICR

L'exercice est aujourd’hui réitéré grâce au partenariat entre le studio tchèque Bohémia Interactive et le Comité International de la Croix Rouge.
Sorti en 2013, "Arma III" s'impose comme la principale simulation militaire sur le marché du jeu vidéo. Mais si le fonds de commerce du jeu de Bohemia Interactive est le conflit armé de haute intensité, son dernier contenu additionnel (ou dans le jargon, "DLC"), "Arma III Laws of War" (les lois de la guerre), en prend le contre-pied total.
En effet, vous voici dans la peau d'un démineur, ancien marines américain, appartenant maintenant à l'International Development & Aid Project (IDAP), une ONG spécialisée dans l'urgence humanitaire en temps de guerre, ou ici en l’occurrence, dans le post-conflit.


Direction la Méditerranée Orientale

Le théâtre très bucolique de la campagne 

Nous sommes en 2035, un an après le traité de paix de Jérusalem, qui a mis fin à la guerre sur l'île d'Altis, un république de Méditerranéen orientale. C'est parti donc pour quelques heures sous le soleil de la garrigue, dans la peau de Nathan MacDade, démineur de l'IDAP.
Sous le soleil, c'est vite dit, car tout est fait pour vous mettre dans une ambiance assez froide, afin de mieux conter les horreurs de la guerre.

Et des personnages, vous allez en réalité en incarner plusieurs, le scénario étant construit autour d'une discussion avec une journaliste, et de flashbacks qui vont tenter de reconstituer toute une séries d'événements meurtriers ayant touché un petit village, qui fut un an plus tôt le dernier bastion des insurgés.

Ce même village va connaître l'horreur de la guerre civile.

Le cadre même de la campagne solo est celui d'un CANI, ou conflit armé non-international, afin de coller au mieux à notre cadre géopolitique actuel. Le jeu original mettait en scène un coup d'Etat militaire dans une île fortement divisée de Méditerranée Orientale, tiraillée entre l'influence de l'OTAN, et de la puissance dominante du Moyen-Orient (dans ce monde, en 2030, la Turquie s'est effondrée et l'Iran domine le Proche et Moyen-Orient).

Une guerre civile éclate, avec diverses ingérences américaines et iraniennes, qui rendent la situation particulièrement tendue. A ma connaissance, aucun jeu vidéo n'avait su avant Arma 3 faire écho à la complexité des interventions modernes.

L'initiative de Bohémia Interactive est rendue possible par les innombrables subtilités permises par le moteur du jeu et l'éditeur de scénarios.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la société réalise un grosse partie de son chiffre d'affaires grâce à la version professionnelle de son simulateur, utilisée par de nombreuses forces militaires, notamment par l'Armée de Terre française.

La possibilité d'inclure dans un exercice de simulation, par exemple des ROE (règles opérationnelles d'engagement), qui ne peuvent à notre époque se concevoir sans prendre en compte le droit international, représente une belle plus-value au sein d'un outil de formation... ou même pour des joueurs qui désireraient respecter le réalisme d'une opération militaire contemporaine dans une expérience "role play".

Un tuto est même proposé, résumant les grandes règles du droit des conflits armés.

Bien évidemment, tout cette complexité et le message que veulent faire passer les développeurs se ressentent dans le gameplay. Vous allez en désamorcer des mines ! Ici, peu de fusillades hollywoodiennes à la Call of Duty, hormis dans des cas très précis que nous allons détailler.

Vous êtes ici pour détecter, et déminer le village d'Oreakastro qui fut le cœur d'une bataille intense entre loyalistes et insurgés. L'endroit est en effet truffé de mines et sous-munitions non-explosées, qu'il vous faudra désamorcer.
Si bien des aspects sont présentés, celui des mines et sous-munitions est le plus mis en avant. Le jeu se charge de vous rappeler à plusieurs reprises qu'il subsiste 110 millions d'unités actives dans le monde, qui font chaque année près de 5000 blessés ou tués.

Le village d'Oreokastro fut le théâtre d'affrontements sanglants.

Un an après la fin du conflit, les forces américaines sont présentes sur l'île d'Altis.

A la guerre, rien n'est pas blanc ou noir

Comme on ne pouvait décemment vous mettre au milieu d'un simulateur de déminage, les ressorts du scénario vont vous faire revivre chaque étape qui a mené à la tragédie du village, aujourd'hui en ruine et abandonné par ses habitants.

Sans révéler l'intrigue, vous aurez l'occasion d'expérimenter le largage d'aide humanitaire, la vie d'un mouvement insurgé, des opérations spéciales (JTAC), ou encore une retraite désespérée face à l'intervention finale (et tardive) de la communauté internationale.

Et tout est fait pour que chaque camp ne soit ni tout blanc, ni tout noir. Qui des forces spéciales américaines ou iraniennes a commandé cette frappe aérienne dévastatrice ?
L'utilisation par les loyalistes d'armes interdites contre les forces d'intervention de l'OTAN est-elle justifiée par la légitime défense ?
Les insurgés ont-ils eu raison de recourir à des procédés non-conventionnels, de se cacher au milieu de la population, d'utiliser les moyens matériels d'une ONG ?

Les insurgés emploient des drones piégés. Tout comme Daesh aujourd'hui.

De surcroît, certaines mécaniques de gameplay vont vous mettre devant des situations quasi-impossibles à trancher. Un exemple: une mission vous met dans la peau d'un civil au milieu des combats entre insurgés et loyalistes. Votre réflexe de joueur va naturellement vous pousser à vous saisir d'un arme. PAUSE: le jeu vous indique alors qu'au regard du droit, vous êtes désormais susceptible d'être considéré comme un insurgé. Vous êtes désormais une cible pour les loyalistes, mais rien ne vous obligeait à prendre part au combat.

Ce type de subtilités donne à l'aventure une certaine saveur. On ne se contente pas de courir vers le combat. On s'interroge.

Si le DLC ne brille pas par sa durée de vie, les 10 euros investis en valent tout de même largement la peine.
D'une part, parce que la moitié des bénéfices effectués par Bohemia Interactive sur les ventes du DLC sera reversée au Comité International de la Croix-Rouge (CICR). D'autre part, car on peut imaginer que cet effort de sensibilisation, ainsi que l'expérience émotionnelle ressentie dans la campagne, motiveront la très dynamique communauté de moddeurs qui fait la force d'Arma III, à poursuivre l'expérience à travers des scénarios encore plus poussés. En ce sens, l'extension rajoute à l'éditeur de mission du jeu original de nombreux contenus tels que des services de secours, des journalistes, divers drones d'assistance, de déminage...

On notera cependant qu'un gros aspect de ce que pourrait être un conflit armé en 2030 est occulté, celui des SALA (systèmes d'armes létaux autonomes), les fameux robots tueurs. Un comble quand on sait que le jeu de base contient déjà une bonne douzaines de drones de combats aériens ou terrestres ! A creuser donc.


Arma III Laws of War se présente donc comme une initiative extrêmement intéressante de promotion intelligente du droit international humanitaire. Le jeu ouvre la porte à des perspectives étonnantes. Les retours critiques des joueurs depuis la sortie du DLC début septembre démontrent de plus un réel succès d'estime, qui semble susciter leur intérêt pour ces questions. La mission est donc accomplie !

Le jeu vous demande régulièrement de faire des choix. Ici, qui jugerez vous responsable des exactions ? L'OTAN, l'Iran, les loyalistes, les insurgés... ou tout le monde.

De vos choix dépendra le contenu de l'article délivré à la fin de la campagne.


jeudi 21 septembre 2017

Cité de l'aéronautique en Aquitaine, ça se précise...


Après la cité du vin, et bientôt une cité du numérique, et même un musée de la mer et de la marine prévu l'an prochain... l'agglomération bordelaise, forte de son histoire industrielle, se devait de projeter la construction d'une cité de l'aéronautique. Le projet se concrétise désormais, et devrait voir le jour en 2020.

Illustration: le CAEA sur la BA 106 - ville de Mérignac


Le journal Sud-Ouest précise dans son édition du 15 septembre que le grand projet de cité de l'Aéronautique est désormais sur les rails. Si l'on sait à peu près à quoi cette dernière va ressembler, l'incertitude demeure encore sur sa localisation. 

Peut-être le savez-vous déjà, mais la superbe collection d'aéronefs (une cinquantaine d'appareils tout de même, dont notamment la plupart des chasseurs Dassault Aviation) du Conservatoire de l’air et de l’espace d’Aquitaine n'est plus accessible au public depuis 2011. Situé dans un hangar de la base aérienne 106 à Mérignac, l'installation est devenue trop dangereuse en terme de normes de sécurité pour accueillir les amateurs. Ou en de très rares occasions comme lors de ces journées européennes du patrimoine.

Il était donc, vraiment, temps de reprendre en main cette collection afin que ce formidable patrimoine ne risque pas de finir sous une couche de poussière.

C'est pourquoi une étude de faisabilité a été confiée à Aérocampus Aquitaine, que son Directeur Jérôme Verschave devrait remettre avant la fin de l'année. Mérignac, avec son projet d'optimisation de l'aéroparc, apparaît à ce jour comme grande favorite pour accueillir la cité.
En effet, l'aéroparc, qui a vu l'inauguration fin 2016 du nouveau campus de Thalès, accueillera en 2019 le cluster Bordeaux Technowest dans un nouveau building de 10 000 m². En 2020, c'est une extension de l'Aérocampus de Latresne qui devrait s'installer sur la commune sur près de 40 000 m². Centre de formation, espace consacré à la culture aéronautique avec des expositions des collections du conservatoire de l'air et de l'espace, services d'hôtellerie et restauration, de séminaires professionnels.

C'est dans ce cadre que devrait naître la cité de l'aéronautique, dont le modèle s'inspirerait de la cité du vin. Plus précisément, on parle donc non seulement d'un musée, mais aussi de réalité virtuelle et autres expositions interactives. Pour Jérôme Verschave, il faut penser la cité comme une attraction, et non comme un musée, peut-on lire dans Sud-Ouest.
Il est vrai que l'exemple de la cité du vin (ou même de cap Sciences), avec sa formule ultra moderne, rencontre un succès certain auprès du grand public, avec 450 000 visiteurs/an.

Attention, cette cité de l'aéronautique demandera un investissement de 70 millions d'euros. Selon les porteurs du projet dans Sud-Ouest, les grands industriels du privé pourraient largement aider à réunir ce capital. C'est une somme qui permet de nourrir des ambitions certaines. En comparaison, la cité du vin a demandé un investissement de 81 millions d'euros.



Une bataille entre Mérignac et Saint-Jean d'Illac

Mérignac veut donc posséder cet écrin sur son aéroparc. Une vitrine de l'aéro à deux pas du Campus Thalès, des usines d'assemblage du Rafale... rien de plus logique me direz-vous.
Sauf que l'incertitude demeure encore sur la future localisation de la cité. La raison, c'est que la commune de Saint-Jean d'Illac (sur la même circonscription c'est à noter), par le biais de son maire Hervé Seyve, s'était dès le départ positionnée pour accueillir l'installation, il y a deux ans. Un terrain de 14 hectares est même déjà réservé.

Mais depuis, Mérignac et son statut de "capitale aéronautique" sont entrés dans la danse.

De plus, dans le journal Sud-Ouest, Jérôme Huret, président du CAEA, semble mettre en avant l'ampleur de l'étude réalisée par Aérocampus, dont le coût est "considérable": 180 000 euros, dont 70 000 financés par Mérignac.
En lisant entre les lignes, on comprend vite que le train est lancé à grande vitesse, destination l'aéroparc de Mérignac.

Le Conservatoire de l'aéronautique et de l'espace d'Aquitaine se prononcera après les conclusions de l'étude de faisabilité.

Nous en reparlerons ici très vite. 


mercredi 20 septembre 2017

Hommage aux nurses américaines de la Grande Guerre


A l’occasion du centenaire de la Grande Guerre, la Maison de Santé Protestante Bordeaux-Bagatalle et l’Institut de Formation Florence Nightingale Bagatelle ont organisé une cérémonie mardi 19 septembre dans les jardins de la Fondation à Talence (33) pour rendre hommage aux Nurses américaines.

Source et Photos - Etat Major de Zone Sud Ouest

Une prise d’armes interalliées où la base aérienne 106, n’a pas hésité à participer, aux côtés des américains, avec la présence de la Musique des Forces Aériennes et d’un piquet d’honneur (photos ci-dessous).

278 infirmières américaines sont décédées en service commandé pendant la Première Guerre Mondiale. Le mémorial vivant de l'école Florence Nightingale leur est dédié.

L'Institut de Formation Nightingale Bagatelle (IFNB) assure depuis 1884 la formation initiale des infirmiers et, depuis 1967, la formation initiale des aides-soignants.Il dispense par ailleurs des formations préparant aux concours infirmier et aide-soignant.
Le nom Nightingale a été donné en 1918 en mémoire de Florence Nightingale qui a permis aux soins infirmiers d'accéder à leur dimension professionnelle. La reconnaissance de « l'art de soigner », comme nécessitant une formation de haut niveau, est toujours et encore ce qui anime les orientations pédagogiques de l'école.

Pour rappel, l'institut Jean Moulin propose cet automne à Bordeaux une exposition sur l'intervention américaine de 1917.







mardi 19 septembre 2017

La ministre des Armées passe enfin par Mont-de-Marsan


L'Armée de l'air l'aura attendue cette visite ! Annulée dans un premier temps en raison de la tempête du mois de juillet (polémique sur le budget et démission du CEMA), la ministre de la Défense Florence Parly et sa secrétaire d'Etat Geneviève Darrieussecq ont enfin visité vendredi  15 septembre la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan.

Images: Armée de l'air et France 3 Aquitaine

Vendredi dernier, dans l'après-midi, le compte Twitter de l'Armée de l'air était en ébullition, comme si on ne l'attendait plus, cette visite. Mais tout est bien qui finit bien, et c'est avec deux mois de retard sur le planning que la ministre Florence Parly (qui selon les dires, est en train de gagner en popularité dans les armées) a enfin pu poser le pied sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan. « Enfin on y arrive », a t-elle même prononcé au début de son discours !

MCO et innovation étaient au centre des préoccupations. Ce sont il est vrai, les deux dossiers sur lesquels les enjeux à venir demandent à ce que l'on y mette les bouchées doubles.

Auprès de la ministre, Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'Etat, n'était pas là par hasard, puisqu'elle était en effet, jusqu'à sa nouvelle nomination, Maire de la ville landaise. Et il faut savoir qu'à Mont-de-Marsan, l'Armée de l'air et sa base de 3000 personnels sont le premier employeur, non seulement de la commune, mais aussi du département.

Mais plus qu'une grosse enceinte, la BA 118 est surtout très opérationnelle, l'une des bases les plus opérationnelles même. La présence de la 30ème escadre de chasse, du centre d'innovation des forces aériennes, le CEAM, ou plus original, des aigles "anti-drones" de l'Armée de l'air... en fait un véritable pilier de la défense française.

Une dernière chose. Dans le reportage ci-dessous, la ministre ne peut s'empêcher de faire allusion à sa décision récente de permettre le recours aux drones armés, un dossier qui semble lui tenir très à cœur.



lundi 18 septembre 2017

Réunion du SYRPIN consacrée à la cybersécurité le 22 septembre


Le syndicat régional des professionnels de l'informatique et du numérique (SYRPIN) organise ce 22 septembre une matinée d'information consacrée à la cybersécurité. Elle aura lieu à l’ENSEIRB-MATMECA, sur le campus à Talence (33).

Le SYRPIN organise vendredi 22 septembre à 9h, dans les locaux de l’ENSEIRB-MATMECA (1 avenue du Dr Albert Schweitzer à Talence), en partenariat avec le CLUSIR Aquitaine et avec le soutien de DIGITAL AQUITAINE, une réunion ayant pour thème principal la Cyber Sécurité. 

A noter, les interventions de membres du Dispositif national d’assistance aux victimes de cyber-malveillance, de l'ANSSI, la Gendarmerie, ou encore de Représentants ministériels.

La matinée sera conclue par un déjeuner d'échanges. Attention, participation demandée à hauteur de 50 euros.

Inscription ICI


Créé en 1967, le SYRPIN, syndicat régional des professionnels de l'informatique et du numérique, organise des rencontres professionnelles entre dirigeants d’entreprises du secteur informatique.
5 à 6 fois par an, le vendredi, le SYRPIN se réunit la matinée, et ses membres se retrouvent ensuite pour déjeuner dans un lieu de prestige (source, site officiel du SYRPIN).



vendredi 15 septembre 2017

Les forces spéciales, modèle pour l'innovation de défense


Le dernier Journal de la Défense s'attarde sur la formidable capacité d'innovation des régiments de forces spéciales. A l'honneur ici, le 13ème RDP, le 1er RPIMa, et le 4ème RHFS (additionnés, voilà la force de frappe du CFST, le commandement des forces spéciales terre).

Vous y découvrirez notamment l'atelier d'innovation du "13", ou encore des équipements pour hélicoptère Gazelle, comme un désignateur laser infra-rouge, ou le fameux bras stabilisateur de tir pour les snipers embarqués.
Enfin, un petit tour par le dernier salon SOFINS (mars 2017 près de Bordeaux), lieu de rencontre de prédilection entre les régiments de forces spéciales et les PME/start up innovantes.

Evidemment, et même si les cycles d'innovation sont de plus en plus courts, la défense reste un monde de temps longs, de programmes planifiés sur des décennies. L'avantage de petites unités comme c'est le cas chez les FS, c'est, vous l'aurez compris, de pouvoir (et c'est surtout encouragé par les institutions) évoluer, grâce à l'innovation donc, avec les nouvelles contraintes opérationnelle. 

Bon visionnage !


Journal de la défense du 11 septembre 2017, présentation:

Au Sahel ou au Proche Orient, face à un ennemi toujours plus insaisissable et doté de capacités de plus en plus sophistiquées, les forces spéciales françaises doivent s’adapter et innover constamment.
Grâce à des pôles d’expertise adaptés à la recherche et au développement de nouveaux matériels, elles gardent toujours une longueur d’avance.
Dans ce reportage, vous découvrirez, pour la première fois, le travail de ces hommes discrets et créatifs au sein de deux unités emblématiques : le 13e régiment de dragons parachutistes et le 4e régiment d’hélicoptères des forces spéciales qui nous ont exceptionnellement ouvert leur porte.



jeudi 14 septembre 2017

Après Irma, un gros porteur C-17 canadien en transit à Bordeaux


Dans le cadre des opérations de soutien humanitaire après l'ouragan Irma aux Antilles, un C-17 canadien est passé par l'aéroport de Bordeaux/Mérignac lundi 11 septembre. Chargé de matériel de secours, il a pu ensuite rejoindre les Antilles françaises. Avec leurs C-17, britanniques et canadiens apportent à la France un soutien plus que nécessaire.

Images: Canadian Air Forces


Je vous parlais hier de la coopération européenne et des A400M sur le pont aérien avec les Antilles. J'y évoquais l'appui en France d'un C-17 Globemaster des forces aériennes canadiennes.
Les premières informations fournies par les canadiens ne précisaient pas le lieu du transit, mais l'Etat Major (français) des armées a depuis indiqué que ce chargement de fret à destination de Saint-Martin et Saint-Barthélemy (via la Guadeloupe) avait été effectué à Bordeaux, lundi 11 septembre au soir.

Vous pouvez admirer ci-dessous en vidéo la grosse capacité d'emport du C-17. Quatrième plus gros transporteur militaire au monde, il peut en théorie emporter jusqu'à 77 tonnes de matériel (selon la fiche technique).

L'appareil a chargé sur la zone de l'aéroport, et non de la Base aérienne 106. Rappelons d'ailleurs que l'aéroport de Bordeaux/Mérignac héberge les très importantes installations de MSF Logistique.



mercredi 13 septembre 2017

Le "pont aérien" des Antilles, ou l'heure de vérité pour l'A400M


L'Europe est en émoi après l'ouragan Irma. Constatant les terribles dégâts subis par les Antilles françaises, britanniques et néerlandaises, les secours ont dû s'organiser dans l'urgence, faute d'avoir pu anticiper la puissance de cet ouragan de catégorie 5.  Au cœur du dispositif, l'Airbus A400M.

 Photos: EMA, Royal Air Force, Luftwaffe.


Éludons d'abord l'affaire du "pont aérien" entre la métropole et les Antilles françaises, que le Président Macron a qualifié hier de "plus important depuis la seconde Guerre Mondiale". Oui cela est incomparable, et donc faux (dans le cadre franco-français on retiendra Diên Biên Phu en 1954, mais aussi l'opération Serval en 2013 !). Ceci dit, on gagnerait à perdre moins de temps dans le commentaire de communication politique.

Remettons les choses en place: l'Armée de l'air française assure des rotations depuis samedi grâce à deux A400M Atlas d'une capacité de 37 tonnes chacun, et deux petits CASA pouvant emporter 9 tonnes. On est bien loin de Berlin en 1948 (750 tonnes/jour).

Mais ce n'est pas notre sujet !

"Heure de vérité": mon titre est bien mal choisi, car le transporteur militaire d'Airbus réalise tout simplement ces jours-ci ce pourquoi les armées d'Europe de l'ouest l'ont choisi. L'avion se révèle comme prévu indispensable, à la fois dans les dimensions tactiques, et stratégiques.
Mon titre est mal choisi oui, mais il rappelle que la mission humanitaire est aussi importante en terme de gestion de crise que la mission purement militaire.

Bien sûr, avec 4 ou 5 appareils engagés par la France, le Royaume-Uni, et maintenant l'Allemagne, ces A400M n'assurent qu'une partie de l'aide d'urgence. Il faut y ajouter des navires (d'autres, spécialisés, sont en route), des avions civils réquisitionnés, ou même des transporteurs militaires plus importants comme des C-17 Globemaster britanniques et canadiens (passé par la France pour le canadien) ou des Antonov affrétés. Même l'Airbus présidentiel a servi au transport de médicaments.

Samedi 9 septembre, alors que les îles de Saint-Martin et de Saint-Barthélémy étaient en plein chaos, et que déjà des critiques fusaient, un premier Atlas de l'Armée de l'air partait d'Orléans avec à son bord un Puma, qui fut aussitôt déployé depuis la Guadeloupe samedi soir.


Ce lundi, un second appareil partait de Toulouse, avec hommes et véhicules. Sur place, ces deux appareils (sur 11, loin d'être disponibles) font la navette entre Guadeloupe, Martinique, et les zones sinistrées.



Comme je le disais, la France n'est pas seule à avoir recours à l'A400M puisque britanniques et allemands, deux forces aériennes européennes qui en sont dotées, et l'ont aussi critiqué, ont jeté l'appareil dans cette bataille contre le temps.

Boris Johnson avec la RAF à La Barbade, où s'organise l'aide britannique pour les Iles Vierges et Anguilla.

Les hollandais ont obtenu l'aide de la Luftwaffe allemande. 16 tonnes de frêt sont partis pour Curaçao via A400M.

Après des années de tumultes, le fruit de l'un des plus grands programmes militaires européens semble remonter la pente de semaines en semaines. L'A400M a connu et connaît encore bien des ennuis (lire ci-dessous), mais le fait est, qu'au final, lorsqu'il est opérationnel, cet avion représente un bon en avant phénoménal sur le plan capacitaire, surtout pour la France et sa doctrine opérationnelle. 
Ayant le potentiel tactique d'un C-130 (largage, atterrissage sur piste sommaire, ou même une plage), tout en étant largement  plus capable, avec un emport presque 2x plus important, il peut aller là où des gros porteurs comme le C-17 ne pourront pas se risquer. Idéal donc, pour de l'entrée en premier sur un théâtre, ou de la projection humanitaire.



On avait vu jusqu'à maintenant l'A400M réaliser de belles choses pour les armées. Par exemple transporter des hélicoptères de combat au Sahel, ravitailler en munitions les bases aériennes du Moyen-Orient pour la lutte contre l'Etat Islamique, ou encore accompagner la Patrouille de France pour une tournée de prestige aux USA début 2017.... puis aussi, au jour le jour, loin des caméras, assurer des missions au profit de toutes les forces françaises en opérations extérieures.

Le voilà maintenant, au centre de l'attention médiatique, pour un déploiement à but humanitaire, venant en aide à des français. Il est en fait, là où on a besoin de lui, et en pleine lumière. Il représente avec les BPC de la Marine, tant pour l'Etat français qu'aux yeux du monde, le cœur de la puissance de projection des forces françaises.

Qu'on se le dise, les difficultés industrielles du programme A400M sont loin d'être réglées, mais la flotte en service montre déjà à quel point elle est précieuse. Le bémol, c'est que les avions sont aujourd'hui livrés au compte-goutte.

Des militaires français au départ de Point-à-Pitre, direction Saint-Martin via A400M - EMA

Un mot enfin sur les critiques ciblant la mauvaise gestion de la crise. Oui, la France a accumulé un retard certain, sans compter que le calendrier a fait qu'un BATRAL (bâtiment de transport léger) de la Marine Nationale basé aux Antilles avait pris sa retraite deux mois plus tôt.
Chez nos voisins de mauvaise fortune, les critiques sont d'ailleurs exactement les mêmes, britanniques ou hollandais reprochent les délais d'action des secours. L'ironie étant que dans chaque pays, on montre en exemple la soit-disant efficacité des voisins...


Cependant, il faut bien se rendre compte de l'ampleur des dégâts, en l’occurrence, du jamais vu. Se rendre compte également que malgré ces délais, les appareils de l'Armée de l'air (et voilures tournantes de l'ALAT) et navires de la Marine sont comme à l'habitude, déployés dans un temps record et grand professionnalisme. 
Vu des yeux d'un sinistré, c'est bien évidemment insuffisant, et les pouvoirs publics vont devoir optimiser le process.

Rien qu'en terme de trou capacitaire, s'agissant des hélicos notamment, on peut prédire que le monde civil sera bien plus intéressé et sévère cette fois (car directement concerné) que lorsque cela se passe loin des yeux, sur les théâtres comme au Sahel.

L'important désormais, c'est le RETEX. Et quand on sait que les statistiques évoquent une multiplication des catastrophes naturelles par 4 en dix ans, on ne peut absolument plus nier que le réchauffement climatique, ou peu importe comment vous nommerez ce phénomène désormais tangible pour nos sociétés, fait partie des menaces auxquelles les Etats devront apprendre à faire face, et ce régulièrement.
Pourquoi donc, ne pas s'entendre au niveau européen (au moins avec les Etats concernés par des possessions ultramarines) sur des exercices communs, et des moyens militaires lourds de gestion de crise pré-positionnés sur différents HUB lors de la saison des ouragans ? Je ne suis pas spécialiste des caraïbes, mais la question a désormais besoin d'être posée.

Avec l'arrivée la semaine prochaine des grands navires BPC Tonnerre (Marine Nationale, parti de Toulon) et HMS Ocean (Royal Navy, depuis Gibraltar), avec leurs hélicoptères, dizaines de véhicules du génie, et centaines de tonnes de frêt, l'aide humanitaire prendra une toute autre mesure aux Antilles. En attendant, il faudra compter sur le fameux pont aérien, et nos A400M.

Débarquement à Saint-Martin -EMA